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MarieTherese Soleilhac, nous a quitté. Rendez-lui un dernier hommage et retrouvez toutes les informations liées à ses obsèques - Pendant; Après; Annuaire des pompes funèbres Servicesexpand_more. Annuaire des pompes funèbres; Entretenir une sépulture; Livraison de fleurs; Livre d'or; Localiser une sépulture; Publier un avis de décès. 16
Cette page vous permet de présenter vos condoléances à la famille et de partager l'avis de décès de Martine. Retrouvez les avis de décès du côté de Thourotte, près de Compiègne. A votre écoute pour l’organisation des obsèques dans le respect des traditions et des croyances de chacun. Disponibles 7j/7 et 24h/24 à Eperlecques près de Saint-Omer, les Pompes Funèbres Harlay sont là pour répondre à toutes vos questions dans les meilleurs délais. Décès de Monsieur Jean-Marie SAUVAIRE 16-04-22 [fr-BE]. Décès survenu le jeudi 31 … Nos Salons. Consulter l'avis de décès de BAVIERE Rémy - POMPES FUNÈBRES SION. Avis de décès de Madame Claire DELEPOUVE née WEMAERE. Avis de décès. M. Bernard COURDY À Salon-de-Provence, 13300 Voir l'avis de décès. Depuis sa création, il y a une quinzaine d’année, … Vous pouvez faire part de vos condoléances à la famille en laissant un message ou en participant par un envoi de fleurs….. Avis de décès. Afficher l'avis de décès Envoyer des fleurs. Décès survenu le samedi 2 avril 2022. 1 Cérémonie Civile Le vendredi 06 mai 2022 à 15h00. Retrouvez également les nécrologies et les décès à Cherbourg-Octeville, Barneville Carteret, Tourlaville, ou encore à Bricquebec. Avis de décès ROC ECLERC Armentières. POMPES FUNÈBRES SION LIBERCOURT - OIGNIES - OSTRICOURT APPELEZ-NOUS × APPELEZ-NOUS. Décès survenu le mercredi 04 mai 2022. Pompes Funèbres Cuche vous accompagnent pour organiser ou prévoir des obsèques dans le département du Doubs 25. Lire l'avis de décès . À Salon-de-Provence, 13300 Voir l'avis de décès. Avis de décès, annonces nécrologiques pratiques, espaces condoléances interactifs, albums de vie, espaces mémoires personnelles, etc. Nouveau cimetière de Cusset 192 … 20 décembre 2021 à 14h00. Les Pompes Funèbres Izabelle-Renaud vous propose d’enregistrer vos condoléances et vos souvenirs en ligne. PFA 26 Avenue Franklin Roosevelt 59600 MAUBEUGE 03 27 53 17 17 contact Espace Pro Espace Famille Toggle navigation. POMPES FUNÈBRES CORNU; 12, rue du Fort; 59158 MORTAGNE DU NORD; Tél. Avis de décès de la Manche 50 Consultez la liste complète des avis de décès des Pompes funèbres de la Hague dans la région de la Manche 50. Consulter le faire-part Déposer des condoléances. Lire l'avis de décès. survenu le 21/03/2022, à l'âge de 96 ans. 37 Rue Roger Salengro 10350 Marigny-le-Châtel. Informations sur la cérémonie. Les obsèques religieuses auront lieu le vendredi 27 mai 2022, 2 Inhumation . POMPES FUNÈBRES RICHÉ. Avis de décès de la Manche 50 Consultez la liste complète des avis de décès des Pompes funèbres de la Hague dans la région de la Manche 50. Consulter le faire-part Déposer des condoléances. Nom du défunt. Soutenir la famille directement par un geste ou une parole est bien souvent plus naturel. Avis de décès. Un formulaire de dépôt de condoléances est disponible sur notre site si vous souhaitez transmettre. Chambre Funéraire Lyon Berthelot 177 Avenue Berthelot , 69007 Lyon . Permanence tél 24h/24, 7j/7 au 06 81 71 24 90. Lire l'avis de décès. … Publié le 25 mai 2022 Madame Marie-Thérèse LOBJOIE. Avec toute notre affection. Offrir des fleurs de deuil. J'envoie des fleurs. chez les Pompes Funèbres François. Un dernier hommage lui sera rendu lundi 30 mai 2022, à 15 h 30, au crématorium de Quimper . Notre service de condoléances en ligne vous permettra de laisser … POMPES FUNÈBRES DHENAUT 2, rue Jean Jaurès 59146 PECQUENCOURT SAS au capital de 150000€ Téléphone 03 27 90 60 67 Responsable de la publication Gilles DHENAUT RCS Douai 39101584900014 Code APE 9603z N° de TVA FR78391015849 Le site est hébergé par OVH, siège social 2 rue Kellermann BP 80157, 59053 Roubaix Cedex 1, … Retrouvez dans cette rubrique tous les avis de décès publiés par les familles. Rechercher un avis de décès. jeudi 11 septembre 1969, Journaux, Ottawa [Le droit],1913- Contribuer. Nom du défunt. Avis de décès de la région de Vaud. Votre nom obligatoire Votre adresse de messagerie obligatoire Le nom du défunt. Thierry et Sylvie, Christine et Joël, Marie et Thierry, ses frère, sœurs et belle-sœur, beaux-frères. Votre responsable d'agence … M me Denise WILQUIN Née JAQUET. Vous pouvez également faire livrer des fleurs ou une plaque funéraire sur le lieu de cérémonie. Découvrez les pompes funèbres Villaret à Brax organisation de funérailles, travaux de marbrerie et prévoyance obsèques. Pour chacun, vous avez la possibilité de commander et de faire livrer des fleurs via notre partenaire Les Serres du Manoir. Thierry et Sylvie, Christine et Joël, Marie et Thierry, ses frère, sœurs et belle-sœur, beaux-frères. La cérémonie civile aura lieu le 03/05/2022 à 16 heures 15 à l'adresse suivante Crématorium de La Rochelle, 1 Rue de la Bergerie, La Rochelle, selon la … C’est une équipe impliquée à vos côtés et à votre écoute. Du Mardi au Vendredi 9h-12h/13h30-18h. Tous les jours, publie les avis de décès de Lausanne, les avis de décès de Vevey et plus généralement les avis de décès du Canton de Vaud diffusés dans la presse quotidienne du canton de Vaud et par le biais des pompes funèbres du canton de Vaud. un message de réconfort à la famille du défunt. Cette page vous permet de présenter vos condoléances à la famille et de partager l'avis de décès de Lilian. Agence à … Retrouvez-nous sur nos agences de pompes funèbres à Faulquemont et Morhange. Toggle navigation Menu Fermer le menu. Les avis de décès. Voir l'avis de décès Publié le … Avis de décès; Actualités; Livre d’or; Contact; Search for Menu. survenu le 21/03/2022, à l'âge de 96 ans. Consulter. Avis de décès. 05 46 07 49 06 24h/24 - 7j/7 05 46 07 49 06 Secourgeon Surgères . Derniers décès. Votre message. NOUS CONTACTER. Partager cette page Rechercher. Un assistant funéraire est disponible afin de vous offrir un service rapide et de répondre à toutes vos questions pré, pendant et post décès. Estimation gratuite du … Déroulement des funérailles de Madame Martine LITRAS . Intervention sur toutes les communnes. Votre agence; Obsèques; Prévoyance; Marbrerie; Articles funéraires ; Avis de décès; Contact; 24h/24 - 7j/7 . Monsieur Jérémy Riquier. Courriers après décès, démarches administratives. Prise en charge immédiate dans toute la Bourgogne-Franche-Comté et toute la France. Décédée le 28 mai 2022 À Lens, 62300 Voir l'avis de décès. Qui sommes nous; Le funérarium; Le magasin; Funérailles et rapatriements. Cette page vous permet de présenter vos condoléances à la famille et de partager l'avis de décès de Lilian. Espace défunt, avis de décès, horaires, plans, renseignements divers. Accueil; Notre entreprise; Financer ses obsèques; Devis obsèques; … Cette page vous permet de présenter vos condoléances à la famille et de partager l'avis de décès de Bernard. Voir sur Google Maps. 03 26 65 17 68. Monsieur Jérémy Riquier. Laissez un message sur le registre des condoléances n’est pas la première chose à laquelle on pense lors de la cérémonie ou au funérarium. Date et lieu de la cérémonie 22/04/2022 à Landas 59 Avis de décès. Avis de décès de Madame Marie-Rose BRUNET née FOURNIER. 1 Recueillement . Retrouvez dans cette rubrique tous les avis de décès publiés par les familles. Un témoignage de sympathie et d’affection adressé en hommage au défunt, un geste de soutien et d’empathie à l’attention de la famille en deuil. Une bougie de deuil virtuelle pour témoigner de son émotion au moment du décès ou commémorer le souvenir du défunt à l’occasion d’une date anniversaire. C’est une équipe impliquée à vos côtés et à votre écoute. Rechercher. Pompes funèbres, marbrerie,BERCK sur Mer 62 et ses environs, toutes démarches, Contrats Obsèques, Salons Funéraires, Transports Pompes funèbres marbrerie RESIBEAU à Berck, Etaples, Montreuil dans le PAS DE CALAIS 62 AVIS DE DECES CONDOLEANCES … Corinne BARBERIS. Pompes funèbres, marbrerie,BERCK sur Mer 62 et ses environs, toutes démarches, Contrats Obsèques, Salons Funéraires, Transports Pompes funèbres marbrerie RESIBEAU … Permanence téléphonique. Démarches après décès. Pompes Funèbres Soyeux Tergnier Entreprise familiale depuis 1934, transformée en SARL depuis 1989, les Pompes Funèbres Soyeux vous assistent et vous conseillent dans ces … Le mardi 03 mai … Les Pompes Funèbres Pompes Funèbres ROC ECLERC ROC ECLERC Lens vous accueillent et vous conseillent à chaque étape de l’organisation des obsèques que ce soit une inhumation … Avec toute notre affection. Prise en charge immédiate dans tout le Grand Est. Publié le 24/05/2022 M. Michel LOISÉE De Leuville-sur-Orge, 91310 Décédé le le 21 mai 2022 à l'âge de 82 ans. Comparez les services & produits de chaque agence et consultez les avis et tarifs des pompes funèbres de Annay . Avec toute notre affection. Vos témoignages seront remis à la famille. toute la famille et ses amis, ont la douleur de vous faire part du décès de. Je plante un arbre souvenir. Les POMPES FUNEBRES et MARBRERIE RESIBEAU , un service complet pour répondre à vos attentes. Ses funérailles religieuses seront célébrées le mercredi 1 er juin 2022. à 10 heures 30 en l’église Saint Jean … Des formules adaptées à toutes les situations sont proposées et son équipe est à votre écoute pour toutes questions relatives aux obsèques. Les Pompes Funèbres Bodart, implantées à Longuyon et à Mercy-le-Bas 54, vous accompagnent dans la perte de l’être cher. Derniers décès. Avis de décès de Monsieur Jean-pierre MANTEL - Pompes Funèbres Lemière et Fils - Phalempin - Nord. Nom du défunt. Du Mardi au Vendredi 9h-12h/13h30-18h. Consultez les avis de décès et envoyez vos condoléances aux familles endeuillées. Accueil; Financer ses obsèques; Devis obsèques; Avis de décès; Avis de Décès … Marcel JOUIN. Retrouvez également les nécrologies et les décès à Carvin, Rouvroy Wingles, Hénin-beaumont ou encore à Vendin-le-Vieil. Pour davantage d’informations relatives aux crémations dans la ville de Berck, vous pouvez vous rendre sur la page crématorium. 03 27 90 37 56. Courriers après décès, démarches administratives. Décès survenu le dimanche 8 mai 2022. Votre agence; Obsèques; Prévoyance; Marbrerie; Articles funéraires ; Avis de décès; Contact; 24h/24 - 7j/7 . Monsieur Marcel LAQUAINE. Avis de décès, annonces nécrologiques pratiques, espaces … POMPES FUNÈBRES SION rue Gustave Delory 59162 OSTRICOURT. PF LIBERTE - BRUSADELLI. Avis de décès, annonces nécrologiques pratiques, espaces … Lire l'avis de décès. Offrir des fleurs de deuil. Pompes Funèbres Saint Jamme sur Sarthe; Pompes Funèbres Savigné l’Evêque; Pompes Funèbres Marolle les Braults; Contact; Acces réservé aux familles ; MENU MENU. Votre agence; Obsèques; Prévoyance; Marbrerie ; Articles funéraires; Avis de décès; Contact; 24h/24 - 7j/7 . POMPES FUNÈBRES CELLE-FUNÉRIS avenue du 8 mai de Chatimbarbe 43200 YSSINGEAUX EURL au capital de 20000€ Téléphone 0471590061 Responsable de la publication CELLE Claude RCS 408072411 RCS LE PUY EN VELAY 40807241100031 Code APE 9603Z N° de TVA FR33408072411 Le site est hébergé par OVH, siège social 2 rue … Boutique en ligne. survenu le samedi 21 mai 2022, à l’âge de 60 ans. de Thourotte près de Compiègne, Noyon. Date et lieu de la cérémonie 17/03/2022 à Crécy-en-Ponthieu 80 Paul ZALEWSKI. Jeannine … 2 Inhumation . Décès survenu le mercredi 04 mai 2022. Ont la douleur de vous faire part du décès de. 03 26 52 23 02. Partager cette page. POMPES FUNÈBRES BODART 28 Rue De L'Hôtel De Ville, 54260 LONGUYON - 0382265057. Je plante un arbre souvenir. Démarches après décès > Guide des démarches administratives; Courriers après décès; Serenicare Formalités; … Publié le 10/05/2022. Retrouvez également les nécrologies … Déroulement des funérailles de Madame Martine LITRAS . Dans l’objectif de vous épauler au … POMPES FUNÈBRES SION 72, rue Cyprien Quinet 62820 LIBERCOURT Sas au capital de € Téléphone 0321371862 Responsable de la publication RCS Code APE N° de TVA Le site est hébergé par OVH, siège social 2 rue Kellermann BP 80157, 59053 Roubaix Cedex 1, téléphone +33820698765. C hère famille, chers amis, C'est avec une grande tristesse que nous vous annonçons le décès de Jean-Pierre survenu samedi 28 mai 2022 à Beuvry. Date et lieu de la cérémonie 21/04/2022 à Lumbres 62 Avis de décès. Décès survenu le samedi 2 avril 2022. Les POMPES FUNÈBRES DE LA HAGUE vous proposent leurs services de pompes funèbres dans la région de la Manche 50 Organisation d'obsèques, contrat prévoyance obsèques et assurance décès, monuments funéraires et pierres tombales, articles funéraires et fleurs de deuil. Madame MARGUERITE PIERRET née ADNET 1924/2022 Elle est née à Arrancy-sur-Crusne, il y a 97 ans et résidait à Arrancy-sur-Crusne. Annonce nécrologique 368717. À ce titre le site diffuse gratuitement la … Avis de décès de Mathilde HERDEMIAN décédée le 26 avril 2022 à NEW YORK Informations sur les funérailles et livraison de fleurs à la cérémonie À votre service 24H/24 … Avis de décès. Pompes Funèbres Marbrerie GROSSET. Nicole LHÉRITEAU née COLOMB. Avis de décès Vous pouvez consulter ici les avis de d é c è s. Notre service de condol é ances en ligne vous permettra é galement de laisser quelques mots pour la famille, et ce m ê me quelques jours apr è s la c é r é monie. Pour chacun, vous avez la possibilité de commander et de faire livrer des fleurs via notre partenaire … un lieu où nous pouvons rendre hommage a ceux que nous avons aimés et respectés. Les Pompes Funèbres du Channel sont installées dans la commune de Les Attaques, dans le Nord-Pas de Calais. Date et lieu de la cérémonie 21/04/2022 à Lumbres 62 Avis de décès. Nom du défunt. Patrick BOULHAUT. DEPOSEZ VOTRE … de Miannay 80132, France + 07-07-91 - 27-04-22. Obtenir l'itinéraire. Voir l'avis de décès Publié … Nom du défunt. Madame Graziella CAT née ROUTIER 1938/2022 Elle est née à Fillièvres, il y a 83 ans et résidait à ABBEVILLE. Les Pompes Funèbres Izabelle-Renaud vous propose d’enregistrer vos condoléances et vos souvenirs en ligne. Paul ZALEWSKI. Avis de décès de Monsieur Kévïn SOULATGE. Pour … Madame Marie NUEZ-CARLIER 1935-2022 Laisser vos condoléances Madame Aimée HOULBERT Née … Toutes les infos et tarifs de Pompes Funèbres et Marbrerie RESIBEAU à Berck 62 notes et avis des familles , services funéraires proposés, photos de l'agence. Kola Café Vert Juvamine Avis, Programme Marine Le Pen Retraites 2022, Dyson Blue Ocean Strategy, How To Get More Points In Kahoot Hack, Comment Monter Une Côte En Limitant Ses Efforts, Assetto Corsa Opel Kadett, Avantages Et Inconvénients De L'état Fédéral, Mots Croisés Sur Le Vocabulaire Du Théâtre 6ème, Fondue Savoyarde Vin Blanc Femme Enceinte, Archeage Anneau De Lélu D'hiram, Portail Gris Anthracite Ajouré, Peut On Mettre Une Ampoule Normale Dans Un Frigo, Télécharger Fichier Reprogrammation Moteur Gratuit, Flocon D'avoine Grillé à La Poele, Frig T La Culture générale 2° édition La Culture générale 2° édition POUR LES NULS Florence Braunstein et Jean-François Pépin FIRST Èi Editions La Culture générale p Download Free PDFDownload Free PDFDownload Free PDFManel MimiThis PaperA short summary of this paper37 Full PDFs related to this paperDownloadPDF PackPeople also downloaded these PDFsPeople also downloaded these free PDFsPeople also downloaded these free PDFsLa culture générale pour les nuls-First Editions 2009by Paulo RicardDownload Free PDFView PDFLa culture générale pour les nulsby Oum AmaDownload Free PDFView PDFLa Philosophie pour les nulsby Jojo LapinDownload Free PDFView PDFLa fin annoncee des Adriàn VargoDownload Free PDFView PDFPanthee la fin annoncee des monotheismes en aby Adriàn VargoDownload Free PDFView PDFStratégies romanesques et construction des identités nationales. 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POMPESFUNÈBRES FREMAUX VOUS PROPOSE SES PRESTATIONS. Avis de décès récents. Madame Renée BOURY née LEQUESNE; Monsieur Gérard VANDERHAEGEN; Madame Jeannine FRÉMEAUX née CAVAREC; Béatrice HANNUS née BOUSSEMART ; Madame Annie Delebecque-Larejouissance; Madame Aline BARON née LEGHIÉ; Monsieur

Demande de devis gratuit Menu Obsèques Inhumation et crémation Démarches après un décès Financer vos obsèques Organiser la cérémonie Funéraire ? Quel avenir pour nos cendres? Aide au deuil Aide au deuil JALMALV 72 Le Temps du Souvenir Parlons-en Marbrerie Pierre tombale Monument funéraire La gravure sur pierre tombale Les plaques funéraires Services aux collectivités dans la Sarthe Prévoyance Assurance obsèques Les types de cotisations Principaux éléments du contrat Assurance décès ? Perte d’autonomie et dépendance Fleurs Quelles fleurs choisir ? Fleurir une tombe Livraison de fleurs date et lieu Présentation Nos agences Contact Services Présentation Agences Contact Services Avis Vidéo Sur toute la Sarthe 72 Avis de décès Demande de devis gratuit Contactez-nous 24h/24 Château-du-Loir 02 43 44 01 60 Ruaudin 02 43 50 07 00 Ecommoy 02 43 42 12 51 Le Grand Luce 02 43 72 78 49 La Suze 02 43 77 23 23 Coulaines 02 43 74 07 00 Mayet 02 43 46 61 12 Devis personnalisés Obsèques Marbrerie Prévoyance Urgence décès de 8h à 19h Entrez votre numéro. On vous rappelle Les pompes funèbres Duluard organisent des obsèques au Mans et dans toute la Sarthe crémation, inhumation, pose de pierres tombales, souscription de contrats obsèques notamment à Ecommoy, Ruaudin, Arnage, Le grand Luce, Mayet, Chateau du Loir etc. Grâceaux services des avis de décès, les Pompes funèbres Marseille, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse les proches du défunt peuvent annoncer le décès et faire passer un message à tous (famille, amis, collègue, ..). Recherchez un avis de décès. Consultez les avis de décès. Edmond BOZIAN . Survenu le Mercredi 03 Février 2021. 4 Fév. En savoir plus. Louis BATTINELLI.
Mémorial 0 messages de condoléances ont été laissé depuis le 13 décembre 2020 Nous prenons part à votre peine dans ce moment douloureux. Sincères condoléances à la famille. Odella Exemples de message de condoléances Nous sommes de tout cœur avec vous dans ce moment difficile. Prénom Nom {Date de publication du message} {Relation} Exemples de message de condoléances Nous ne t’oublierons jamais, tu seras toujours dans nos pensées. Prénom Nom {Date de publication du message} Exemples de message de condoléances C’est avec une grande émotion que nous avons appris cette triste nouvelle. Nos pensées sont avec vous. Prénom Nom {Date de publication du message} Exemples de message de condoléances Nous partageons votre peine et vous assurons de nos sentiments les plus affectueux. Prénom Nom {Date de publication du message} {Relation} Exemples de message de condoléances Ton souvenir sera toujours présent et restera à jamais gravé dans nos cœurs. Prénom Nom {Date de publication du message}
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Présentation de l'établissement Quelles sont les informations pratiques à connaître sur l’agence de Pompes Funèbres Soleilhac ? L’entreprise Pompes Funèbres Soleilhac est située dans la ville de Brioude, dans le département de la Haute-Loire 43. Elle possède l’adresse suivante 91 Avenue d'Auvergne, 43100 Brioude Les horaires d’ouverture sont Du Lundi au Samedi 09h00 à 12h00 et 14h30 à 18h30 Permanence décès 24/24h 7/7j Les gérants de l’agence sont Mme DELOUCHE Nadine et M. SOLEILHAC Pascal La société est immatriculée au registre du commerce et des sociétés depuis 1991. Services de l'agence Quels services propose l’agence de Pompes Funèbres Soleilhac ? Les Pompes Funèbres Soleilhac accompagnent les familles de la meilleure manière possible pour les aider à organiser les obsèques de leur proche. Dans ce cadre, elles proposent un certain nombre de prestations funéraires, dont Organisation des obsèquesCérémonies religieuses ou civilesInhumationCrémationTransport funéraireChambre funéraireMarbreries funéraires Quels produits propose l’agence de Pompes Funèbres Soleilhac ? Pour pouvoir organiser correctement des obsèques, il faut pouvoir utiliser certains produits funéraires essentiels. Justement, l’agence de Pompes Funèbres Soleilhac propose aux familles les produits suivants CaveauxStèlesPierres tombalesFleurs artificiellesPlaques funérairesBougiesChapeletsUrnes cinérairesVases Qu’est-ce qui distingue l’agence de Pompes Funèbres Soleilhac des autres ? L’agence de Pompes Funèbres Soleilhac s’est donnée pour mission de proposer le meilleur accompagnement possible aux familles confrontées à la perte d’un proche. Cet accompagnement passe par l’organisation d’une cérémonie 100% personnalisée type de cérémonie religieuse, laïque, pas de cérémonie, musiques, cercueil, fleurs… Tout est fait pour aider les familles à rendre le meilleur hommage possible à leur proche défunt. Photos de l'établissement Accessoires funéraires et urnes Organisation funéraire Gestion et utilisation des chambres funéraires Prestations en marbre Corbillards Fournitures funéraires cercueils, urnes Supply Personnel Items Services Transport de corps avant inhumation Prix moyen des obsèques dans le departement Tarifs moyens pour l'inhumation Voir le détail Fermer Prestations courantes Voir le détail Démarches & formalités 128 € Ouverture / fermeture caveau porte 184 € Toilette mortuaire préparation et habillage du défunt 92 € Corbillard et chauffeur convoi funéraire 314 € Prestations complémentaires optionnelles Voir le détail Maître de cérémonie 140 € Prestations courantes Prestations complémentaires optionnelles Frais avancés pour le compte de la famille Démarches & formalités Démarches & formalités 128 € Toilette mortuaire préparation et habillage du défunt 92 € Inhumation Ouverture / fermeture caveau porte 184 € Cérémonie funéraire Porteurs 352 € Maître de cérémonie 140 € Corbillard et chauffeur convoi funéraire 314 € Cercueil et Accessoires Capiton standard 91 € Mise en bière Mise en bière 117 € Estimation moyenne 1418 € *sources Tarifs moyens pour la crémation Voir le détail Fermer Frais avancés pour le compte de la famille Prestations courantes Voir le détail Démarches & formalités 128 € Toilette mortuaire préparation et habillage du défunt 92 € Corbillard et chauffeur convoi funéraire 314 € Prestations complémentaires optionnelles Voir le détail Maître de cérémonie 140 € Prestations courantes Prestations complémentaires optionnelles Frais avancés pour le compte de la famille Crémation Crémation adulte 542 € Urne 43 € Démarches & formalités Démarches & formalités 128 € Toilette mortuaire préparation et habillage du défunt 92 € Cérémonie funéraire Porteurs 352 € Maître de cérémonie 140 € Corbillard et chauffeur convoi funéraire 314 € Cercueil et Accessoires Capiton standard 91 € Mise en bière Mise en bière 117 € Estimation moyenne 1819 € *sources *sources Quels sont les tarifs moyens des obsèques dans le département de la Haute-Loire ? Gardez bien à l’esprit que les informations données dans les tableaux ci-dessus servent d’indication. Le prix des obsèques peut être modifié en fonction d’un certain nombre de facteurs, comme par exemple le nombre et la qualité des prestations funéraires choisies par la famille, et les tarifs appliqués au sein de l’agence funéraire l’État n’a pas de contrôle sur les prix appliqués dans le funéraire, ce qui laisse le champ libre aux agences. Vous désirez connaître précisément le tarif d’obsèques personnalisées ? N’attendez plus et utilisez notre comparateur de devis en ligne, 100% gratuit et sans engagement ! Quels sont les moyens de paiement acceptés par l’agence de Pompes Funèbres Soleilhac ? L’agence Pompes Funèbres Soleilhac accepte les règlements en carte bleue, chèque et espèces. Accéder à l'établissement Photos de l'établissement Comparer les agences proches Avis des internautes 0 Les avis sont certifiés afin d'éviter le trucage. 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Mémorial 0 messages de condoléances ont été laissé depuis le 24 janvier 2020 Nous prenons part à votre peine dans ce moment douloureux. Sincères condoléances à la famille. Odella Exemples de message de condoléances Nous sommes de tout cœur avec vous dans ce moment difficile. Prénom Nom {Date de publication du message} {Relation} Exemples de message de condoléances Nous ne t’oublierons jamais, tu seras toujours dans nos pensées. Prénom Nom {Date de publication du message} Exemples de message de condoléances C’est avec une grande émotion que nous avons appris cette triste nouvelle. Nos pensées sont avec vous. Prénom Nom {Date de publication du message} Exemples de message de condoléances Nous partageons votre peine et vous assurons de nos sentiments les plus affectueux. Prénom Nom {Date de publication du message} {Relation} Exemples de message de condoléances Ton souvenir sera toujours présent et restera à jamais gravé dans nos cœurs. Prénom Nom {Date de publication du message}

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Recherchez un avis de décès Consultez les avis de décès Christophe COMPÈRE - Publié le 26/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Monsieur Christophe COMPÈRE survenu à Coulommiers le 24 août 2022 à l’âge de 64 ans. La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 29 août 2022 à 14 heures 30 en l’église Saint-Denis-Sainte-Foy de Coulommiers et sera suivie de l’inhumation ce même jour à 15 heures 30 […] Lire l'avis de décès Isabelle THERY - Publié le 26/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Madame Isabelle THERY Survenu le 23 aout 2022 à Paris à l’âge de 50 ans Les obsèques auront lieu le mardi 30 Aout 2022 à 13 heures 30 au funérarium Canard de Provins, suivies de la crémation au crématorium de Mareuil les Meaux ce même jour à […] Lire l'avis de décès Solange MOTOT - Publié le 26/08/2022 Gérard et Jocelyne MOTOT, Nathalie MOTOT, Claude MOTOT †, ses enfants Sandy et Magali, Sabrina, ses petits-enfants Alan, Lucas, ses arrière-petits-fils Ainsi que toute la famille et amis Ont la douleur de vous faire part du décès de Madame Solange MOTOT Née CARLE survenu à Provins, le 21 Août 2022 à l’âge de 92 ans […] Lire l'avis de décès Rosane RAMON - Publié le 25/08/2022 Isabelle, sa petite fille et Iréna, son épouse Jean-Philippe, son petit-fils et Eva, sa compagne Claudia, Eliyah, Evan ses arrière-petits-enfants ont la tristesse de vous faire part du décès de Madame Rosane RAMON dite » Mamy Zouzou survenu à Boissise la Bertrand le 23 aout 2022 à l’âge de 91 ans. La cérémonie […] Lire l'avis de décès Ginette DUPON - Publié le 25/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Madame Ginette DUPON née BOIARDI Survenu le 21 Août 2022 à Meaux à l’âge de 95 ans. La crémation aura lieu le mardi 30 août 2022 à 10 heures 45 au Crématorium de l’Arche de Mareuil-lès-Meaux. La dispersion des cendres aura lieu ce […] Lire l'avis de décès Dominique LARRUE - Publié le 24/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Monsieur Dominique LARRUE Survenu le 19 Août 2022 à Coux et Bigaroque Mouzens à l’âge de 70 ans. L’inhumation de l’urne aura lieu le Jeudi 25 Août 2022 à 11 heures 00 dans la sépulture familiale au cimetière de Provins Ville Haute Pompes Funèbres CANARD – Provins Lire l'avis de décès Simone BONNISSE - Publié le 22/08/2022 Annick, Anne-Marie, Jean-Jacques, Véronique ses enfants Jean-Claude, Marcel, ses gendres Magali, Sébastien, Laëtitia, Jérémy, Anaïs, Léa, ses petits-enfants Mallaury, Yanis, Flavy, Maëlys, Miliana, Joris, Julyann, ses arrière-petits-enfants ainsi que toute sa famille ont la douleur de vous faire part du décès de Madame Simone BONNISSE née VIVIEN survenu à Coulommiers le 20 août 2022 […] Lire l'avis de décès Janine Hermal - Publié le 22/08/2022 Nadine DEROUCK, sa fille Guy Alberici, son conjoint Morgan DEROUCK, son petit- fils, ainsi que toute sa famille, ont la tristesse de vous faire part du décès de Madame Janine Hermal Magasin Piloulaine » survenu le 16 aout 2022, dans sa 85° année. 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Pompes Funèbres CANARD – Rozay en Brie Lire l'avis de décès COUET André - Publié le 18/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Monsieur COUET André Survenu le 14 août 2022 à Jossigny à l’âge de 77 ans. La crémation aura lieu le mardi 23 août à 11 heures 00 au crématorium de l’Arche de Mareuil-lès-Meaux. L’inhumation de l’urne aura lieu ce même jour à 15 heures 00 au cimetière […] Lire l'avis de décès LUZEGE Anne-Marie - Publié le 18/08/2022 Monsieur LUZEGE Gérard, son époux Madame LUZEGE Françoise, sa fille Monsieur LUZEGE Stéphane, son fils Madame EPAULARD Sandrine et Nicolas, sa fille et son gendre Sébastien, Romain, Léa, Elise, Marion, ses petits-enfants Talia, son arrière-petite-fille Ainsi que toute la famille, ont la tristesse de vous faire part du décès de Madame LUZEGE Anne-Marie survenu à Villiers-Saint-Georges le 16 août […] Lire l'avis de décès PICOT Roland - Publié le 18/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Monsieur PICOT Roland Survenu le 14 août 2022 à Paris à l’âge de 71 ans. La crémation aura lieu le lundi 22 août à 16 heures 30 au crématorium de l’Arche de Mareuil-lès-Meaux. L’inhumation de l’urne aura lieu le mardi 23 août à 10 heures 30 au […] Lire l'avis de décès LUCCHINI Danièle - Publié le 18/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Madame LUCCHINI Danièle Survenu le 13 Août 2022 à Maincy à l’âge de 75 ans. La crémation aura lieu le jeudi 18 août à 10 heures 45 au crématorium de l’Arche de Mareuil-lès-Meaux L’inhumation de l’urne aura lieu ce même jour à 15 heures 30 au cimetière […] Lire l'avis de décès Simone LAURENT - Publié le 16/08/2022 Monsieur Georges LAURENT, son époux ; Monsieur Gérard LAURENT, son fils et Marie-France, son épouse ; Monsieur Jean-François, son petit-fils et Maggy, sa compagne ; Abby-Gaelle LAURENT, son arrière-petite-fille Ainsi que toute la famille Ont la tristesse de vous faire part du décès de Madame Simone LAURENT née CREPIN survenu à Coulommiers le 12 août […] Lire l'avis de décès Dominique DERBECQUE - Publié le 12/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Monsieur Dominique DERBECQUE Survenu le 10 Août 2022 A Ris Orangis A l’âge de 70 ans. Les obsèques religieuses seront célébrées le Jeudi 18 Août 2022 à 11 heures 00 En l’Eglise de Donnemarie-Dontilly Et sera suivie de la crémation au crématorium de l’Arche de Mareuil les Meaux […] Lire l'avis de décès Branko ALEKSIC - Publié le 12/08/2022 Nous avons le regret de vous faire part du décès de Monsieur Branko ALEKSIC Survenu le 10 Août 2022 A Provins A l’âge de 91 ans. La cérémonie d’Hommage aura lieu le Mercredi 17 Août 2022 à 14 heures 00 Au cimetière de Grandvilliers 60210, Et sera suivie de l’inhumation. POMPES FUNEBRES CANARD PROVINS Lire l'avis de décès Madeleine MASSON - Publié le 12/08/2022 Michel MASSON, son époux Jérôme MASSON, son fils Maylie, Lola MEUNIER, ses petites-filles Jean-Luc, son neveu, Véronique, Virginie, ses nièces Ainsi que toute la famille Ont la tristesse de vous faire part du décès de Madame Madeleine MASSON née LEMISTRE survenu à Coulommiers le 10 août 2022 à l’âge de 65 ans. Les obsèques […] Lire l'avis de décès

Avisexcellent vétérinaire, Brioude Funéraire Connu sous : POMPES FUNÈBRES ET MARBRERIE SOLEILHAC 91 avenue Auvergne 43100 BRIOUDE Voir le plan . Nous sommes spécialisés dans l'organisation d'obsèques et les contrats obsèques. Nous réalisons également des travaux de marbrerie et nous vendons des articles funéraires. Nous disposons de
See other formats Nuls, tout devient facile^ La Culture générale ✓ Un panorama complet de tous les domaines du savoir ✓ Des milliers de faits, de dates et de noms à retenir sans peine ✓ De nombreux portraits, histoires et anecdotes ✓ Édition mise à jour et augmentée Florence Braunstein Docteur ès lettres Jean-François Pépin Agrégé d'histoire mi c les Nuls, tout devient facile! La Culture générale FOUK ✓ Un panorama complet de tous les domaines du savoir ✓ Des milliers de faits, de dates et de noms à retenir sans peine ✓ De nombreux portraits, histoires et anecdotes ✓ Édition mise à jour et augmentée Florence Braunstein Docteur ès lettres Jean-François Pépin Agrégé d'histoire La Culture générale 2 e édition POUR LES NULS Florence Braunstein et Jean-François Pépin FIRST H Editions La Culture générale pour les Nuls, 2 e édition © Éditions First, 2009. Publié en accord avec Wiley Publishing, Inc. Pour les Nuls » est une marque déposée de Wiley Publishing, Inc. For Dummies » est une marque déposée de Wiley Publishing, Inc. Cette oeuvre est protégée par le droit d'auteur et strictement réservée à l'usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette oeuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété Intellectuelle. L'éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales. ISBN 978-2-7540-1 628-5 Dépôt légal 1 er trimestre 201 0 ISBN numérique 9782754020886 Ouvrage dirigé par Benjamin Arranger Correction Bérengère Cournut, Benoît Virot Dessins humouristiques Marc Chalvin Mise en page Marie Housseau Couverture Reskator Fabrication Antoine Paolucci Production Emmanuelle Clément Éditions First 60, rue Mazarine 75006 Paris - France Tél. 01 45 49 60 00 Fax 01 45 49 60 01 E-mail fi rstinfo5>efi Internet propos des auteurs Florence Braunstein, docteur ès lettres et conférencière des Musées nationaux, est professeur en classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques et économiques. Auteur de nombreux ouvrages publiés aux éditions Armand Colin, Bréal, Ellipses, L'Harmattan, Vuibert et aux Presses universitaires de France, ainsi que d'un roman, Le Roi Scorpion, paru en 1995 au Mercure de France, elle dirige la collection Le corps en question » aux éditions L'Harmattan. Jean-François Pépin, professeur agrégé d'histoire, docteur ès lettres et docteur en égyptologie, enseigne en classes préparatoires aux grandes écoles de commerce. Auteur de nombreux ouvrages parus aux éditions Armand Colin, Bréal, Ellipses, L'Harmattan, Vuibert et aux Presses universitaires de France, il a consacré plusieurs essais à l'oeuvre de Romain Gary. Florence Braunstein et Jean-François Pépin sont également les auteurs des Grandes civilisations pour les Nuls, paru chez First en 2008. Remerciements Un grand merci à Nathalie B. qui n'a jamais reculé devant la saisie de l'un de nos manuscrits, preuve manifeste de sa tendance à l'héroïsme. La Culture générale pour les Nuls Sommaire Page de titre Page de Copyright À propos des auteurs Remerciements Introduction À propos de ce livre Les conventions utilisées dans ce livre Comment ce livre est organisé Première partie Terre des hommes histoire et géographie Deuxième partie Plus belle la vie arts et littérature Troisième partie Comment ça marche ? Sciences, techniques et vie quotidienne Quatrième partie Pour le plaisir sport, loisirs et divertissements Cinquième partie En quête de sens religion, philosophie et société Sixième partie La partie des Dix Les icônes utilisées dans ce livre Et maintenant, par où commencer? Première partie - Terre des hommes histoire et géographie Chapitre 1 - La tête dans les étoiles l'Univers L 'origine de l'Univers La conception de l'Univers Une théorie explosive le big bang Les grandes phases de l'Univers, selon la théorie du big bang La fin des temps La carte du ciel Les constellations Les étoiles Les météorites Les comètes Le système solaire La Voie lactée Le Soleil Les planètes La Lune Chapitre 2 - Les pieds sur terre la planète Terre La Terre, notre planète La structure de la Terre L'atmosphère terrestre Une planète, cinq continents Pangée, Laurasie et Gondwana L'Europe L'Asie L'Afrique L'Amérique L Océan ie L'Antarctique La tectonique des plaques Milieux et climats Les types de milieux et leurs caractéristiques Les différents types de climats et leurs caractéristiques L'évolution du climat réchauffement ou refroidissement ? Les risques naturels Les astéroïdes Vents et tempêtes Les éruptions volcaniques Les séismes ou tremblements de terre Les raz-de-marée ou tsunamis Les inondations et les crues Chapitre 3 - Il était une fois... l'homme de la préhistoire à nos jours La préhistoire Sur les traces des premiers hommes Un berceau à roulettes le Tchad La famille australopithèque La vie quotidienne pendant la préhistoire L'art pariétal Ces événements qui ont fait l'histoire Faits insolites et méconnus Les guerres méconnues Faits insolites Les grandes civilisations La Mésopotamie L 'Egyp te La Grèce Rome Les Celtes Chapitre 4 - L'Autre et Tailleurs les civilisations non occidentales La Chine Les dynasties mythiques Les premières dynasties La Chine moderne Le Japon Le Japon à l'époque antique Le Japon féodal 1 185-1573 L'unification le shogunat d'Edo des Tokugawa 1573-1867 Le Japon moderne, depuis 1868 Le Proche et le Moyen-Orient Les Ommeyyades 661-750 Les Abbassides 750-1258 Cordoue, centre de l'Espagne musulmane 756-1031 En Egypte les Fatimides 969-1171 Les croisades L'Empire ottoman L'Afrique Le royaume de Kouch Le royaume d'Axoum L'empire du Ghana Vllle-XIe siècle Les cités-États Yoruba du Nigeria L'empire du Mali et Tombouctou la mystérieuse Les Doaons L'empire du Bénin Le royaume de Dahomey Les Ashanti. le royaume de l'or L 'Amérique des Aztèques et des Incas L 'Empire aztèque L'Empire inca Quelques grands oubliés Les Aborigènes d'Australie Les Papous de Nouvelle-Guinée Les Inuits du Nord Canada Deuxième partie - Plus belle la vie arts et littérature Chapitre 5 - Un peu de douceur dans un monde de brutes la musique et la danse En avant la musique La musique dans l'Antiquité La musique médiévale La musique de la Renaissance La musique baroque XVII e et XVIII e siècles La musique classique La musique de la seconde moitié du XIXe La musique du début du XX e siècle La musique contemporaine Les grands genres musicaux La musique classique La musique populaire» Dansez maintenant danses, danseurs et chorégraphes La danse dans l'Antiquité La danse au Moyen Âge La danse à la Renaissance La danse classique La danse contemporaine Chapitre 6 - Pour la beauté du geste les arts plastiques La peinture à travers les âges La peinture de la préhistoire La peinture antique La peinture médiévale La peinture de la Renaissance La peinture baroque XVIIe siècle Le rococo XVIII e siècle Le néoclassicisme et le romantisme 1750-1850 La peinture réaliste 1850-1900 L 'impressionnisme et ses suites fin du XIX e siècle La peinture au XX e siècle La sculpture des origines à nos jours La sculpture préhistorique La sculpture dans l'Antiquité La sculpture au Moyen Âge La sculpture de la Renaissance La sculpture baroque et classique La sculpture au XIXe siècle La sculpture au XXe siècle Chapitre 7 - Quand le bâtiment va l'architecture L'architecture dans l'Antiquité L'architecture de l'Égypte ancienne L'architecture grecque et romaine L 'architecture médiévale L'architecture paléochrétienne L'architecture byzantine L'architecture carolingienne L'architecture ottonienne L'architecture romane L'architecture gothique L 'architecture de la Renaissance En Italie En France L 'architecture classique Le premier classicisme 1615- 1715 Le second classicisme 1715-1770 L 'architecture au XIXe siècle Le néo-classicisme 1770- 1830 L'âge du fer L 'architecture au XXe siècle L'école de Chicago Le modem style Le Bauhaus Chapitre 8 - Ah! les belles lettres la littérature Les courants littéraires La littérature antique La littérature médiévale La littérature de la Renaissance La littérature baroque 1570-1650 La littérature classique 1650-1700 La littérature des Lumières XVIIIe siècle La littérature romantique La poésie du XIXe siècle Le réalisme 1850-1880 Le naturalisme Le symbolisme Dadaïsme et surréalisme L 'existentialisme La littérature contemporaine Les genres littéraires La poésie Le théâtre Le roman La nouvelle L 'autobiographie Troisième partie - Comment ça marche ? Sciences, techniques et vie quotidienne Chapitre 9 - Des hommes d'expériences la science Les grandes découvertes scientifiques Les principales sciences et leur domaine d'application Les sciences pures Les sciences appliquées Les sciences naturelles Les sciences physiques Les grands chercheurs Le médecin de l'âme Sigmund Freud Radium et polonium les aventures de Pierre et Marie Curie Suite de la saga familiale Frédéric et Irène Joliot-Curie Alpha. Bêta. Gamma l'alphabet de lord Ernest Rutherford L'économie au service de la morale Amartya Sen Chapitre 10 - Haute distinction le prix Nobel Le prix Nobel de médecine Le prix Nobel de physique Le prix Nobel de chimie Le prix Nobel de littérature Le prix Nobel de la paix Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel Chapitre 11 - Eurêka ! Les grandes découvertes Les grandes inventions qui ont marqué l'humanité Les grands explorateurs Marco Polo sur la route de la soie À la conquête du Nouveau Monde Les explorateurs de la Nouvelle France James Cook à l'assaut du Pacifique Voyages aux confins du monde La nouvelle frontière le monde de la communication La communication par porteurs Du télégraphe à bras au téléphone L'ordinateur, du calcul à la navigation sur le Web Chapitre 12 - De chair et d'os le corps humain L'anatomie du corps humain Le système circulatoire Le système respiratoire Le système digestif Le système nerveux Le système musculaire Le cerveau La structure du cerveau Hémisphères et lobes Les cinq sens Quatrième partie - Pour le plaisir sport, loisirs et divertissements Chapitre 13 - Un peu d'exercice le sport Le sport des origines à nos jours Le sport dans l'Antiquité Les jeux sportifs du Moyen Âge et de la Renaissance La naissance du sport moderne Le sport au XXe siècle Les grandes compétitions Roland-Garros Le Tour de France La Coupe du monde de football Le Tournoi des six nations Chapitre 14 - Ça tourne ! Le cinéma Brève histoire du cinéma La naissance du septième art L'expressionnisme allemand La révolution du parlant Le cinéma hollywoodien Le néoréalisme italien La nouvelle vague Le nouvel Hollywood Le cinéma contemporain Grands genres, grands films Le film historique Le film policier Le film d'action Le road movie Le film d'horreur Le film catastrophe Les grands festivals et récompenses Le festival de Cannes Le festival de Berlin La Mostra de Venise Les oscars Chapitre 15 - Tous en scène le théâtre et l'opéra Brève histoire du théâtre Des origines à Shakespeare Du XVIIIe siècle à nos jours Un festival de récompenses Le festival d'Avignon La cérémonie des Molières L 'opéra à travers les âges La naissance de l'opéra XVIe-XVIIe siècles L'opéra au XVIIIe siècle L 'opéra au XIX e siècle L'opéra rénové XX e siècle Les plus grands festivals Le festival de Salzbourg Le festival de Bavreuth Le festival de Glvndebourne Le festival d'Aix-en-Provence Chapitre 16 - La grande saga du petit écran la télévision La naissance de la télévision Les premières transmissions Les premières émissions Les séries cultes Star Trek » Dallas » Les émissions cultes Cinq colonnes à la une » Les Dossiers de l'écran » Les jeux télévisés La Tête et les Jambes » Intervilles » Des chiffres et des lettres » Qui veut gagner des millions ? » Festival et récompenses Le FIPA Les Sept d'or Cinquième partie - En quête de sens religion, philosophie et société Chapitre 17 - Pour l'amour de Dieu la religion Les trois grandes religions monothéistes Le judaïsme Le christianisme L 'islam Les Églises réformées Le protestantisme Le calvinisme Le jansénisme Les religions d'Asie L'hindouisme Le bouddhisme Le shintoïsme Les religions des forces naturelles Le zoroastrisme Le manichéisme L'animisme Le vaudou Chapitre 18 - L'amour de la sagesse la philosophie La philosophie antique Les ioniens Les éléates Les atomistes Les sophistes Socrate L'idéalisme platonicien L'aristotélisme Le scepticisme ou pyrrhonisme Les cyniques Le stoïcisme L 'épicurisme Le néoplatonisme La philosophie du Moyen Âge et de la Renaissance L'augustinisme La scolastique L'averroïsme Le thomisme Le nominalisme Machiavel Giordano Bruno Montaigne La philosophie du XVIIe siècle Bacon Hobbes Le cartésianisme Spinoza Leibniz Locke La philosophie au XVIIIe siècle Montesquieu Voltaire Rousseau Kant La philosophie au XIXe siècle Hegel Le positivisme Le marxisme Nietzsche La philosophie au XXe siècle Freud Bergson Husserl Heidegger Sartre Levinas Derrida Ricoeur Chapitre 19 - L'homme à l'étude les sciences humaines Les sciences de l'esprit La psychologie La psychanalyse Les sciences de l'homme L'anthropologie L'ethnologie La sociologie La science du langage La naissance de la linguistique La linguistique moderne Les sciences du passé L'archéologie L'histoire Chapitre 20 - Tous ensemble, tous ensemble la société La démocratie La longue marche vers la démocratie Les institutions françaises L 'Union européenne De la CECA à VUE Les institutions européennes La justice Les juridictions civiles Les juridictions pénales Les juridictions administratives L'appel Grandes questions de société L'IVG La peine de mort L'euthanasie Le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels Sixième partie - La partie des Dix Chapitre 21 - Dix historiens célèbres Hérodote Thucydide Polvbe Sseu Ma Tsien Tite-Live Ibn Khaldoun Jean Froissart Philippe de Commynes Jules Michelet Marc Bloch Chapitre 22 - Dix peintres pour un sujet la crucifixion Giotto di Bondone Manteana Matthias Grùnewald Le Tintoret Le Greco Zurbarân Goya Munch Picasso Dali Chapitre 23 - Dix chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale L ' Iliade » et l' Odyssée » L 'Art d'aimer » Le Mahabharata » Le Dit du Genji » La Divine Comédie » Les Mille et Une Nuits » Le Rêve dans le pavillon rouge » Guerre et Paix » À la recherche du temps perdu » Chaka, une épopée bantoue » Chapitre 24 - Dix nombres d'or 3 comme les trois vertus théologales 4 comme les quatre vertus cardinales 7 comme les Sept Merveilles du monde 9 comme les neuf Muses 9 comme les Neuf Preux 9 comme les Neuf Preuses 10 comme les dix commandements 12 comme les douze apôtres 12 comme les douze travaux d'Hercule 15 comme les Quinze-Vingts Chapitre 25 - Dix inventions majeures La maîtrise du feu La roue La machine à calculer La machine à vapeur Le vaccin contre la variole Le paratonnerre La radioactivité L 'automobile Le séquençage du génome humain Chapitre 26 - Dix opéras de rêve Orfeo » King Arthur » La Flûte enchantée » Der Freischùtz » Le Barbier de Séville » Lohengrin » Rigoletto » Carmen » Boris Godounov » Wozzeck » Chapitre 27 - L'Ancien Testament en dix notions Dieu L 'homme La femme La famille Le pur L 'impur Le monde Le temps Le roi La mort Index Introduction Culture générale promotion spéciale ! Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, par ici s'il vous plaît. Tout le monde est là ? Bien, allons- y! Rez-de-chaussée devant vous l'univers, sa naissance, les planètes et les étoiles. Sur votre droite, la Terre, ses cinq continents, ses milieux, ses climats. Plus loin, l'homme, dans les rayons Préhistoire à nos jours » et Grandes civilisations ». Et c'est reparti. Premier étage ici les arts. La musique et la danse, au fond à gauche ; dans l'allée centrale, la peinture, la sculpture et l'architecture ; sur les grandes étagères, à droite, la littérature. Attention à la fermeture des portes, merci. Deuxième étage voici la science, les grands chercheurs, les explorateurs. Quelques mètres plus loin, nous voilà dans l'espace Corps humain ». Pressons, pressons, l'ascenseur repart. Troisième étage poussez-vous un peu pour laisser cette dame descendre à l'étage Divertissements ». Un espace ludique qui s'étend sur près de 1 000 mètres carrés le sport, le cinéma, les spectacles, le théâtre, l'opéra et, sur un stand spécial, la télévision. Quatrième étage attention, dernier étage, tout le monde descend. Allons, du calme, les rayonnages sont encore pleins religion, philosophie, sciences humaines et société. Profitez-en, c'est l'ouverture, tout le monde sera servi! À propos de ce livre Véritable grand magasin » de la connaissance, ce livre est dédié à la culture sous toutes ses formes. Son propos est d'offrir à l'esprit le plus fascinant des voyages, de l'étincelle du big-bang aux pyramides d'Égypte, des vierges de Raphaël aux bonds de Nijinski, en passant par les romans de Balzac et la philosophie d'Emmanuel Kant. Outre l'histoire, les arts, les sciences, la religion et la philosophie, il aborde également les sports et les loisirs. Car la culture, qu'on la dise noble » ou populaire », avec un grand ou un petit c, forme un tout indissociable qui se nourrit des multiples activités humaines, sans exclusive ni hiérarchie. Comme dans tous les voyages on ne peut malheureusement pas tout voir ni tout faire, ainsi ce livre ne prétend pas être exhaustif. Qui nous le reprocherait, d'ailleurs! Dans la mesure du possible, nous avons simplement mis en valeur ce qui nous a semblé devoir former le socle culturel de base de tout individu. On prête à Édouard Herriot, homme d'État et fin lettré, ce propos avisé La culture, c'est ce qui reste quand on a tout oublié. » Dans la vie courante, en société ou dans un contexte d'apprentissage, on n'est en effet jamais suffisamment armé contre l'ignorance et l'oubli! En espérant, grâce à ce livre, semer et faire croître en vous la graine du savoir, nous vous incitons donc à poursuivre par la suite votre voyage, au gré de vos goûts et de vos envies, pour en apprendre encore davantage sur un aspect de la peinture, un courant littéraire ou un exploit sportif. En attendant, bonne route à tous. Et que les muses soient avec vous! Les conventions utilisées dans ce livre Dans un souci de simplicité, nous avons utilisé un certain nombre de conventions qui faciliteront votre lecture *» Les titres d'oeuvres sont indiqués en italique, comme La Joconde de Léonard de Vinci. \* Lorsqu'un terme technique ou spécialisé est mentionné pour la première fois, il apparaît en italique nous expliquerons ainsi ce qu'est le surréalisme. v C'est aussi le cas pour les mots étrangers ou termes latins ou grecs, par exemple le romancero, dont la traduction française est toujours donnée entre parenthèses dans ce cas précis, romances espagnoles. ^ Les siècles sont indiqués en caractères romains le VIII e siècle, contrairement aux dates 753 av. pour la fondation de Rome. Comment ce livre est organisé L'intérêt de la culture générale, c'est sa diversité; elle traite de tous les domaines. Mais pas de panique, un ordre solide, un fil d'Ariane, vous servira ici de guide. Les thèmes abordés sont regroupés en cinq grandes parties l'histoire et la géographie; les arts et la littérature; les sciences, les techniques et la vie quotidienne; le sport, les loisirs et les divertissements; puis la religion, la philosophie et la société. À l'intérieur de chaque partie, le traitement est le plus souvent chronologique et le texte s'accompagne de tableaux récapitulatifs permettant de se repérer facilement. Première partie Terre des hommes histoire et géographie L'explosion première donne naissance à l'univers. Galaxies, étoiles, planètes, tout est en place. Manque seulement l'homme pour les contempler et les étudier. Allons, un peu de patience, quelques milliards d'années et, sur une Terre divisée en cinq continents, le voici prêt à prendre son envol. Enfin, si les risques naturels lui en laissent le temps. Le voici donc, ce petit homme, hors de sa grotte préhistorique, bâtisseur de civilisations. Ziggourats de Mésopotamie, pyramides d'Égypte, tout lui est bon pour faire preuve de son talent. Mais déjà, faisant exploser le cadre de la cité grecque qui l'a précédée, Rome étend son Empire au monde connu. Parallèlement, ailleurs en Afrique, en Asie et en Océanie, les mondes extra-européens s'éveillent, se développent. Les conflits locaux seront désormais mondiaux. Deuxième partie Plus belle la vie arts et littérature La musique adoucit les moeurs, dit-on. Ouvrons donc grand les yeux et les oreilles, pour assister à la naissance de la danse et de la musique. Réservées aux dieux à l'origine, elles contribuent peu à peu à embellir la vie des hommes, envahissant scène et fosse d'orchestre. D'un art à l'autre, exercez votre oeil à la peinture, celle des grottes de Lascaux ou des abstractions de Kandinsky. De la couleur avant toute chose ! C'est aussi la devise de l'architecture, des temples d'Égypte ou des cathédrales au musée Beaubourg. Tout est peint de vives couleurs, sculpté, de style en école, d'architrave en chapiteau. Ces termes ne vous disent rien? Dans quelques pages, ils vous révéleront leurs secrets. Tout est en place, du sol au plafond, richement peint, musiciens et danseurs à leur affaire. Le bonheur total. Total? Non, vous aspirez à un moment de solitude, d'évasion absolue entre les pages d'un livre. Pour vous, la littérature, styles et formes, du rire aux larmes, déploie les chefs-d'oeuvre de divers temps et lieux. Troisième partie Comment ça marche ? Sciences, techniques et vie quotidienne La science, idole du XIX e siècle. Bien sûr, après les deux guerres mondiales et les bombes atomiques, nous voici plus méfiants que nos aïeux. Mais ne boudons pas notre plaisir devant ses grandes avancées, les chercheurs prestigieux, Pasteur, Pierre et Marie Curie. Suivons pas à pas les progrès et leurs applications, dans les domaines variés de la médecine, de la physique, ou de la géologie. Connaître scientifiquement, c'est aussi découvrir, explorer le monde. Exaltante ambition des Colomb, Champlain, Stanley et Livingstone, forçant les portes des continents inconnus, élargissant l'horizon à grands coups de machette pour que naissent des cartes nouvelles. Leurs successeurs délaissent galions et canons pour l'intelligence artificielle, conquérants d'une nouvelle frontière, celle de la communication, abolissant espace et temps. Souvent oublié injustement, un monde peu connu est à notre portée chaque jour le corps humain et ses mystères, fascinante mécanique qui semble fonctionner sans nous. Découvrons-le ensemble, de l'anatomie au cerveau, siège de l'âme, s'il en est un ici-bas. Quatrième partie Pour le plaisir sport, loisirs et divertissements Le monde moderne est celui du loisir. Qui s'en plaindrait? Le sport tout d'abord, individuel ou collectif, planétaire comme le football ou confidentiel comme la boxe anglaise, sanctifié par les jeux Olympiques ou pratiqué seul en salle, s'affirme comme un domaine incontournable de la vie quotidienne. Les spectacles, ensuite, du très populaire cinéma à l'aristocratique opéra, du théâtre de boulevard à celui des revendications politiques. C'est un monde, un univers entier recréé, reconstitué, magnifié, les vies multiples, innombrables, des personnages que nous allons voir vivre sur l'écran ou à la scène. Comment ignorer la télévision? Instrument sérieux d'une culture savante à ses débuts, elle évolue vite vers l'information et le divertissement. Le monde du spectacle, du sport à la télévision, est aussi celui des récompenses. De festivals en remise de palmes, d'oscars en médailles d'or, suivons le parcours exemplaire de celles et ceux qui élèvent leur pratique au rang d'un art. Cinquième partie En quête de sens religion, philosophie et société La religion a longtemps été l'élément structurant fondamental des sociétés. Entrez dans le monde des trois grands monothéismes, judaïsme, christianisme, islam, partagez leurs racines et leur héritage commun. Puis, tournez-vous vers les spiritualités orientales, hindouisme aux dieux par milliers, bouddhisme de l'impermanence de toute chose, shintoïsme national au Japon. Ce tour d'horizon serait incomplet sans les religions des forces naturelles, du feu mazdéen de l'antique Perse au vaudou antillais. Pour apaiser les esprits, rien ne vaut la philosophie. Se nommant elle-même science de la sagesse », elle aide à découvrir les raisons et fondements ultimes du Beau, du Bien, du Vrai. Suivons-là, nos pas dans ceux des péripatéticiens, ceux qui marchent de long en large », de Socrate aux Nouveaux philosophes. Puis, retrouvons l'homme, objet des sciences dites humaines, anthropologie, ethnologie, sociologie, pour reconstituer habitat, modes de vie et de sociabilité à travers les âges et les espaces. Car l'homme est bien un animal social, créateur de lois, règlements, régimes politiques. Suivons-le dans le lent apprentissage de la démocratie, l'ouverture d'un nouvel horizon européen, et l'exercice de la justice, aux prises, aussi, avec les grands enjeux de son temps. Sixième partie La partie des Dix Ce rendez-vous traditionnel de la collection Pour les Nuls » s'ouvre sur dix historiens célèbres, sans qui rien ne se saurait, et dix chefs- d'oeuvre de la peinture ayant pour thème la crucifixion. Il se poursuit avec dix chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale. Puis, dix nombres d'or vous révèlent leur mystère. Lancez les dés du hasard, chaque numéro est gagnant ! Enfin, dix inventions majeures et dix opéras de rêve, sans oublier l'Ancien Testament et dix notions fondamentales dont les mentalités de nos contemporains sont encore fortement imprégnés. Les icônes utilisées dans ce livre Des icônes placées dans la marge vous permettront tout au long de ce livre de repérer d'un coup d'oeil le type d'informations proposées selon les passages du texte ou les encadrés... Elles peuvent ainsi guider votre lecture selon vos envies. De l'insolite à l'incroyable, du drolatique au méconnu, le meilleur moyen de tester vos connaissances avant d'épater les autres. Cette icône signale un point fondamental. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, vous voici au coeur d'une religion, d'un monument, d'une symphonie. Ce symbole pointe une information spécifique ou un détail un peu obscur qui sera rapidement éclairci. Et maintenant, par où commencer? Si vous cherchez une information précise, reportez-vous au sommaire ou à l'index, au début et à la fin de l'ouvrage. Autrement, faites- vous plaisir et musardez au fil des pages. Le quattrocento, les pyramides d'Égypte, Goethe ou la philosophie des Lumières? Un homme de science, un grand personnage, les jardins suspendus de Babylone, le Bauhaus ou une page du Léviathan ? Pourquoi choisir, quand à tout endroit une bonne surprise vous attend? Laissez-vous aller, feuilletez le livre au hasard et, dès qu'un passage accroche votre regard, foncez c'est l'entrée en matière idéale pour découvrir en s'amusant! Première partie Terre des hommes histoire et géographie Dans cette partie. . . Projetons-nous il y a seize milliards d'années, pour guetter le tout premier instant de l'Univers, quand l'étincelle du big bang déchaîne des forces immenses, donnant naissance, entre autres, à notre système solaire. Puis, de l'infiniment grand à notre bonne vieille Terre, venez explorer notre galaxie, au nom si poétique de Voie lactée. Vénus, Mars, Saturne, le Soleil, tous attendent pour révéler petits et grands mystères. Et l'homme dans tout cela? Il vient, à l'échelle des âges géologiques, à peine d'apparaître. Et pourtant que de chemin parcouru! Laissons-le découvrir sa planète, prendre possession des continents, s'habituer aux climats et milieux, survivre aux risques naturels. Ça y est, il est là, survivant d'époques terribles. Obstinément, contre le froid des glaciations, contre l'ours ou l'auroch, il chemine, quitte les cavernes, domestique le feu et les animaux, se lance dans l'aventure agricole. Le revoici, bâtisseur de civilisations incomparables. Il nous fait signe, de profil comme il se doit, entre deux pyramides, ou deux ziggourats. C'est lui, encore, en toge sur les rostres du forum. Mais pourquoi s'agite-t-il ainsi? César est mort! Nous sommes aux ides de mars 44 avant La vieille Rome de la République se meurt, la gloire de l'Empire commence à poindre. Et avec elle, la Grèce revivifiée dans les arts et les lois. Bien sûr, il n'est pas toujours pacifique suivons les armées entre guerres méconnues et grands conflits, de la guerre fleurie » aztèque à 1914- 1918. Puis, dans un horizon élargi, après le voyage dans le temps, vient l'espace, l'autre et Tailleurs dans la richesse foisonnante de leur diversité, des fastueuses dynasties chinoises ou de l'austère Japon des samouraïs, des femmes-soldats, les amazones du royaume d'Abomey, au dernier Inca, étranglé dans sa cellule après avoir payé la plus riche rançon de tous les temps. Mais... l'air s'échauffe, les ténèbres se dissipent, les particules s'affolent... Il n'est que temps, l'Univers palpite, sous peu il va vivre enfin. En route! Chapitre 1 La tête dans les étoiles l'Univers Dans ce chapitre La naissance de l'Univers Galaxies et planètes vous révèlent leurs secrets L'Univers infini est une création récente. Pendant longtemps, il a été perçu comme une voûte ou un espace plan, ayant la terre pour centre. Or, nous savons aujourd'hui qu'il est formé de matière, depuis les plus petits éléments jusqu'au gigantisme des galaxies. Né il y a 16 ou 17 milliards d'années, l'Univers, formé de matière et n'étant pas éternel, disparaîtra un jour, dans 100 milliards d'années selon la théorie du Big Crunch. Avant même la disparition de l'Univers, notre Soleil, parmi des milliards d'autres étoiles, s'éteindra dans 5 milliards d'années, quand il aura épuisé toute son énergie, c'est-à-dire mis fin à la succession de réactions nucléaires qui l'entretiennent. Mais pas d'affolement inutile, car d'ici-là les progrès de la science nous auront peut-être permis de réaliser le rêve de découvrir une autre terre parmi les milliards de planètes qui peuplent l'Univers. L'origine de l'Univers Vaste question! S'interroger sur l'origine de l'Univers, ce n'est ni plus ni moins qu'aborder la question fondamentale de l'humanité tout entière - une question pour laquelle des hommes se déchirent depuis la nuit des temps I Mais pas de panique, nous ne nous égarerons pas ici dans des conjectures métaphysiques abstraites. Notre démarche est plus modeste et surtout plus pragmatique. Elle consiste à exposer, de façon schématique, l'état actuel des connaissances scientifiques sur le sujet. La conception de l'Univers La conception de l'Univers, avant la mise au point de la méthode scientifique, au XVII e siècle, relève d'une vision théologique. Des dieux, puis un Dieu, mettent en place planètes et étoiles, puis donnent naissance aux hommes, après avoir prévu sur Terre tout ce qui est nécessaire à leur survie. Le XX e siècle procure les moyens de vérifier, de manière expérimentale, avec des instruments précis, la structure et la naissance, puis le développement de l'Univers. Les scientifiques peuvent proposer différents modèles d'Univers. Jusqu'à une époque assez récente, quatre théories distinctes s'affrontaient v L'Univers en expansion né d'une explosion gigantesque il y a 16 milliards d'années, le fameux big bang», il est en expansion continue et ne connaît aucune limite. v L'Univers en pulsations comme dans l'hypothèse précédente, l'Univers est en expansion continue, mais jusqu'au point où il va se contracter pour reprendre son espace d'origine, et exploser de nouveau. Il est dit en pulsations parce que contraction et expansion alternent. C'est ce que l'on appelle, en opposition au big bang, le big crunch ». ^ L'Univers multiple il existerait une infinité d'univers, chacun étant en phase de big bang ou d'expansion à des moments différents. w L'Univers stationnaire en dépit de possibles modifications, l'Univers serait celui que nous connaissons, infini et éternel. La théorie de l'Univers stationnaire, soutenue notamment par le célèbre physicien Albert Einstein 1879-1955, a prévalu jusque dans les années 1 960. Mais aujourd'hui, la majorité des scientifiques s'est ralliée au modèle du big bang. Lemaître en la matière C'est un chanoine belge, Georges-Henri Lemaître 1894-1966, astrophysicien et mathématicien qui a, le premier, élaboré un modèle de l'Univers en expansion. D'après cette théorie, issu d'une déflagration géante, d'une explosion qui correspondrait à celles de millions de bombes atomiques, l'Univers s'étend ou se contracte. Comme quoi, on peut enseigner à l'Université catholique de Louvain et s'intéresser à l'origine matérielle de l'Univers... Lemaître ne nomme pas sa découverte théorie du big bang », mais hypothèse sur le premier atome ». Sa réflexion se fonde sur les travaux d'Einstein qui, pourtant, soutenait la théorie d'un Univers stationnaire. Les résultats de Lemaître sont publiés entre 1 927 et 1 933 et retiennent très rapidement l'intérêt de la communauté scientifique. Une théorie explosive le big bang C'est parce qu'il veut un Univers compatible avec les lois de la physique qu'Albert Einstein l'envisage comme stationnaire, éternel. D'après lui, il est incompréhensible que l'Univers soit compréhensible ». Il faut donc rejeter l'idée que la structure et le fonctionnement de l'Univers relèvent du chaos et trouver les lois de la physique qui y régnent, afin d'avancer une explication. Ceci satisfait notamment aux exigences de la théorie de la relativité générale, formulée en 1916. Pour expliquer son état stationnaire, il forge le concept de constante cosmologique ». Georges-Henri Lemaître et George Gamow remettent en cause cette expression en s'appuyant sur des observations astronomiques faites par Hubble dans les années 1930, et développent la théorie dite du big bang et de l'Univers en expansion. Le grand Bang ! » L'expression big bang de l'anglais big, grand, et de l'onomatopée bang » a été utilisée la première fois par Fred Hoyle, chroniqueur de la BBC dans un exposé de 1950, intitulé The Nature of Things ». Elle désigne une explosion provoquée par un échauffement de l'Univers, avec une température de plusieurs milliards de degrés, qui s'est produite il y a 1 6 milliards d'années. Selon cette théorie, il est possible de retracer l'histoire de l'Univers à partir de la constatation de l'éloignement mutuel des galaxies. En utilisant la théorie d'Einstein de la relativité générale, on parvient à l'idée que plus l'Univers était jeune, plus il était à la fois chaud et dense. Les modifications ultérieures de température et de pression permettent alors de définir les âges, ou Les grandes phases de l'Univers, selon la théorie du big bang La théorie du big bang permet également de dater l'apparition d'un temps, en fonction de ses phases. En effet, le big bang lui-même se produit à 10~ 43 s., puis est suivi de plusieurs étapes à 10~ 35 s apparaît la matière; à 10" 33 s. la température s'abaisse; à 10" 4 s. l'annihilation prend le pas sur la création de particules. Puis le temps s'accélère, à + 3 minutes, un quart des protons et des neutrons se combinent en noyaux d'hélium; à + 2 milliards d'années, les galaxies se forment. Même si elle domine dans la communauté scientifique moderne, la théorie du big bang se heurte toujours à une limite restée à ce jour non franchie, celle du temps. Notre connaissance s'arrête en effet à un moment très précis, à savoir 1 0" 43 secondes après le big bang, au tout début du refroidissement, au moment où les quatre forces fondamentales gravitationnelle, électromagnétique, nucléaire faible, nucléaire forte s'individualisent. Avant ces 10" 43 secondes, elles sont confondues, la théorie de la gravitation ne s'applique pas. C'est ce que l'on appelle le temps de Planck, du nom du physicien allemand Max Planck 1858-1947, prix Nobel de physique, qui développa cette théorie. Un jour, une autre théorie ira plus loin, proposant une nouvelle explication de la naissance de l'Univers. En attendant, il est impossible de parler d'un temps d'avant le big bang », puisque notre temps commence avec lui. Et Dieu dans tout ça? Selon l'Ancien Testament, au livre de la Genèse, Dieu fit le monde en six jours. C'est au troisième jour que le Soleil et la Lune sont créés Il y eut un soir, il y eut un matin troisième jour. Dieu dit Qu'il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu'ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années; qu'ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre et il en fut ainsi. Dieu fit les deux luminaires majeurs le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit, les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon » Genèse 1,13-18 trad. Bible de Jérusalem. Certains groupes religieux, témoins de Jéhovah, baptistes, particulièrement aux États-Unis, refusent les théories scientifiques expliquant la naissance de l'Univers. Pour eux, toute création est le seul fait de Dieu, d'où leur nom de créationnistes . C'est donc le refus de l'évolutionnisme prôné par C. Darwin. S'appuyant sur la Genèse, premier chapitre du Pentateuque, le premier livre de la Bible, ils affirment que Dieu créa tout ce qui existe en six jours. Selon eux, il ne peut y avoir aucune évolution, seulement la disparition de certaines espèces. Ce dernier point, l'évolution, est cependant admis par l'Église catholique, et pensé dans le cadre de la foi en une création. La lin des temps Si la question des origines de l'Univers prête encore à controverses, celle de sa disparition semble disposer de fondements plus sûrs. ^ Première hypothèse l'Univers est ouvert. Les galaxies sont formées d'étoiles et de gaz. D'ici 1 000 milliards d'années, les étoiles auront consommé tout le gaz et mourront à leur tour, comme les planètes. Dans un ultime jaillissement de lumière, les étoiles s'effondreront dans un trou noir hypergalactique, c'est-à-dire à la taille de plusieurs galaxies, dans 10 27 ans. L'extinction de la dernière étoile annoncera le temps de la nuit et du froid. Dans 10 100 ans, les trous noirs à leur tour s'évaporeront en énergie, répandue dans le vide, qui demeurera seul, en l'absence de toute matière. v Deuxième hypothèse l'Univers est fermé. Dans 50 milliards d'années, l'expansion se ralentira, cessera, avant de s'inverser. L'Univers se contractera, les galaxies se rapprocheront, vireront du rouge au bleu. Un dégagement de chaleur à son point extrême provoquera une fusion de la masse entière de l'Univers et son effondrement, c'est le big crunch. Quant à savoir quelle hypothèse est la bonne, seul l'avenir le dira! Au début du chapitre XX du livre de l'Apocalypse, dans la Bible, est annoncée la parousie, le retour du Christ sur Terre, inaugurant un règne de mille ans, le millenium. D'où découle le millénarisme, mouvement de pensée qui annonce, en principe tous les mille ans, la fin du monde. C'est l'alternative suivant cette parousie qui pose problème s'agit-il de mille ans de bonheur, sous la direction du Christ, ou de mille ans de chaos, le Christ étant précédé d'un Antéchrist dont il triomphera. Heureusement, un spécialiste a tout prévu, Michel de Notre-Dame, dit Nostradamus 1503-1566. Médecin de formation, alchimiste, consulté par la reine Catherine de Médicis, il a laissé un ouvrage de prédictions, les Centuries. Hélas, il s'y exprime en quatrains si obscurs que leur interprétation provoque encore aujourd'hui de vives tensions entre spécialistes. Toutefois, même si l'auteur prévoit la fin de l'Univers vers l'an 6000, il annonce d'abord celle de la Terre en 3797, qui disparaîtra, absorbée par le Soleil, après l'écrasement des météorites et même des planètes sur elle. Profitons vite des 1790 années qui nous restent! La carte du ciel Avant la disparition programmée de l'Univers, il nous reste tout de même suffisamment de temps pour lever les yeux vers le ciel et l'admirer. Le ciel, c'est l'espace infini, le rêve, mais aussi les étoiles, regroupées depuis l'Antiquité mésopotamienne en figures appelées constellations, découvertes au fil du temps et des progrès de l'observation. Les astrologues les utilisent pour déterminer le destin d'un individu depuis la naissance, puis au fil des jours. Les astronomes en dressent la carte, les mesurent, les décrivent, eux aussi de la naissance à la mort. Maîtresses de notre avenir ou manifestations physiques des Univers, elles ne peuvent laisser indifférent. Les constellations Ce sont des groupes d'étoiles brillantes voisines que l'on peut observer depuis la Terre. Leur liste a été dressée par l'Union astronomique internationale UAI et publiée en 1930. Elle comprend 88 constellations et définit chacune d'entre elles comme l'une des 88 régions divisant le ciel. La division s'est effectuée à partir de lignes droites ascendantes imaginaires, en tenant compte de la déclinaison c'est l'ascension droite AD, équivalent dans le ciel de la longitude pour la terre. Elle est mesurée en heures, minutes et secondes. Conventionnellement, une constellation est désignée par son nom latin. Représentées par des figures constituées d'une succession de points reliés entre eux, elles se répartissent entre l'hémisphère Nord 39 et l'hémisphère Sud 46. Trois d'entre elles étant invisibles dans un hémisphère donné, on en compte 85. En fonction de leur position sur la sphère céleste, les constellations sont dites boréales, australes ou zodiacales Les constellations boréales hémisphère Nord au nombre de 39, elles comprennent notamment La Grande Ourse, la Lyre, le Cygne, Cassiopée, Pégase et Andromède. r Les constellations australes hémisphère Sud au nombre de 46, elles comptent parmi elles Orion, la Carène, la Croix du Sud, la Baleine. ^ Les constellations zodiacales au nombre de 12, ce sont le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. Amas groupe d'étoiles physiquement liées par la gravitation. Année-lumière distance parcourue par la lumière en une année, soit environ 9,46 mille milliards de km. Superamas groupe d'amas. Galaxie ensemble d'étoiles. Trou noir corps céleste qui se forme après la mort d'une grande étoile, très dense. Sa densité est si grande que sa vitesse de libération est supérieure à celle de la lumière. Pris dans son attraction, rien ne peut s'en échapper. Étoile formation qui naît de la contraction d'une nébuleuse de gaz et de sa poussière interstellaire. Astéroïde corps céleste astre du système solaire, qui n'émet pas de lumière et tourne autour du soleil. Comète astre possédant un noyau composé d'un mélange de glaces et de roches, entouré d'une nébulosité, comme un amas de nuages. Neutrino comme le neutron, particule électriquement neutre, mais beaucoup plus petite. Elle est émise par les réactions Les étoiles Une étoile est une boule de gaz, surtout de l'hydrogène, porté à incandescence, qui évolue au fil de réactions de fusion nucléaire, et dégage de la chaleur et de la lumière. Brillant au-dessus de nos têtes, au sommet du sapin, ou au firmament de Hollywood, elles accompagnent notre vie et n'ont pas fini de nous faire lever le nez. Elles naissent à partir de la contraction de nuages de matière interstellaire de très grande étendue, mais de faible densité. La seule force de la gravitation suffit à réunir ce nuage en une boule de matière. Plus cette masse se contracte, plus sa température s'élève. Faites un voeu Les étoiles filantes sont d'infimes poussières qui pénètrent dans l'atmosphère terrestre à grande vitesse, et qui se désintègrent par frottement. En se consumant, elles dessinent dans le ciel des séries de stries lumineuses. Ce sont des traînées lumineuses qui apparaissent brusquement au milieu des étoiles. Elles paraissent s'écouler sur la voûte céleste, puis disparaissent, parfois presque aussi vite qu'elles sont apparues. Leur couleur et l'intensité de leur éclat sont très variables. Elles apparaissent à des altitudes de 1 20 km et disparaissent vers 90 km. Leur vitesse de déplacement est de l'ordre de 70 km/s. Ce phénomène survient en permanence, même s'il est plus facile à observer par une belle nuit d'été. D'après la tradition, lors de leur passage, il faut prononcer un voeu qui ne manquera pas d'être exaucé dans l'année ! On distingue plusieurs types d'étoiles les plus grandes, les mortes, celles qui sont en cours d'activité, ou celles qui s'effondrent sur elles- mêmes * La géante rouge est une étoile qui, ayant épuisé en son coeur tout l'hydrogène disponible, brûle son oxygène. Quand la combustion de l'oxygène est achevée, elle a atteint sa plus grande taille. ^ La naine blanche est une ancienne géante rouge, une étoile en fin de vie qui a consumé toutes ses réserves de combustible nucléaire, mais n'atteint pas la taille d'une nova étoile invisible, puis très brillante, puis de moins en moins et s'effondre sur elle- même, sous l'effet de la gravitation, au fur et à mesure qu'elle perd son énergie, ce qui provoque son rayonnement. ^ La naine brune est un corps céleste resté à un stade intermédiaire, entre nuage gazeux et étoile. Son rayonnement est nul. ^ La naine noire est une naine blanche morte, après avoir perdu toute son énergie. Elle n'émet donc plus aucun rayonnement. ^ La nébuleuse est un nuage nebula en latin de gaz et de poussières accumulées. S'il se contracte suffisamment, il peut engendrer une étoile. ^ La proto-étoile est une étoile en cours de formation. ^ La nova est la phase d'explosion d'une étoile elle est appelée supernova si elle est très massive, qui se traduit par un intense rayonnement lumineux. De toutes les étoiles, la plus lumineuse serait Carinae, 6 millions de fois plus lumineuse que le Soleil, mais elle est située à 6 400 années-lumière, nous ne voyons pas son éclat. La plus éloignée serait dans la galaxie C 11358 62, située à 13 milliards d'années- lumière, identifiée en 2001 par une photographie prise à partir du télescope spatial Hubble. Les météorites Les météorites sont des fragments de corps célestes qui deviennent chaleur et lumière en pénétrant l'atmosphère terrestre. Plusieurs centaines percutent la Terre chaque année, de taille variable, depuis le petit caillou jusqu'à celle capable de creuser un cratère. Les météorites portent le nom de la constellation dans laquelle elles évoluent, en un groupe appelé essaim, les Léonides dans la constellation du Lion, par exemple. Attention, chute de pierres ! Les météorites frappent l'imagination. Il semble que le ciel nous tombe réellement sur la tête! Les plus marquantes sont conservées, au musée ou dans les mémoires. La confrérie des Gardiens de la météorite d'Ensisheim, conservée au palais de la Régence, en Alsace, garde une météorite de plus de 100 kg, tombée le 7 novembre 1492. Chaque année, au mois de juin, la confrérie organise un rassemblement de passionnés du monde entier, pour une bourse d'échanges. Le 30 juin 1 908, à 7 h 1 5 heure locale, une gigantesque explosion se produit dans la forêt de la Tongouska, en Sibérie. Le bruit en fut perçu jusqu'à Saint-Pétersbourg, à 2 000 km de là, les arbres brûlés sur 10 km, déracinés sur 100 km. Il s'agirait d'une météorite ayant explosé dans notre atmosphère, entre 9 et 6 km d'altitude, pesant environ 1 tonne, mais aucun débris n'a été retrouvé sur place. L'énergie dégagée par l'explosion équivaut à 1 000 fois celle de la bombe larguée sur Hiroshima. Le 18 janvier 2000, une météorite explose au-dessus de la province du Yukon, à l'ouest du Canada, à 25 km d'altitude. La violence de l'explosion est évaluée par les scientifiques à l'équivalent de plus de 2 000 tonnes de TNT. Des centaines de débris atteignent le sol, sans faire de victime. Les comètes Les comètes sont de petits astres composés de roches, de glace et de poussières eau mêlée d'ammoniac, d'oxyde de carbone, de méthane.... Elles gravitent autour du Soleil en suivant des orbites très allongées. Apparues par condensation, il y a environ 4,5 milliards d'années, elles mettent plusieurs millions d'années à tourner autour du Soleil. Déviées de leur trajectoire par un choc avec un autre corps, par exemple, elles s'approchent du Soleil; les matériaux qui les composent s'échauffent - on dit qu'ils se subliment passage de l'état solide à l'état gazeux, sans passer par l'état liquide -, donnant naissance, autour du noyau, à une auréole lumineuse, la chevelure. Puis naissent, à l'opposé du Soleil, une queue de gaz, bleutée et fine, et une queue de poussière, jaunâtre et large. On en recense de nouvelles tous les ans, depuis 3 ou 4 jusqu'à plus de 200 en 2005. Elles sont de mieux en mieux observées grâce à la puissance accrue des télescopes. Elles le sont scientifiquement depuis 1705, date à laquelle Edmund Halley 1656-1742 dresse la première table des orbites de 24 comètes, publiée dans le Astronomiae Cometicae Synopsis. La plus célèbre d'entre elles, la comète de Halley, fait partie du groupe de 50 comètes environ qui reviennent périodiquement se faire admirer. Elle nous fait l'honneur d'une visite tous les 76 ans environ! Venue en 1531 , 1607, 1682, 1758, 1835, 1910, 1986, son retour est annoncé pour le mois de juillet 2061 . Il ne nous reste plus qu'à nous armer de patience, à faire preuve d'optimisme et à attendre... Le système solaire Notre système solaire se compose d'une étoile, le Soleil, et de planètes Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Il comporte également les satellites de ces planètes, ainsi que les astéroïdes et les comètes. L'ensemble de notre système solaire gravite à l'intérieur de notre galaxie, la Voie lactée. La Voie lactée En se refroidissant, l'Univers s'est divisé en différentes galaxies, dont la nôtre, appelée Voie lactée, gigantesque concentration d'étoiles en forme de spirale. Tableau 1-1 Les caractéristiques de la Voie lactée Âge 12 milliards d'années Temps de rotation 200 millions d'années Diamètre 1 00 000 années-lumière Epaisseur au centre 20 000 années-lumière Masse totale 1 00 milliards de fois celle du Soleil Nombre total d'étoiles 1 00 milliards environ dont notre Soleil 34 000 parsecs 1 parsec 3,36 années-lumière. Elle est si vaste que la lumière met 1 00 000 ans à la parcourir d'une extrémité à l'autre. Longueur Le Soleil Niché dans la Voie lactée, le système solaire est apparu il y a 4,5 ou 5 milliards d'années, il s'est formé à partir d'un nuage de gaz, dont une partie provenait de l'explosion d'une étoile plus ancienne, le reste étant composé d'hydrogène et d'un peu d'hélium. Le Soleil représente à lui seul 99 % de toute la matière du système solaire. Pour en faire le diamètre, il faudrait 1 09 Terres. L'énergie solaire naît au coeur du Soleil, à une température de 15 millions de degrés et une pression 340 milliards de fois supérieure à celle existant sur Terre. L'énergie ainsi amassée se déplace ensuite vers la surface et est libérée sous forme de chaleur et de lumière. Cette opération prend environ un million d'années. SOHO et pourtant si proche La sonde SOHO Solar and Heliospheric Observatory a été lancée le 2 décembre 1995 de la base de Cap Canaveral, aux Etats- Unis. Elle est le fruit d'une collaboration entre Européens et Américains. Elle livre des observations sur le Soleil depuis 1996 et termine sa mission en 2007. Équipée d'instruments de recherche, elle a un objectif, l'étude de la structure interne du Soleil, du vent et de l'atmosphère solaires. SOHO a fait très peur à ses papas, en disparaissant du 25 juin au 23 juillet 1998. Retrouvée, elle a été remise en activité en septembre 1998, et ne présente pas de séquelles, en dépit de six semaines d'hibernation à -40 °C. Le premier résultat le plus marquant de SOHO est fourni en septembre 2003, quand la mesure de la rotation interne du Soleil montre que l'intérieur du Soleil tourne seul bloc, comme un corps solide. Le Soleil est composé des éléments suivants v Le noyau, au centre, où se déroulent les réactions thermonucléaires. »» L'enveloppe, où se produit le transfert d'énergie vers la surface. ^ L'atmosphère, divisée en trois couches la photosphère, couche la plus profonde qui émet la majeure partie du rayonnement; la chromosphère, moins lumineuse et animée d'une intense activité, de projections de matière de plusieurs milliers de kilomètres ; la couronne, que nous voyons à l'oeil nu, autour du disque. Tableau 1-2 Les caractéristiques du Soleil Âge approximatif 4,6 milliards d'années Diamètre 1 ,4 million de km Masse 328 900 x Terre 2 milliards de milliards de milliards de tonnes Densité moyenne 1 ,4 à peine supérieure à celle de l'eau 1 Composition 70 % hydrogène, 28 % hélium, 2 % atomes lourds carbone, azote, oxygène... Fin de vie Dans environ 5 milliards d'années Volume 1 300 000 x Terre Température de surface 6 000 °C Température centrale Environ 15 000 000 °C Période réelle de rotation 25,38 jours Période apparente de rotation 27,28 jours Distance moyenne de la Terre 149 600 000 km Révolution autour du centre galactique 225 millions d'années Distance de l'étoile la plus proche 4,3 années-lumière Distance du centre de la galaxie 30 000 années-lumière Une éclipse désigne le moment où la Lune se trouve placée entre le Soleil et la Terre, événement qui ne survient que lors d'une nouvelle Lune. Une partie de la Terre se trouve de ce fait être dans l'ombre de la Lune. Pour qu'une éclipse se produise, il faut que, dans cet ordre, trois planètes soient alignées sur un même axe le Soleil-la Lune-la Terre. L'éclipsé commence quand l'ombre de la Lune mord sur le disque solaire. Il existe trois types d'éclipsé du Soleil v L'éclipsé partielle le soleil n'est qu'en partie recouvert par la Lune. v L'éclipsé annulaire la Lune recouvre le soleil, mais pas complètement, laissant un rond lumineux en forme d'anneau. ^ L'éclipsé totale la Lune recouvre totalement le Soleil. Les planètes Traditionnellement, le Soleil est entouré de 9 planètes, nées comme lui d'un nuage de matière interstellaire. Classées d'après leur proximité au Soleil, ce sont Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Toutefois, depuis août 2006, ce classement a subi quelques transformations suivant les décisions de l'Union astronomique internationale UAI, Pluton est rétrogradé au rang de planète naine. Cérès, Charon, 2003 UB 31 3, qui devrait prendre le nom de Xena, entrent également dans cette catégorie. La nouvelle liste des 1 2 planètes, toujours selon le critère de leur distance par rapport au Soleil, est donc Mercure, Vénus, la Terre, Mars, Cérès, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune, Charon, Pluton et 2003 UB 31 3 Xena. Mercure Connue déjà dans l'Antiquité, Mercure est la première planète du système solaire, la plus proche du Soleil. C'est une petite planète, Pluton seule étant encore plus petite. Très proche du Soleil, la chaleur du jour mercurien est intense, supérieure à 400 °C. Mais comme son atmosphère est nulle, les nuits y sont très froides, la température descend à -180 °C. Cet écart de température est le plus important de toutes les planètes connues. Dépourvue de satellite, Mercure est connue depuis l'Antiquité, à Sumer. Sur les clichés photographiques, Mercure présente la même apparence désolée que la Lune. Sous une croûte épaisse d'environ 500 km, le noyau de la planète est constitué de métaux ferreux et pourrait être en partie liquide. Le pourcentage de fer sur Mercure est plus important que sur tout autre objet du système solaire. Tableau 1-3 Les caractéristiques de Mercure Diamètre équatorial 4 878 Volume 0,054 x volume Terre Densité moyenne 5,4 eau = 1 Masse 0,055 x masse Terre Pesanteur 0,37 x pesanteur Terre Distance moyenne au Soleil 58 000 000 km Durée de rotation 59 jours Période de révolution 88 jours Vitesse orbitale 47,9 km/seconde Satellites Aucun Température de surface 430 °C le jour, - 180 °C la nuit Atmosphère Fine couche d'hydrogène et d'hélium Durée de la journée mercurienne d'ensoleillement 3 mois environ Durée de la nuit mercurienne 3 mois environ Vénus Déjà l'étoile du matin des Anciens, Vénus présente de nombreuses analogies avec la Terre même taille, même volume, même densité et même origine. Toutefois, cette planète est dépourvue de mers ou d'océans mais surtout, son atmosphère est composée pour l'essentiel de dioxyde de carbone, les nuages y libèrent des pluies d'acide sulfurique. Vénus préfigure ce que pourrait être la Terre si l'effet de serre parvenait à son apogée une température en surface avoisinant les 500 °C. La surface de Vénus présente de très grandes plaines recouvertes de coulées de lave et des hautes montagnes 85 % de la surface est recouverte de roches volcaniques. L'activité des volcans a dû y être très intense, puisque certains d'entre eux offrent des cheminées de plus de cent kilomètres de diamètre. À l'inverse de toutes les autres planètes du système solaire, la rotation de Vénus est rétrograde, c'est-à-dire qu'elle tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Tableau 1-4 Les caractéristiques de Vénus nom commun étoile du Berger Diamètre équatorial 12 140 km Volume 0,88 x volume Terre Densité moyenne 5,2 eau = 1 Masse 0,82 x masse Terre Pesanteur 0,88 x pesanteur Terre Distance moyenne au Soleil 108 000 000 km Durée de rotation 243 jours Période de révolution 225 jours = 1 année vénusienne Vitesse orbitale 35 km/seconde Vitesse de libération 1 0,3 km/seconde Satellites Aucun Température de surface Environ 500 °C le jour Atmosphère 95 % dioxyde de carbone gaz carbonique, 2 à 4 % azote, traces d'oxygène Vénus, déesse de l'amour... vache ! Déesse de l'Amour dans la mythologie gréco-romaine, Vénus est balayée en permanence par des vents dont la violence augmente avec l'altitude environ 4 km/h au sol, 300 km/h à 1 1 km. Et il y pleut... de l'acide sulfurique. La température y est en permanence comprise entre 450 °C et 500 °C. Pourtant, en raison de la lenteur de sa rotation, la nuit vénusienne dure plus de cent jours... mais sans baisse notable de la température. Les vents sont d'une violence telle qu'ils se transforment en tornades. Les nuages jaunes, gorgés d'acide sulfurique, réfléchissent davantage la lumière du Soleil et concourent à l'augmentation de la température. Les orages vénusiens sont quasiment permanents, accompagnés d'intenses décharges électriques et de gigantesques éclairs rouges. Ils sont rendus d'autant plus redoutables par un formidable bruit de tonnerre. La Terre Seule planète connue du système solaire à abriter la vie, la planète bleue » se présente spontanément comme une boule d'océans et de mers, d'où émergent quelques terres. Son nom semble bien mal lui aller Océanos était plus exact, car elle est recouverte de 70 % d'eau. Mère protectrice, son noyau de nickel et de fer en fusion génère un champ magnétique, lequel, avec l'atmosphère, renvoie les radiations dangereuses du Soleil. La température moyenne sur Terre est de 15 °C, et sa vitesse de déplacement, de plus de 100 000 km/h, ne gêne en rien la joie de l'habiter. Bien que son atmosphère soit composée à 78 % d'azote, les 21 % d'oxygène assurent le développement de toutes les formes de vie. Surnommée Gaïa chez les Grecs et les Romains, elle est notre promise de toute éternité. Pour le détail des caractéristiques de la Terre, voir Chapitre 2. Mars Planète du dieu de la guerre, en raison de la couleur de son sol, Mars est désignée souvent comme étant •» Des conditions il faut être libre, né de père citoyen athénien et de mère fille de citoyen athénien, avoir 18 ans et avoir accompli son éphébie, service militaire de deux ans, et être inscrit sur le registre de son dème circonscription de naissance. ^ Des devoirs être prêt pour la guerre entre 1 8 et 60 ans, rendre un culte aux divinités poliades, les dieux de la cité {polis, comme Athéna à Athènes, prendre part aux assemblées politiques, payer ses impôts, se marier et avoir des enfants. ^ Des droits être électeur et se présenter aux élections, intenter des procès, proposer ou amender les lois, réclamer une révision du montant de l'impôt et voter l'ostracisme bannisement de 1 0 ans. La dure vie du Spartiate Dans toute cité grecque, les hommes entre 18 et 60 ans sont avant tout destinés à la guerre, mobilisables en général atout moment. Mais s'il est une cité où cet aspect prédomine, c'est bien Sparte. Dès la naissance, le Spartiate est traité en guerrier futur, et commence un parcours du combattant. Cette organisation est mise en place par les Lois de Lycurgue, réformateur du VIII e s. av. Naître, c'est d'abord survivre à peine né, le bébé est amené par son père au conseil des Anciens, la Gérousia. S'ils estiment l'enfant bien formé, il vivra, sinon, il sera jeté dans un gouffre. Une première sélection est faite par les femmes le bébé est lavé au vin, au lieu d'eau. S'il se débat, a des convulsions que le vin pur est supposé révéler, il finit au gouffre. Cette sélection précoce, monstrueuse à nos yeux, est parfaitement justifiée aux yeux des Spartiates. L'enfant est avant tout celui de la cité de Sparte avant d'être celui de ses propres parents. À ce titre, son devoir essentiel est de prendre les armes pour la défendre. S'il est dans l'incapacité de le faire, il n'a plus de droit véritable à l'existence. ^ L'éducation Spartiate, ou l'art du dressage jusqu'à 7 ans, l'enfant est confié aux femmes, qui doivent lui apprendre à ne pas pleurer, ne jamais se plaindre, se nourrir de ce qu'il trouve, fortifier son amour de Sparte. Puis vient l'éducation militaire louveteau » de 8 à 1 1 ans, garçon » de 12 à 15 ans, puis irène » èphèbe de 16 à 20 ans. Les jeunes Spatiates vivent entre eux, en groupes ou troupeaux », de l'âge de 1 2 ans à 30 ans. À partir de cet âge, un homme peut prendre ses repas et dormir chez lui. Physiquement très entraîné, le Spartiate apprend à peine à lire et à écrire. En revanche, son éducation musicale est plus poussée, mais toujours dans une finalité militaire l'armée évolue au son de la musique. Pour les jeunes filles également, un corps robuste est indispensable pour donner naissance à des garçons bien formés. Elles pratiquent donc la gymnastique, et des rudiments d'art du combat, pour être prêtes à défendre la cité en cas de besoin. La dureté de l'éducation Spartiate prépare aux plus grands sacrifices. Ainsi, pour permettre aux cités grecques de préparer leur défense, le roi de Sparte Léonidas, avec seulement 300 guerriers, tient tête à toute l'armée perse dans le défilé des Thermopyles. Leur sacrifice permettra aux Grecs de lever des forces nouvelles et de repousser Xerxès I er 510-465 av. et ses troupes. Pas vu pas pris À partir de 12 ans, le jeune Spartiate est un Pais, ou garçon». Il vit en bande, soumise à un chef plus âgé. Pour tout vêtement, un seul manteau, volontairement trop court ou pas assez épais pour l'hiver. La nourriture est soigneusement rationnée pour l'empêcher de manger à sa faim. Il doit donc se débrouiller, c'est-à-dire voler des aliments, dès que l'occasion s'en présente. Pris sur le fait, il est battu, puis violemment fouetté. Ne vous y trompez pas il n'est pas puni durement pour avoir volé, mais pour s'être laissé prendre ! Aucun habitant de Sparte ne lui prêtera aide et assistance, ne lui fournira nourriture ou vêtement, ce serait en faire un être faible, semblable aux femmes, incapable de survivre par lui-même. L'une des épreuves du service militaire, Virénie consistait même à tuer dans la campagne un hilote, un esclave, sans se faire prendre. L'empire d'Alexandre 356-323 Alexandre, qui voulait un empire universel, l'étendit jusqu'en Asie Mineure et en Égypte, mais son armée s'arrêta au bord de l'Indus et refusa de le suivre plus loin. Entre temps, il aura fondé 70 villes en Orient, ce qui explique l'importance de l'hellénisation, c'est-à-dire de la diffusion de la culture grecque. Sa mort soudaine et à un jeune âge l'empêche de réaliser une parfaite fusion entre le monde grec et le monde barbare. La brièveté de son existence rend encore plus impressionnante la liste de ses exploits ^ 356 naissance d'Alexandre, fils du roi Philippe II de Macédoine et de la reine Olympias. Dès son enfance, sa mère lui révèle qu'il est le fils d'un dieu qui s'est uni à elle en empruntant la forme humaine de son époux. r 343 à 1 3 ans, il dompte le cheval Bucéphale, car il a remarqué que l'animal a peur de son ombre, ce qui le rend ombrageux. r 340 il assume, à 1 6 ans, la régence de Macédoine, pendant que Philippe II guerroie en Grèce. ^ 338 bataille de Chéronée. Alexandre, à la tête de la cavalerie macédonienne, écrase l'armée de Thèbes. ^ 336 Philippe II est assassiné. Alexandre devient roi de Macédoine. r 335 Alexandre prend et rase Thèbes. ^ 334-331 Il passe avec une immense armée, 35 000 hommes, en Asie Mineure Turquie actuelle, écrase les armées du roi perse Darius III Codoman. ^ 326 Alexandre atteint la vallée de l'Indus, au nord de l'Inde. L'armée refuse de le suivre plus loin. 30 mai 323 Alexandre, de retour à Babylone, tombe malade. ^ 1 0 juin 323 au coucher du Soleil, Alexandre le Grand meurt. Trancher le noeud gordien Gordion était une cité considérée comme la clef de l'Asie. En 333, l'armée d'Alexandre y passe l'hiver, avant de reprendre les combats au printemps. Curieux de tout, Alexandre y visite le temple local de Jupiter. Les prêtres lui montrent le char du père du roi Midas, Gordios. Sa particularité est que le joug en est formé d'une série de noeuds, très serrés, très enchevêtrés. La légende prédisait que celui qui parviendrait à les dénouer serait maître de l'Asie. Après un examen attentif, Alexandre sort son épée et tranche le joug. Deux ans lui suffiront à réaliser la prophétie. Dans la langue courante, nous avons conservé l'expression trancher le noeud gordien» pour indiquer une solution simple à un problème compliqué. La Grèce hellénistique Pendant une période qui va durer deux siècles, la civilisation de la Grèce est dite hellénistique. La langue écrite grecque, la koïné, se forme et se substitue aux anciens dialectes, créant ainsi une unité linguistique. Elle est utilisée jusqu'au fond de l'Asie et sa force unificatrice peut être comparée à celle qu'eut dans l'Allemagne du XVI e siècle la langue de Luther. Cet héritage hellénistique ne prendra fin qu'en 641 après avec la conquête arabe. Toutes les époques qui lui succèdent voient en la Grèce l'expression la plus achevée de la civilisation. En se libérant de ses chaînes nationales, elle pose les fondements d'une culture universelle. La religion grecque Sous leur forme humaine, non seulement les dieux grecs nous ressemblent physiquement oui, enfin presque, eux ont toujours des corps parfaits sauf le forgeron Héphaistos, mais ils ont tous nos défauts, amplifiés comme il se doit par leur statut divin. Ce qui nous sépare ? Dans la vie quotidienne, rien ou presque. Mais ils ont tout de même un avantage impossible à combler ils sont immortels. Pour les Grecs, tout commence avec le chaos, lieu indéterminé où existent, en attente de se révéler, les forces qui donneront naissance aux premières divinités et à la vie. Pour les dieux primordiaux, les relations père-fils sont difficiles. Gaia, la Terre, et Ouranos, le ciel étoilé s'accouplent. Leur fils, Cronos, le Temps, émascule son père et le remplace comme roi des dieux. Il épouse sa soeur, Rhéa. Seulement, Cronos est méfiant, il est bien placé pour connaître la tragédie familiale s'il a un fils, ce dernier le tuera pour prendre sa place. Un moyen efficace est vite trouvé il dévore ses enfants à la naissance, les avalant d'une seule bouchée. Rhéa laisse faire les cinq premières fois, puis, au sixième enfant, Zeus, elle donne une pierre enveloppée de langes à Cronos, qui l'avale aussitôt. L'enfant est confié à une nourrice, et caché. Le panthéon grec Le panthéon des dieux grecs compte de nombreux dieux et déesses c Aphrodite, déesse de la beauté et de l'amour; fille de Zeus ou, selon une autre version, née de l'écume de la mer ; mère d'Éros. r Apollon, fils de Zeus et de Léto ; dieu de la musique, de la poésie et de la divination; idéal de beauté masculine. * Arès, dieu de la guerre, fils de Zeus et d'Héra ; père présumé de Romulus et de Remus. v Artémis, soeur jumelle d'Apollon; déesse de la lune et de la chasse. Athéna, déesse de la sagesse et de la guerre, sortie armée du cerveau de Zeus. ^ Cronos, l'un des Titans, dieu de l'agriculture et des récoltes; père de Zeus. ^ Dionysos, dieu de la vigne et du vin ; fils de Zeus et de Sémélé. r Héra, déesse souveraine de l'Olympe, fille de Cronos et de Rhéa, soeur et épouse de Zeus ; protectrice des femmes. ^ Hermès, messager des dieux, fils de Zeus et de Maia ; protecteur du commerce et des voyageurs, patron des voleurs, f Hestia, déesse du foyer, soeur de Zeus ; dans son temple brûlait un feu sacré entretenu par les Vestales. ^ Les Lares et les Pénates, dieux du foyer domestique; les premiers gardaient la maison et les seconds le garde-manger. v Poséidon, dieu de la mer, frère de Zeus. ^ Zeus, maître des dieux de l'Olympe, fils de Cronos et de Rhéa, dieu du ciel et des phénomènes célestes. Les Enfers Les Enfers grecs sont le séjour de tous les morts, qui communique avec notre monde par des grottes. Les Enfers sont partagés en trois parties * L'Erèbe. lieu de passage, ou de séjour, de toutes les âmes, qui y pleurent en permanence, regrettant éternellement la vie perdue. r Le Tartare, vaste prison entourée d'un triple mur d'airain où sont punis ceux qui ont offensé les dieux, et particulièrement Zeus. ^ Les Champs-Élysées, à l'origine paradis des guerriers morts au combat, puis lieu de félicité pour les âmes méritantes. Attention, il ne faut pas comprendre mérite au sens chrétien du terme. Les élus n'y sont pas parce qu'ils se sont bien conduits, mais parce qu'ils ont été célèbres, utiles à leur communauté et au monde Grec. Une funeste escroquerie Les dieux s'ennuient, l'Olympe manquant de distractions. C'est pour remédier à cela et créer une animation amusante que Zeus crée les animaux et l'homme, mais pas encore la femme. La vie des hommes est rude ils ne connaissent ni élevage, ni agriculture, ni feu. C'est un choix des dieux. Ils veulent bien des hommes faits à leur ressemblance, mais sans leur intelligence. Ceci chagrine Prométhée, fils du Titan Japet, qui avait servi Zeus dans les combats contre les autres Titans. Par ruse, il dérobe le feu dans l'atelier du dieu forgeron Héphaïstos et parvient à connaître le secret de l'intelligence, détenu par la déesse Athéna. Il en fait cadeau aux hommes. Furieux, Zeus le punit cruellement. Prométhée est enchaîné sur le mont Caucase, et un aigle ou un vautour vient chaque jour lui dévorer le foie, qui repousse, afin que le supplice se poursuive éternellement. Selon un autre mythe, Prométhée aurait fabriqué le premier homme avec de l'argile. La déesse Athéna lui donne la vie. Mais ce premier homme ne sait rien faire. Prométhée lui enseigne donc tout élevage, agriculture, écriture, médecine, tous les arts. Il finirait par devenir un rival pour les dieux eux-mêmes. Pour les apaiser, Prométhée institue le sacrifice, une offrande faite aux dieux pour les honorer. Les Enfers comptent cinq fleuves c L'Achéron, fleuve de l'affliction et de la douleur ff Le Cocyte, fleuve des gémissements r Le Styx, fleuve des serments irrévocables Le Léthé, fleuve de l'oubli ^ Le Phlégéton, fleuve de feu Les enfers sont aussi peuplés de monstres variés. Faisons connaissance, prudemment, avec quelques-uns d'entre eux * Cerbère est un chien à trois têtes, gueules effroyables et queue de dragon. Il empêche les vivants d'entrer et les morts de sortir, exception faite pour Orphée, Hercule, Psyché, Ulysse et Énée. v Charon, le vieux nocher passeur d'âmes. Contre une pièce de monnaie, l' obole », il leur fait franchir le fleuve Achéron, qu'ils ne pourront jamais plus franchir dans l'autre sens. Si une âme proteste ou se plaint trop amèrement durant la traversée, elle est jetée par Charon dans les eaux du fleuve, où elle se dissout. Charon est impitoyable pour celles qui ne peuvent payer, condamnées à errer éternellement sur la rive. C'est pourquoi les parents des défunts doivent déposer une pièce sur une paupière, le front ou les lèvres du mort. v Les Erynnies sont un groupe de trois soeurs, Alecto, Tisiphone, Mégère, nées du sang répandu sur Terre quand Ouranos fut émasculé par son fils Cronos. Leur nom, qui signifie les Bienveillantes », est destiné à les apaiser, car, armées de torches et de fouets, elles poursuivent de leur vengeance implacable tous les auteurs de crimes. Après ces épreuves, l'âme du mort comparaît devant un tribunal composé de trois juges Rhadamante, Minos, Éaqué qui écoutent son plaidoyer, puis décident de l'envoyer au Tartare ou aux Champs-Élysées. Orphée et Eurydice Haute en couleur, la religion grecque a donné naissance à de nombreux mythes. Il est impossible ici de les relater tous alors qu'ils ont fondé notre culture. Toutefois, certains ne peuvent être ignorés. À commencer par l'éclatante preuve d'amour d'Orphée et Eurydice. Aède, poète, chanteur et musicien, Orphée s'accompagne de la lyre, aux accents si mélodieux que nul n'y résiste hommes, femmes, dieux, bêtes, y compris les serpents, et plantes, tous sont sous le charme. Il s'éprend de la belle nymphe Eurydice, divinité mineure des sources et prairies humides, et l'épouse. Hélas, au cours d'une promenade, elle est mordue par un serpent venimeux et meurt. Parti à sa recherche, Orphée la retrouve, la perd de nouveau, la retrouve enfin, mais morte. Désespéré, il parcourt la terre, qui retentit de la douleur de ses chants. Puis il décide d'aller aux Enfers pour reprendre la femme aimée. L'épreuve suprême consiste à fléchir un terrible couple, Hadès, dieu du monde infernal, et son épouse Perséphone. Émus par son chant, ils lui accordent le retour d'Eurydice dans le monde des vivants, mais à une condition sur le chemin du retour, il ne devra jamais se retourner pour la regarder. Cependant il le fait, et Eurydice disparaît pour toujours. Le chant désespéré d'Orphée exaspère les Ménades, prêtresses de Dionysos, dieu du vin, qui le lapident. Son âme descend aussitôt aux Enfers, où elle rejoint enfin celle d'Eurydice. Tantale un vrai supplice Tantale, roi de Lydie, était un favori des dieux, invité souvent à leurs banquets. Il finit par se croire leur égal, et, pour prouver qu'ils ne pouvaient tout savoir, tua son fils Pélops en secret et offrit sa chair cuisinée à un banquet offert aux dieux, qui la refusèrent. Zeus le punit en l'expédiant au Tartare et en lui imposant un triple supplice f L'eau Tantale se baigne dans une eau fraîche et délicieuse, mais ne peut en boire, alors qu'il meurt de soif. Dès qu'il tente de la porter à ses lèvres, elle devient du sable. La faim il ne peut saisir aucun des fruits qui poussent sur les arbres alentour. Dès qu'il approche la main, le vent fait s'envoler le fruit convoité. * L'angoisse au-dessus de sa tête, un énorme rocher menace de l'écraser à tout moment. Midas un âne en or Dionysos offre à Midas, roi de Phrygie, un voeu tout ce qu'il touche sera transformé en or. Le dieu accomplit ce voeu, et si Midas est d'abord enchanté, il déchante vite il ne peut ni boire ni manger, tout devient or entre ses mains ou sur ses lèvres. Menacé de mourir de faim et de soif, le roi supplie le dieu, qui le débarrasse du voeu par un bain dans la rivière Pactole depuis, celle-ci charrie de la poussière d'or. Mais Midas n'est pas pour autant guéri de se mêler des affaires des dieux. Peu après, il est amené à juger entre le dieu Pan, dieu des pâturages et des troupeaux, joueur de syrinx, flûte de roseau à sept tuyaux, et Apollon, dieu des arts, incomparable joueur de lyre. La supériorité d'Apollon est écrasante, mais Midas en tient pour Pan et s'exclame Pan chante cent fois mieux. Je préfère son talent et puisque je le préfère, c'est qu'il doit être le meilleur. Croyez-vous que je n'ai pas d'oreilles ? ». Insulté, Apollon s'approche du roi et lui étire les oreilles, qui s'allongent, s'allongent, et se couvrent de poils. Depuis, Midas a des oreilles d'âne. Dédale et Icare Dédale est un architecte de génie, mais il doit fuir la Grèce, à la suite du meurtre de son neveu, qu'il a assassiné alors que celui-ci promettait de le surpasser en talent. Réfugié avec son fils Icare, auprès du roi de Crète, Minos, il construit le labyrinthe dans lequel est enfermé le Minotaure. Mais Minos ne le laisse pas repartir en Grèce. Ingénieur autant qu'architecte, Dédale réalise des ailes de bois et de plumes collées par de la cire afin de quitter l'île de Crète. L'évasion a bien lieu, mais le jeune Icare ne suit pas les sages conseils de son père et s'approche trop du Soleil. La cire fond, et l'adolescent est précipité dans la mer, où il se noie. Brisé, Dédale finit ses jours en Sicile, architecte renommé, mais écrasé de chagrin. Achille, ton talon te perdra Achille est le fils d'un mortel, le roi Pelée, et d'une néréide, une divinité des eaux de mer, Thétis. Sa mère connaît son avenir de glorieux guerrier, et, pour le protéger, plonge l'enfant dans les eaux du Styx, afin de le rendre invulnérable. Mais elle le tient par le talon, seul endroit du corps où Achille peut être blessé à mort. Il se couvre de gloire à Troie, tue Hector et venge son ami Patrocle. Mais, trois jours après, au cours d'un combat, Pâris, frère d'Hector, lui décoche une flèche dans le talon et le tue. Depuis, le talon d'Achille » désigne la faiblesse cachée de quelqu'un. OEdipe et le sphinx À Thèbes, le roi Laïos et la reine Jocaste désespèrent d'avoir un enfant. Interrogé par le roi, l'oracle de Delphes prédit une issue funeste il aura bien un fils, mais celui-ci le tuera. Il est alors prévu que le jeune prince sera abandonné dans la forêt pour y être dévoré par les bêtes. Cependant, le berger chargé de la besogne ne peut s'y résoudre et le confie à un ami qui lui donne pour nom OEdipe. Adopté par le roi de Corinthe, lui aussi sans enfant, OEdipe connaît une jeunesse heureuse, jusqu'au jour où, au cours d'un banquet, un ivrogne lui révèle le terrible secret non seulement il tuera son père, mais il épousera sa mère. Pour échapper à son destin, OEdipe fuit Corinthe. En route pour Thèbes, il se querelle avec un vieillard et le tue, sans savoir qu'il s'agit de son vrai père, Laïos. La première partie de la prophétie est réalisée. À Thèbes, la ville est terrorisée par le sphinx, lion ailé à tête de femme. Perché sur un rocher, à l'entrée, il pose la même énigme à tous les voyageurs, qui se trompent et sont dévorés Le matin, il a une tête et quatre jambes, à midi il n'en a plus que deux, et le soir il en a trois. Plus il a de jambes, moins il a de force. » Mais OEdipe l'affronte et lui répond C'est l'homme. Enfant, il marche à quatre pattes, adulte sur ses deux jambes, vieillard avec un bâton qui le soutient. » Hurlant de rage, le sphinx se jette dans un abîme proche. En récompense d'avoir débarrassé Thèbes du sphinx, OEdipe peut épouser Jocaste. Quand tous deux apprennent qu'ils sont mère et fils, Jocaste se pend et OEdipe se crève les yeux. Puis il quitte la cité, erre en Grèce jusqu'au moment où, près d'Athènes, il trouve la porte d'entrée des enfers et la franchit pour ne plus en revenir. Sigmund Freud baptisera complexe d'OEdipe » l'amour d'un fils pour sa mère qui ne présente plus rien de filial. Jason et la Toison d'or Encore enfant, Jason, fils du roi d'Iolcos, est écarté du trône par son oncle Pélias. Ce dernier consent à lui rendre la couronne s'il parvient à conquérir la Toison d'or, fourrure en or d'un bélier suspendue dans un bois en Colchide. Jason se lance dans l'aventure après avoir construit le navire Argo le Rapide et recruté des amis fidèles, les Argonautes Hercule, Thésée et Orphée. Après de multiples embûches, ils parviennent en Colchide, pays du roi Aiétès. Ce dernier promet à Jason la Toison d'or s'il accomplit deux exploits dompter deux taureaux furieux et les forcer à s'atteler pour labourer un champ; dans les sillons, planter des dents de dragon, qui germent aussitôt pour laisser pousser des guerriers en armes, qu'il faudra vaincre. Jason n'aurait aucune chance sans l'aide de Médée, la fille du roi, qui s'est éprise de lui. Magicienne, elle confectionne un onguent magique qui fait disparaître douleurs et blessures. Il dompte les taureaux, laboure, sème et extermine l'armée née des sillons. Puis Médée endort le dragon, gardien de la Toison, dont peut alors s'emparer Jason. Il revient avec Médée, mais n'ayant plus besoin d'elle, et, en dépit de leurs enfants, en épouse une autre. Médée, folle de rage, empoisonne sa rivale, tue ses propres enfants et disparaît sur un char ailé. Jason passera le reste de sa vie à regretter son inconstance. L'ordre de la Toison d'or Ordre chevaleresque, il est fondé par le duc de Bourgogne, grand duc d'Occident », Philippe le Bon, pour accompagner les célébrations de son mariage avec l'infante Isabelle du Portugal, à Bruges, le 10 janvier 1430. Le but de l'ordre est la défense de la religion chrétienne et l'exaltation de la gloire de Dieu. Il est placé sous le patronage de Saint-André. Les chevaliers, à l'origine 24, sont ensuite 50. Ils arborent tous le collier de la Toison d'or, lourd collier de motifs d'or au centre duquel pend la dépouille d'or du bélier. De la maison de Bourgogne, il est passé aux Habsbourg, régnant en Espagne, aux Pays-Bas, en Autriche. Aujourd'hui encore, le roi d'Espagne est le grand maître de l'ordre de la Toison d'or, dont le trésor est conservé à Vienne, en Autriche. La langue officielle de l'ordre est toujours le français. Rome Si Rome s'est inspirée de la Grèce, elle n'en est pas la pâle copie. Ses inventions propres sont nombreuses et conditionnent encore notre vie de tous les jours le droit, les institutions, la vie du citoyen, les routes, les aqueducs, les théâtres, jeux et sports sont autant de fondations essentielles. Dans cette partie de chapitre, vous allez retrouver l'histoire d'une ville et de son empire, et tous ces legs qui sont devenus les nôtres. 21 avril 753 av. enfin Rome vint Selon L'Énéide de Virgile 70-19 av. poète des origines légendaires de Rome, c'est ce jour-là que Rome est fondée. Ce long poème chante la gloire d'Énée, l'un des rares hommes de Troie à avoir pu s'échapper de la ville après sa chute. Il se serait réfugié dans la région de la future Rome et serait l'ancêtre glorieux du peuple romain, descendant lui-même de Vénus. Romulus et Remus sont ses lointains descendants. Frères jumeaux, ils sont abandonnés dans les bois pour y mourir de faim ou être dévorés. Une louve et ses petits vient à passer, les adopte et les nourrit comme ses propres louveteaux. Adultes, c'est sur le lieu même où la louve les a trouvés qu'ils veulent fonder une ville. Pour savoir lequel la fondera, chacun se perche sur une colline l'Aventin pour Remus, le Palatin pour Romulus, et ils attendent un signe des dieux. Remus aperçoit six vautours, mais Romulus douze il fondera la ville. Pour la délimiter, il trace avec une charrue un sillon qui en détermine le périmètre. Par provocation, Remus saute par-dessus le sillon, pourtant limite sacrée et inviolable. Son frère Romulus le tue aussitôt. Un meurtre, c'est assez Le meurtre de Remus par Romulus aurait dû être le dernier. Pour les Romains, l'enceinte sacrée qui délimite Rome, le pomoerium, ne doit plus jamais voir couler le sang. Les soldats doivent déposer les armes avant de le franchir et rentrer dans la Ville Rome est la Ville, avec majuscule, aucune autre ne peut lui être comparée et ce sous peine de mort. La peine est aussi appliquée à tout citoyen qui rentrerait avec des armes. Mais ne rêvons pas, bagarres, révoltes, assassinats politiques ont bel et bien eu lieu, tout comme les meurtres crapuleux. Leurs auteurs étaient simplement prudents ils cachaient soigneusement leurs armes avant de rentrer, pour mieux s'en servir ensuite. Mythes fondateurs de Rome Rendu célèbre par les tableaux de Nicolas Poussin et de Jacques-Louis David, l'enlèvement des Sabines relate l'épisode où les soldats qui peuplent Rome manquent de femmes et, invitant les Sabines à une fête, se jettent sur elles et s'en emparent au cri de pas les vieilles ! ». Cela déclenche un combat entre Romains et Sabins au cours duquel elles s'interposent, les contraignant à conclure la paix. Éphémère, car au cours d'un combat, Tarpeia, jeune Romaine avide, trahit les siens et ouvre les portes de Rome aux Sabins qui assiégeaient le Capitale. Pour prix de sa trahison, elle a demandé ce que les Sabins portent au bras gauche » de lourds bracelets d'or. Ils paient leur dette, l'écrasant au passage sous le poids de leurs boucliers, qu'ils portent également à gauche... À Rome, la roche Tarpéienne, du nom de la jeune fille, est le lieu des exécutions pour ceux qui sont condamnés à être jetés dans le vide. Comme elle se trouve à côté du centre du pouvoir, le Capitale, les Romains en tirent une maxime que nous utilisons toujours la roche tarpéienne est proche du Capitale ». C'est un avertissement à tous ceux que le pouvoir ou le succès grisent, afin qu'ils sachent qu'ils peuvent à tout moment tout perdre et retourner au néant. Une légende revue par l'histoire 753 marque arbitrairement la date de la fondation de la ville. Le nom des fondateurs Romulus et de son frère Remus sont des dérivés du nom étrusque patronymique Ruma ». Sous le règne de Romulus se situe l'enlèvement des Sabines. Il donne à Rome ses premières lois, puis disparaît mystérieusement dans un épais nuage lors d'un rassemblement sur le champ de Mars. Lui succède Numa Pompilius, roi pacifique et pieux, considéré comme l'organisateur de la religion selon la légende. Sous le règne de Tullius Hostilius Le Guerrier ont lieu le combat des Horaces et des Curiaces et la destruction d'Albe. Ancus Martius, le bâtisseur, construit Ostie et le port de Rome. Tarquin l'ancien introduit la civilisation étrusque. Servius Tullius construit l'enceinte entourant les sept collines, organise et administre Rome, recense son armée. Tarquin le Superbe poursuit les grands travaux mais se conduit en tyran. Il fait construire le temple de Jupiter, Junon et Minerve sur la colline du Capitale et le grand égout, la Cloaca Maxima. Brutus le chasse en 509 et c'est la fin de la royauté à Rome vers 508, selon l'historien grec Polybe de Mégapolis vers 200-120 av. Les Étrusques Les Étrusques sont des peuples d'origine asiatique qui, poussés par la famine, auraient quitté la Lydie selon Hérodote, vraisemblablement à la suite des mouvements de population qui marquent la fin du IV e millénaire. Au VIII e siècle, ils s'installent en Italie centrale dans un territoire occupé par les Villanoviens. En fait, leur appartenance ethnique est loin d'être aussi certaine. Leur vocabulaire et leur structure linguistique n'appartiennent pas au monde indo-européen. Ils fondèrent Veies, Tarquina, Caere, Arezzo, Florence... Leur architecture se manifestera essentiellement dans les tombeaux Ceveteri à coupole et les nécropoles. Au IV e siècle, ils se soumettront aux Romains qui conserveront de nombreux caractères de la civilisation étrusque, notamment dans la religion et dans la magie, où la pratique divinatoire tient une grande place. À l'exemple d'Inia, divinité principale, assimilée à Jupiter, Uni le fut à Junon, Menia à Minerve et Velchan à Vulcain. La République La République à Rome, comme dans les cités grecques avant elle, se définit non par des frontières, un territoire, mais par les citoyens qui la composent. De même qu'Athènes, c'est avant tout les citoyens athéniens assemblés », Rome, c'est d'abord l'assemblée de tous les citoyens romains. Au IV e siècle, Rome se défend avec peine contre ses voisins du Latium. Avant le milieu du III e siècle, la petite cité est devenue un État puissant qui domine l'Italie. Vers 390, Rome est pillée par les Gaulois; mais vers 280, elle est maîtresse de l'Italie centrale; vers 272, Tarente est soumise et Rome domine toute la péninsule italienne au sud de l'Arno. Les guerres puniques sont les trois guerres qui opposent Rome à Carthage, ville située sur l'actuel site de Tunis. Les Carthaginois sont appelés par les Romains puniques, d'où le nom de ces guerres. Voici leur détail ^ 264 à 241 av. première guerre punique. Rome gagne sur terre mais est vaincue sur mer, avant de réorganiser sa flotte et de vaincre sur mer à son tour. Les Carthaginois sont conduits par le général Hamilcar. ^219 à 202 av. seconde guerre punique. Hamilcar est remplacé par son fils Hannibal, qui inflige deux écrasantes défaites à Rome, celle du lac de Trasimène, au centre de l'Italie, le 21 juin 217, et celle de Cannes, en Apulie, le 2 août 216. Mais au lieu de marcher sur Rome, il passe l'hiver à Capoue. Nous en avons gardé l'expression délices de Capoue », pour désigner un délassement et des plaisirs de nature à faire oublier le but fixé... Le général romain Scipion 235-183 av. approche alors de Carthage, obligeant Hannibal à revenir en catastrophe. Hannibal est battu àZama, près de Carthage, en 202. Exilé, amer, il se suicide en 183 av. Des éléphants dans les Alpes Passant par la Gaule, Hannibal franchit les Alpes en 218 av. avec ses troupes, 50 000 fantassins et 9 000 cavaliers, mais surtout avec plus de 200 éléphants de guerre. Ces pachydermes, plutôt pacifiques d'habitude, sont entraînés au combat par leur conducteur, le cornac, qui les enivre au besoin pour les rendre plus agressif. Leurs défenses, recouvertes de métal, sont redoutables. Un seul problème saouls, fous de colère, il arrive que les éléphants piétinent aussi les troupes qu'ils accompagnent. Une arme de dissuasion très massive, à manier avec c 149 à 146 av. troisième guerre punique. Rome assiège Carthage, pendant trois ans, puis la prend et la rase. Ainsi se concrétise le voeu le plus cher d'un sénateur célèbre, Caton l'Ancien, qui commençait tous ses discours par Delenda Carthago, il faut détruire Carthage ». Deux siècles plus tard, Rome domine tous les rivages de la mer qu'elle peut nommer mare nostrum notre mer », c'est-à-dire la Méditerranée. Profondément transformée par ses conquêtes, Rome ne réussit pas à s'organiser en État aux dimensions de la Méditerranée. Le régime républicain d'autrefois ne fonctionne plus des ambitieux se disputent le pouvoir et achètent les suffrages. L'inégalité sociale s'est accrue, entraînant avec elle une période de crise. L'armée intervient de plus en plus dans le processus politique. La fin de la République La République, au milieu du I er siècle, est en pleine agonie. La noblesse sénatoriale est contrainte d'accepter, selon l'exemple des royaumes hellénistiques, la monarchie, même issue d'un général victorieux. Après Sylla, César essaie d'imposer la solution monarchique. Il échoue mais la voie est préparée pour Octave, qui va organiser ce type de gouvernement et assurer la paix jusque dans les provinces. Pour ne pas s'aliéner l'oligarchie sénatoriale, il conserve des apparences républicaines c'est le régime dit du principat. Octave est désormais princeps senatus, c'est-à-dire premier des sénateurs ». Ce régime nouveau sauvegarde quelques apparences républicaines tout en étant véritablement impérial. On a l'habitude de désigner sous le nom de Douze Césars les douze premiers empereurs de Rome, en comprenant parmi eux Jules César. Sa vie est un roman Jules César 100-44 av. Le plus célèbre de tous les enfants de Rome a connu une fin tragique, mais sa vie comporte les événements les plus rocambolesques. Mettons sans hésiter nos pas dans ceux de César, du moins pour le moment. Eh oui! Avant d'être un dictateur chauve, César a été jeune. De famille noble, prétendant même descendre à la fois d'Énée, glorieux fondateur du monde romain, et de la déesse de l'amour, Vénus. Et l'amour, César le fait, avec ardeur, au milieu de fêtes somptueuses, réfugié auprès du roi Nicomède de Bythinie, au nord-ouest de l'actuelle Turquie pour échapper aux assassins envoyés par le dictateur Sylla. Sur la route du retour à Rome, à la mort de ce dernier, en 78 av. il est capturé par des pirates qu'il fera plus tard crucifier. César, père du calendrier Le mot calendrier vient de calendes, les premiers jours du mois, date à laquelle les Romains payaient leurs dettes. Jusqu'à Jules César, le calendrier est lunaire, si peu pratique qu'il est parfois difficile de se mettre d'accord sur la date exacte. Établi par le prêtre de plus haut rang, le Grand Pontife, il compte 355 jours, répartis sur 12 mois, plus un mois de 20 jours tous les deux ans, placé par le Grand Pontife où il veut. Il est affiché sur les murs des temples, pour que les citoyens s'y retrouvent. L'année débute en mars. César demande à Sosigène d'Alexandrie un nouveau système, qui devient le nôtre une année de 365 jours, avec 12 mois de longueur inégale. Pour coïncider avec le temps de rotation de la Terre autour du soleil, un 366 e jour est intercalé tous les quatre ans, ce qui donne une année bissextile. Pour les Romains, ce jour supplémentaire était le 24 février, 6 jours avant mars qui se Mais il faut songer aux choses sérieuses, c'est-à-dire au pouvoir. César en gravit toutes les marches v De 62 à 61 av. il est préteur, puis propréteur d'Espagne, qu'il pille consciencieusement, pour régler une partie de ses immenses dettes. ^ En 60 av. il fait partie du triumvirat, avec Crassus et le général Pompée. ^ En 59 av. il est nommé consul et devient l'année suivante proconsul de Gaule Cisalpine notre Languedoc et de Narbonnaise, qui sont également pillées. * En 57 av. les Belges, redoutables guerriers, sont battus par les légions de César, qui écrasent la révolte d'Ambiorix en 54-53 av. J-C. ^ 53-52 av. la révolte de Vercingétorix en Gaule est matée. Vercingétorix sera étranglé dans son cachot en août 46. ^ Entre 51-49 av. alors que Crassus meurt en 52, la rivalité avec Pompée s'exacerbe. César revient en Italie et franchit en janvier 49 le Rubicon, ruisseau tenant lieu de frontière symbolique qu'aucun général romain n'avait, en principe, le droit de franchir avec ses légions. C'est le moment du fameux Alea jacta est, les dés le sort en sont jetés », qu'il n'a probablement jamais prononcé. r 9 août 48 av. Pompée est battu en Grèce, à la bataille de Pharsale, mais parvient à fuir en Égypte. Parvenant à son tour en Égypte, César est accueilli par le pharaon Ptolémée XIII qui lui offre la tête de Pompée, mais il rejette l'idée de cette mort, indigne pour un grand général romain. Il en conçoit dégoût et mépris pour le souverain d'Égypte qui, défait, va se noyer dans les marais en mars 47. ^ En 47 av. au printemps, Cléopâtre offre à César une croisière sur le Nil, qu'ils remontent jusqu'à l'actuelle Assouan. ^ Le 2 août, César prononce le fameux Veni, Vidi, Vici » je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu ». La victime est le roi Pharnace du Pont bord de la mer Noire. Retour à Rome. \* Le 4 avril 46 av. les partisans de Pompée sont écrasés en Afrique du Nord. César devient dictateur pour 10 ans. ^ Le 17 mars 45 av. le fils de Pompée, qui a levé une nouvelle armée, est battu à Munda, non loin de l'actuelle Cordoue, en Espagne. Cherchant à fuir, il est massacré par ses propres soldats. r En février 44 av. César est nommé dictateur à vie, mais vise à un pouvoir plus absolu encore. Une première fois, devant le peuple assemblé, un proche amorce le geste de lui poser une couronne de feuillage sur la tête. La foule gronde, et César repousse le geste, qui aurait fait de lui un nouveau roi. La foule l'acclame. Le 15 mars 44, séance solennelle au Sénat. Un groupe de conjurés redoute que César ne se fasse attribuer le titre de roi. Ils l'assassinent de 22 coups de poignards avant son entrée. Selon la légende, son fils adoptif, Brutus, aurait porté le coup fatal. L'apercevant, César se serait couvert la tête d'un pan de sa toge, acceptant sa mort en lui disant Tu quoque fili ! » Toi aussi, mon fils ! >». Quelques Césars fameux Du plus sage au plus inquiétant, effectuons une incursion parmi les détenteurs de la toge impériale ^ Auguste 27 av. -14 après met en place le régime du principat. En principe, cela signifie qu'il est le premier des sénateurs, princeps senatus. En réalité, il a tous les pouvoirs, civils et religieux. Il est l'empereur, le premier. Il abandonne le nom d'Octave et reçoit le titre d'Augustus, Auguste, en 27 av. terme qui veut dire vénérable », sacré ». y Tibère 14-37 fit assassiner Germanicus, son successeur désigné, un peu trop populaire à son goût. Il mit à mort nombre de sénateurs. Sa villa de Capri, où il se retira, aurait été le théâtre de fêtes monstrueuses et un lieu de tortures. Un séducteur patenté Ptolémée XIII n'est pas seulement veule, il est jaloux de sa soeur, Cléopâtre VII, même s'il l'a épousée. Belle, cultivée, elle a déjà échappé à plusieurs tentatives d'assassinats, ordonnées par son alcoolique de frère. Dans son palais d'Alexandrie, César reçoit un jour en cadeau un somptueux tapis. Afin de l'admirer, il le fait dérouler, révélant Cléopâtre, qui avait trouvé cet habile moyen de se placer sous sa protection. Ils se séduisent mutuellement. Follement épris, César reviendra à Rome avec Cléopâtre, dont il aura un fils, Césarion. Mais les Romains apprécient peu la présence de Cléopâtre, et surtout la soumission amoureuse de César. Que le grand conquérant ait une maîtresse, il n'y a rien à y redire, qu'il l'installe non loin de sa femme légitime, passe encore, mais qu'il en soit amoureux et le manifeste, voilà qui passe les bornes. La dignitas, la gravité romaine, en est insultée ! Car César avait la réputation d'être un séducteur, et personne, à part le Sénat et les partisans de Pompée, ne semble avoir été en mesure de résister à ses manoeuvres de séduction. Lors du triomphe célébré après ses victoires en Gaule, les légions, suivant le char de leur général triomphateur, apostrophaient d'ailleurs les spectateurs de propos sans équivoque Romains! Cachez vos femmes, vos filles et vos fils, voici César, le séducteur! Il est chauve, mais ne vous y fiez pas ! Il plaît !» Nul ne sait si César appréciait la formule, mais il était d'usage, lors du triomphe, de laisser licence aux soldats de brocarder certains aspects physiques ou de caractère de leur général. r Caligula 37-41 s'unit à sa soeur Drusilla, nomma son cheval Incitatus consul et fut, lui aussi, grand exterminateur de sénateurs, qu'il obligeait à se suicider avant de confisquer leur fortune. Un jour, malade, il entendit un flatteur s'exclamer Comme j'aimerais souffrir à la place de l'empereur ! » Caligula lui répondit ton voeu va être exaucé ». Et il le fit aussitôt exécuter. ^ Néron 54-68 aurait fait assassiner Britannicus, son demi-frère, ébouillanter sa première femme, Octavie, piétiner la seconde, Poppée, tuer d'un coup de glaive sa mère, Agrippine. Il aurait obligé son précepteur, le philosophe Sénèque, à se suicider, ainsi qu'une partie du Sénat. Puis il brûla Rome ce qui est vraisemblablement faux, accusa les chrétiens et les livra aux fauves. * Vespasien 69-79, proclamé empereur par ses troupes, en août 69, réorganise l'Empire, après le règne agité de Néron. Il consolide les frontières de l'Empire, restaure les finances de l'État, rend son prestige au Sénat, mais pas son pouvoir. Vespasien est connu pour son avarice proverbiale. Lassé de voir les Romains se soulager partout dans les rues, il fait construire des toilettes publiques, les fameuses vespasiennes ». Et s'empresse aussitôt de les taxer! Le premier impôt sur l'urine, en quelque sorte. Son idée n'est pas perdue, une piécette est toujours nécessaire... v Titus 79-81 est le fils aîné de Vespasien, qui le désigna comme son successeur avant sa mort, dans l'espoir d'établir une règle stable de succession au trône. Réputé pour sa modération, il aurait refusé, tout au long de son règne, de signer une seule condamnation à mort. Il est surnommé les délices du genre humain ». Ce qui ne l'empêcha pas, en 70, avant d'être empereur, d'écraser dans le sang une révolte juive à Jérusalem et de détruire le Temple de Salomon. Le mur des Lamentations est le nom que les chrétiens donnent au soubassement du Temple de Salomon. C'est tout ce qu'il en reste après sa destruction par Titus. Pour éviter toute nouvelle révolte de la communauté juive, Titus est aussi à l'origine de la diaspora, la dispersion des Juifs tout autour de la Méditerranée, dans les provinces de l'Empire. Dispersés, leur contrôle devenait plus facile pour les Romains. ^ Bien conscient d'un Empire devenu trop grand pour être efficacement contrôlé, Hadrien 117-138 en limite la taille, quitte à abandonner quelques conquêtes récentes Mésopotamie une partie de l'Arménie. Il fixe les frontières de l'Empire, le limes. Nous en avons une trace avec les ruines du mur d'Hadrien », séparant l'Angleterre de l'Écosse. Organisateur de l'espace, il l'est aussi du droit, promulgue un Code qui réunit toutes les dispositions du droit romain. Cultivé, maniant parfaitement le grec, il témoigne d'une âme sensible. En 132, Hadrien décide de raser Jérusalem et d'y construire une nouvelle ville sur le modèle grec. Une révolte éclate aussitôt, que les Romains mettront quatre ans à vaincre, menée par Simon Bar Kochba Bar Kochba le fils de l'Étoile ». Après la révolte, Hadrien construit sa ville, Aelia Capitolina, sur les ruines de Jérusalem et interdit aux Juifs d'y résider. Fous, cruels et dégénérés S'appliquant aux empereurs romains, cette vision sans appel nous vient surtout de Suétone v. 70-v. 128, un auteur chrétien, qui, dans sa Vie des douze Césars, veut à tout prix prouver que le paganisme ne peut engendrer que des monstres. Ainsi m Caracalla 211-217 fait exterminer les jeunes hommes d'Alexandrie qu'il trouvait trop grands, car il est de petite taille. Il est présenté comme un monstre débauché, un nain difforme, jaloux de tout ce qui le dépasse. m Héliogabale 218-222 épouse plusieurs hommes, enlève puis contraint à l'épouser la Grande Vestale, et meurt assassiné dans les latrines. ^ Constantin I er le Grand 306-337, leur contre modèle, après avoir éliminé militairement ses concurrents au trône, est seul empereur en 31 2. En 31 3, par l'édit de Milan, il accorde la liberté religieuse aux chrétiens, jusqu'alors plus ou moins tolérés ou persécutés selon les empereurs. En 324, il se débarrasse de l'empereur d'Orient, Licinius, et règne désormais sur les empires romains d'Occident et d'Orient. En 330, il change de capitale et fonde Constantinople, la ville de Constantin, mieux placée au condamnée la doctrine d'Anus, Varianisme, qui faisait de Jésus un homme et non Dieu. Puis il meurt en 337, après avoir reçu le baptême des mains de l'évêque Eusèbe de Nicomédie, devenant, mais un peu tard, un empereur chrétien. ^ Intellectuel, Marc Aurèle 161-180 est adepte de la philosophie des stoïciens. Cela ne l'empêche pas de mener, avec ses généraux, des campagnes militaires contre les barbares révoltés aux frontières. Respectueux du Sénat, il le consulte, s'entoure de conseillers cultivés, mais laisse persécuter les chrétiens, qu'il voit comme un danger pour la cohésion de l'Empire. Pessimiste, suicidaire, il est accablé par la peste qui sévit pendant plus de quinze ans, à partir de 1 65, et dont il meurt lui-même le 1 7 mars 1 80. ^ Théodose I er le Grand 378-395. C'est lui qui impose véritablement les décisions, ou canons, prises au concile de Nicée en 325. En 381 , il reconnaît la suprématie du pape, qui n'était qu'un évêque parmi d'autre et devient le souverain pontife, à la tête de l'Église. Il persécute les païens avec férocité. En 390, il publie un édit interdisant tous les cultes païens dans l'Empire et ordonne la destruction des temples, provoquant le pillage de la bibliothèque d'Alexandrie. ^ Romulus Augustule 475-476. Le dernier empereur romain n'eut pas droit au titre d'Auguste, mais au sobriquet d'Augustule, le petit Auguste ». Le chef barbare Odoacre dépose l'adolescent, qu'il assassine probablement une version plus optimiste voudrait qu'il ait été enfermé dans un couvent, avec une pension. La capitale avait déjà été prise et pillée en 410, par Alaric, rois des Wisigoths, puis par Genséric, roi des Vandales, en 455. L'empereur d'Orient, Zénon, enregistre, non sans satisfaction, la nouvelle situation, qui fait de lui le seul à porter le titre impérial, et donne à Odoacre le titre de roi d'Italie. Constantin l'inconstant La vie de Constantin, premier empereur de Rome converti au christianisme, est jalonnée d'expériences mystiques. En 31 2, avant la bataille dite du Pont Milvius, le chrisme, symbole du Christ formé des lettres grecques /tf?/ ch etro p entremêlées, lui apparaît en songe. Une voix lui dit Par ce signe, tu vaincras ». Le lendemain, il le fait représenter sur ses étendards, et remporte la victoire. En revanche, Constantin ne fut pas toujours si chrétien » lorsqu'il s'agissait de manifester des sentiments charitables par jalousie, il fit ainsi ébouillanter son épouse Fausta dans son bain et exécuter son fils et successeur Crispus ! Tableau 3-6 Les grandes dates de la Rome antique Date Événement av Te Fondation de Rome par Romulus, premier roi de Rome 753 à 509 av. Période des Rois. Organisation de la vie religieuse, de l'armée, des classes sociales ; grands travaux d'assainissement, diffusion de la civilisation étrusque 509 à 27 av. Fondation puis épanouissement de la République 58-51 av. _ . _ . . _ , ç Guerre des Gaules menée par César 73 71 av. J. Révolte de l'esclave Spartacus 27 av. Début de l'Empire 395 Mort de l'empereur Théodose I er et dislocation de l'Empire Les plaisirs et les jours fêtes, spectacles et jeux La vie quotidienne des Romains n'est pas faite uniquement de lois et de luttes pour le pouvoir, entre deux triomphes. D'autres moments, intimes et festifs, rythment l'existence. La vie n'est pas dictée par une semaine de sept jours, mais par la décade, période de 1 0 jours. Le 1 0 e jour est le jour de congé. Il est souvent consacré aux sorties. Gratuit, car subventionné par un magistrat qui veut plaire au peuple, le théâtre est ouvert à tous, même aux esclaves. Les acteurs le sont d'ailleurs le plus souvent car le métier d'acteur est infamant, indigne d'un citoyen romain, puisqu'il faut interpréter un rôle, donc ne plus être citoyen, même un moment. Les femmes sont interdites sur scène, leurs rôles sont joués par des hommes. Ils exécutent des comédies, très populaires, ou des tragédies, plus intellectuelles, qui le sont moins. Si leur jeu ne plaît pas, ils sont battus. Pompée fait bâtir en 55 av. le premier théâtre en pierre, avant ils étaient en bois. Le plus grand cirque de Rome, le Circus Maximus, accueillait 300 000 spectateurs pour les courses de char, les courses à pied, les parades militaires. Sous le règne de Titus, en 80 av. le Cotisée contient 50 000 places. Là se déroulent les spectacles préférés du public, amateur de sang et d'exécutions. Les combats de gladiateurs opposent trois types de combattants les Samnites casque, bouclier long, jambière à gauche, glaive; les Rétiaires trident, filet, protège-bras; les Thraces casque, petit bouclier rond, jambières, sabre court recourbé. Il existe deux types de combats avec mise à mort obligatoire un seul sort vivant de l'arène ou sans mise à mort obligatoire. Dans ce second cas, le vaincu est le plus souvent gracié, s'il a fait preuve de courage. Les gladiateurs, esclaves ou hommes libres engagés, sont des professionnels, ils font du spectacle, prennent garde à ne pas s'infliger de blessures mortelles. Après de nombreuses victoires, un gladiateur est libéré. Les bêtes fauves sont opposées aux gladiateurs, ou se battent entre elles. On les utilise aussi pour la mise à mort de certains condamnés. Les naumachies sont une reconstitution de batailles navales, qui se terminent toujours par le massacre des esclaves utilisés comme figurants, car ils ont peu de chances de survivre au combat, qui est bien réel. La société romaine Senatus Populusque Romanus SPQR le Sénat et le peuple romain. C'est par ces mots que commencent tous les édits du Sénat, tous les documents officiels qui engagent Rome. Car les Romains sont très légalistes, et l'esprit de la loi leur importe autant que ses termes. Toute leur vie est conditionnée par la bonne marche des institutions. À partir de la République, le régime atteint son équilibre entre trois types d'institutions les magistrats, le Sénat, les assemblées du peuple. Les magistrats Ils détiennent le pouvoir exécutif et sont élus pour un an. Pour être magistrat, il faut avoir exercé précédemment une fonction moins importante dans ce corps c'est ce que l'on nomme, pour un magistrat, le cursus honorum, la carrière des honneurs ». Il définit les postes successifs à occuper, pour s'élever dans la hiérarchie. Leur succession, chacun pour un an, est obligatoire. Les Romains se méfiant des ambitieux en quête du pouvoir trop rapidement, le cursus honorum leur apprend la patience, en même temps que les règles de la vie politique. Le futur dirigeant devait suivre les étapes suivantes et occuper les fonctions correspondantes Les tribuns de la plèbe, représentants du peuple par opposition au patriciat d'origine noble, sont là pour lui venir en aide. Ils exercent à dix le pouvoir, mais un seul peut s'opposer à tous et annuler leurs décisions. Il faut être âgé de 27 ans au moins. Ils sont intouchables et peuvent bloquer l'action de tout magistrat et du Sénat, par le droit de veto veto je refuse. r Les questeurs, comptables du trésor public, collectent les impôts. Il faut avoir au moins 31 ans pour faire partie des 40 questeurs du trésor conservé dans le temple de Saturne à Rome. Les édiles sont chargés de la voirie, de l'approvisionnement de Rome, des jeux publics à organiser et de la police. Il faut avoir au moins 37 ans pour postuler à l'édilité. ^ Les préteurs ont un rôle essentiellement juridique. Ils seront au nombre de huit sous Sylla I er siècle av. Le préteur urbain s'occupe des litiges entre citoyens romains, son rôle peut être aussi militaire et il porte le titre ô'Imperator d'une armée général en chef. Le préteur pérégrin s'occupe des litiges entre un étranger et un citoyen romain. v Les consuls, au nombre de deux consul signifiant ceux qui vont ensemble », sont les magistrats suprêmes de la République. Il faut être âgé d'au moins 42 ans, et avoir exercé au moins les fonctions d'édile, puis de préteur. Ils convoquent et président l'assemblée aristocratique, le Sénat et les assemblées populaires, les comices. Ils détiennent ïimperium, le pouvoir de lever les armées. Ils donnent leur nom à l'année de leur mandat, on dit alors qu'ils sont consuls éponymes qui donne son nom. * Le proconsul est le gouverneur d'une province, attribuée au consul après son année d'exercice. Le but était d'user de son influence pendant le consulat pour se faire attribuer par le Sénat une riche province, largement exploitée ensuite. Le proconsulat permet d'éteindre ses dettes et de revenir à Rome avec une solide fortune. Le censeur est la plus honorifique des magistratures romaines. Elle est confiée à deux anciens consuls, élus tous les cinq ans pour une durée de fonction de 18 mois. Ils ont pour tâche de recenser et classer les citoyens romains, selon leur fortune, afin de préparer les élections. Ils dressent la liste des sénateurs, l'album sénatorial. Leur pouvoir est absolu, nul ne peut contester leurs décisions. La loi des Douze Tables L'égalité entre gens du peuple, plébéiens, et patriciens ayant une noble ascendance fut un long combat. En 494 av. a lieu le constatent vite qu'ils ne peuvent assurer leur noble mode de vie sans les plébéiens. Ils leur accordent donc des magistrats, les tribuns de la plèbe. Tout rentre dans l'ordre, pour l'instant. Une nouvelle menace de révolte suffit. Entre 451 et 449 av. dix anciens consuls, les Decemvirs, rédigent la loi des douze tables ». Désormais, l'égalité devant la loi entre plébéiens et patriciens est la règle. Toutefois, le consulat est réservé aux seuls Datriciens jusqu'en 336 av. et les mariages entre les deux groupes restent longtemps interdits. Le Sénat C'est la haute assemblée à Rome. Ses membres s'y succèdent souvent de manière héréditaire, mais on peut y être nommé. Seule une grave faute peut conduire à l'exclusion. Être sénateur, c'est aussi être riche, il faut normalement posséder un million de sesterces sous l'Empire. En cas de problème, un autre sénateur ou un banquier peuvent servir de garant, ce qui arrive souvent. Un sénateur ne peut recevoir de salaire. À l'origine exclusivement aristocratique, le Sénat s'ouvre aux plébéiens. Les anciens prêteurs et consuls y sont nommés de manière automatique, sauf manquement très grave. Le nombre des sénateurs ne cesse d'augmenter, passant de 300 à 600, puis à 900 sous César et, enfin, à 2000 sous Constantin, au IV e siècle. Les décisions du Sénat, les senatus consulte, doivent être appliquées sans discussion. Il vote les finances, dirige la diplomatie, donne des ordres aux consuls. Sous l'Empire, le Sénat devient une chambre d'enregistrement, aux ordres de l'empereur. Les sénateurs sont reconnaissables à la bande pourpre qui orne leur toge, le laticlave. On les nomme Pères conscrits », et le président du Sénat porte le titre de princeps senatus, à comprendre comme le premier d'entre ses pairs les autres sénateurs, le premier à prendre la parole lors des discussions sénatoriales. Voter avec ses pieds Cette expression en intrigue plus d'un. Elle vient d'une pratique du Sénat romain. Tous les sénateurs n'avaient pas le temps de s'exprimer pendant une discussion, et nombre d'entre eux maîtrisant mal l'art de la parole, si essentiel à Rome, préféraient se taire pour éviter le ridicule. Ils attendaient donc que les ténors de l'assemblée aient fini d'exposer leur point de vue. Puis, à pied, ils allaient se placer derrière celui avec lequel ils étaient d'accord. On pouvait alors commencer à compter les voix. Ces sénateurs qui ne s'exprimaient pas étaient appelés pedarii, ceux qui vont à pied », car ils votaient avec leurs pieds. Les comices ou assemblées du peuple Il existe trois types de comices les comices curiates qui confirment les prêtres dans leur fonction; les comices tributes qui élisent les questeurs, tribuns de la plèbe, et qui votent des textes ayant valeur de lois; les comices centuriates dans lesquels les citoyens sont répartis selon leur richesse, seuls les plus riches votant. Ils tiennent lieu en matière judiciaire de cour d'appel. Ils représentent le peuple en arme, élisent les dix prêteurs, les deux consuls et les deux censeurs. Les catégories sociales de l'ordre équestre à la plèbe Pour être citoyen romain, c'est-à-dire jouir des droits politiques, il faut être né libre esclaves et affranchis en sont exclus et né d'un père citoyen sur le territoire romain proprement dit. D'après la tradition, la base de l'organisation de la société s'appuie sur la division et la répartition des citoyens en classes sociales. Au sommet de la hiérarchie se trouve l'aristocratie qui est divisée entre les patriciens dont les membres siègent au Sénat les descendants des cent familles ayant eu des patres, ancêtres, dans le premier Sénat créé par Romulus, les grands propriétaires terriens, les chevaliers qui participent le plus directement à l'essor des échanges et de l'économie monétaire. Ils bénéficient de certains privilèges pour les sénateurs et les chevaliers, un anneau en or et une large bande de pourpre sénateur ou étroite chevalier sur leur tunique et des sandales en cuir brut. Pendant l'Empire, l'ordre équestre devient une caste de fonctionnaires nobles. La plèbe comprend l'ensemble de tous les citoyens, qui se divisent en deux classes, celle dont les membres forment l'infanterie lourde, et les infra classem, classes inférieures qui servent comme fantassins légers. Constituant la majeure partie des légions et de la population, cette classe sociale sera la plus durement touchée par les guerres. Les esclaves Ils proviennent essentiellement des conquêtes romaines, une partie des vaincus étant réduite en esclavage. Le droit romain refuse à l'esclave le statut de personne, il appartient à son maître, comme une maison, un champ et du mobilier. Plus les légions remportent de victoires, plus la République, puis l'Empire, étendent leur territoire, plus il y a d'esclaves sur les marchés. Ils représentent entre 40 et 50 %de la population. Ils sont si nombreux que leurs maîtres en ont peur et que la loi pour eux devient de plus en plus dure. Ainsi, si un propriétaire meurt assassiné, peu importe que l'assassin soit ou non un esclave, tous ses esclaves seront mis à mort, même ceux qui se trouvaient au moment du crime sur une propriété à des centaines de kilomètres de là. En cas de procès, les esclaves sont systématiquement torturés, car dans l'esprit d'un romain, ils ne peuvent que mentir. En revanche, un magistrat qui ferait torturer un citoyen romain sans l'accord des consuls, puis plus tard de l'empereur, serait exécuté. La révolte des esclaves Rendu célèbre par la littérature et le cinéma, Spartacus était un esclave gladiateur au ludium de Capoue. Entre 73-70 av. il entraîne avec lui plus de 150000 hommes, occupe et pille tout le sud de l'Italie. En 72, le Sénat envoie Crassus à la tête de six légions. Il bat une partie des hommes de Spartacus, le reste est écrasé par les troupes de Pompée, revenu en hâte d'Espagne. Pour éviter toute nouvelle révolte, 6000 prisonniers sont crucifiés entre Capoue et Rome, le long de la route appelée Via Appia. L'exemplarité de la peine dissuada toute révolte servile d'importance par la suite. Rome en guerre Rome n'échappe pas au sort des puissances de l'Antiquité. Son expansion se fonde sur sa supériorité militaire. Puis vient un moment de son histoire où les conquêtes deviennent sa raison d'être et la source la plus sûre de son pouvoir. Désormais, les armées sont l'essence même de Rome. Les généraux font et défont le pouvoir véritable. Avec la fin de la République, il revient même aux troupes d'élire l'empereur de leur choix, provoquant de fréquentes guerres civiles, quand les légions choisissent des candidats différents en divers points éloignés de l'empire. Terreur des ennemis de Rome, la légion est un corps militaire rigoureusement organisé, fort de 4 000 à 4 200 hommes, puis de 6 000 au II e siècle av. À l'origine, 1 légion compte 30 manipules et 1 manipule, 60 à 80 hommes. Dix de der C'est le plus terrible châtiment pour les légions romaines, en cas de révolte, d'insubordination ou de lâcheté au combat. Tous les hommes de la légion sont rassemblés, soit 6 000 hommes. Les officiers passent, et en désignent un sur dix, d'où le nom de décimation. Tous les désignés sont aussitôt exécutés. Très spectaculaire, cette exécution massive et redoutée est très rarement pratiquée. Contrairement à une idée répandue, le triomphe n'est pas accordé à tous les généraux victorieux. Seul le Sénat l'accorde, à l'issue d'une ou plusieurs campagnes menées avec succès. Il arrive aussi que les sénateurs se fassent prier Pompée dut camper avec ses légions plusieurs mois hors de l'enceinte sacrée de Rome, le pomoerium, avant de se voir accorder le droit d'y entrer en triomphateur. Le triomphe est une procession, des portes de Rome jusqu'au temple de Jupiter sur le Capitale. Les soldats précèdent et suivent le char du général honoré. Vêtu de pourpre, le visage passé au rouge, couronné de laurier, il est monté sur un char conduit par un esclave, attelé de quatre chevaux. L'esclave n'est pas seulement là pour conduire le char, il murmure à l'oreille du triomphateur Souviens-toi que tu n'es qu'un homme », afin de l'inciter à avoir le triomphe modeste », expression que nous avons conservée. Viennent ensuite les vaincus, promis à la mort ou à l'esclavage, et des chariots sur lesquels sont exhibés les fruits des pillages statues, objets précieux, animaux exotiques... destinés au trésor de Rome. À l'issue de la procession, le triomphateur dépose sa couronne de laurier en offrande à Jupiter, puis reçoit les félicitations du Sénat, auquel il offre un banquet. À l'origine, le triomphe s'arrêtait là. Mais les conquêtes de Rome se font plus nombreuses, les butins plus riches. Il devient d'usage que le triomphateur offre des jeux au peuple. La religion romaine Les Romains sont des terriens, à l'esprit pratique. Les dieux, qui vivent dans le monde, et non à l'écart, sont présents partout et il importe avant tout de ne pas les mécontenter. Pour cela, il convient de les honorer en respectant des rites, comme le sacrifice. C'est un donnant- donnant les dieux reçoivent leur dû et évitent aux hommes les problèmes, soit personnels, soit pour Rome et la République, puis l'Empire. Il n'y a aucune vie après la mort, la bonne entente avec les dieux revient à bien vivre ici et maintenant. La maladie, la mort, la guerre, surviennent quand les rites n'ont pas été correctement accomplis. Les Romains vivent donc avec les dieux dans la vie quotidienne et sont toujours soucieux de s'en concilier le plus grand nombre possible. D'un côté la religion civique obligatoire, les grands dieux protecteurs de Rome, comme Jupiter, le culte rendu aux empereurs devenus dieux après la mort. De l'autre, la liberté pour tout un chacun d'adorer qui il veut, comme il le veut. D'où le succès des cultes orientaux à Rome. Aux Romains des premiers siècles de notre ère, le christianisme posera ainsi un problème particulier d'une part il ouvre la perspective d'une vie après la mort, et tente les Romains, mais d'autre part, pourquoi ne garder qu'un seul dieu, quand tant d'autres peuvent vous apporter chacun quelque chose? Les Romains, s'ils n'envisagent pas de survie de l'âme après la mort, ou d'au-delà au sens chrétien du terme, redoutent les morts. Sauf les assassins et les prostituées, personne ne se serait rendu dans un cimetière de nuit. Car l'esprit d'un mort peut- être irrité. Incapable de faire le bien, il peut nuire. Soit les rites funéraires n'ont pas été convenablement accomplis, soit le mort ne supporte pas son état et en veut aux vivants, qui profitent des joies de l'existence pour lui à jamais enfuies. Il devient alors lémure, esprit malfaisant, mort-vivant, vampire, loup-garou, goule femme se nourrissant de chair humaine, de préférence celle des enfants. Bref, tout l'arsenal de la terreur hollywoodienne est déjà prêt à servir à Rome. Le panthéon romain Il faut distinguer deux types de dieux les dieux populaires et les dieux principaux . Les premiers sont près de 30 000 à Rome. Les Romains pensaient en effet qu'un dieu se trouvait derrière chaque chose ou chaque objet, ce qui explique ce nombre important. Parmi les dieux les plus populaires, il faut citer les lares des carrefours. En leur honneur a lieu une fête au mois de janvier, les compitalia. Parmi les seconds, il faut citer ^ Flore, déesse des jardins ^ Junon, épouse de Jupiter, déesse de la fécondité ** Jupiter, le dieu du ciel v Mars, le dieu de la guerre ^ Minerve, déesse de la sagesse Neptune, le dieu de la mer ^ Saturne, le dieu des semailles v Vesta, déesse du foyer ^ Vulcain, le dieu du feu La triade capitoline Ce sont les trois divinités les plus importantes du culte civique. Jupiter, roi des dieux, dieu de la foudre fait régner ordre et justice dans le monde des hommes et celui des dieux. Ses attributs la foudre et l'aigle. Junon, Reine des dieux, déesse du mariage, protège les épouses et les nouveaux-nés. Ses attributs le paon et la grenade. Minerve, déesse de la sagesse, des arts, des sciences, a pour attributs la chouette et l'olivier. Tableau 3-7 Les dieux romains et leur correspondant grec Grecs Grecs Apollon Apollon Lune Séléné Aurore Eos Mars Ares Bacchus Dionysos Mercure Hermès Cérès Déméter Minerve Athéna Cupidon Eros Mors Thanatos Cybèle Rhéa Neptune Poséidon Diane Artémis Pluton Hadès Esculape Asclèoios Proserpine Parséchone Faune Pan Saturne Cronos Hécate Hécate Soleil Hélios Hercule Héraclès Somnus Hypnos Junon Hèra Ulysse Odysseus Jupiter Zeus Vénus Aphrodite Juventa Hébé Vesta Hestia Latone Léto Vulcain Héphaïstos La religion dans la vie quotidienne Particulier à chaque famille, le culte des dieux domestiques est célébré parle paterfamilias. Les dieux lares sont les dieux protecteurs de la maison. Les pénates, dont le nom vient de penus garde-manger, veillent au ravitaillement et aux provisions on leur offre des sacrifices modestes sur l'autel domestique. Quant aux mânes, ce sont des divinités malfaisantes associées aux âmes des morts. Pour s'en protéger, il faut les honorer régulièrement, à chaque anniversaire du défunt. En fait, les Romains ne se préoccupent que peu du problème de la survie après la mort. Ils ne croient pas non plus à la récompense ou à la pénalisation selon que les actions ont été bonnes ou mauvaises. Les morts végètent dans un monde inférieur et pour qu'ils ne reviennent pas, on leur fait des offrandes. C'est seulement sous l'influence de la philosophie grecque que la conception d'un au-delà commence à se propager parmi les membres de la société aristocratique. Les relations entre les dieux et les hommes prennent un caractère de contrat, car les Romains attendent de leurs dieux des faveurs immédiates bonnes récoltes ou victoires. Très superstitieux, les Romains sont très attentifs à tous les signes, qu'ils interprètent comme l'expression de la faveur ou de la colère des dieux. Cette attitude renforce encore le formalisme d'une religion où la peur et la crainte tiennent une place importante. Encore davantage que chez d'autres peuples, la religion chez les Romains est la religion de la cité, car toute la vie politique est liée à des rites, à des cultes, les magistrats sont aussi des prêtres. César fut grand pontife et Cicéron augure. Ce dernier définit la religion comme la justice envers les dieux et envers les morts ». Justice est à traduire ici par obligation morale réciproque les hommes rendent le culte dû aux dieux, accomplissent les rites prévus pour les défunts, et, en échange, divinités et morts les laissent en paix. Croire en son foie Les haruspices sont des devins qui prédisent l'avenir, ou décident si une circonstance est favorable ou pas, en explorant les entrailles des animaux sacrifiés, particulièrement le foie. L'empereur Claude les organise en un collège de 60 haruspices. L'origine de cette pratique vient des Étrusques. Il existe des modèles, reproductions en pierre en forme de foies, avec veines, afin d'apprendre aux futurs haruspices à interpréter le dessin, la taille et les principaux aspects de l'organe. Cicéron, qui ne les apprécie guère, confirme leur réputation de charlatanisme en affirmant que deux haruspices ne peuvent se Aucune décision importante, aucun acte essentiel ne peut se prendre ou se faire sans consulter le calendrier. Trois types de jours le rythment ^ 235 jours par an sont fastes. ^ 1 09 jours par an sont néfastes. ^ Environ 1 0 jours par an sont neutres. Attention, néfaste ne signifie pas nuisible, dangereux. Il s'agit, par exemple, de jours consacrés aux dieux. Tout citoyen préférant continuer à s'occuper de ses affaires encourrait leur colère, c'est en ce sens que le jour concerné serait néfaste, pas en lui-même. Femmes au foyer Choisies par le Grand Pontife alors qu'elles sont encore des enfants, les Vestales sont sept prêtresses chargé du culte de la déesse du foyer Vesta. Elles doivent en permanence entretenir le feu sacré. Leur service dure trente ans, pendant lequel elles doivent rester vierge. Elles sont ensuite libres de se marier, ou de continuer à servir la déesse. Obligatoirement de famille noble, elles doivent être sans défaut, physique ou moral. Seules femmes du monde romain dans ce cas, les vestales sont émancipées de l'autorité paternelle, libres d'aller et venir comme elles l'entendent; tous les magistrats leur cèdent le pas; rencontrant, par hasard, un condamné à mort, elles peuvent le gracier; leur personne est inviolable et sacrée. Mais la perte de la virginité est punie d'une mort atroce. La Vestale est enterrée vivante, avec une lampe, de l'eau, du lait, de l'huile, l'amant est battu à mort; si le feu sacré s'éteint, la Vestale est battue de verges jusqu'au sang et peut être exécutée. Le droit, un héritage romain Le droit civil romain, compris dans les recueils de lois faits et publiés sous la direction de Justinien, empereur byzantin de 527 à 565, constitue le Code. L'expression droit civil» est employée par les Romains pour désigner les lois applicables seulement aux citoyens romains, par opposition à l'expression droit des gens », nom que l'on donne aux lois relatives aux étrangers. Le droit civil se divise aussi en droit public, concernant la constitution et le gouvernement, et en lois privées, se rapportant aux relations des citoyens entre eux. Par une ordonnance spéciale, Constantin détermine ce qui, dans les oeuvres des anciens juristes, devait avoir une autorité particulière et ce qui ne devait plus être pris en considération. Au siècle suivant 426, Théodose II promulgue une ordonnance semblable, connue sous le nom de Code Théodosien, et destinée à l'empire d'Orient, mais qui ne tarde pas à être aussi adoptée dans celui d'Occident. Il comprend ^ Le droit civil, plus exactement nommé droit privé, qui règle les rapports des particuliers entre eux, et dans lequel rentrent toutes les lois dites civiles, les lois commerciales et celles de la procédure civile. Le droit criminel ou droit pénal. Le droit public, qui règle les rapports de l'État avec les particuliers et dans lequel se rangent les lois constitutionnelles, les lois et règlements administratifs. Les Celtes Évoquer les Celtes revient à présenter un vaste patchwork fait de multiples carreaux de couleurs et de tailles différentes. A son apogée, le monde celte va du détroit de Gibraltar à l'embouchure du Danube, mais Rome le restreint de plus en plus, repousse ceux qu'il considère comme des barbares, contenus par le limes, la frontière de l'Empire romain. César, par ses campagnes, les enferme sur les îles britanniques et l'Irlande. Paradoxalement, c'est lui qui leur donne leur nom actuel, dans La Guerre des Gaules, lorsqu'il définit les trois parties de la Gaule, celle des Belges, celle des Aquitains, et enfin celle de ceux qui se nomment dans leur propre langue Celtes, et que nous appelons Gaulois ». L'image négative des Romains pèse longtemps sur les Celtes, barbares assoiffés de sang, inassimilables, guerriers courageux et redoutables, mais incapables de s'organiser politiquement, qui ne bâtiront jamais un empire. De nos jours, le jugement est inversé les Celtes fascinent, entre sagesse druidique, respect de la nature, écologistes de la première heure, sans parler des chants et danses, et plus que tout du renouveau de la langue. Les âges du monde celte Nous pouvons découper les âges du monde celte en cinq périodes principales r Les temps protoceltiques s'étendent environ entre 1800 et 1200 av. Ils se caractérisent par une migration de l'Europe centrale vers l'Europe occidentale. * La civilisation des Champs d'urnes» s'étend environ entre 1200 et 900 av. Elle est marquée par l'emploi d'armes en bronze plus solides, de lances, de cuirasses et d'épées, par la maîtrise de la céramique, et la naissance des oppida oppidum au singulier, villages fortifiés situés sur un site naturel plus aisé à défendre, hauteurs, îles. ^ La période de Hallstatt doit son nom à un village des Alpes autrichiennes. Elle s'étend entre 900 et 480 av. environ. C'est l'époque de la métallurgie, du fer, plus solide que le bronze, et des échanges commerciaux étendus, jusqu'aux rives de la mer Baltique. La période de la Tène va du début du V e siècle au II e siècle av. environ. Marquée par des conflits nombreux, elle est aussi le moment de la plus grande extension du monde celte. C'est l'époque où les Celtes gagnent leur réputation de barbares, en prenant et brûlant Rome en 386 av. en pillant le sanctuaire de Delphes en 279 av. La Gaule celtique dure du II e siècle av. aux divers épisodes de la conquête romaine, achevée par César au milieu du I er siècle av. Elle se caractérise par une implantation plus ou moins forte des tribus celtes selon les provinces Narbonnaise, notre Provence; Aquitaine; Celtique, vaste zone allant de la plaine du Pô à la Belgique, dont on connaît bien la tribu des Arvernes et leur chef Vercingétorix; la Belgique, enfin. Au début de notre ère, tout le monde celte passe sous domination romaine, à l'exception de l'Irlande, qui conserve la civilisation celte intacte jusqu'au V e siècle de notre ère, moment de la christianisation de l'île par Saint Patrick et ses compagnons. Ceci explique qu'aujourd'hui encore, une grande partie des connaissances sur le monde celte proviennent de cette île, qui transmet les traditions celtiques jusqu'à la fin du XVIII e siècle au moins. Tableau 3-8 Les grandes dates du monde celtique Date av. Événement IV e millénaire Arrivée des Celtes en Europe centrale VIII e -V e siècle Civilisation de Halstatt Europe centrale V e -ll e siècle Civilisation de La Tène. Apogée du monde celtique ll e -l er siècle Conquête des territoires celtiques par les Romains La religion des Celtes Elle nous est surtout connue par les visions critiques des autres peuples, Romains, Grecs. Les Celtes eux-mêmes ont laissé très peu de témoignages écrits, quelques stèles funéraires en latin ou grec, à partir du gaulois, et des bâtons de bois gravés, en Irlande, en écriture oghamique. L'ogham est la langue des druides, rédigée selon un système d'encoches, de petits traits dessinés à droite ou à gauche, ou de part et d'autre d'une arête. Cet alphabet tombe en désuétude avec le christianisme et la généralisation de l'alphabet latin. On disait que cet alphabet avait été donné aux Anciens par Ogma, le vieux dieu de l'éloquence et de la littérature. Les textes sont gravés sur des bois d'if et de noisetier. Mais la religion des Celtes est avant tout une pratique, accompagnée d'une tradition transmise oralement, ce qui explique des lacunes dans la connaissance que nous en avons. Le phénomène essentiel, et qui nous intrigue toujours autant, est le druidisme. Le mot druide, formé de dru très et ide voir, savoir, signifie le très savant » ou le très voyant». Un druide est un homme qui aspire à approfondir son savoir dans tous les domaines médecine, botanique, astronomie, diplomatie, spiritualité, etc. Il s'est formé au cours de longues années, auprès d'autres druides. Il en résulte que celui qui exerce ce sacerdoce n'assume pas seulement des fonctions religieuses, mais est amené à intervenir, conseiller, organiser, dans les nombreux domaines de compétence qui sont les siens. Ainsi, il préside aux cérémonies religieuses, sacrifices fréquents d'animaux, mais aussi aux libations, de lait, de miel, d'eau. Il assure la transmission du savoir par l'enseignement, tient lieu de juge de paix, soigne malades et blessés. Contrairement à une imagerie romantique, le druide est aussi un soldat, qui participe aux guerres et combats, puis prend en main les négociations diplomatiques. Guide du peuple et de ses rois, homme sage, il incarne la continuité du groupe, en maintenant ses traditions, en expliquant l'origine des lois et interdits, tout autant que l'origine des clans par une science pointue de la généalogie. Le druide est enfin le compagnon de la vie quotidienne, qui intervient à la naissance, au mariage, au décès, hôte régulier de ceux qui doutent de leur avenir et ont recours à ses connaissances divinatoires. Le panthéon celte Les Celtes forment une mosaïque ethnique, et il est de ce fait impossible de présenter tous les aspects de leur mythologie, en fonction des lieux d'implantation géographique des différents groupes. Nous nous appuierons donc ici sur la mythologie la mieux connue, et la plus longtemps préservée, celle d'Irlande, pour présenter l'origine mythique du peuplement de l'île, et la geste de son plus grand héros, Cuchulainn. Voici les principaux dieux du panthéon celtique, présentés sous leur nom en Irlande et en Gaule, ainsi que leurs attributions Lug Lugus en Gaule, habile en toute chose », est le dieu de la lumière. Nommé Lieu dans le pays de Galles, il est représenté en jeune et beau guerrier. ^ Dagda Taranis en Gaule, le dieu bon », est le principal dieu irlandais, il est représenté comme un homme rustique traînant une énorme massue montée sur deux roues, et, dieu des druides et de la magie, il peut ressusciter les morts. ^ Ogma Ogmios en Gaule, fils de Dagda, est le dieu de l'éloquence et l'inventeur du premier système d'écriture inventé en Irlande, I 'ogham. ^ Dian Cecht Mapanos en Gaule est le dieu de la médecine et, avec sa fille, Airmed, protège la source sacrée dont les eaux redonnent vie aux dieux mourants. * Brigit Brigantia en Gaule est la déesse de la fertilité qui, sous sa forme de Brigantia, est associée à l'eau, à la prospérité, à la médecine et à la guerre. Cuchulainn, l'Achille irlandais Cuchulainn est le Héros par excellence de la mythologie irlandaise, un véritable Achille, redouté pour ses colères qui le transforment en être monstrueux. De son vrai nom, Setanta, le chemin », il est rebaptisé à cinq ans Cuchulainn, le chien de Culann », après avoir tué le chien féroce du forgeron Culann, qu'il propose ensuite de remplacer, afin de garder la maison. Lorsqu'il tue trois guerriers, ennemis de l'Irlande, ainsi que tous leurs partisans, sa capacité à se transformer lui vaut le surnom de contorsionniste ». Sous l'effet de la colère, il devient difforme. Ses mâchoires s'ouvrent au point d'avaler une tête humaine, ses cheveux se hérissent, terminés chacun par une goutte de sang, et du sommet du crâne surgit un flot de sang noir, épais, dressé comme un tronc. Parvenu à un tel paroxysme de fureur, il faut ruser pour le calmer. La reine Mughain vient à sa rencontre avec 150 femmes nues et trois cuveaux d'eau froide. Le premier explose, le second bout, le troisième chauffe, mais, en en sortant, Cuchulainn a repris son apparence normale. Il finit par trouver la mort en combattant les armées de la reine Medb du Connacht. Pour mourir debout et combattre jusqu'à épuisement de ses forces, il s'attache à un rocher. Une corneille, animal Dsychopompe, c'est-à-dire qui transporte les âmes des morts dans l'au-delà, se perche sur son épaule au moment du trépas. Les fêtes religieuses celtes Les Celtes célèbrent quatre grandes fêtes annuelles, dont nous avons conservé, par un symbolisme religieux ou politique, l'essentiel Samainen novembre, Imbolcen février, Beltaine en mai, Lugnasad, en août, dont voici le détail ^Samain, c'est-à-dire au sens propre la réunion», celle des vivants et des morts, a lieu le 1 er novembre. C'est le temps du passage d'une année à l'autre, passage également entre le monde des vivants et celui des morts, célébré par des banquets et des beuveries. L'Église catholique transforme la fête, qui dure une semaine, en celle de la Toussaint, fête de tous les saints. ^ Imbolc, ou lustration», est la cérémonie qui clôt l'hiver, une purification qui prépare au renouveau de la nature. Elle prend place le 1 er février. C'est également en février ou en mars, selon la date de Pâques, après les ultimes agapes, que les chrétiens se purifient par le jeûne du Carême, pendant 43 jours. ^ Beltaine, le 1 er mai, honore Belenos, dieu de la lumière, de la médecine et des arts, et sa parèdre, c'est-à-dire son épouse-déesse, Belisama, déesse des forgerons et du feu domestique. C'est d'ailleurs par de grands feux que la fête est marquée. Il ne semble pas exister de rapport direct, à notre connaissance, avec la fête du travail. r Lugnasad, le 1 er août, permet à ses sectateurs de rendre hommage au dieu Lug, roi des dieux. Des compétitions sportives, des combats de lutte, des récits en son honneur jalonnent la fête. Cueillons le gui! Le dépositaire du secret de la potion magique, Panoramix, hante l'imaginaire collectif longue barbe, robe blanche, faucille d'or, il coupe solennellement le gui. C'est, pensez-vous, la fonction par excellence du druide. Eh bien, détrompez-vous, c'est une histoire... de Romains! Cette image, bien ancrée, nous la devons à Pline l'Ancien 23-79 qui en fournit une longue description. Or, les fouilles archéologiques prouvent que les druides étaient vêtus comme tout le monde, hormis des ornements symboles de leur rang, comme le torque, lourd collier d'or rigide qui entoure le cou. La cueillette du gui, comme celle de bien d'autres plantes, fait partie des attributions du druide, pour préparer potions magiques ou non et remèdes divers. Allons, ne soyez pas triste, le petit guerrier d'une bande dessinée mondialement connue vous conduira encore longtemps dans la chaumière du druide et la forêt des Carnutes... Chapitre 4 L'Autre et Tailleurs les civilisations non occidentales Dans ce chapitre À la découverte de la Chine et du Japon * L'Orient des califes et des sultans * L'Afrique dans tous ses états ► L'Amérique des Aztèques et des Incas Aborigènes d'Australie, Papous de Nouvelle-Guinée et Inuits du Nunavut Longtemps centrée sur le monde occidental, l'histoire s'attache de plus en plus à déchiffrer les autres formes de civilisation. Les mystères de la Chine et du Japon prennent un parfum d'opium, l'éclat d'un sabre. Les califes ont les yeux grands ouverts mille et une nuits, et quand disparaissent les derniers pharaons noirs, l'Afrique inaugure Cités-États et vastes royaumes. À Tenochtitlan Mexico, le sang ruisselle des pyramides. Dans la cordillère des Andes, l'Inca, roi dieu, contrôle d'une main de fer un immense empire. La Chine À tout seigneur, tout honneur, les Chinois considèrent leur pays comme Y empire du Milieu, le centre du monde. Au centre de l'Empire est placée la Cité violette, la Cité Interdite », et au centre de cette dernière, le temple du Ciel, où l'empereur accomplit les rites reliant le monde des dieux, le Ciel, au monde des hommes, la Terre. Comme dans la représentation chinoise de l'Univers, la Terre est plate, l'empire du Milieu y trouve sa place au centre de l'espace plan, lieu idéal pour se relier au Ciel, également plat. C'est donc en se croyant le centre du monde que les empereurs de Chine, gardiens de l'ordre de l'Univers, vont se succéder. Accompagnons-les dans leur longue marche vers l'actuelle République populaire de Chine. Les dynasties mythiques L'empereur dieu peut se flatter de descendre d'illustres ancêtres. Avant les dynasties officielles, les dieux eux-mêmes prennent la forme d'empereurs célestes pour régner sur la Chine les trois Augustes, les Cinq Empereurs. Avec Yu le Grand, fondateur de la dynastie Xia, au XXI e s. avant commencent les temps historiques. Les Trois Augustes Les Trois Augustes apportent aux hommes les inventions qui sont à l'origine du développement de la société ^ Fuxi, masculin, tient une équerre symbole féminin, yin. Il invente l'écriture et la divination. ^ Nugua, féminine, épouse du précédent, tient un compas symbole masculin, yang. Elle est à l'origine du mariage. v Shennong, masculin, est le dieu de l'agriculture et de l'usage médicinal des plantes. Il donne aux hommes la médecine et la pharmacie. Les Cinq Empereurs Ce ne sont plus vraiment des dieux, mais des empereurs mythiques divinisés. Il s'agit de r Huangdi l'Empereur jaune, dont la couleur est celle de la Terre et le nom celui du Ciel, et qui les relie l'une à l'autre; après avoir vaincu le Dragon ailé, magicien maléfique qui dévastait la Terre, il enseigne aux hommes tous les arts et toutes les sciences. v Zhuan Xi, qui rétablit l'ordre du monde, en séparant le Ciel de la Terre sa femme Ku donne naissance à dix soleils, qui brûlent en grande partie la Terre. ^ Yao, qui fait abattre à l'arc neuf soleils et donne au dernier une marche régulière, du lever au coucher, et qui fonde le calendrier, la succession ordonnée des saisons à ce titre, il est le modèle impérial du bon administrateur. Shun, désigné par Yao comme son successeur en raison de son exceptionnelle piété filiale, car il a su pardonner à son père brimades et coups, et même une tentative d'assassinat. Yu le Grand, qui est le dernier héros, le dernier empereur semi-mythique puisqu'il fonde la dynastie Xia XXI e -XVI e siècle av. C. On lui attribue aussi la fin du Déluge par la création de fossés et de canaux. Les écoles philosophiques chinoises C'est pendant l'époque des Printemps et des Automnes» que se développent les grands courants philosophiques de la pensée chinoise. Les connaître est essentiel pour être recruté parmi les fonctionnaires. m Le confucianisme est la doctrine philosophique et éthique de Kung-Fu-Tseu, dont le nom latinisé devient Confucius 551- 479. Dans le système philosophique organisé par ses disciples, l'homme doit s'en tenir aux conditions sociales qui ont présidé à sa naissance. En accomplissant les devoirs sur lesquels repose cette doctrine, l'homme prend toute sa signification. m Le taoïsme est à la fois philosophie et religion, ses principes sont fixés par Laozi, dont le nom francisé devient Lao Tseu v. 570-v. 490 av. Le recueil d'aphorismes qu'il a laissé porte le titre de Tao Te King livre du Tao voie et de la vie humaine. Pour lui, l'homme doit s'identifier, par l'extase, au reste de l'univers et parvenir au Tao. Il peut le faire par des pratiques physiques. Le taoïsme est une morale individualiste qui enseigne le détachement de toutes choses. ^ Le légisme la loi, rien que la loi est un courant de pensée fondé par un groupe de légistes du IV e siècle av. Il s'agit d'accepter l'homme et le monde tels qu'ils sont et de se conduire en fonction de trois notions fondamentales la loi, la position de force et le contrôle social. f Le mohisme, du nom de son fondateur, Mozi 479-381 av. auteur du Livre de Mozi, prône l'égalité, la paix et l'amour universel. Ce courant de pensée est largement mis de côté avec l'avènement du premier empereur de Chine, Qin Shi Huangdi, vers 220 avant notre ère. Les premières dynasties Si, après le règne de Yu le Grand, la Chine entre dans l'histoire, elle connaîtra encore des divisions avant son unification en un vaste Empire, parfois lui aussi sujet à des éclatements. Plusieurs dynasties apparaissent au fil du temps. Le premier empereur Entre 230 et 221 av. le prince Zheng, souverain de Tsin, conquiert les autres royaumes chinois et se proclame empereur sous le nom de Qin Shi Huangdi 221-210 av. Premier Auguste Seigneur ». C'est son nom, Qin, prononcez Tchin», qui donne celui du pays, la Chine. Inspiré par la pensée des légistes, il accomplit, en seulement onze ans de règne, une oeuvre monumentale administrative il brise les princes féodaux, divise l'empire en préfectures aux ordres d'un fonctionnaire nommé, réglemente les mesures de longueur et de poids; législative il unifie les lois et règlements; culturelle il impose un système d'écriture unique à tout l'empire, grâce auquel, en dépit de prononciations trop différentes pour se comprendre à l'oral, tous les Chinois se comprennent encore sans problème à l'écrit; militaire pour défendre la Chine contre les attaques des nomades, il entreprend de faire construire la Muraille de Chine. Les soldats de terre de l'armée de Qin L'empereur Qin Shi Huangdi, ayant cherché en vain le philtre d'immortalité, meurt en 21 0 av. Destiné à vivre aux côtés des dieux, il s'était fait construire un complexe funéraire gigantesque près de sa capitale, Xi'an, dans la province du Shanxi, au centre de la Chine. Au centre, un tumulus de 50 m de haut et de 6 km de périmètre recouvre un palais souterrain, dont le plafond représenterait le ciel, et le sol la carte de l'Empire, aux fleuves de mercure. Non encore fouillé, mais connu par le Shi Ji, ou chronique de la Chine, des origines aux environs de 100 av. de l'historien Si Ma Qian v. 145-v. 86 av. ce tumulus est entouré de fosses immenses qui contiennent une véritable armée de soldats en terre cuite, en ordre de bataille. Cinq fosses ont été mises au jour. La plus grande mesurée est longue de 230 m, large de 62 m et profonde de 4,80 m. Elle couvre une superficie de 1,5 hectare. Elle contient environ 6 000 guerriers, dont 1 000 ont été dégagés, plus les chars et les chevaux. Chaque soldat debout mesure près de 2 m, ou 1 ,2 m pour les archers agenouillés. Dotés chacun d'un visage différent, ils sont d'une incroyable minutie, notamment dans le détail de leur armement. La dynastie des Han Le successeur de Qin Shi Huangdi est le second et dernier empereur de la dynastie Qin, remplacée par celle des Han 206 av. ap. On doit aux Han l'organisation de l'Empire chinois. Ils le dotent de frontières sûres, l'agrandissent par des conquêtes, dont la Corée, et surtout font du confucianisme l'idéologie de l'État. L'obéissance absolue à l'empereur et à ses représentants est une règle de gouvernement. À la chute de la dynastie, s'ouvre une période de troubles, de nouvelles divisions de la Chine en royaumes, puis en deux dynasties, l'une régnant au Nord, l'autre au Sud. En 61 8, la brillante dynastie des Tang réunifie le pays à son profit. La dynastie des Tang Les Tang réunifient la Chine à leur profit et régnent sur le pays de 618 à 907. Ils réorganisent l'administration des provinces en les confiant à des gouverneurs militaires, avec le risque de les voir se révolter contre le pouvoir central, ce qui se produit au milieu du VIII e siècle. Le mur long de 10000 M» Telle est l'appellation chinoise de la Grande Muraille. Le li, unité de mesure des distances, équivaut à environ 500 m et 10 000 li» signifie ici nombre infini ». Voulue par Qin Shi Huangdi pour protéger la frontière nord de l'empire des attaques des barbares, c'est-à-dire des populations non chinoises, la Grande Muraille mesure entre 8 et 18 m de hauteur, 6 m de largeur à son sommet, entièrement réalisée en terre battue, recouverte de parements de brique séchée. Des créneaux, du côté exposé à l'ennemi, permettent aux archers de les cribler de flèches. Jalonnée de 25 000 fortins et de 1 5 000 tours de guet, elle s'étend sur 4 000 km, de la mer jusqu'à l'ouest de Gansu, province du nord-ouest de la Chine. Qi Shin Huangdi aurait réquisitionné près d'un million d'ouvriers, contraints au travail pour réaliser l'ouvrage, plus tard restauré et allongé, au cours du XIV e siècle. Il est à noter que si la Grande Muraille a permis de tenir en respect certaines tribus, elle n'a pas résisté à l'assaut de la Horde d'or, l'armée mongole de Gengis Khan, qui parvient à la contourner victorieusement en 1 21 5. Dans le domaine religieux, le bouddhisme, religion importée d'Inde, se développe avec l'appui de la cour et notamment des impératrices, sauf pendant la période d'interdiction de toute religion étrangère, en 845. Sous cette dynastie se poursuit l'acquisition d'une culture fondée sur les classiques confucéens. Mais c'est surtout l'art qui a rendu la dynastie Tang célèbre. Les oeuvres des artistes tang, soucieux de réalisme et en rupture avec le goût prononcé des prédécesseurs pour le fantastique, sont diffusées tout au long de la route de la soie. Les plus remarquables naissent du travail de la porcelaine et du grès vernissé, coloré de vert et de brun. Originaires du Nord, les Tang, au contact des nomades, ont appris à perfectionner la chasse, l'équitation, l'escrime, le tir à l'arc à cheval. Autant d'exercices qui viennent compléter la formation classique des lettrés. Les chevaux impériaux, dont on fait des portraits officiels, deviennent un thème à la mode dans les poteries à revêtement de glaçures, ou sans glaçures, de couleurs verte et brune. Ces statuettes, d'environ 40 cm de haut sur 20 cm de long en moyenne, représentent les chevaux dans des postures variées, mais toujours avec le souci de traduire l'énergie dégagée par l'animal. On retrouve aussi très souvent des représentations de chameaux et des figures humaines, gracieuses dames de la cour, suivantes réservées, hauts personnages graves et circonspects. Tous ces objets font partie des dépôts qui accompagnent le mort dans l'au-delà, afin qu'il puisse jouir encore de leur vue et de leur compagnie. Le noble défunt ne saurait se passer de ses animaux favoris ni de ses domestiques. C'est au II e siècle av. qu'un empereur de la dynastie Han charge un envoyé de trouver une voie commerciale pour relier la Chine à l'Occident. C'est l'origine de la fameuse route de la soie. Il s'agissait en effet d'exporter ce produit précieux entre tous, dont le secret de fabrication sera jalousement conservé par les Chinois jusqu'à la fin du Moyen Âge. Longue de plus de 7 000 km, la route de la soie traverse la Chine centrale, l'Afghanistan, l'Iran, l'Irak, la Syrie, et débouche sur la Méditerranée orientale. Outre la soie, la route permit la circulation des idées, des religions et des systèmes philosophiques, mais introduisit aussi en Europe la poudre à canon et le papier. Plus que d'une route, il s'agit d'une piste, parmi d'autres. Si le parcours est, par convention, appelé route de la soie en raison des grandes villes qui le jalonnent, il n'est cependant pas fixé entre elles. La dynastie des Ming Après 907, la Chine sombre dans une période de confusion, d'éclatement, au cours de laquelle des principautés rivales contrôlent chacune une partie du territoire. Les hordes mongoles envahissent le pays et imposent une dynastie dont la capitale sera Beijing Pékin. Mais les Chinois supportent mal la domination étrangère, même si les descendants de Gengis Khan 1162-1227 ont rapidement adopté les coutumes et le mode de vie des empereurs de Chine. En 1368, une révolte paysanne chasse les Mongols et rétablit sur le trône une dynastie chinoise, les Ming, qui régnent de 1368 à 1644. Ils instaurent un nouveau mode de gouvernement. L'empereur, enfermé avec sa cour dans la Cité interdite, est de plus en plus coupé des réalités économiques et sociales et laisse le pouvoir au groupe des eunuques. Chargés à l'origine de l'entretien du palais, ils deviennent des intermédiaires indispensables et corrompus pour quiconque veut approcher le pouvoir. Le retour à la pensée confucéenne imprègne la littérature et la philosophie, de contenu traditionnel, l'idéal se limitant à reproduire, sans se démarquer des classiques. Très révélatrice à cet égard est la monumentale Encyclopédie publiée sous le règne de Yong Le 1403- 1424. Riche de 1 1 000 volumes, elle fait le point des connaissances, mais sans apport nouveau. Pourtant, l'empire du Milieu, nom officiel de la Chine impériale, s'ouvre à l'Occident, accueillant les Portugais à Canton en 1600, puis les Anglais qui fondent la Compagnie des Indes orientales. Les contacts sont limités à certains ports, et les étrangers n'ont pas le droit de circuler en Chine intérieure, sauf les pères jésuites, arrivés dans les bagages des Portugais, et dont certains sont accueillis à la cour, comme Matteo Ricci 1552-1610. Il y est apprécié pour son savoir, mathématique et astronomique, non pour la religion chrétienne, de peu de poids à l'époque. Auteur du premier dictionnaire bilingue, il entreprend la traduction des classiques chinois. La Cité violette Telle est le véritable nom de la Cité interdite, en raison de la muraille pourpre de 10 m de haut qui enclôt ses 72 hectares. Résidence du fils du Ciel », l'empereur, elle se trouve, symboliquement, au centre de la Terre. Elle mesure 960 m du nord au sud et 750 m d'est en ouest. Les couleurs employées ont une valeur protectrice, le rouge des colonnes est en Extrême-Orient la couleur du bonheur. C'est ainsi que les cartes de voeux du Nouvel An sont toujours envoyées dans des enveloppes rouges, couleur également des robes et voiles de mariées. Le jaune, couleur réservée à la famille impériale, est présent sur les toits recouverts de tuiles vernissées jaunes. Pendant l'époque impériale, aucun édifice ne devait dépasser en hauteur ceux de la Cité violette. Aujourd'hui, un gigantesque portrait de Mao Zedong en surmonte l'entrée principale, la porte Tien An Men, ou porte de la Paix céleste ». Peut-être est-ce là celui du dernier véritable empereur de Chine, qui sait? Les Qing, une dynastie mandchoue Amorcé au début du XVII e siècle, l'affaiblissement des Ming, en lutte à la fois contre les Japonais en Corée, les sociétés secrètes des nobles en révolte larvée à la cour et les Mandchous, groupe ethnique du Nord-Est, qui proclament leur indépendance, est accéléré par la terrible famine de 1640. Les généraux se déchirent pour s'emparer du trône, et l'un d'eux fait appel aux guerriers mandchous réputés pour leur efficacité. Après le renversement du dernier empereur ming, il est lui-même chassé par les Mandchous qui fondent leur propre dynastie étrangère, la dynastie Qing, c'est-à-dire pure». Elle va durer de 1644 à 1911. Kang Xi 1662-1722 redresse le pays il met fin aux révoltes paysannes, sécurise les frontières, y installe des armées permanentes, et rétablit le système des examens en éradiquant la corruption. La paix civile favorise l'essor d'une bourgeoisie urbaine, qui lorgne toujours du côté des lettrés fonctionnaires pour réaliser son ascension sociale. Il fait de sa cour le centre des arts et des lettres, y accueille des missionnaires jésuites, entretient une correspondance avec son cousin», le roi Louis XIV. Incarnant l'idéal du prince guerrier, Qian Long 1735-1796 réorganise l'armée, étend les frontières de l'Empire. C'est sous son règne que se généralise la triple récolte de riz, qui permet de nourrir une population de plus en plus nombreuse, évaluée à environ quatre cents millions. La Chine moderne Tout au long du XIX e siècle, la Chine décline lentement. La démographie explose, mais les pratiques culturales ne suffisent plus nourrir la population, et les révoltes paysannes reprennent. Les diables étrangers» imposent l'importation de l'opium, battent les troupes impériales au cours des deux guerres de l'Opium, en 1842 et 1858. Des empereurs enfants ou incapables sont dominés par la volonté de fer de l'impératrice douairière Cixi Tseu-Hi, 1835-1908, conservatrice, qui fige le pays dans l'immobilisme. Cette situation s'accompagne de cuisantes défaites militaires, contre la France en 1860, le Japon en 1895, la Russie en 1898. Cixi meurt probablement vers 1908. En 1911, le dernier empereur de Chine, Pu Yi 1906-1967, un enfant de quatre ans, abdique. La République est proclamée, dominée par Sun Yat Sen 1866-1925 en 1912, puis par le général Yuan Shi Kai 1859-1916, qui se proclame empereur pendant quelque temps, avant de mourir en 1916. Entre 1916 et 1949 le pays est livré aux Seigneurs de la guerre », des généraux locaux, chacun terrorisant le territoire qu'il contrôle, puis à la lutte entre communistes et nationalistes. L'épisode le plus marquant en est la Longue Marche », repli des communistes sur les montagnes du Nord-Est en 1934. Entre 1931 et 1945, une partie de la Chine, notamment la Mandchourie, au Nord-Est, est occupée par le Japon. En octobre 1949, les communistes proclament la naissance de la République populaire de Chine, avec à sa tête Mao Zedong 1893-1976. Les nationalistes se réfugient à Taiwan et y créent la République de Chine. Le Rêve dans le pavillon rouge C'est le plus grand roman chinois. De l'aveu de son propre auteur, Cao Xueqin 1680-1760, chaque mot m'a coûté une goutte de sang », et l'oeuvre comprend plus de 3 000 pages! C'est dire que Le Rêve dans le pavillon rouge est un monument, à tous points de vue, de la littérature chinoise. Cao Xueqin tient de Balzac, avec ses 500 personnages, et de Proust, dans la finesse de ses analyses psychologiques. L'intrigue se déroule autour des amours contrariées de l'aventurier Jia Baoyu et de sa belle cousine, Lin Daiyu. Les parents, comme il se doit, s'opposent au mariage, et, après mille tourments, les amants ne pourront se rejoindre. Cette tragédie digne de l'antique est l'occasion pour Cao Xuequin de dépeindre toutes les strates de la société sous les Qing, depuis les mandarins de la cour impériale jusqu'aux mendiants du ruisseau. Encre d'azur, Bouffée de parfum ou Balayeur de pétales vous accompagnent pour un voyage au coeur des complots et des intrigues, dans la Chine impériale du XVIII e siècle, flamboyante et hypocrite, feutrée, fascinante et dangereuse. Tableau 4-1 Les grandes dates de la Chine Date Dynastie Événement XVIII e 045 av. Dynastie des Shang Apparition de l'écriture 1045-770 av. Dynastie des Zhou occioeniaux Apparition de l'histoire datée avec les premières Annales, en 841 av. 770-256 av. Dynastie des Époque des Printemps et des orientaux Automnes » 722-475 av. et époque des i p Zhou noyaumes uomoananis » {^/o-^.oo av. 206 av. à OOn on 1 P tLdX ap. Dynastie des LJ o n nan Organisation de l'Empire chinois. Adoption du confucianisme 61 8 à 907 uynasue ues Tang Apparition du bouddhisme 960-1276 Dynastie des Song Paix dans la Chine intérieure, favorisant le rayonnement intellectuel, puis domination mongole ues successeurs ue oengis i\nan \ i i od- 1 tLc. i , cnasses par les ivianacnous 1368-1644 Dynastie des Ming Rôle grandissant des eunuques 1644-1911 Dynastie des Qing Autoritarisme de l'impératrice douairière Cixi. Guerres de l'Opium 1912 République Domination de Sun Yat Sen; occupation par le Japon République 1949 populaire de Chine Mise en place du communisme Le Japon Selon la mythologie japonaise, c'est le couple divin Izanagi, le frère, et Izanami, la soeur, qui sont les créateurs de l'archipel. Le récit en est donné dans le Kojiki, Recueil des choses anciennes », histoire du Japon des origines jusqu'en 628 de notre ère. Izanami et Izanagi donnent des coups de lance dans la masse informe du chaos, provoquant la formation de la toute première île. Izanami va donner naissance aux huit autres îles principales. D'après la tradition, après une succession de dieux, c'est leur descendant, l'empereur Jimmu, ou Jimmu Tenô, qui sera le fondateur du Japon historique, en 660 av. Différentes périodes se succèdent, menant à l'ère Heisei, ouverte par l'accession au trône de l'actuel empereur, Akihito né en 1933, en 1989. L'année 2007 correspond donc à l'an 19 de l'ère Heisei ou Paix Universelle », 2008 à l'an 20, et ainsi de suite, jusqu'au décès du monarque. Tous les empereurs descendent de la déesse du soleil, Amaterasu, dont les rayons figurent sur le drapeau japonais, quand elle n'y apparaît pas sous la seule forme de disque. Les périodes historiques coïncident donc avec les dynasties régnantes, puis, après la perte du pouvoir politique des empereurs au XII e siècle, avec les familles guerrières des régents, ou shoguns, titre qui ne signifiait à l'origine que gouverneur militaire contre les Barbares de l'Est ». Depuis la réforme de l'État, en 1868, et la reprise en main du pays par l'empereur, le Japon suit une double chronologie, d'une part celle du monde occidental, de l'autre les ères, ou nom du règne de chaque souverain. Le Japon à l'époque antique S'étendant de 600 à 300 avant notre ère, la période Jomôn, dite de la poterie cordée », est marquée par le partage du pays entre clans rivaux. L'an -300 marque l'avènement de la période yayoi, caractérisée par la diffusion du bouddhisme qui se mêle à la religion nationale, le shinto. La Voie des esprits » Le shintô, ou shintoïsme, est la Voie des esprits », la religion nationale d'origine au Japon. Il s'agit d'un culte aux esprits, les Kamis», présents sous toutes les formes, animaux, sources, vents, montagnes, forêts, pierres... C'est une forme d'animisme, de croyance en l'existence d'une âme propre en toute chose. Religion impériale, le shintô repose également sur le culte rendu à l'empereur régnant et à sa dynastie. Jusqu'en 1 945, l'empereur est un dieu vivant, descendant de la déesse du soleil Amaterasu. Depuis cette date, le shintô est toujours pratiqué au Japon, car si l'empereur n'est plus divin, sa fonction le demeure. Le shintô Période de Nara 710-794 C'est en 707 que l'impératrice Gemmei 661-711 décide, lors de son avènement, de vivre à Nara, au lieu de changer de résidence, comme le voulait la tradition. Promue officiellement capitale en 710, Nara devient le foyer d'une civilisation brillante. C'est durant cette période qu'est promulgué le Yôrôrit-Suryô , ensemble de lois composées entre 710 et 718. Adepte du bouddhisme, la famille impériale favorise sa diffusion et en fait pratiquement la religion d'État du Japon. La forme du Bouddha la plus révérée est celle du Bouddha Amida, c'est-à-dire le rédempteur », celui qui promet au croyant le soukhavati, pays pur de l'Ouest », pour y accomplir sa réincarnation. En opposition totale au bouddhisme Amida, fondé sur une confiance totale et l'attente du soukhavati, se développe le bouddhisme zen, prônant lui l'effort pour trouver la voie de l'illumination, qui finira par devenir la forme majoritaire au Japon. Période de Heian 794-1185 C'est celle de la nouvelle capitale, Heian, la Cité de la paix », devenue plus tard Kyoto. Le paysage politique se coupe en deux Heian connaît les splendeurs de la cour impériale, un raffinement inégalé des moeurs et des arts, mais un empereur sans réel pouvoir; le reste du pays tombe aux mains de puissants barons, appuyés par une noblesse guerrière et féodale. La famille des Fujiwara place sous tutelle les souverains pendant presque toute la période, s'octroyant le titre de Kampaku, régent. La religion est marquée par l'apparition, au X e siècle, des deux grandes sectes bouddhistes japonaises la secte Tendaï, panthéiste, système proche du culte des kamis dans le Shintô, et la secte Shingon, aux pratiques tantriques. Le Dit du Genji Le Genji monogatori, ou Dit du Genji, est considéré comme le chef-d'oeuvre de la littérature japonaise médiévale, voire de tous les temps, au Japon. C'est l'oeuvre de Dame Murasaki Shikubu, de la puissante famille des Fujiwara, bien placée au service personnel de la fille d'un empereur, pour observer et décrire les moeurs raffinées de la cour impériale de Heian. L'histoire est celle d'un jeune homme beau comme un dieu, le prince Genji, dont la beauté émeut toutes les femmes. L'intrigue conduit à dévoiler les complots des grandes familles, des impératrices, chacune soucieuse de transmettre le trône à leur fils. Mais l'intérêt principal du roman tient à la description précise des sentiments et de leur mode d'expression. La période Heian est, à la cour, celle d'un art de vivre parvenu à sa plus grande finesse, mais accompagné d'un mal de vivre qui ne l'est pas moins. En proie en permanence au spleen, au mal-être, impuissants à se réaliser, les personnages expriment leurs états d'âme en des codes délicats. C'est ainsi qu'une Dame, invisible dans son palanquin, laisse à la portière pendre un jeu subtil de manches Le Japon féodal 1185-1573 Avec l'arrivée au pouvoir, en 1185, de Yoritomo 1147-1199, l'homme fort du clan Minamoto, le Japon entre dans une ère nouvelle. Désormais les shoguns détiendront réellement le pouvoir, les périodes seront nommées d'après la capitale choisie par eux. Jusqu'en 1868, l'empereur est confiné avec sa cour, sans pouvoir, dans ses palais de Kyoto. Son rôle est exclusivement religieux, son influence politique inexistante. Les grandes familles de seigneurs locaux, les daimyo, s'allient ou se massacrent en fonction des nécessités du moment, chacune aspirant à parvenir au pouvoir suprême, au shogunat. La période Kamakura 1 185-1333 Deux familles accaparent le pouvoir, les Minamoto d'abord, puis les Hojo après 1199. C'est le moment d'affermissement de la caste guerrière des Samouraïs, soumis à un code de l'honneur, le Bushido, ou Voie du guerrier ». Ils sont également influencés par le zen bouddhiste, Chan en chinois, courant qui rejette les textes, leur étude, le rite, au profit d'une pratique, la méditation, et d'un système de questions-réponses, destinés à provoquer l'illumination. Le moine Mysan Eisai introduit en 1191 le zen au Japon. Deux tentatives d'invasions mongoles échouent, en 1 274 et 1 281 . Le shogun installe sa capitale à Kamakura, ville qui donne son nom à la période. En 1333, depuis Kyoto, l'empereur s'efforce de reprendre le contrôle du pays, mais la tentative échoue rapidement. Une nouvelle famille, les Ashikaga, parvient au shogunat, renvoie l'empereur dans sa cage dorée. La période Muromachi 1333-1573 Elle doit son nom au quartier de Kyoto où le nouveau shogun Ashikaga installe son bakufu, le gouvernement sous la tente ». Les Ashikaga restaurent l'autorité de l'État, mais sans disposer du pouvoir de leurs prédécesseurs, et reconnaissent même sur le Japon la prééminence, en apparence, de la Chine des Ming. Des hobereaux, petits nobles de province, les daimyo, enrichis par les revenus en riz de leurs terres, leur disputent le pouvoir. Vers 1543, le premier navire européen parvient au Japon. L'influence culturelle de la Chine y est alors, dans les milieux dirigeants, doublée de celle des pères jésuites, conduits par saint François Xavier, qui y séjourne de 1549 à 1551 . Le christianisme connaît un certain succès. Mais les querelles intestines sapent l'autorité des Ashikaga. En 1573, le dernier shogun de cette famille est renversé. L'unification le shogunat d'Edo des Tokugawa 1573-1867 La période Edo doit son nom à celui de la ville de Tokyo, Edo. C'est le lieu choisi par la puissante famille Tokugawa pour y installer son gouvernement à partir de 1600. Les Tokugawa conservent le shogunat jusqu'à la grande réforme de 1867. C'est l'époque de la grande fermeture du Japon sur lui-même. Les étrangers y sont interdits, les Japonais ne peuvent quitter l'archipel. De rares contacts culturels, surtout commerciaux avec les seuls Hollandais, sont maintenus sur un îlot au large de Nagasaki. Le christianisme est exclu, et plusieurs vagues de persécution frappent les chrétiens, notamment en 1596-1598 et 1614-1616. Les missionnaires sont expulsés. Dans la société japonaise, le groupe des marchands est favorisé, acquiert de l'importance, alors que les paysans sont ruinés par les guerres précédentes, et les seigneurs lourdement endettés. La paix civile imposée par les Tokugawa porte un rude coup à la caste des samouraïs, de plus en plus fréquemment sans emploi faute de conflits locaux. En février 1 854, sous la menace d'un bombardement de la part de son escadre, le commodore Matthew C. Perry a obtenu l'ouverture des ports japonais au commerce américain. Les révoltes contre la présence des barbares », attribuée à la faiblesse du shogun, se multiplient et contraignent Yoshinobu Keiki, le dernier shogun, à la démission. Le jeune empereur Mutsuhito 1867-1912 en profite pour rétablir à son profit la monarchie absolue et transfère en 1869 sa capitale à Edo, alors rebaptisée Tokyo. Nô comment À l'origine, le théâtre Nô est un spectacle mêlant différents arts, jongleur, acrobate, pantomime et des danses agraires pratiquées par les communautés paysannes, destinées à s'assurer la faveur des dieux et de bonnes récoltes. Les premiers shoguns Ashikaga sont grands amateurs de cet art subtil et complet. Ils encouragent ainsi l'acteur Motokiyo Zeami 1363-1443 à codifier les pratiques, fixées en 1 423 dans le traité Fushi kaden La Transmission de la fleur et du style ». Une représentation de Nô dure en général une journée, avec la présentation de cinq pièces durant entre 30 minutes et 2 heures chacune, accompagnées de musique et d'un choeur. Le texte et sa diction sont très codifiés, tout comme les postures et les masques employés. Deux thèmes dominent, la vie humaine et ses tourments ou celle des créatures fantastiques, dieux et démons. Seuls les hommes incarnent les personnages, y compris féminins, joués alors avec un masque. Deux acteurs dominent la scène, le Shite, rôle principal, capable de tout jouer et de danser, et le Waki, son compagnon, serviteur, qui le met en valeur. Depuis 2001 , le Nô est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Alors que le Nô est à l'origine un art de cour, le kabuki est la forme populaire du théâtre au Japon. Il naît au début du XVII e siècle. Spectacle comique, accompagné de danses grotesques, destinées à faire rire, il est à l'origine joué par des femmes, puis celles- ci sont interdites de scène. Les acteurs sont alors des adolescents, puis, interdits à leur tour, ils sont remplacés par des hommes grimés et maquillés en femmes, les Onnagata, ou fleurs du Kabuki », adulés du public. Le Japon moderne, depuis 1868 Mutsuhito, dont le nom de règne est Meiji Tennô empereur du Renouveau », ouvre l'ère Meiji, celle de la modernité du Japon, avec la suppression du système féodal et le désarmement de la caste des Samouraïs. Lois et institutions sont modifiées et s'inspirent des modèles occidentaux. Les réformes économiques font sauter le verrou des corporations, libérant l'activité. Les hiérarchies sociales traditionnelles disparaissent. Désormais, les ères coïncident avec le règne personnel d'un empereur ère Meiji du Renouveau de Mutsuhito 1867-1912, ère Taisho de la Grande justice de Yoshihito 1912-1926, ère Showa de la Paix éclairée de Hirohito 1926- 1989 et depuis 1989, ère Heisei de la Paix universelle de l'empereur actuel Akihito né en 1933. L 'ère Meiji 1867-1912 L'oeuvre accomplie par l'empereur Mutsuhito durant son règne est impressionnante. Elle repose sur la mise à l'école du Japon auprès des pays occidentaux les plus développés. Dans un même élan, le jeune souverain élimine le Japon féodal, transfère la capitale à Tokyo, forge une nouvelle identité nationale religieuse, fait adopter les techniques les plus modernes. Une brève liste permet de parcourir ce programme colossal ^1869 institution d'un shintô d'État, culte de fidélité à l'empereur. 1871 la féodalité est abolie. »» 1872 l'enseignement primaire et le service militaire sont obligatoires. 1877 première ligne de chemin de fer Tokyo-Yokohama; la dernière révolte des samouraïs, du clan Satsuma, est brisée. 1899 application d'une nouvelle Constitution parlementaire. * 1894-1895 guerre sino-japonaise, victoire sur la Chine; annexion de Taïwan. v 1 904-1 904 guerre russo-japonaise, victoire sur la Russie. ^ 1 91 0 le Japon annexe la Corée. L'ère Taisho 1912-1926 L'empereur Yoshihito 1879-1926, fils de Mutsuhito, poursuit la modernisation économique du pays et son ouverture au mode de vie occidental, accepté avec enthousiasme dans la haute société, friande de garçonnes et de rythmes de jazz. Le Japon aussi connaît alors ses années folles. Mais une inquiétante évolution se fait jour. Après s'être rangé dans le camp des alliés contre l'Allemagne, en 1914, le gouvernement japonais laisse une place de plus en plus grande aux militaires, qui finissent par le contrôler. Une catastrophe naturelle endeuille le pays, le 1 er septembre 1923, un tremblement de terre, dans la région de Tokyo provoque un désastre plus de 140 000 morts. La capitale, largement détruite, subit de plus le plus gigantesque incendie de son histoire. L'ère Showa 1926-1989 Hirohito 1909-1989 connaît l'un des plus longs règnes de l'histoire 1926-1989. Peut-être faut-il prendre en compte cette longévité pour expliquer, en partie, les drames connus ou infligés par le Japon durant cette période. Les années 30 marquent la prise de pouvoir par des cabinets militaires, fanatiquement dévoués à l'empereur, et désireux de réaliser le Grand Japon » qui asservirait à son profit l'Asie du Sud-Est. La principale victime en est la Chine, dont le Nord est occupé dès 1934. Le 7 décembre 1941, en attaquant une partie de la flotte américaine stationnée à Pearl Harbor, le Japon entre dans la Seconde Guerre mondiale. Après une phase conquérante en 1942, il en sort épuisé, vaincu, anéanti par les deux bombes atomiques lâchées le 6 août 1945 sur Hiroshima et le 9 août 1945 sur Nagasaki, provoquant, sur le moment et à plus long terme, plus de 350 000 victimes. Le 2 septembre 1 945, le Japon capitule sans condition. Little Boy C'est le nom donné à la première bombe atomique de l'Histoire. Le 6 août 1945, le bombardier Enola Gay décolle, transportant une bombe de 20 kilotonnes. À 8 h 15 la bombe est larguée au-dessus d'Hiroshima, à près de 9 000 m, et explose à 600 mètres du sol. Dans un périmètre de 500 mètres autour du lieu de l'explosion, tout est anéanti. La ville entière est rasée. 75 000 personnes périssent sur le champ, mais deux fois plus dans les mois et les années qui suivent, victimes des radiations. En 1949, le Parlement japonais proclame la ville Cité de la Paix. En son centre, après la reconstruction, seul le bâtiment du dôme Genbaku est resté en l'état, en mémoire des morts. Chaque année, des milliers de Japonais envahissent le Parc de la Paix pour une cérémonie commémorative, et un appel solennel à la paix entre les peuples. Le Japon contemporain Placé entre 1945 et 1951 sous administration américaine, sous le commandement du général Mac Arthur, le Japon recouvre son indépendance avec le traité de San Francisco. Démocratisé, accordant à l'empereur un rôle honorifique et symbolique, le pays entreprend une fulgurante ascension économique, devenant un modèle pour cet Occident qu'il avait lui-même copié à la fin du XIX e siècle. La mort de l'empereur Hiro-Hito, en 1989, clôt une ère douloureuse. Le nouveau souverain, Aki-Hito, place d'emblée son règne dans une perspective de développement harmonieux, en choisissant de lui donner le nom officiel d'ère Heisei de la Paix Universelle». Tableau 4-2 Les grandes dates du Japon Date Période Événement 660- 300 av. Période Jomôn ou de la •" Jelly Roll Morton 1885-1941, pianiste faisant le lien entre ragtime et jazz dans les années 1920, Duke Ellington 1899-1974, pianiste et chef d'orchestre, et Django Reinhardt 1910-1953, guitariste gitan, premier grand musicien de jazz européen, font partie des pionniers. ^ Louis Armstrong 1901-1971 fut un chanteur et un trompettiste exceptionnel. ^ Count Basie 1904-1984, pianiste, compositeur et chef de big band grand orchestre, est à l'origine du swing» dans les années 1930 et Gillespie 1917-1993, trompettiste, est un pionnier du bebop », dontCharlie Bird» Parker 1920-1955, saxophoniste alto, sera considéré comme le maître incontesté. r Le contrebassiste Charlie Mingus 1922-1979 allie le jazz moderne et le blues, tandis que le trompettiste Miles Davis 1926- 1991 est l'initiateur de la fusion jazz/rock des années 1960. ^ John Coltrane 1926-1967, au saxo ténor et au saxo alto, et Oscar Peterson 1925-2007, au piano, sont réputés pour leurs improvisations. ^ Chanteuse de blues, Bessie Smith 1894-1937 exerça une forte influence sur le jazz et la pop. Dans le domaine du jazz, Billie Holiday 1915-1959 fut à son zénith dans les années 1930 et 1940. Sax alors ! Curieusement, ce n'est pas un Américain, mais un Belge, Adolphe Sax 1814-1894, qui dépose le brevet d'invention du saxophone en 1846. Instruments à vent, le saxophone se décline selon un grand nombre de variétés. Six de ses quatorze tailles sont d'ailleurs toujours utilisées saxophone contrebasse, basse, baryton, ténor, alto, soprano. Rarement utilisé dans la musique Le rock Il tire son origine d'un compromis entre la country music, musique populaire américaine, le bluegrass, du nom des bluegrass boys, le premier groupe de Bill Monroe 1916-1986, et le rythm and blues, l'une des formes d'expression du jazz. Dans les années 1950, il est vulgarisé aux États-Unis sous le nom de rock and mil titre d'une chanson de 1934; littéralement, balance et roule». Avant l'avènement des Beatles et des Rolling Stones, le plus grand rocker de l'époque est sans conteste Elvis Presley 1935-1977, alias le King». Le disco Le style disco a été indiscutablement lancé par le film de John Badham, La Fièvre du samedi soir, qui a révélé John Travolta né en 1954. Puis le succès de Grease a contribué à imposer le genre, qui évolue peu à peu vers le funk, c'est-à-dire une interprétation sensuelle de la musique populaire. Lerap Le mouvement se rattache à celui du hip hop de l'anglais to be hip, être dans le vent », et to hop, sautiller». La rythmique en est fortement saccadée. Rap, en anglais, signifie frapper». Le premier tube est enregistré à New-York sous le titre Rapper's Delight », en septembre 1 979, par le Sugar Hill Gang. Le reggae Dérivé du Calypso, musique de carnaval des Antilles, le reggae s'impose comme une musique jamaïcaine des années 1 940, découverte en Occident en 1974, lors de la reprise d'un titre de Bob Marley 1945-1981, I Shot the Sheriff ». Bob Marley, prophète rasta Bob Marley 1945-1981 est considéré comme le premier prophète rasta, du nom du mouvement rastafari, créé à la Jamaïque dans les années 1930, puis exporté aux Etats-Unis. Être rasta, c'est adopter un mode de vie, une philosophie de l'existence fondés à la fois sur le christianisme, la culture africaine - surtout éthiopienne -, le marxisme et l'hindouisme. Il s'agit de montrer que les personnages les plus importants de la Bible sont noirs. Leur descendant spirituel serait l'empereur d'Éthiopie Haïlé-Sélassié I er 1892-1975, couronné en 1930. Véritable messie, appelé Jah» abréviation du nom de Dieu, Jéhovah, il incarnerait l'espoir de tout le peuple noir. Les rastas sont, en principe, végétariens, ne boivent pas d'alcool, n'approchent pas les morts. Ils se passent d'églises et de hiérarchie ecclésiastique, mais reconnaissent l'autorité symbolique d'Haïlé-Sélassié. Ils fument le chanvre suivant un rite spécifique, car cette plante aurait poussé sur la tombe du roi Salomon. La techno La techno est née à Chicago, mélange de synthétiseur et de musiques à rythme diffusés simultanément. Elle est sans cesse remise à jour grâce au détournement d'autres musiques. Dansez maintenant danses, danseurs et chorégraphes La danse, selon la définition acceptée, est l'art de mouvoir son corps selon un rythme et un espace déterminé. L'histoire de la danse, c'est celle de l'évolution de la société toute entière, et de son rapport au corps en mouvement. Danses populaires de cour, sacrées ou liées aux grands événements de la vie, elles sont toutes là, toujours présentes. Seule leur forme diffère, en fonction de l'époque considérée et des effets de mode. La danse dans l'Antiquité Les Grecs considéraient la danse comme l'art harmonieux par excellence. En ce sens, elle ne saurait avoir qu'une origine divine. Les trois muses associées à la danse attestent de cette origine Uranie, également muse de l'astronomie, Polymnie et Terpsichore dont le nom signifie celle que la danse rejoint ». Durant l'Antiquité, la danse sert essentiellement à deux choses, honorer les dieux et préparer la guerre. Les Grecs pensaient que la danse était apparue en Crète, chez les Kourètes. Des hommes entrechoquant leurs armes, boucliers, épées, qui frappent le sol de leur pied en tournant sur eux-mêmes et en poussant des cris de guerre. Ceci semblait poursuivre un double but faire fuir les mauvais esprits, et fertiliser la nature. La danse au Moyen Âge Au Moyen Âge, la danse est réservée à des gens très jeunes à nos yeux, pré-adolescents et adolescents. Elle est un spectacle donné à voir, la somptuosité de la vêture, l'éclat des bijoux, les parfums enivrants comptent plus que les pas dansés. C'est dans le peuple que se réfugie la joie de danser, main dans la main. À ses débuts, l'art de la danse est associé au sacré. Mais l'Église la condamne, ainsi que son usage dans le culte, les théologiens demandant même, en 589, l'intervention de l'appareil judiciaire contre les danseurs dans les églises. Pourtant au cours du Moyen Âge occidental, certaines danses se maintiendront dans les églises les rondes et caroles. La carole du grec Khoreia est un terme générique pour désigner la danse en rond. C'est une danse collective où les danseurs se tiennent par la main et forment un cercle, forme parfaite d'essence divine. Au XIII e siècle, elle devient un divertissement aristocratique. Tournez, tournez Les derviches tourneurs appartiennent à une branche ésotérique de l'islam le soufisme de l'arabe taswwuf, ceux qui portent des vêtements de laine». La danse soufie est une recherche de l'union en Dieu. La confrérie des derviches tourneurs est fondée par le poète Djalal al-Din Rumi 1207-1273, auteur du Miaenavi, traité de l'extase conçue comme moyen d'entrer en contact avec Dieu. Les danseurs perdent la conscience de leur être propre et du monde qui les entoure, au profit d'un mouvement mystique, d'un irrésistible appel à se joindre au divin. Pour le derviche, le fait de tourner indique l'adhésion de l'esprit à Dieu par son mystère et son être. Le mouvement circulaire de son regard et de sa pensée ainsi que la pénétration des degrés existants sont autant d'éléments qui constituent l'état d'un chercheur de vérité. La danse à la Renaissance Le ballet, bien que déjà présent en puissance dans les mascarades du Moyen Âge, fait son apparition en Italie à la fin du XV e siècle. Avant de parler véritablement de ballet, il faut attendre 1581, date à laquelle pour la première fois, dans la salle du petit Bourbon au Louvre, un ballet est donné à l'occasion du mariage du duc de Joyeuse. Son évolution ne cesse de se poursuivre jusqu'à l'époque contemporaine. L'un des tout premiers ballets est le Ballet comique de la reine, de Balthasar de Beaujoyeulx v. 1535-1587, représenté pour les noces du duc de Joyeuse et de Mademoiselle de Vaudémont, soeur de la reine, en 1581 . Les maîtres à danser font alors leur apparition dans tout le pays. Ils rédigent les premiers manuels de danse et les premières écoles sont fondées. Les mots de la danse Arabesque attitude dans laquelle le danseur se tient en équilibre sur une pointe, l'autre jambe tendue vers l'arrière, le buste rejeté en arrière et les bras tendus vers le haut. Ballerine danseuse de ballet. Barre barre scellée au mur qui sert d'appui aux danseurs pour leurs exercices. Battements mouvements de jambe de haut en bas, latéralement, ou d'avant en arrière. Corps de ballet ensemble de danseurs de ballet qui ne sont ni solistes ni étoiles. Entrechat saut pendant lequel les pieds battent rapidement l'un contre l'autre. Fouetté tour rapide sur une pointe durant lequel l'autre jambe décrit un mouvement de toupie. Glissade pas glissé. Jeté saut lancé d'une jambe sur l'autre. Pas de deux passage interprété à deux. Pirouette tour entier exécuté sur la pointe ou le talon d'un seul pied. Plié fléchissement des genoux, dos droit. Positions les cinq positions classiques des pieds utilisées en choréqraphie. La danse classique Du XVII e au XVIII e siècle, la danse est essentiellement un exercice aristocratique, destiné à être vu les danseurs se montrent bien plus qu'ils ne prennent plaisir à danser. L'usage veut qu'on soit trop vieux à 20 ans pour continuer à danser, usage auquel Louis XIV met fin en dansant encore dix ans plus tard, tant il apprécie cet art. Destinés d'abord à l'aristocratie, les ballets de cour prennent des formes théâtrales complexes l'une des finalités est de mettre en valeur la puissance des monarques. Ils déclinent vers 1670 pour laisser place aux ballets d'action, lesquels racontent une histoire sans l'apport de la parole chantée. En 1661 , Louis XIV, grand admirateur de la danse et danseur occasionnel lui-même, fonde l'Académie royale de danse, qui deviendra en 1684 l'Académie royale de musique et de danse. Les premiers danseurs professionnels font alors leur apparition. Les femmes peuvent commencer à monter sur scène. Dès le début du XVIII e siècle, le besoin de danse en action» se fait sentir. Les premières tentatives ont lieu en Angleterre. John Weaver 1673-1760 y monte des spectacles qui mêlent adroitement danse et mime. L'Autrichien Franz Hilferding 1710-1768, l'Italien Gasparo Angiolini 1731-1803 et le Français Jean Georges Noverre 1727-1810 imposent leur conception du ballet, dansé sur des suites d'airs empruntés aux opéras, symphonies, romances. L'abandon du masque, des perruques et autres colifichets encombrants, jusqu'alors de rigueur, ainsi que l'évolution de la mode, marquée par un allégement du costume et par l'apparition de la chaussure à talon plat, favorisent une progression considérable de la technique. A l'aube du XIX e siècle, tout est prêt pour amener l'éclosion du ballet romantique. La danse contemporaine Elle naît véritablement avec les ballets russes de Diaghilev, puis s'incarne sous des formes multiples, en fonction des compagnies, maîtres de ballet, créateurs et danseurs étoiles. Les ballets russes, fondés en 1909 à Saint-Pétersbourg, sont inséparables de l'influence des aquarellistes allemands et anglais, des peintres russes et finnois, ou des impressionnistes français. À leur tour, ils entraîneront d'autres arts dans leur sillage peinture, musique, littérature, influençant jusqu'à la danse jazz avec les positions, et la gymnastique rythmique avec leur saut. Leur apport fut d'autant plus décisif qu'aux XVIII e et XIX e siècles, les ballets étaient très réglementés il existait cinq positions pour la danse; le Sacre du Printemps en révèle deux supplémentaires. Dans les ballets classiques, les danseuses ne pouvaient porter que des tutus; dans les ballets russes, chaque rôle a son propre costume, afin de différencier les personnages. Les décors, qui ne tenaient qu'une place secondaire, sont confiés à de grands peintres. Certains noms ont connu dans l'art de la danse des destinées exceptionnelles v Marius Petipa 1822-1910, danseur et chorégraphe, acquiert une célébrité mondiale par ses ballets Casse-Noisette, Le Lac des cygnes. La plus grande partie de sa carrière se déroule en Russie, où il travaille pour le Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg. Serge Lifar 1905-1986, soliste des ballets russes, devint chorégraphe et maître de ballet à l'Opéra de Paris. r De même, Vaslav Nijinski 1890-1950, qui suscite en dansant L'Après-midi d'un faune sur le poème de Mallarmé et une partition de Claude Debussy, au théâtre du Châtelet, un grand scandale par l'audace de son interprétation. ^ Georges Balanchine 1904-1983 donne naissance au New-york City ballet en 1948, où il renouvelle la chorégraphie par des mouvements nouveaux, plus vifs, rythmés, sollicitant davantage le corps tout entier. ^ Maurice Béjart 1927-2007, danseur et chorégraphe, fonde en 1960 le Ballet du XX e siècle et s'affirme comme un créateur original, aux sources d'inspiration variées. ^ Rudolf Noureev 1938-1993, danseur, chorégraphe et metteur en scène russe, débute sa carrière au Kirov de Leningrad en 1958. En tournée avec la compagnie à Paris en 1961, il choisit de rester en Occident, où il se produit dans diverses troupes. Il est pendant longtemps le partenaire de Margot Fonteyn dans le Royal Ballet, avant de devenir directeur de la danse à l'Opéra de Paris. Tableau 5-2 Les grandes dates de la danse Période Genre Artistes et oeuvres Antiquité Pantomime Lucien de Samosate, Dialogue Moyen Âge Carole ; ronde ; ballade Guillaume de Machaut Renaissance Ballet; gavotte; sarabande; chaconne XVII e siècle Ballet de cour; comédie-ballet XVIII e siècle Tragédie-ballet; ballet d'action; quadrille XIX e siècle Boléro; cancan; music-hall XX e siècle Danse moderne Biguine; Ballets russes 1 909 Serge Diaghilev, Vaslav Nijinski, Après-midi d'un faune Mallarmé/Debussy Marius Petipa, La Belle aux bois dormant, Le Lac des cygnes Isadora Duncan ; Rudolf Noureev, Schéhérazade Isadora Duncan, ou la danse tragique de la vie Isadora Duncan 1878-1927 commence sa carrière de danseuse à Londres, en se produisant dans des salons privés, puis sur des scènes de théâtre. Elle fonde en 1904 une école de danse pour les enfants déshérités. Son art, qui rappelle l'expression naturelle et spontanée de mouvements comme la marche ou la course, révolutionne la conception classique de la danse. Isadora rejette le titre et les chaussons de ballerine. Inspirée par les fresques représentant des femmes de la Grèce classique, elle leur emprunte la longue tunique, et danse pieds nus, avec pour seul ornement une longue écharpe. Sa vie est marquée par la multiplication des événements tragiques. En 1913, ses deux fils se noient, leur voiture tombe dans la Seine. Le 2 mai 1922, elle épouse le poète russe Sergeï Essénine 1895-1925, son cadet de dix-huit ans. Alcoolique, hanté par le désespoir, suicidaire, Essénine quitte Isadora en 1923. Le 18 décembre 1925, il est retrouvé pendu à un tuyau, dans sa chambre d'hôtel, à Leningrad. À Nice, elle tombe amoureuse d'un vendeur de Bugatti. Le 14 septembre 1927, au soir, le jeune homme vient la chercher dans une voiture décapotable. À son accoutumée, Isadora porte châle et écharpe. Alors que la voiture est lancée à pleine vitesse, cette dernière se prend dans les rayons de la roue arrière. Isadora meurt étranglée. Chapitre 6 Pour la beauté du geste les arts plastiques Dans ce chapitre Les grands mouvements picturaux ► La sculpture à travers les âges Ce n'est pas pour rien qu'on les appelle Beaux-Arts depuis que l'homme a saisi un outil pour orner la paroi d'une grotte, sculpter dans la pierre ou le marbre un visage familier ou élever un monument à la gloire d'une divinité, la peinture, la sculpture et l'architecture éblouissent notre regard et éclairent notre vie, la rendant plus belle et plus chatoyante. Peinture et sculpture font ici l'objet d'un traitement, succinct par la force des choses, mais particulier; l'architecture, elle, sera traitée à part dans le chapitre suivant. Ouvrez grand les yeux, le voyage commence. La peinture à travers les âges L'histoire de la peinture se découpe en plusieurs mouvements artistiques. Parcourons l'humanisme de la Renaissance, le baroque et le classicisme du XVII e siècle, l'impressionnisme et l'académisme du XIX e , le cubisme, le surréalisme, le fauvisme du début du XX e pour aboutir, après les années 1950, au pop-art et à l'hyperréalisme. La peinture de la préhistoire Les plus anciennes peintures sont celles qui nous sont parvenues intactes dans les grottes du sud-ouest en France, en Espagne, et dans d'autres parties du monde à des dates différentes. C'est un fait, l'homme a eu besoin de matérialiser ce qu'il voyait, et ce qu'il ressentait. Les peintures d'Arcy-sur-Cure, en France, ont été datées de 30 000 ans, celles de la grotte Chauvet, de 32 000 ans environ, le nombre des animaux peints dépasse 400. Lascaux est devenu depuis longtemps la Chapelle Sixtine de la préhistoire. Les peintures rupestres du Sahara, du Tassili, d'époque néolithique et post-néolithique, montrent que ce phénomène s'est partout produit. La peinture antique La peinture est un art très en faveur pendant toute l'Antiquité, et ce partout dans le monde. Concentrons-nous sur la splendeur de l'Égypte, puis sur la peinture grecque et romaine. La peinture égyptienne L'iconographie égyptienne puise ses sources d'inspiration dans la vie quotidienne. Mais elle subit les conventions imposées par le dessin. Les figures humaines ou animales, avant d'être peintes, sont toujours dessinées en fonction de normes bien établies. La tête, les bras, les jambes des personnages sont vus de profil, tandis que les yeux et le torse sont figurés de face. L'échelle de représentation varie selon l'importance des personnages pharaon doit être immense, car sa taille reflète son statut divin. Un bon profil Vous vous êtes probablement demandé pourquoi les artistes égyptiens représentent les personnages de profil. On a supposé un manque de maîtrise technique des artistes, alors qu'il s'agit d'un choix intellectuel. L'artiste égyptien représente, non ce qu'il voit, mais ce qui est essentiel et caractéristique à ses yeux. Ainsi, dans un visage, le regard. Le visage sera peint de profil, car il est reconnaissable, mais l'oeil de face, grand ouvert. Même chose pour le torse, figuré de face pour que l'on puisse voir les deux épaules. En revanche les seins, peu visibles de face, sont représentés de profil, et pendants. Les hanches sont de trois quart, et les jambes de profil, bien écartées pour être vues toutes les deux. Longtemps avant le cubisme, les Égyptiens peignent ce qui est La peinture égyptienne est étroitement liée aux rituels funéraires. Situés dans la région de Memphis, près du Caire actuel, les complexes funéraires royaux de Saqqarah et de Gizeh, les mastabas banquette» en arabe de l'Ancien Empire v. 2700-v. 2200, comportent les plus belles peintures. Ainsi, à Saqqarah, ceux de Ti, de Ptahhotep V e dynastie, ceux de Mérêrouka VI e dynastie. Les multiples aspects de la vie quotidienne repas, chasse, pêche, scènes de boucherie, banquets, thèmes agricoles, parmi des scènes d'offrandes et de culte constituent les principales représentations. La finalité est de reproduire pour le mort tout ce qu'il a eu dans la vie matérielle afin qu'il puisse aussi en bénéficier dans l'au-delà. Mais c'est dans les tombes du Nouvel Empire que la peinture atteint son point culminant. On parlera même de maniérisme devant la longueur disproportionnée des doigts des personnages. L'apparition d'éléments biographiques, renseignant sur la vie du personnage figuré, sont la nouveauté de cette période. Ainsi, dans la Tombe d'Horemheb, une grande place est faite à sa carrière militaire. La peinture gréco-romaine La découverte de fresques, en Italie, en Asie Mineure ou en Macédoine, permet de mieux connaître ce que fut la peinture de la Grèce depuis sa période archaïque jusqu'au classique. Mais qui inventa l'art pictural? Pour le savoir, les Grecs s'appuyèrent sur la logique du mythe, selon lequel la peinture ne fut d'abord qu'un simple dessin les silhouettes dessinées n'auraient été coloriées qu'après. Pline 23- 79, dans son Histoire naturelle, fait ainsi du potier Bulades de Sicyone le premier qui découvrit l'art de modeler des portraits en argile » Les peintures archaïques C'est en Asie Mineure et dans le sud de l'Italie que furent retrouvées les tombes lyciennes de Kiziibel, et celle du plongeur » à Paestrum. Elles présentent les mêmes caractéristiques, composées d'à-plats de couleurs se détachant sur fond blanc. Les figures sont entourées par un trait noir. La Tombe de Kiziibel 525 av. représente des scènes mythologiques et des scènes de banquet. La Tombe du plongeur 480 av. témoigne, elle, d'une certaine recherche psychologique. Depuis l'époque archaïque jusqu'au VI e siècle, la peinture se réduit à quelques dessins dépourvus d'aspect tridimensionnel. La peinture murale peut être comparée à celle figurant sur la céramique, au dessin ciselé, marquée par une absence de représentation spatiale. Polygnote de Thasos seconde moitié du V e siècle est le peintre des grandes compositions sur panneaux de bois accrochés aux murs. Il faut ajouter deux autres noms au sien, celui de Micon début du V e siècle et de Painos V e siècle, frère de Phidias. À la fin du V e siècle apparaissent des peintres comme Apollodore d'Athènes fin du V e siècle etZeuxis fin du V e siècle, inventeur du clair- obscur. Nicomachos de Thèbes asseoit sa réputation grâce à un Enlèvement de Perséphone fameux dès l'Antiquité. Les peintures des rois de Macédoine L'aristocratie macédonienne pratiquait l'ensevelissement dans des tombeaux recouverts d'un tumulus. Plusieurs tombes décorées en façade de fausses architectures ont été découvertes. Ainsi, à Lefkadia, la tombe dite du Jugement Dernier ». Ses compositions évoquent celles de la Villa de Boscoreale ou de la Villa des Mystères à Pompéi, dans la province de Naples, en 50 av. Pourtant, le nom le plus célèbre pour la qualité de ses peintures reste celui de Verghina, la plus ancienne capitale des rois de Macédoine. Les mosaïques et les peintures romaines, à partir du II e siècle, s'inspirent directement de ces modèles. Les peintures romaines Jusqu'à la fin du II e siècle, reprenant les techniques mises en pratique dans toute la Méditerranée héllénisée, les Romains utiliseront la technique du stuc, moulé et peint, qui imite la structure des murs. L'arrivée à Rome de certains peintres grecs, spécialisés dans les décors de théâtre, est à l'origine d'une nouvelle technique décorative la peinture à fresque. Vers le I er siècle av. les documents les plus intéressants proviennent de villas aux environs de Pompéi. Les décorations intérieures s'inspirent souvent de la statuaire, mais on retrouve aussi des fleurs, des animaux, des fruits. Certains thèmes sont parfaitement imaginaires, ou rappellent les mythes Persée délivrant Andromède, à la Maison des Dioscures. D'une qualité exceptionnelle, la Villa des Mystères nous livre les épisodes de l'initiation d'une jeune femme aux mystères dionysiaques, au I er siècle av. La peinture paléochrétienne L'art des premiers chrétiens se développe à Rome et dans la péninsule italique essentiellement, pendant les quatre premiers siècles de notre ère. Les premiers symboles chrétiens apparaissent dans les nécropoles que sont les catacombes, vastes cimetières souterrains. Les tombes les plus importantes sont décorées de fresques, de symboles tels le chrisme, les lettres grecques servant à écrire le nom du Christ, l'alpha ou l'oméga, qui désignent Dieu comme le commencement et la fin de toute chose, ou encore le poisson Ichtyos, à rapprocher de lesus Christos. Un des thèmes qui revient le plus fréquemment est celui du bon pasteur auprès de ses brebis. Il est aussi figuré sur les sarcophages, avec la Vierge à l'enfant et le Christ Pentocrator , tout puissant », largement exploité. La peinture médiévale Le peintre de l'époque médiévale est le plus souvent un artisan. Au service de Dieu, il enlumine les manuscrits dans les abbayes, peint les chapiteaux et les murs des chapelles et des églises. Plus rarement, en qualité de peintre de chevalet, il peut laisser un nom. Art sacré par excellence, la peinture médiévale reflète bien son époque, tournée vers la Cité de Dieu plus que vers celle des hommes. Roman et préroman XI e au XIII e siècles La peinture romane est caractérisée par la grande variété de supports qu'elle utilise parchemin, bois, panneaux de bois, murs, enluminures, qui impliquent différentes manières de peindre. La peinture, à cette époque, a plusieurs buts pas seulement décoratif, comme sur les manuscrits, les enluminures, ou les façades des édifices ; son but didactique est essentiel. Avec des lignes directrices aucun décor n'est représenté et peu de détails sont figurés. Les relations entre les personnages ne sont pas suggérées, on préfère représenter ces derniers de face. L'héritage germanique se traduit aussi par un art abstrait, non figuratif, multipliant les entrelacs et les représentations stylisées de végétaux. La peinture de chevalet XIII e au XIV e siècles La peinture de chevalet se développe du XIII e au XIV e siècles, à l'occasion de la réalisation de retables ou panneaux de bois peints à plusieurs volets, représentant des scènes religieuses. Principaux sujets évoqués la Vierge à l'enfant, la vie de Saint François d'Assise, ou les épisodes de la vie du Christ. Lorsque le retable comprend deux parties, on le nomme diptyque s'il y en a trois, triptyque. En France, la peinture atteint son apogée sous le règne de Saint Louis roi de France de 1226 à 1270, durant la seconde moitié du XIII e siècle. Elle s'exprime principalement par des enluminures, par l'art d'enrichir, de représenter par de multiples couleurs. Les livres à l'époque sont de véritables trésors de rareté. Ainsi les ouvrages de prière appartenant aux hauts personnages, dits Livres d'heures, rythment l'année et indiquent les principales fêtes religieuses, ainsi que les prières appropriées à chaque heure du jour. Le chef d'oeuvre absolu reste les Très riches heures du duc de Berry, illustrées par les frères de Limbourg pour le fastueux frère du roi Charles V, au XIV e siècle. Deux figures émergent Jean Fouquet v. 1420-1480, infatigable propagandiste royal et miniaturiste au talent délicat; Enguerrand Quarton v. 1415-1466, peintre du sacré dont l'oeuvre influence les primitifs flamands et la pré-Renaissance italienne, auteur de la Piéta de Villeneuve-lès-Avignon. La peinture de la Renaissance Souvent considérée comme l'âge d'or de la peinture, la Renaissance couvre la période allant du XIV e au XVI e siècles. Elle est associée en Italie à la découverte des sciences de l'Antiquité, de sa littérature et de ses arts. Mais c'est aussi, en Europe, un moment capital, marqué par des découvertes géographiques importantes, qui font reculer les frontières du monde. Ce mouvement artistique est donc lié à l'euphorie d'une reprise économique et démographique, et à la mise en place de structures nouvelles. La Renaissance débute en Italie, plus précisément au nord, en Toscane, entre 1300 et 1400, et prend le nom de trecento. Les artistes opèrent une transition entre l'art primitif byzantin et le style naturel de la peinture antique romaine. Certains historiens font débuter la Renaissance avec Giotto di Bondone 1266-1337 , et Cimabue 1240-1302, d'autres attendent le début du XV e siècle. L'art s'exprime d'une façon nouvelle. On glisse d'une peinture de l'âme » à une peinture de l'esprit ». Tout va peu à peu s'ordonner autour de l'homme et de sa vision individuelle. Et la peinture florentine est à la pointe de ce mouvement. Trois peintres s'imposent Giotto est le père de la peinture moderne, jusqu'au milieu du XIX e siècle. Il introduit de grandes nouveautés, notamment la/o; d'isocéphalie, qui réclame une hauteur commune pour la tête des personnages figurés. Le fond or traditionnel de la peinture byzantine est remplacé par un ciel bleu. Élève de Cimabue, Giotto sait donner à ses fresques une émotion dramatique Vie de saint François à Assise et église de la Santa Croce à Florence, Scènes de la vie du Christ, à l'Arena de Padoue, pour la chapelle des Scrovegni. ^ Cimabue, maître de Giotto, puise son inspiration à la source byzantine qui l'a formé. La nouveauté qu'il introduit passe par quatre types de recherche le langage vif utilisé dans l'art romain tardif, la miniature médiévale, la grande sculpture romane, et enfin celle de Nicola Pisano v. 1220-1284, portant la tradition byzantine à sa capacité d'expression maximale en se lançant dans une recherche innovatrice sur les formes et sur les couleurs mosaïque du Saint Jean de la cathédrale de Pise. v Piero Dei Franceschi, dit Piero Délia Francesca v. 1420-1492 est né en Toscane, et peint ses premières oeuvres à Sienne, puis à Urbino le Polyptique de la Vierge de la Miséricorde, Le Baptême et la Flagellation du Christ. Il se consacre à partir de 1 452 à son oeuvre majeure, la décoration de l'église Saint François d'Arezzo, autour du thème de la légende de la Croix. Les dernières années du peintre sont assombries par la cécité totale dont il est frappé. Le quattrocento XV e siècle L e quattrocento marque les débuts de la première Renaissance, avec des recherches sur la perspective, les proportions et la représentation de paysages. Florence devient la ville phare incontestée de la pensée artistique. À Florence Florence est dirigée par la célèbre famille des Médicis. Leur richesse provient du commerce de la laine, mais leur puissance s'est assurée grâce aux banques et à la politique. La ville doit son rôle et son rayonnement à Laurent le Magnifique 1449-1492 et à Cosme de Médicis 1389-1464. Dirigées par des familles princières, la plupart des villes italiennes rivalisent pour produire ce qu'il y a de plus beau, afin d'exprimer leur puissance. À Ferrare, la famille Este, à Mantoue, les Gonzague... L'artiste devient une personnalité recherchée et encouragée par ces mécènes. Ainsi, sont restés gravés les noms suivants ^ De son vrai nom Tommaso di sei Giovanni di Mone Cassai, Masaccio 1401-1428 adapte à l'héritage de Giotto l'enseignement de la nouvelle perspective et des techniques plus récentes, donnant par exemple à la figure humaine une représentation libérée. Il est l'auteur d'une partie des fresques de la Chapelle du cardinal Brancacci dans l'église Santa Maria del Carminé à Florence. ^ Fra Angelico 1400-1455 est l'un des peintres florentins les plus célèbres du quattrocento. De son vrai nom Guido di Pietro, il serait issu d'une famille plébéienne très aisée de la région de Florence. À l'âge de 20 ans, il revêt l'habit blanc et noir de frère prêcheur, à Fiesole, et peint un nombre important de retables, dont le Triptyque de saint Pierre Martyr. En 1436, il réalise une grande Lamentation pour la congrégation de Santa Maria délia Croce. Il aborde la fresque pour la première fois au couvent de San Marco, représentant les principaux sujets du Nouveau Testament. Son art est empreint d'une suavité et d'une douceur infinies. * Florentin de naissance, Sandro Botticelli 1445-1510, né Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi, est issu d'un milieu modeste. Son travail avec des artisans influença beaucoup la ligne de son dessin. Appelé en 1 481 par le pape Sixte IV à Rome, il réalise trois fresques pour la Chapelle Sixtine Les Épreuves de Moïse, Les Épreuves du Christ, La Punition de Koré. De retour à Florence, il peint La Naissance de Vénus en 1484. Trouvant son inspiration dans les sujets mythologiques et allégoriques, il fit de la femme un de ses sujets de représentation favoris. À Sienne Prenant d'une certaine façon le relais de Florence, Sienne devient au XV e siècle un foyer artistique de premier ordre. Elle garde néanmoins un style propre, avec ses fonds dorés et ses corps allongés. L'école siennoise compte plusieurs représentants illustres ^ Andréa Mantegna 1431-1506, grand théoricien de la perspective, introduit un nouveau type de composition fondé sur les diagonales. Adepte des scènes religieuses, il est l'auteur d'une série de toiles consacrées au Triomphe de César, en 1489. Son chef-d'oeuvre reste un ensemble de fresques réalisées pour la Caméra degli sposi du Palais ducal de Mantoue, avec lesquelles il pose les bases de la peinture scénographique. n* Pisanello 1395-1455, qui se fit remarquer par son goût pour les descriptions minutieuses, son style précieux et élégant, est l'auteur d'un grand nombre de dessins pour des médaillons, destinés aux cours de Naples, Vérone et Milan. Ainsi, le Portrait d'une princesse de la maison d'Esté 1 443, portrait de profil d'une jeune femme se détachant sur un fond floral. Il restitue par ailleurs avec soin la nature dans ses moindres détails. Son oeuvre principale Saint Georges délivrant la princesse Trébizonde 1 438. À Venise La République de Venise constitue le troisième grand centre artistique de la Renaissance. La ville a su s'émanciper politiquement de l'Empire byzantin, tout en conservant des liens privilégiés par le commerce avec l'Orient. Elle garde néanmoins une forte tradition gothique, teintée d'originalités locales. Précurseur de l'école vénitienne, Giovanni Bellini 1430-1516 marque une rupture très nette avec le style gothique par sa volonté d'effacer les différences entre monde sacré et monde profane, et son attachement à une rigueur géométrique. Il apprend le métier de peintre dans l'atelier paternel. Ses premiers travaux sont de petits panneaux peints où figure son thème de prédilection, la Vierge à l'enfant. Il travaille tous les thèmes, devenant une source d'inspiration pour les autres peintres le goût de la nature, celui des formes épanouies, l'expression du sentiment. Parmi ses oeuvres notables La Résurrection du Christ 1475-1479, Le Doge Leonardo Loredano 1 501 , La Femme à la toilette 1515. La haute Renaissance 1500-1530 Les principaux foyers de la peinture de la haute Renaissance en Italie restent Florence, qui va vers son déclin, Rome et Venise. C'est néanmoins à Florence que rayonnent trois grands maîtres de la peinture du XVI e siècle r Léonard de Vinci 1452-1519 fut un encyclopédiste avant l'heure, car sa curiosité ne se limitait pas au seul domaine artistique. Peu de tableaux nous sont finalement parvenus de cet artiste qui a aussi laissé une théorie de la peinture la Cène qui figure au monastère Sainte-Marie-des-Grâces à Milan, la Joconde 1507, illustration la plus réussie de sa technique du Sfumato - la brume \. •! y qui nimbe personnages et paysages. Il reste également de lui une Vierge à l'enfant Jésus et sainte Anne . Mona Lisa, un portrait modèle La Joconde, dite Mona Lisa, s'appelait Lisa Gherardini, née en 1479 à Florence. Issue d'une famille modeste, elle était mariée au fils d'un marchand de soie, Francesco di Bartolomeo del Giocondo. En 1503, celui-ci cherche un peintre pour réaliser le portrait de son épouse et contacte Léonard de Vinci. D'autres sources évoquent un autoportrait de Léonard travesti, voire un portrait fictif, réalisé à partir de plusieurs modèles ayant inspiré le peintre. Né près d'Arezzo, Michelangelo Buonarroti, dit Michel-Ange 1475-1564, travaille essentiellement à Florence ainsi qu'à Rome, au service de la curie pontificale. Placé en apprentissage à treize ans, il est invité deux ans plus tard dans la maison de Laurent de Médicis. Après la chute des Médicis, il se réfugie à Rome, auprès du pape Jules II, qui le charge de représenter la Création sur le plafond de la Chapelle Sixtine. Michel-Ange, qui s'estime plus sculpteur que peintre, hésite. Vaincu par l'obstination du pape, il passe quatre années pénibles sur les échafaudages et laisse 800 m 2 de fresques imposantes. Vingt-trois ans plus tard, le pape Clément VII lui demande une nouvelle fresque pour le mur de l'autel. Ce sera le grandiose Jugement Dernier . Libéré du sfumato de Léonard, il retrouve dans ses oeuvres des contours nets et précis. Mais il introduit avant tout une impression de tension et de mouvement. Un art est né dans le plafond La Chapelle Sixtine doit son nom à celui du Pape Sixte IV, de la famille des délia Rovere, pape de 1471 à 1484. La décoration des parois, confiée à une équipe de peintres tels que Pietro Perugino, Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio, Cosimo Rosselli, comprend les tentures en trompe-l'oeil, les Histoires de Moïse et du Christ et les portraits des Papes. Le 15 août 1483 Sixte IV consacra la nouvelle chapelle et la dédia à Notre-Dame de l'Assomption. Jules II délia Rovere pape de 1503 à 1513, neveu de Sixte IV, décida de modifier en partie la décoration. En 1508, il confia les travaux à Michel-Ange Buonarroti qui exécuta la voûte et les lunettes en haut des murs. Les travaux furent terminés en octobre 1512 et Jules II inaugura la Chapelle Sixtine par une messe solennelle le jour de la Toussaint. Les neuf scènes centrales représentent des épisodes de la Genèse, de la Création à la Chute de l'homme, avec le Déluge et la renaissance de l'humanité par la famille de Noé. v Raphaël 1483-1520 naît le 6 avril 1483 à Urbino, alors que son père Giovanni Sanzio est peintre officiel de la cour. Influencé par le Perugin, il peint d'abord à Florence toute une série de vierges, et La Belle Jardinière, en associant à la beauté angélique des visages un grand art de la composition. Jules II l'appelle ensuite pour décorer les salles du Vatican, les Stanze. Son oeuvre prend une dimension héroïque L'École d'Athènes met en scène un débat philosophique, dans un cadre architectural majestueux, entre philosophes et savants grecs, parfois représentés sous les traits de contemporains, comme au centre de l'oeuvre Platon levant le bras sous les traits de Léonard de Vinci. Raphaël, en se représentant également, cherche à montrer la Rome moderne comme l'équivalent de la Grèce antique. D'autres oeuvres concourent à sa célébrité La Nymphe Galatée de la villa Farnèse, Saint Georges combattant le dragon. . . La Renaissance tardive XVI e siècle Vers 1520, un style apparaît, dont la tendance est d'accentuer la grâce, les courbes, la déformation des corps, et même les couleurs. Le terme de maniérisme provient de l'italien maniera style ». Parmi les autres caractéristiques de ce courant la recherche du mouvement, la perte de clarté et de cohérence de l'image, des contrastes de tons et une symbolique complexe alchimie, art du blason, langage des fleurs.... Ces tendances, illustrées par Paolo Véronèse 1528-1588 et Le Tintoret 1518-1594, persistent jusqu'aux environs de 1590, quand se mettent en place les structures du baroque. En Italie La maturité de la peinture de la Renaissance est illustrée par quelques grands noms ^ Giorgione 1477-1510, élève de Bellini et maître du Titien, a été célébré comme le symbole du renouveau qui éclate pendant le Cinquecento. Peintre aristocratique, travaillant pour un cercle restreint de beaux esprits, il injecte dans son oeuvre les plus graves motifs de la spiritualité humaniste, tout en y projetant sa passion pour la réalité naturaliste. Ses principales oeuvres La Tempête, Les Trois Philosophes, La Vénus endormie. . . ^ Tiziano Veccelli, dit Le Titien v. 1488-1576, est né dans le village de Cadore, à côté de Venise, sur la route commerciale qui mène à l'Allemagne. Envoyé par son père suivre une formation de peintre chez Bellini, à Venise, il collabore bientôt avec Giorgione, et le succès suit rapidement l'aristocratie vénitienne recherche ses portraits. Son atelier personnel est créé vers 1514. Vers 1516, il est nommé peintre officiel de la Sérénissime République, titre qu'il cherchera à conserver avec âpreté jusqu'à sa mort, qui lui donne droit à une bourse annuelle et une exemption d'impôts. ^ Guiseppe Arcimboldo 1527-1593, aristocrate milanais formé par son père, commence sa carrière comme dessinateur de cartons, de tapisseries et de vitraux, notamment ceux de la cathédrale de Milan, avant de mettre ses talents au service des princes de Habsbourg, à Vienne. Ses portraits sont des oeuvres de la métamorphose. Il élabore un genre de peinture fantastique à partir d'assemblages d'animaux, de fleurs, de fruits ou d'objets, étudiés avec soin afin que leur assemblage suggère des formes humaines, en rapport avec des sujets Le Printemps ou des caractères. Ces images multiples, d'échelles différentes, perturbent volontairement l'unité spatiale. ^ La déformation maniériste atteint son apogée avec Francesco Mazzola 1503-1540, dit Le Parmesan, élève de Corrège. Les figures ou objets qu'il projette dans l'espace témoignent de son sens plastique. La Vierge au long cou montre comment des détails qui semblent secondaires donnent en réalité tout son sens à l'oeuvre. ^ Né en 1573 à Caravaggio, Michelangelo Merisi, dit Le Caravage 1573-1610, vient à Rome vers l'âge de 15 ans, luttant contre la misère et une santé précaire. Moins de dix ans plus tard, on parle de lui comme du celeberissimo pittore, protégé par des mécènes illustres et puissants. Mais son tempérament colérique et violent lui vaut aussi des démêlés avec la police querelles, rixes, affaires de moeurs, fuite vers Naples, Malte, la Sicile. Il meurt de la malaria en 1610, sur le chemin du retour à Rome. Le fond obscur de ses tableaux met en relief des figures dont la suavité est parfois source d'ambiguïté. Son art se distingue par le traitement contrasté de la lumière; les sujets sont traités sur le mode d'un réalisme objectif, associé à une dimension méditative. Le naturalisme avec lequel il traite des scènes religieuses suscite l'indignation du clergé. Citons, dans ses oeuvres, Le Repos de la fuite en Egypte, La Corbeille de fruits, Bacchus et David et Goliath. En Espagne L'artiste le plus remarquable du maniérisme espagnol est un peintre d'origine grecque Domenikos Theotokopoulos, dit Le Greco 1541-1614. Précurseur de Velasquez, Le Greco aime l'inachevé, ce qui le pousse, après avoir réalisé un tableau, à le retoucher en dessinant par taches » avec les couleurs. Toute son oeuvre est marquée du mépris, si caractéristique de l'art maniériste, pour les éléments corporels, terrestres et spatiaux. Que ses peintures aient pour décor une église ou un paysage, le Greco néglige la profondeur de champ, préférant suggérer un parcours vertical de la terre vers le ciel. Ici-bas rien n'est stable les collines semblent des mers houleuses et les rochers basculent comme des plaques tectoniques. Le célèbre Enterrement du comte d'Orgaz raconte ce passage du bas vers le haut. En France L'art de la Renaissance en France est représenté par l'école de Fontainebleau, une interprétation française, mesurée, du maniérisme. L'appellation donnée à ce mouvement artistique date cependant du XIX e siècle, par référence aux estampes réalisées dans les années 1540 sous l'influence de deux maîtres italiens oeuvrant au château de Fontainebleau Rosso et Le Primatice. Une renaissance décorative sous Henri IV, connue sous le nom de la deuxième école de Fontainebleau, voit le jour par la suite. Les travaux de construction du palais de Fontainebleau, commencés en 1528, durèrent deux cents ans. Axée sur la décoration intérieure, dans une combinaison de sculptures, de fers forgés, de peinture, de stuc et de boiseries, la Galerie François I er 1533-1540 est l'archétype du modèle de Fontainebleau ». Dans les Flandres et en Allemagne Anvers est le centre le plus important de production de l'école flamande. L'Humanisme, apparu au XV e siècle, exerce alors son influence * Peter Bruegel 1530-1569, dit l' Ancien », domine la peinture flamande du XVI e siècle. Ses deux fils sont Peter Bruegel le jeune », et Jan Bruegel, dit Bruegel velours ». Bruegel l'Ancien peint les moeurs paysannes, les noces, les moissons et la vie quotidienne. Il peint également les principales scènes des Saintes Écritures, notamment Le Dénombrement de Bethléem. On lui doit également Le Triomphe de la mort, et La Chute des anges rebelles. i* Albrecht Durer 1471-1528 est à la fois peintre et graveur. Au cours d'un séjour à Venise, il est fasciné par la Renaissance en Italie du Nord et étudie cet art nouveau. Davantage dessinateur que peintre, il allie le réalisme à la volonté de représenter la vérité. Ses principales oeuvres sont l' Apocalypse, Le Chevalier, La Mort et le Diable ... * Lucas Cranach 1497-1543 peint essentiellement à la cour de Saxe et accorde dans son oeuvre une grande place aux nus, puisqu'il semble avoir voulu créer un nouveau canon de beauté, d'esthétisme du corps dénudé, se différenciant du modèle italien. Il est toutefois plus célèbre pour ses séries de portraits. r Hans Holbein 1497-1559 est un grand voyageur. Il effectue plusieurs séjours en France, en Italie, en Angleterre. C'est d'ailleurs à la cour du roi d'Angleterre Henri VIII qu'il devient l'un des maîtres du portrait et de la gravure sur bois. On lui doit un Henri VIII et un Érasme. La peinture baroque XVII e siècle L'art baroque s'épanouit d'abord en Italie au XVII e siècle. Il puise ses sources à la fois dans l'Antiquité et la Renaissance. C'est avant tout un art de somptuosité, d'invention, d'imagination. Étymologiquement, le mot désignerait une perle de forme irrégulière et, par extension, un objet bizarre. L'art baroque naît avec la Contre-Réforme et se met spontanément au service de l'Église. Il va alors développer la brisure, la courbure, la tension et le noeud. En France Ce courant est représenté par Nicolas Poussin 1594-1665, Claude Gelée, dit Le Lorrain 1600-1682, Georges de La Tour 1593- 1652. La majorité des peintres français du début du XVII e siècle ont suivi leur formation à Rome, au contact des différentes écoles italiennes. Certains ont ainsi introduit en France le caravagisme, dont on trouve l'écho dans les clairs-obscurs de La Tour. D'autres, comme les frères Le Nain ou Philippe de Champaigne, ont entretenu des liens avec les peintres flamands. Les influences sont donc diverses, les interprétations variées, et les frontières floues. L'oeuvre de Nicolas Poussin s'inscrit dans la continuité de l'art de l'Antiquité et de celui de Raphaël. Sa palette est celle du néo- classicisme baroque. Les tableaux sont le plus souvent à sujet antique et caractérisés par l'équilibre de la construction. Il éclairent le paysage d'une façon historique, religieuse, voire philosophique. En 1 640, Louis XIII et Richelieu lui demandent de superviser les travaux du Louvre. Ses principales oeuvres sont Orphée et Eurydice, Les Bergers d'Arcadie, Les Quatre saisons, L'Enlèvement des Sabines. En Hollande La peinture néerlandaise du XVII e s'attache à révéler l'homme et à présenter des types sociaux. Fortement influencée par le calvinisme, elle se veut proche du réel et multiplie l'exactitude des détails. L'inspiration repose sur des expériences du vécu quotidien, le portrait, le paysage. Plusieurs noms sont emblématiques de cette période y Installé à Amsterdam dès 1631, Rembrandt 1606-1669 acquiert rapidement une grande notoriété et exécute la commande de nombreux portraits. Son activité de portraitiste le consacre en 1632 avec la célèbre Leçon d'anatomie du professeur Nicolas Tulp. Par son mystère des transparences ambrées, il est aussi le peintre du clair-obscur, diluant les formes dans la pénombre. Ses oeuvres principales Ronde de nuit, Le Syndicat des drapiers, Titus lisant, Les Pèlerins d'Emmaûs. k» Pierre Paul Rubens 1577-1640 fut un artiste complet peintre, architecte, illustrateur, collectionneur à la façon des hommes de la Renaissance. Son voyage à Rome lui fit connaître Raphaël et Caravage, qui l'influencèrent profondément. Il est l'auteur de portraits sensuels de femme, mais aussi d'une peinture d'apparat, et de tableaux à la manière italienne sur des sujets mythologiques et allégoriques La Descente de Croix, La Mort de Sénèque, Les Quatre philosophes, Samson etDalila. w Peintre des intérieurs bourgeois, Jan Vermeer de Delft, dit Vermeer 1632-1675, aime mettre en scène les actions de la vie quotidienne La Dentelière, La Laitière. Ses sujets sont traités avec une grande vérité, car il s'est livré à des recherches poussées pour rendre couleurs, formes, apparences. En témoignent ses autres oeuvres, comme L'Astronome, Le Géographe, La Lettre d'amour, ou Vue de Delft. Diego Rodriguez da Silva y Velazquez, en français Diego Velasquez 1599-1660, naît à Séville. Il accorde dans sa première manière plus d'importance aux dessins qu'à la peinture. La première période madrilène 1 623-1 629 porte l'art du portrait à ses sommets Portrait en pied du roi, Portrait de l'infant. La seconde 1631-1648 se caractérise par trois thèmes les chasseurs, les cavaliers, les bouffons. Toutefois, l'art du portrait de cour persiste avec Philippe IV, Don Carlos, et les Ménines. Le rococo XVIII e siècle Dérivé de rocaille », le terme rococo fait référence au nouvel élément décoratif qui, au XVIII e siècle, s'inspire des formes asymétriques du coquillage. Ces motifs finissent par gagner la décoration extérieure de l'architecture et ornent parcs et rez-de-chaussée des demeures princières. Le décor joue un rôle dominant dans la vie mondaine, et devient une composante du bonheur à laquelle cette époque aspire peinture et sculpture s'adaptent à l'intimité des appartements. La technique du pastel atteint alors son apogée. Au cours de la Régence de Philippe d'Orléans, l'art européen évolue. La lourdeur somptueuse du baroque s'allège, les formes angulaires laissent place à des arrondis. Le style régence » atteint son apogée aux alentours de1720. L'influence de l'Extrême-Orient sur le goût européen est notable. On voit naître des chinoiseries, et autres tapisseries décorées dans la gamme délicate des teintes chinoises, avec des motifs, des paysages et des personnages chinois. Un peu avant le règne de Louis XVI, le goût revient au classicisme en reprenant la tradition de Louis XIV, mais avec des proportions plus harmonieuses et un sens impeccable de la mesure, ce qui lui donne un aspect un peu froid. En Europe, le mécénat s'est alors généralisé les artistes bénéficient du mécénat des princes Allemagne, Italie, des rois Prusse, Suède, ou de grands bourgeois, comme le financier Crozat, protecteur de Watteau. C'est en France que la peinture rococo va atteindre son paroxysme. En1750, le roi permet au public de contempler les collections du Louvre et du Luxembourg. La critique d'art débute, les plus célèbres manifestations en seront les Salons de Diderot. Trois peintres dominent cette période ^ Durant sa courte vie, Antoine Watteau 1684-1721 travailla sans relâche, produisant plus de 700 tableaux. Fils d'un charpentier maître couvreur, il montre très jeune des dispositions étonnantes pour le dessin, prenant plaisir à aller sur les places publiques, représenter des saltimbanques sur ses carnets de croquis. Le plus éminent successeur de Rubens travaille à la couleur, et représente la haute société de son époque dans des fêtes, des scènes de fontaine, des paysages vaporeux et mélancoliques {L'Embarquement pour Cythère , L'Enseigne de Gersaint. * L'oeuvre de Jean Honoré Fragonard 1732-1806, disciple de Boucher, témoigne, outre de la période rococo, du renouvellement de la thématique des fêtes galantes. Fragonard possède, plus que d'autres, imagination et inspiration. Son travail reste encore académique, inspiré de la manière religieuse des anciens. Il représente une nature chère à Rousseau et qui annonce la poésie préromantique La Peine d'Amour, Les Baigneuses, La Poursuite et L'Amant couronné. r Considéré comme l'un des plus grands portraitistes de son temps, Maurice Quentin de La Tour 1704-1788 utilise à l'extrême la nouvelle technique du pastel et célèbre l'exquise Mademoiselle Fel et son amie, la reine Marie Leczinska, Madame de Pompadour, les gens de la cour et les écrivains Voltaire, Jean-Jacques Rousseau. La technique de la peinture à l'eau est pratiquée de l'Antiquité à nos jours, sous des formes diverses. Son succès tient à sa délicatesse et à la possibilité de corriger ses erreurs, ce que l'on nomme en peinture les repentirs. Parmi les techniques les plus employées, on recense la détrempe, une peinture à base de pigments colorés, d'eau et de colle de peau. La tempera est une émulsion qui remplace la colle par de l'oeuf, plus tard employée pour les papiers peints. La gouache, technique des enluminures et des manuscrits du Moyen Âge, très employée dans les peintures chinoises, japonaises, indiennes, est une détrempe constituée de pigments colorés, .L'aquarelle, connue dès le II e s. av. en Égypte, est une peinture à base de couleurs, d'eau et de gomme arabique. Pisanello, Durer, Fragonard utilisent ces couleurs diluées à l'eau étalées sur un support encore humide. Les peinune très abstraits comme Kandinsky, Klee mettent en avant les hasards de ses fluctuations liquides. En Espagne En France À l'eau ! À l'eau ! En Angleterre La peinture anglaise du XVIII e siècle est dominée par plusieurs noms ^ Bien que portraitiste, la vision réaliste et l'art franc de William Hogarth 1697-1764 l'éloignent de la tradition. Ses tableaux révèlent une intense observation des êtres, de leurs moeurs et de leurs comportements. La peinture a pour lui un rôle moralisateur. Avec Le Mariage à la mode, il critique les moeurs et coutumes disgracieuses. Il réalise également un grand nombre de portraits et de croquis Lord George Graham dans sa cabine. * Portraitiste de grand talent il ne réalisa pas moins de huit portraits de George III, Thomas Gainsborough 1727-1788 a su souligner les caractéristiques psychologiques en peignant les visages, comme dans Les Soeurs Linley. Il peut être tout aussi mélancolique et solennel lorsqu'il évoque la campagne anglaise, avec La Charrette du marché notamment. ^ D'origine modeste, William Turner 1775-1851 a une formation de topographe et se spécialise d'abord dans les vues pittoresques à l'aquarelle et à l'huile. Travailleur acharné et, dit-on, âpre au gain, dont les aquarelles sont restées longtemps méconnues, il est réputé pour son ciel flamboyant où il mêle l'or à la lumière, au point de rendre indistincts les contours des monuments, enveloppés d'une brume dorée comme Didon construisant Carthage, ou L'Incendie du Parlement. En Italie L'Italie, au XVIII e siècle, perd son rôle phare dans l'art pictural européen. Ses grands peintres se sont figés dans la tradition du baroque tardif. Mais à Venise, qui demeure un centre de vie mondaine et intellectuelle, intervient une coupure avec les représentants de la tradition, grâce à plusieurs noms ** Au centre de cette effervescence artistique, Giambattista Tiepolo 1696-1770. Une des caractéristiques de son art est sa façon de rendre la lumière. Il utilise une gamme chromatique très chaude pour évoquer les fêtes et les carnavals à Venise. Il peint en 1745 I 'Histoire d'Antoine et Cléopâtre dans le salon du palais Labia. Entre 1 750-1 751 , il décore et orne le grand escalier de la Résidence Wùrburg. De 1 757 datent l'Iliade, l'Enéide, Roland furieux. Invité par Charles III, il meurt à Madrid. v Antonio Canal, surnommé Canaletto 1697-1768, sait rendre parfaitement les aspects les plus brillants de la cité des Doges. Il reproduit le mouvement et la vie du grand canal San Giorgio Maggiore et La douane de Venise. Il rend avec tout autant de délicatesse les paysages d'Angleterre au cours des trois séjours qu'il y fait. ^ Francesco Guardi 1712-1793 annonce par ses représentations fantasmagoriques la période romantique. Mais son art reste néanmoins en parfait accord avec le rococo. Il rentre à l'Académie d'art de Venise à soixante-dix ans. Nombre de ses peintures portent sur le grand canal en activité Le PontRialto et palais camerlenghi , Santa Maria délia Salute, Régate. En Espagne Les tableaux de Francisco de Goya y Lucientes, dit Goya 1746-1828, symbolisent parfaitement le goût du populaire propre aux dernières décennies du rococo. En 1798, il décore l'ermitage de San Antonio de la Florida, mêlant à la grandeur baroque certains effets de grâce du rococo. Mais ses oeuvres les plus significatives sont peintes à partir de 1814 les scènes de guerre avec El Dos de Mayo, oeuvre romantique par la couleur et l'élan, ou les peintures noires 1821-1822 quatorze compositions peintes à partir de tons bruns, gris, ocres, bleus, carmins, toutes précédées d'esquisses fantastiques, où la mythologie, la libération des instincts et la sorcellerie s'expriment à plein. La série comprend entre autres Le Grand bouc, Judith, La Lecture, L'Idiot du village, et Saturne dévorant ses enfants. Le néoclassicisme et le romantisme 1750-1850 Issu des Lumières et de la Révolution française, le néoclassicisme prévaut en Europe de 1770 à 1830. La peinture témoigne d'une volonté monumentaliste. La couleur y joue un rôle secondaire et les sujets sont empruntés à l'Antiquité. Elle prône le retour du nu et de l'anatomie. Le romantisme, qui chevauche cette période, se caractérisera par le désir d'exprimer les mouvements du coeur et de l'âme. Ces deux mouvements sont surtout représentés en France. Trois noms s'en détachent ^ Peintre de l'histoire, Jacques Louis David 1748-1 825J inaugure la réaction contre l'art précieux et mièvre du XVIII e siècle. Il veut mettre la peinture au service de ses idées révolutionnaires, tout en admirant l'art de l'Antiquité romaine. La Révolution déchaîne chez lui un enthousiasme républicain auquel on doit son Serment du Jeu de paume. Mais son exaltation politique lui fait à peu près complètement abandonner son art. Il propose à la Convention la suppression de l'Académie de Rome et vote la mort de Louis XVI. Quand Napoléon est sacré empereur, il nomme David son premier peintre et lui confie le soin d'exécuter son portrait et de reproduire divers épisodes de son règne. Représentant du classicisme, Jean Auguste Dominique Ingres 1780-1867 se détache de la nature et de la société qui l'ont façonné. La prodigieuse galerie de portraits qu'il a laissés constitue un miroir inégalable de la société bourgeoise à laquelle il appartenait et dont il trace les vertus et les limites. Malgré ses grandes compositions historiques, aux sujets tirés de l'Antiquité, c'est l'art du portrait et du nu féminin qui le consacrent La Source, Le Bain turc, La Grande Odalisque. v Romantique orientaliste, Eugène Delacroix 1798-1863 se rattache au mouvement romantique par son sens de la mise en scène dramatique, depuis l'insensibilité souveraine du prince Mort de Sardanapale jusqu'à la marche triomphale de La Liberté guidant le peuple, à la fois femme du peuple et déesse de la victoire. Mais il demeure classique, dans son goût des sujets empruntés à la mythologie ou à l'histoire ancienne. Théoricien autant que praticien, il expose dans son Journal sa conception de l'art et le rôle décisif de son séjour en Afrique du Nord, en 1 832, pour le goût de la couleur préférée à la ligne et au dessin. La peinture réaliste 1850-1900 Vers le milieu du XIX e siècle, le réalisme s'impose aussi dans les arts plastiques. Il combat, sans parvenir à les faire disparaître, la doctrine académique du classicisme, qui s'en tient à des compositions d'objets, et le romantisme, avec ses motifs symboliques ou historiques. L'art réaliste emprunte ses motifs à la réalité et s'efforce de rester le plus proche possible du modèle naturel. Les motifs privilégiés sont le paysage, dans son atmosphère naturelle, et le portrait, sans artifice scènes de travail ou de rencontres entre les hommes. Le tableau ne se fait plus dans l'atelier, mais dans la nature. Toutefois cet idéal n'est pas toujours appliqué; souvent l'artiste ne fait en plein air qu'une ébauche à l'huile et termine son tableau dans l'atelier, avec de légères retouches dans la composition. Le terme recouvre également une critique des conditions sociales. En France En France, où l'ampleur que prit la révolution de 1848 eut une grande influence sur le réalisme, ce mouvement est représenté par trois peintres principaux ^ Arrivé à Paris en 1841, Gustave Courbet 1819-1877 copie Géricault, Caravage et les peintres espagnols. En rupture avec l'académisme, son art permet la liberté du sujet et du motif, qui aboutira à l'éclosion de l'impressionnisme. Courbet revendique explicitement le terme et la signification de réalisme ». Célèbre insoumis du Second Empire, il met l'art au service de l'idée sociale et crée de grandes peintures emblématiques Un enterrement à Ornans, L'Atelier du peintre, Les Casseurs de pierre, L'Origine du monde. ^ En 1828, le caricaturiste Honoré Daumier 1808-1879 réalise ses premières lithographies pour le journal La Silhouette, avant de s'illustrer dans La Caricature et surtout Le Charivari, fondé par Philipon spécialement dirigé contre Louis-Philippe, ce journal va jouer un rôle important dans la vie politique de l'époque. L'impudence, alliée à un art consommé du dessin, confère aux caricatures de Daumier une immédiate célébrité. Elle lui vaut aussi d'être condamné, en 1 832, à six mois d'emprisonnement. Ses peintures font une grande part à l'ombre. r Né près de Cherbourg, en 1814, Jean-François Millet 1814-1875 gagne sa vie comme portraitiste, avant de voir une de ses oeuvres acceptée au Salon de 1840. Bouleversé comme tant d'autres artistes par la Révolution de 1848, il devient le peintre des paysans ». Après 1860, les paysages vont prendre une grande place parmi ses sujets. Son inspiration doit beaucoup à Virgile pour son côté bucolique, à Bruegel pour la façon de peindre, et au classicisme de Poussin Les Botteleurs de foin, Les Glaneuses, L 'Angélus, Le Printemps. En marge du réalisme, mais sensiblement à la même époque, se développe l'école de Barbizon autour de Théodore Rousseau 1812-1867. Son matérialisme se double d'une recherche métaphysique, à l'image de la Lisière du Mont-Girard . En 1860, il travaille en juxtaposant des touches de couleurs pures, technique qu'il enseigne à Monet et à Sisley. Il s'installe à partir de 1 847 dans le village de Barbizon, où il sera rejoint par Millet, Charles François Daubigny 1817-1878, auteur du Hameau d'Optevoz, et Jean-Baptiste Corot 1796-1875, peintre de La Cathédrale de Chartres et du Pont de Mantes. En Angleterre Le réalisme pictural de John Constable 1776-1837 cherche à s'affranchir de la tradition. Il se soucie seulement de la réalité il est le père du vérisme en peinture. Longtemps mythifiée ou idéalisée, la nature devient naturelle avec lui. Paysagiste, son travail repose sur des esquisses faites à l'extérieur puis retravaillées en atelier le Chariot de foin. C'est la lumière changeante des ciels humides qui le fascine; elle est pour lui •usVan't HoffNéerlandais 1902 Emil Fischer Allemand 1903 Svante Arrhenius Suédois 1904 William Ramsay Britannique 1905 Adolf von Baeyer Allemand 190S Henri Moissan Français 1907 Eduard Buchner Allemand 1908 Ernesl Rirtherford Britannique 1909Wilhelm Ostwald Allemand 1910 OttoWallach Allemand 1911 Marie Curie Française 1912 Victor Grignard, Paul Sabatîer Français 1913 Alfred Werner Suissel 1914 Théodore Richards Américainl 1915 Richard Willstàter Allemand 1916-17 Non décerné 1918 Frrt2 Haber 1920Walther Nernst Allemand 1921 Frederick Soddy Britannique 1922 Francis Aston Britannique 1923 Fritz Pregl Autrichien 1924 Non décerné 1925 Richard Zsigmondy Allemand 1926Theodor Svedberg Suédois 1927 Heinrich Wieland Allemand 1928 Adolf Windaus Allemand 1929 Arthur Harden Britannique, Hans von Euler-Chepin Suédois 1930 Hans Fischer Allemand 1931 Car! Bosch, Friedrich Bergius Allemands 1932 IrvingLangmuïr Américainl 1933 Non décerné 1934HaroldUrey Américainl 1935 Frédéric et Irène Joliot-Curie Français 1936 Peter Debye I Néerlandais 1937Walter Haworth Britannique, Paul Karrer Suisse 1938 Richard Kuhn Allemand 1939 Adolf Bùtenandt 1940-42 Non décerné 1943GeorgHevesy de Heves Hongrois 1944 Otto Hahn Allemand 1945ArtturiVirtanen Finlandais 1946 James Sumner, Wendell Stanley Américains 1947 Robert Robinson Britannique 1948 Ame Tiselius Suédois 1949 William Giauque Américainl 1950 Otto Aider Allemands 1951 Glenn Seaborg, Edwin McMillan Américains 1952 Archer Martin, Richard Synge Britanniques 1953Hermann Staudinger Allemand 1954 Linus Pauling Américain 1955 Vincent du Vigneaud Américain 1956 Cyril Hinshelwood Britannique, Nicolai Semenov Russe 1957AlexanderTodd Britannique 1958 Frederick Sanger Britannique Heyrovsky Tchécoslovaque 1360 WiMard Libby Américain 1961 Melvin Calvin Américain 1962 Max Perutz, John Kendrew Britanniques 1963 Karl Ziegler Allemand, Giulio Natta Italien 1964 Dorothy Crowf oot Hodgkin Britannique 1965 Robert Woodward Américainl 1966 Robert Mulliken Américainl 1967 Ronald Norrish. Britanniques, Manfred Eigen [Allemand 1968 Lars Onsager Américainl 1969DerekBarton Britannique, Odd Hassel 1971 Gerhard Herzberg Canadien 1972 Christian Anf insen, Stanford Moore, William Stein Américains 1973 Ernst Otto Fischer Allemand, Geoffrey Wilkinson Britannique 1974 Paul Rory Américain 1975 John Cornforth Australien, Vladimir Prelog Suisse 1976 William N. Lipscomb Américain 1977 Ifya Prigogine Belge 1978 Peler Mitchell Britannique 1979 Herbert C. Brown Américain, Georg Wittig Allemand 1980 Paul Berg, Waller Gilbert Américains. Frederick Sanger Britannique 1981 Kenichi Fukui Japonais Roald Hoffman Américain 1982Aaron Klug Sud- Africain 1983 Henry Tatibe Canadien 1984 Bruce Merrifield Américain 1985 Herbert At Hauptman, Jérôme Karle Américains 1986 Dudley Lee Américains, John Polyani Canadien 1987 Jean-Marie Lehn Français, Charles Pedersen, Donald Cram Américains 1988 Johann Deisenhofer, Robert Huber, Hartmut Michel Allemands 1989SidneyAltman Américain né au Canada, Thomas R. Cech [i 1990 Elias James Corey Américain 1991 Richard R. Ernst Suisse 1992 Rudolph A. Marcus Américain né Michael Smith Américains 1994 George A. Olah Américain né en Hongrie 1995 Paul Néerlandais, Mario J. Molina Américain né au Mexique, F. Sherwood Rowland Américain 1996 Robert Curl Américain, Sir Harold Kroto Britannique, Richard Smalley Américain 1997 Paul D. Boyer Américain, John E. Walker Britannique, JensC. Skou Danois 1998WatterKohn Américain né en Autriche, John A. Pople Britannique 1999Anmed Egyptien 2000 Alan Américain, Alan G. MacdiarmidlNèo- Zélandais, Hideki Shirakawa Japonais 2001 Williams. Knowles Américain, Ryoji Noyon Japonais, K-Barry Sharptess Américain 2002 John B. Fenn Américain, Koichi Tanaka Japonais, KurtWiithrich Suisse 2003 Peter Agre, Roderick MacKinnon Américains 2004Aaron Ciechanover et Avram Irwin Rose Américain 2005 Yves Chauvin Français, Robert H. Grubbs, Richard R. Schrock Américains 2006 Roger Kornberg Américain 2007 Gerhard Ertl 2008 Osamu Shimornura Japonais, Martin Challie Américain, Roger Tsien Américain 2009 Venkatraman Ramakrishnan Américain, Thomas A. Steitz Américainl, Ada LYonath Israélienne Le prix Nobel de littérature Au même titre que les prix Nobel de physique, de chimie et de médecine décernés aux lauréats scientifiques, le prix Nobel de littérature récompense d'autres bienfaiteurs de l'humanité, dans la conception de son inspirateur, Alfred Nobel. Tableau 10-4 Les lauréats du prix Nobel de littérature 1901 Sully Prudhomme Français 1902 Christian Matthias Theodor Mommsen Allemand 1903 Bjornstjerne Martinus Bjornson Norvégienl 1904 Frédéric Mistral Français, écrit en provençal, José EchegarayyEizaguirre Espagnol 1905Henryk Sienkiewicz Polonais 1906 Giosué Carducci Italien 1907 Rudyard Kipling Britanniquel 1908 Rudolf Christoph Eucken Allemand 1909 Selma Lagerlbl Suédoise 1910 Paul Johann Ludwig Heyse Allemandl 1911 Maurice Maeterlinck Belge francophone 1912 Gerhart Johann Robert Hauptmann Allemandl Tagore Indien 1915 Romain Rolland Français 1916 Verner von Heidenstam ISuédoisI 1917 Karl Adolph Gjellerup, Henrik Pontoppidan Danois 1919 Cari Spitteler Suisse germanophone 1920 Knut Pedersen Hamsun Norvégien 1921 Anatole France Français 1922Jacinto BenaventelEspagnoll 1923 William Butler Yeatslrlandais 1924Wladyslaw StanislawReymont Polonais 1925 George Bernard Shawl Irlandais anglophone 1926 Grazia Deledda Italienne 1927 Henri Bergson Français 1928Sigrid Undset Norvégienne 1929 Thomas Mann Allemand 1930 Sinclair Lewis Américainl 1931 Erik Axel Karlfeldt Suédois 1932 John Galsworthy Britannique 1933 Ivan Bounine Russe 1934 Luigi Pirandello Italien 1936 Eugène O'Neill Américain 1937 Roger Martin du Gard Français 1938 Pearl Buck Américaine 1939 Frans Eemil Sillanpàâ Finlandais 1944JohannesVilhelm n Danois 1945 Gabriela Mistral Chilienne 1946 Hermann Hesse Allemandl 1947 André Gide Françaisl 1948 Thomas Stearns Eliot Américain 1949 William Faulkner Américainl 1950 Bertrand Arthur William, comte Russell Britanniquel 1951 ParLagerkvist Suédois 1952 François Mauriac Françaisl 1953 Sir Winston Léonard Spencer Churchill Britanniquel 1954 Ernest Hemingway Américain 1955HalldorLaxness Islandais 1956 Juan Ramôn Jiménez Espagnol 1957 Albert Camus Françaisl 1958 Boris Pasternak Russe refuse le prix 1959 Salvatore Quasimodo Italien 1960 Saint-John Perse Français 1961 Ivo Andric Bosniaque 1962 John Steinbeck Américain 1963 Giorgos Seferis Grec 1954 Jean-Paul Sartre Français refuse le prix 1965 Mikhaïl Cholokhov Russe 1966 Shmuel Yosef Agnon Israélien, Nelly Sachs Allemande 1967 Miguel Angel Aslurias Guatémaltèque 1968Yasunari Kawabata Japonais 1969 Samuel Becken Irlandais 1970 Alexandre Soljénitsyne Russe 1971 Pablo Neruda 1983 William Golding 1997 Dario Fo Italien Chilien Anglais 1998 José Saramago 1972 Heinrich Bbll 1984 Jaroslav Seifert Portugais Allemandl Tchèque 1999 Gunter Grass 1973 Patrick White 1985 Claude Simon Allemandl Australien Français 2000 Gao Xingjian 1974 Eyvind Johnson 1986 Wole Soyinka Français de langue etHarryMartinson Nigérian chinoise Suédois 1987 Joseph Brodsky 2001 Vïdiadhar 1975 Eugemo Montale IRussel Surajprasad Naipaul Italien 1988 Naguib Mahfouz Britannique né à 1976 Saul Bellow Égyptien Trinité-et-Tobago Américain 1989 Camilo José Cela 2002lmreKertész 1977 Vicente I Espagnol Hongrois Aleixandre Espagnol 1990 Octavio Paz 2003 John Maxwell 1978lsaac Bashevis Mexicain Coetzee Sud-Africain Singer Américain, né anglophone en Pologne, écrit en yiddish 1991 Nadine Gordimer Sud-Africaine 2004 Elfriede Jelinek Autrichienne 1979 Odysseas Elytis 1992DerekWalcottlné 2005 Harold Pinter Grec dans IHe de Sainte- Lucie Britannique 1980CzeslawMilosz IPolonaisI 1993 Toni Morrison 2006 Orlian Pamuk lAméricainel Turc 1981 Elias Canetti Britannique, né en 1994 Kenzaburo 0e 2007 Dons Lessing Bulgarie, écrit en Japonais Britannique allemand 1995 Seamus Heaney 2008 J. M. G. Le Clézio 1982 Gabriel Garcia I Nord-Irlandais Français Marquez Colombien 1996Wislawa 2009 Herta Miiller Szymborska Allemande d'origine Polonaise roumaine Le prix Nobel de la paix Décerné par un comité nommé par le parlement norvégien, le prix Nobel de la paix récompense la personnalité ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix», selon les volontés d'Alfred Nobel. Ceci comprend la lutte pour la paix, les droits de l'homme, l'aide humanitaire, la liberté. Il peut être partagé entre plusieurs personnes, ou plusieurs institutions. Ce prix trouve sa place dans ce chapitre, tant parfois les conséquences de découvertes scientifiques imposent qu'un faiseur de paix» veille sur notre destin commun! Pendant les guerres mondiales, et lorsque aucun candidat n'a recueilli l'unanimité, le prix n'est pas attribué. Tableau 10-5 Les lauréats du prix Nobel de la paix 1901 Henry Dunant SuisseUondateurdu Comité international de la Croix-Rouge et promoteur de la Convention de Genève. Frédéric Passy France}, fondateur et président de la Société française pour l'arbitrage entre nations. 1902 Èlie Ducommun Suisse et Charles Albert Gobat r secrétaires honoraires du Bureau international permanent de la paix Berne. 1903 Sir William Randal Cremer Royaume- Uni, secrétaire de la Ligue internationale d'arbitrage. 1904 Institut de Droit international Gand, Belgique. 1905 Baronne von Suttner Autriche, écrivain, président honoraire du Bureau international permanent de la paix. 1906 Théodore Roosevelt États-Unis, président des États- Unis, pour son aide lors des négociations de paix dans la guerre russo-japonaise. 1907Ernesto Teodoro Moneta Italie, président de la Ligue lombarde pour la paix. Louis Renault France, professeur de droit international. 1908KlasPontus Arnoldson Suède, fondateur de la Ligue suédoise pour la paix et l'arbitrage. Fredrik Bajer Danemark, président honoraire du Bureau international permanent de la paix. 1909 Auguste Marie François Beernaert Belgique, membre de la Cour internationale d'arbitrage. Paul, Baron de Constant de Rebecque France, fondateur et président du groupe parlementaire français du Comité de défense des intérêts nationaux et de conciliation internationale. Bureau international permanent de la paix Berne. 1910 Tobias Michael Carel Asser Pays- Bas, initiateur de la Conférence de droit international privé La Haye. 1911 Alfred Hermann Fried Autriche, fondateur de Die Waffen Nieder. 1953 George Catien Marshall Etats-Unis pour le plan Marshall. 1954 Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. 1955-1956 Non décerné. 1957 Lester Bowles Pearson Canada, président de la 7 e session de l'assemblée générale des Nations organisation d'aide aux réfugiés. 1959 Philip J. Noel- Baker Royaume-Uni, pour toute son œuvre en faveur de la paix et de la coopération internationale. 1960 Albert John Luthuli Afrique du Sud, président de l'ANC African National Congress. 1961 Oag Hjalmarskjoïd Suéde, secrétaire général des Nations unies récompense posthume!. 1962UnusPauling États-Unis pour sa campagne contre les essais d'armes nucléaires. 1963 Comité international de la Croix-Rouge Genève. Ugue des sociétés de la Croix-Rouge Genève. 1964 Martin Luther King États-Unis, pour sa campagne en faveur des droits civils. 1965 Fonds des Nations unies pour l'enfance UNICEF. 1966-1967 Non décerné. 196fl René Cassin France, président de la Cour européenne des droits de l'homme. 1969 Bureau international du travail BIT Genève. 1970 Norman Borlaug États-Unis, pour ses recherches au sein de l'International Maize and Wheat Improvement Center, 1971 Wilty Brandt Allemagne - RFA, pour sa politique de rapprochement avec l'Europe de l'Est et l'AJIemagne de l'Est Ostpolitik. 1972 Non décerné. 1973 Henry Kissinger États-Unis et Lê Duc Tho qui a refusé le prix pour l'accord de paix au Viét Nam. 1912 Elihu Root Etats- Unis, pour l'initiative de plusieurs accords d'arbitrage. 1913 Henri La Fontaine Belgique, président du Bureau international permanent de la paix. 1914-1916 Non décerné. 1917 Comité international de la Croix-Rouge Genève. 1918 Non décerné. 1919Woodrow Wilson États-Unis pour avoir fondé la Société des nations. 1920 Léon Bourgeois, président du conseil de la Société des nations. 1921 KarIHjalmar Branting Suède, Premier ministre suédois, délégué au Conseil de la Société des nations Christian Lous Lange Norvège, secrétaire général de ITnter-Parliamentary Union. 1922 Fridtjof Nansen Norvège, délégué norvégien à la Société des nations, à l'origine des passeports Nansen pour les 1929 Frank Billings Kellogg États-Unis pour le pacte Briand- Kellogg. 1930 Archevêque Nathan Sôderblom Suède, leader durr 1923-1924 Non décerné. 1925 Sir Austen Chamberlain Royaume-Uni pour les accords de Locarno. Charles Dawes États-Unis, président de la Commission de réparation alliée et créateur du plan Dawes. 1926 Aristide Briand France pour les accords de Locarno. Gustav Stresemann Allemagne pour les accords de Locarno. 1927 Ferdinand Buisson France, fondateur et président de la Ligue des droits de l'homme. Ludwig Quidde Allemagne, délégué à de nombreuses conférences de paix, 1928 Non décerné. États-Unis, présidente de la Ugue Société des nations et médiateur dans le conflit entre le Paraguay et la Bolivie. 1937 Vicomte Cecilof Chelwood, fondateur et président de l'International Peace Campaign. 1938 Office s pour la paix et la liberté LIFPL- WiLFP. Nicholas Murray Butler États-Unis pour sa promotion du pacte Briand-Kellogg. 1932 Non décerné. 1933 Sir Norman Angell Ralph Lane Royaume-Uni, écrivain, membre du Comité exécutil de la Société des nations et du Conseil national de la paix. 1934 Arthur Henderson Royaume-Uni, président de la Conférence sur le désarmement de la Société des nations. 1935 Cari von Ossietzky Allemagne, journaliste pacifiste. 1974 Sean MacBride Irlande, président du Bureau international pour la paix Genève et de la Commission de Namibie des Nations unies. Eisaku Satô Japon, Premier ministre, pour son rôle dans te traité de non- prolifération des armes nucléaires. 1975 Andrei Sakharov URSS pour sa campagne en faveur des droits de l'homme. 1976 Betty Williams et Mairead Corrigan, fondateurs de Northern Ireland Peace Movement renommé plus tard Community of Peace People. 1977Amnesty International Londres. 1978 Anouarel-Sadate Egypte et Menahem Beginlsraël pour es négociations de paix entre l'Egypte et Israël. 1979 Mère Teresa M p. 1981 Bureau du haut- commissariat des Nations unies pour les réfugiés. 1982 Alva Reimet Myrdal Suède et Alfonso Garcia Robles Mexique, délégués des Nations unies à l'Assemblée générale sur le désarmement. 1983 Lech Walesa Pologne, fondateur de Solidarnosc et défenseur des droits de l'homme. 1984 Mgr Desmond Tutu Afrique du Sud pour sa lutte contre l'apartheid. 1985 Internationale des médecins contre la guerre nucléaire 1990 Mikhaïl Gorbatchev URSS! pour pauvres parmi les pauvres ». 1980Adolfo Pérez Esquive! Argentine, leader du mouvement en faveur des droits de l'homme. 1986 Elie Wiesel États- Unis. 1987 Oscar Arias Sanchez Costa Rica à l'origine des négociations de paix en Amérique centrale. 1988 Forces de maintien de la paix Les -Casques bleus» des Nations unies New York. 1989 Tenzin Gyatso, le 14* DalaïLama, pour sa tentative de pacification de la répression chinoise au Tibet. l'arrêt de la guerre froide. 1991 Aung San Suu Kyi Birmanie!, leader de l'opposition et avocat des droits de l'homme. 1992 Rigoberta Menchu Tum Guatemala, pour sa campagne en faveur des droits de l'homme, et plus particulièrement son soutien aux populations indiennes d'Amérique latine. 1993 Nelson Mandela Afrique du Sud et FrederikDeKIerk Afrique du Sudl pour l'abolition de l'apartheid. 1994 Yasser Arafat Palestine, Shimon Pères Israël etYitzhak Rabin Israël pour les négociations de paix entre Israël et la Palestine. 1995 Joseph Rotblat Pologne/Royaume- Uni et la conférence de Pugwash sur la Science et les Affaires mondiales, pour leurs efforts en faveur du désarmement nucléaire. 1996 Carlos Felipe Ximenes Belo Timor oriental et José Ramos-Horta Timor oriental pour leur recherche d'une résolution pacifique et équitable du conflit au Timor oriental. 1997 Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnelleset Jody Williams États- Unis pour leur travail pour l'éradication des mines antipersonnel. 1998 John Hume Royaume- Uni et David Trimble Royaume-Uni pour leurs efforts dans la recherche d'une solution pacifique au conflit d'Irlande du 1936 Carlos Saavedra Lamas Argentine, président de la 1999 Médecins sans frontières Bruxelles. 2000 Kim Dae Jung Corée du Sud pour son travail pour la démocratie et les droits de l'homme. 2001 Les Nations unies et leur secrétaire général Kofi Annan Ghana. 2002 Jimmy Carter pour ses efforts en faveur de la paix, de la démocratie, des droits de l'homme et pour les réfugiés, Genève. 1939-1943 Non décerné. 1944 Comité international de la Croix-Rouge attribué rétroactivement en 1945. 1945 Cordell Hull États-Unis pour sa participation à la création des Nations unies. 1946 Emily Greene Balch États- Unis, présidente honoraire de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté LIFPL-WILFP. John Raleigh Mort États-Unis, président du Conseil international missionnaire et de l'Association des jeunes hommes chrétiens. Mohamed El Baradei pour leurs efforts contre la prolifération des armes 1947 The Friends Service Council Royaume-Uni et The American Friends Service Committee États-Unis. 1948 Non décerné. 1949 Lord John Boyd OrrofBrechin Royaume-Uni, directeur de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture FA0, président du Conseil national pour la paix et de l'Union mondiale des organisations pour la paix. 1950 Ralph Bunche pour sa médiation en Palestine I948 1951 Léon Jouhaux France, président de l'International Committee of the European Council. vice président de la Confédération vice-président de la World Fédération of Trade Unions, membre de l'Organisation internationale du travail, délégué des Nations unies. 1952 Albert Schweitzer France pour la création de l'hôpital de Lambaréné au Gabon. 2006 Muhammad Yunus et sa banque spécialisée dans le microcrédit Bangladesh 2007 Al G Dre États-Unis et Groupe d'experts économique et social dans le monde. 2003 Chirine Ebadi, pour son œuvre pour la défense des droits des femmes et des enfants et son aide juridique aux personnes persécutées. 20O4WangariMaathai, militante écologiste kenyane. 2006 Agence internationale de sur l'évolution du climat 2008MartuAhtisaari Finlande pour ses efforts afin de solu- tionner les principaux conflits internationaux 2009Barack0bama Américain pour ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internatio- nale et la coopération entre les peuples. Le prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel Créé en mémoire d'Alfred Nobel, le prix de la Banque de Suède en sciences économiques, couramment appelé prix Nobel d'économie », est le seul prix qui n'a pas été fondé par le testament d'Alfred Nobel, mais qui reste, comme les prix Nobel de physique et de chimie, décerné par l'Académie royale des sciences de Suède et remis par le roi de Suède le 10 décembre. Créé en 1968, il est décerné pour la première fois en 1 969, à un Norvégien, Frisch, et à un Néerlandais, Jan Tinbergen. Tableau 10-6 Les lauréats du prix de la Banque de Suède 19G9 Ragnar Anton Kittil Frisch Norvégien, JanTinbergen Néerlandais 1970 Paul Samuelson Américain 1971 Simon Kuznets Américain, Sir John Hicks Britannique 1972 Kenneth Arrow Américain 1973WassilyLeontief Américain 1974 Friedrich Von Hayek Britannique, GunnarMyrdal Suédois 1975 Leonid Kantorovich Russe, Tjalfing Koopmans Américain 1976 Milton Friedman Américain! 1977 Bertil Ohlin Suédois, James Meade Britannique 1978 Herbert Simon Américain 1979 Théodore Schullz Américain, Arthur Lewis Britannique 1980 Lawrence Klein Américain 1981 James Tobin Américain! 1982 George Stigler Américain 1983 Gérard Debreu Américain 1984 Richard Stone Britannique 1985 Franco Modigliani Américain 1986 James Buchanan Jr Américain 1987 Robert Solow Américain! 1988 Maurice Allais Français 1989 Trygve Haavelmo Norvégien, Harry Markowitz Américain 1990 Merton Miller, William Sharpe Américains! 1991 Ronald Coase, Britannique 1992 Gary Becker, Robert Fogel Américains 1993 Douglass North Américain, Reinhard Selten Allemand 1994 John Forbes Nash Américain, John Harsanyi Américain d'origine hongroise 1995 Robert Lucas Jr Américain 1996 William Vickrey, Robert Merton Américains 1997 Myron Scholes Américain! 1998 Amartya Sen Indien 1999 Robert Mundell Canadien, James Heckman Américain 2000 Daniel McFadden, George Akerlof Américains 2001 Michael Spence, Joseph E. Stiglitz Américains 2002 Daniel Kahneman, Vernon L Smith Américains 2003 Robert F. Engle Américain, Clive W. J. GrangerBritanniquel 2004 Finn Norvégien, Edward C Prescott Américain 2005 Robert J. Aumann Israélien, Thomas C. Schelling Américain 20O6EdmundS. Phelps Américain 2007 Leonid Hurwicz, Eric Maskin, Roger Myerson Américains 2008 Paul Krugman Américain 2009ElinorOstrom Américaine, Oliver Williamson Américain. Chapitre 11 Eurêka ! Les grandes découvertes Dans ce chapitre Les grandes inventions *- Les grands explorateurs Le monde de la communication Croire que le monde a toujours été nôtre est une illusion d'homme du XXI e siècle. Pendant des siècles, le monde se réduit, pour le paysan ou l'artisan, à son village natal, au mieux à une visite annuelle à la capitale provinciale. Un prince vit, lui, à l'échelle de son État et des principautés voisines. L'échelle du continent est bien trop vaste jusqu'à la fin du Moyen Âge pour en avoir une connaissance précise. Puis la Renaissance commence un long travail d'abolition des frontières et de l'espace, Christophe Colomb découvre l'Amérique, Vasco de Gama double le cap de Bonne-Espérance. Des mondes inconnus des Européens s'ouvrent à eux. Cet extraordinaire effort de découverte aurait été impossible sans les progrès techniques qui l'accompagnent. Car l'homme ne découvre pas seulement, il invente, il innove à la mesure de ces découvertes ; l'exploration se prolonge dans les laboratoires et les bibliothèques des scientifiques et des érudits. La machine à calculer de Pascal prépare la pile du réacteur nucléaire à trois siècles de distance, 1 642 annonce 1 942. Faire fi des distances, une fois le monde connu, exploré, mis en valeur, reste le défi suprême. Comment communiquer à l'autre extrémité de la planète ici, maintenant, tout de suite? Aux lourdes caravelles succèdent les câbles transatlantiques des lignes de téléphone, puis l'immédiateté réelle, la micro-informatique à domicile et Internet. En route, donc, de la lenteur languissante des caravelles, du temps des embruns salés savourés sur les lèvres à celui du clic magique! Les grandes inventions qui ont marqué l'humanité Connaître les sciences, c'est aussi se pencher sur l'histoire des grandes réalisations humaines au moment où elles passent de l'invention à l'innovation. Inventer, c'est la capacité de créer une nouveauté, mais la plupart des inventions demeurent sans suite, faute d'avoir trouvé leur application pour améliorer la vie quotidienne des hommes. L'invention ne prend sa dimension véritable que lorsqu'elle devient innovation, c'est-à-dire moyen pratique de mieux vivre ici et maintenant, mais aussi origine d'un processus qui permettra d'autres inventions, d'autres innovations. Voici donc venu le voyage dans le temps, la rencontre des inventions innovantes, des grandes découvertes scientifiques. Tableau 11-1 Les grandes inventions 1665-75 Calcul différentiel, Isaac Newton Britannique et Gottfried Leibniz Allemand, séparément 1675 Marmite à vapeur, Denis Papin Français 1698 Pompe à feu, Thomas Savery Britannique 1712 Machine à vapeur, Thomas Newcomen Britannique 1714 Thermomètre à mercure, Gabriel Farenheit Allemand 1725 Stéréotypie, William Ged Écossais 1733 Navette, John Kay Britannique 1735 Chronomètre de marine, John Harrisson Britannique 1752 Paratonnerre, Benjamin Franklin Américain 1764 Métier à filer, James Hargreaves Britannique 1765 Condenseur de vapeur, James Watt Écossais 1768 Aéromètre, Antoine Baurné Français 1783 Parachute, Louis Lenormand Français 1785 Métier mécanique, Edmund Cartwright Britannique 1793 Égreneuse de coton, Eli Whitney Américain 1796 Lithographie, Aloys Senefelder Allemand 1800 Batterie électrique, Alessandro Volta Italien 1800 Tour, Henry Maudslay Britannique 1804 Locomotive à vapeur, Richard Trevithick Britannique 1815 Lampe de sûreté des mineurs, Humphry Davy Britannique 1816 Métronome, Johan Mrilzel Allemand 1816 Bicyclette draisienne, baron de Drais Allemand 1817 Kaléidoscope, David Brewster Écossais 1822 Appareil photo, Nicéphore Niepce Français 1823 Machine à calculer à touches, Charles Babbage Britannique 1824 Ciment Portland, Joseph Aspdin Britannique 1825 Électro-aimant William Sturgeon Britannique 1826 Photographie image durable, Joseph Niepce Français 1827 Allumette, John WalkerBritanniquel 1828 Haut-fourneau, James Nielson Écossais 1831 Dynamo, Michael Faraday Britannique 1834 Moissonneuse, Cyrus McComick Américain 1837 Revolver, Samuel Colt Américain 1836 Télégraphe, Samuel F. B. Morse Américain 1839 Vulcanisation du caoutchouc, Charles Goodyear Américain 1844 Allumettes de sûreté, Gustave Pasch Suédois 1846 Machine à coudre, Elias Howe Américain 1849 Épingle de sûreté, WalterHunt Américain 1852 Gyroscope, Léon Foucault Français 1853 Ascenseur, Elisha Otis Américain! 1855 Celluloïd, Alexander Parkes Britannique 1855 Convertisseur fonte/acier, Henry Bessemer Britannique 1855 Bec Bunsen, Robert Bunsen Allemand 1856 Réfrigérateur, Ferdinand Carré Français laver, Hamilton Smith Américain 1859 Moteur à explosion, Étienne Lenoir Français 1861 Linoléum, Frederick Walton Britannique 1862 Fusil à tir rapide, Richard Gatling Américain 1865 Serrure à barillet, Linus Yale Jr Américain 1866 Dynamite, Alfred Nobel Suédois 1867 Machine à encre, Christopher Sholes Américain 1868 Tondeuse a gazon, Amariah Hills Américain 1870 Margarine, Hippolyte Mège- Mouriès Français 1873 Fil barbelé, Joseph Glidden Américain 1955 Diamants synthétiques, scientifiques de General Electric Américains 1955 Datation parle carbone 14, Willard Frank Ubby Américain 1959 Circuit intégré, JackKilbyet Robert Noyce Américains 1960 Laser, Théodore Maiman, Charles H. Townes, Arthur L Schawlow et Gordon Gould Américains 1960 Pilule contraceptive, Gregory Pincus,John Rock Américains et Min- Chueh Chang 1876 Téléphone, Alexander Graham Bell Écossais! 1877 Phonographe, Thomas Edison Américain 1878 Microphone, David Edward Hughes Britannique/ Américain 1879 Lampe à incandescence, Thomas Edison Américain 1879 Caisse enregistreuse, James Ritly Américain! 1884 Stylo à encre, Lewis Waterman Américain 1884 Linotype, OttmarMergenthaler Américain 1885 Motocyclette, Gottlieb Daimler Allemand! 1885 Vase chimique sous vide, James Dewar Écossais! 1885 Transformateur électrique, William Stanley Américain 1885 Moteur d'automobile, Gotttieb DaimleretKart Benz Allemands, 1886Venttlateur électrique, Schuyler Wheeler Américain 1886 Similigravure, Frederick Ives Américain 1960 Synthèse de chlorophylle, Robert BurnsWoodward, Américain 1962 Diode électroluminescente DELL NickHolonyak Américain Christopher Cokerell Britannique 1956 Premier prototype de machine rotative, Félix Wankel Allemand 1956 Procédé Secam de télévision couleur breveté, Henri de France Français 1957 Réacteur nucléaire refroidi au sodium, scientifiques au service du gouvernement américain Américains 1957 Satellite artificiel, groupe de scientifiques Soviétiques 1958 Satellite de télécommunications, groupe de scientifiques de nombreux détecteurs de particules, Georges Charpak Français 1964 Écran à cristaux liquides, George Helmeier Américain 1965 Holographie idée datant de 1948 et mise en application grâce à la découverte du laser, T. Gabor Britannique 1966 Cœur artificiel ventricule gauche. Michael Ellis DeBakey Américain 1967 Greffe de cœur sur l'homme, Christian Neething Bamard Sud- Africain 1970 Première synthèse complète d'un gène, Har Gobind Khorana Américain 1971 Scanner, Godfrey Hounsfield Britannique, réalisé à partir du procédé de tomographie qu'il avait inventé en 1967 1971 Microprocesseur, Ted Hoff Américain 1971 Imagerie par résonance magnétique. 1887 Gramophone, Emile Berliner Allemand/ Américain] 1887 Monotype, Tolbert Lanston Américain 1888 Pneumatique, John Boyd Dunlop 1889 Film photographique, premier appareil photo simplifié Kodak, George Eastman Américain 1890Rotogravure, Karl Klic Tchéchoslovaque 1892 Fermeture à Judson Américain 1895 TSF radio!, G. Marconi Italien 1895 Cellule photoélectrique, Julius Ester et Hans Gettel Allemand 1895 Rasoir à lame interchangeable, KingC. Gillette Américain! 1897 Moteur Diesel, Rudolf Diesel Allemand 1898 Sous-mann, John P. Holland Irlandais/ Américain 1899 Magnétophone, Valdemar Poulsen Danois! 1901 Aspirateur, Ce cil Booth Britannique 1902 Radiotéléphone, Reginald Fessenden Américain! Raymond Damadian Américain 1972 Calculatrice électronique de poche, Merryman Américains 1973 Synthèse des cryptâtes, Jean-Marie Lehn Français 1974 ADN recombinant génie génétique, groupe de scientifiques Américains 1974 Carte à puce, Roland Moreno Français 1975 Fibre optique, Bell Laboratories Américains 1975 Vaccin contre l'hépatite B, Philippe Maupas Français 1976 Supercalculateur, J. H. VanTassel et Seymour Cray 1978 Synthèse des gènes de l'insuline, Roberto Créa, Tadaaki Hirose, Adam Kraszewski et Keiichi Ik attira Américains 1978 Transplantation de gène entre mammifères, Paul Berg, Richard Mulligan et Bruce Howard Américains 1978 Cœur artificiel Jarvik-7, Robert K. Jarvik Américain 1993 Mise en œuvre du télescope Keckde Hawaii {le plus grand télescope du monde, chercheurs du California Institute of Technology Américains 1994 Preuve de l'existence du quark top, chercheurs du Fermilab Américains 19% Clonage, chercheurs du Roslin Institute-Ecosse Britanniques 1903 Avion, Wilbur et Ûrville Wright Américain 1904 Diode, John Fleming Britannique! 1906 Triode, Lee de Forest Américain 1908 Bakélite, Léo Baekeland Belge/ Américain 1908 Cellophane, Jacques Brandenberger Suisse 1911 Moissonneuse- batteuse, Benjamin Hott Américain 1913 Compteur Geiger, Hans Geiger Allemand 1914 Tank. Ernest Swinton Britannique 1915 Lampe à filament de tungstène, Irving Langmuir Américain 1918 Fusil automatique, John Browning Américain! 1925 Télévision procédé, JohnLogie Baird Écossais et autres 1926 Fusée à propergol liquide. Robert H. Goddard Américain 1928 Rasoir électrique, Jacob Schnick Américain! 1930Turboréacteur,Frank WhitrJe Britannique! 1930 Bathysphère, William Beebe Américain! 1979 Disque compact, Joop Sinjou Hollandais et Toshi Tata Doi Japonais 1979 Correction d'anomalies génétiques dans des cellules de souris ADN recombinant et techniques de micromanipulation!, W. French Anderson et al. Américains! 1979 Culture in vivo de lymphocytes T, équipe de l'hôpital Saint-Louis Paris Français 19B1 Navette spatiale, ingénieurs de la Nasa Américains 1981 Microscope à effet tunnel, Gerd Binnig Suisse et Heinrich Rohrer Allemand 1985 Vaccin contre la leishmaniose, L Monjour Français 1986 Supraconducteurs à haute température, J. Georg Bernorz Allemand et Karl A. Mûller Suisse 1987 Vaccin contre la bilharziose. A. Capron Français 1988 Pilule abortive RU486, Étienne-Émile Beautieu Français 1989 Cobe Cosmic Backg round Explorer!, équipe dirigée par George Smoot Américains 1930 Fréon CFC, Thomas Midgley et al. Américain 1930 Caoutchouc synthétique néoprène, Julius Arthur Nieuwiand et Wallace Hume Carothers Américains 1930Coronographe, Bernard Lyot Français 1931 Cyclotron, Ernest Lawrence Américain 1931 Accélérateur de Van de Graaft, Robert JemisonVande Graaff Américain 1931 Analyseur Bush Américain 1932 Microscapie par contraste de phases, Frits Zernike Néerlandais 1933 Modulation de fréquence FM, Edwin Howard Armstrong Américain 1934 Radioactivité artificielle, Irène et Frédéric Joliot-Curie Français 1935 Caoutchouc synthétique Buna, groupe de scientifiques Allemands 1935 Radar, Robert WatsDn-Watt Britannique 1935 Cortisone, Edward Calvin Kendall Américain et Tadeus Reichstein ISuisse 2002 Décodage du génome humain, Craig Venter Américain 1935 Microscope Électronique, groupe de scientifiques Allemands 1935 Sulfamides, Gerhard Domagk Allemand 1935 Nylon, Wallace Carothers I Américain 1935 Parcmètre, Carlton Magee Américain 1936 Hélicoptère à rotors jumelés, Heinrich Focke Allemand 1937 Nylon, Wallace Hume Carothers Américain 1939 DDT, Paul Mùller Suisse 1939 Hélicoptère, Igor Sikorsky Américain 1939 Microscope électronique, Vladimir Zworykinl Américain et autres 1944 Calculateur numérique automatique, Howard Aiken Américain 1944 Missile V2, Wernher von Braun Américain 1948 Xérographie, Chester Carlson Américain 1948 Microsillon 33 tours, Peter Goldmark Américain Donald William Kerst Américain 1941 Plutonium, Glenn Seaborg et Edwin Mattison McMilian Américains 1942 Réacteur nucléaire pile atomique. Enrico Fermi Américain 1942 Xérographie, Chester Carlson Américain scientifiques au service du gouvernement américain 1945 Streptomycine, SelmanA-Waksman Américain 1946 Ordinateur, Eckert et John W. Mauchly Américains» 1947 Photo à développement instantané Polaroid!, Edwin Land Américain 1947 Holographie, Dennis Gabor Britannique 1947 Bathyscaphe, Auguste Piccard Suisse 1947 Four à micro- ondes, Percy L. Spencer Américain 1948 Compteur à scintillations. Hartmut Kallmann Allemand 1948Auréomycine, Benjamin Minge Duggar et Chandra Bose Suba Row Américains! 1948 Transistor, John Brattain et William Schockley Américains! statoréacteur, René Leduc Français 1950 Télévision en couleurs, Peter Cari Goldmark Américain 1952 Bombe à hydrogêne, scientifiques au service du gouvernement américain 1952 Chambre à bulles détecteur de particules nucléaires, Donald Arthur Glaser Américain 1953 Procédé de fabrication industrielle des stylos à bille, Marcel Bich Français 1953 Structure de l'ADN double hélice, Francis Harry Compton Britannique, Crick et James Dewey Américains 1954 Maser, Charles H. Townes Américain 1954 Batterie solaire, scientifiques du Bell Téléphone Laboratory Américains 1954 Vaccin contre la poliomyélite, Jonas Edward Salk Américain et Pierre Lépine Français Les grands explorateurs Le modèle du voyageur et découvreur demeure le Vénitien Marco Polo. Certes, il n'est pas un explorateur au sens habituel du terme, il ne découvre pas le royaume de Cathay, la Chine, mais il y séjourne avec ses frères, seuls Européens dans cet immense empire. Surtout, il y voit et découvre, au sens usuel cette fois, des lieux et modes de vie auxquels aucun autre Occidental n'aura accès avant le XIX e siècle. Il est donc essentiel de mettre nos pas dans les siens sur la fabuleuse route de la soie. Christophe Colomb lui-même n'avait-il pas fait de son récit, le Livre des merveilles du monde, son livre de chevet? Puis vient le moment de prendre possession du monde, d'en connaître les océans et continents, en suivant Christophe Colomb, Amerigo Vespucci, Vasco de Gama. Ces vastes ensembles révélés, d'autres explorateurs en dessinent les contours plus précis Cartier et Champlain au Canada, Cook dans le Pacifique, Savorgnan de Brazza puis Stanley et Livingstone en Afrique, et enfin Amundsen dans le froid des glaces arctiques. Marco Polo sur la route de la soie Marco Polo 1254-1324 est probablement le plus célèbre des explorateurs de la route de la soie. Son voyage en Asie dure, au total, vingt-quatre ans et lui permet d'approcher les plus grands personnages, grâce à son don pour les langues, notamment l'empereur de Chine, Kubilaï Khan 1214-1294, petit-fils du redoutable conquérant mongol Gengis Khan. Le voyage en Chine est presque une tradition familiale chez les Polo, puisque le père de Marco, Nicolo Polo, et son oncle, Matteo, ont déjà accompli un périple, du Moyen-Orient à la Chine, entre 1260 et 1269. Ils ont à cette occasion déjà rencontré Kubilaï Khan. En 1271, Nicolo repart, avec son fils de 17 ans, Marco. Passé l'actuelle Turquie, l'expédition traverse toute l'Asie centrale, le désert de Gobi, et arrive en 1275 à Cambaluc, la ville du khan », future Beijing Pékin, auprès de l'empereur. Pendant les seize années qui suivent, les Polo effectuent de nombreuses missions à l'intérieur de l'empire, pour le compte de Kubilaï Khan, qui les comble d'honneurs et de faveurs. La fin du séjour est assombrie par les difficultés à partir, le Khan étant peu disposé à les laisser quitter la Chine. L'occasion se présente avec le départ de la cour de la princesse Kokedjin, promise au roi de Perse. Les Polo ont la confiance du souverain, ils font partie de l'escorte officielle de la princesse, en 1291. Et ce n'est qu'en 1295, après vingt-quatre ans d'absence, que Marco Polo revoit Venise. En 1298, Marco Polo entreprend de dicter, en français, le récit de son voyage et du séjour en Chine. C'est le Livre des merveilles du monde, connu aussi sous un autre titre, Le Devisement du monde. Marco Polo y relate à la fois le voyage effectué par son père et son oncle, sans lui, en 1260, puis celui auquel il participe, en 1271. L'ouvrage comprend trois parties, trois livres reprenant l'itinéraire l'aller par le Proche-Orient, l'Asie centrale vers le Cathay ; le séjour dans l'empire chinois auprès de Kubilaï Khan; le retour par voie maritime depuis l'Asie du Sud-Est et l'Inde jusqu'à l'Asie mineure. L'auteur évoque les coutumes de l'empire, la vie de la cour, les batailles, mais aussi son activité en qualité de gouverneur d'une province, pendant trois ans. Des pages entières décrivent avec émerveillement les palais aux murs recouverts d'or et d'argent, les jardins embaumés, les créatures fantastiques. L'enthousiasme de Marco Polo est tel qu'il suscite, quand le livre est connu, méfiance et railleries, nombreux sont ceux qui le soupçonnent d'avoir tout inventé. Par dérision, les Vénitiens le surnomment Il Milione», l'homme aux millions ». Dans son Livre des merveilles du monde, Marco Polo raconte ce dont il a été témoin directement, mais aussi les récits qui lui ont été rapportés sur des faits et événements sortant de l'ordinaire. Ainsi, il évoque le mythe du Vieux de la Montagne, le seigneur d'Alamut, en Syrie. À la tête de la secte des assassiyoum, il répand la terreur sur les croisés ou les seigneurs arabes qui refusent de se soumettre et de lui verser tribut. Gare aux imprudents capables de vouloir lui résister il leur envoie un assassiyoum, assassin-suicide », prêt à tout pour réussir sa mission. Gavé d'un breuvage au hachisch, autre étymologie possible, hachischiyoun ou buveur de hachisch » devenant assassin », il tue sans peur de la mort, persuadé d'un paradis en récompense du meurtre accompli, séjour de rêve, où fruits, fleurs, vins, miel et femmes l'attendent. À la conquête du Nouveau Monde Au XV e siècle, de nombreux territoires sont encore inconnus des peuples de l'Europe occidentale et les nécessités économiques les poussent à découvrir de nouvelles terres à exploiter. L'utilisation des épices, des bois précieux, du coton, du diamant oblige le commerce à se développer en terres inconnues. Des navires arabes vont jusqu'en Inde s'approvisionner en denrées rares qu'ils amènent en Égypte. Vénitiens et Génois viennent alors les chercher et les ramènent vers l'Europe. Peu à peu, les pays occidentaux veulent eux- mêmes aller chercher ces produits dans leurs pays d'origine. L'espoir d'y trouver de l'or et de l'argent motive la réalisation des premières grandes expéditions espagnoles et portugaises. Christophe Colomb, l'infortuné Fils d'un tisserand génois, Christophe Colomb 1451-1506 vient au Portugal dans l'intention d'étudier l'astronomie, la géométrie et la géographie. Des marins portugais ayant trouvé sur la mer des bois sculptés alors qu'ils naviguaient vers l'Ouest, ceci lui fait supposer l'existence de terres inconnues habitées. Il décide alors de rejoindre les Indes par l'Ouest. À la même époque, le savant Toscanelli affirme que la Terre est ronde. Son projet est soumis au roi d'Espagne, qui le repousse, mais est finalement accepté par Isabelle, alors reine d'Espagne. Elle lui promet en récompense le titre de vice-roi de toutes les terres conquises, ainsi qu'un dixième du revenu de ce qu'il pourrait y exploiter. Pour mener son projet à terme, trois caravelles lui sont données. En août 1492, parti de Palos, il dépasse les Canaries pour aborder une des îles des Bahamas, qu'il croit être les Indes. Il atteint Cuba puis Haïti et revient en Espagne au bout de sept mois de voyage. En 1493, il repart avec cette fois-ci une flotte de dix-sept bateaux sur lesquels se trouvent un grand nombre d'agriculteurs, d'artisans. Il visite la Guadeloupe, la Dominique, longe Cuba et la Jamaïque. Ce n'est qu'à la troisième expédition, en 1498, après avoir longé le Venezuela et la Colombie, qu'il découvre l'embouchure de l'Orénoque. Son ultime voyage est au Honduras. Il meurt en 1 506, dans l'oubli et la misère, persuadé d'avoir découvert les îles du Japon et trouvé une voie maritime favorable vers les Indes. L'oeuf de Colomb... Tout le monde connaît l'expression l'oeuf de Colomb», mais bien peu savent son origine. La voici la faveur dont jouit Colomb auprès des rois très catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon irrite au plus haut point certains grands seigneurs. Au cours d'un banquet, l'un d'entre eux, jaloux, lance à Colomb Ce voyage aux Indes n'était guère difficile!» Colomb, très maître de lui en dépit de l'insulte, lui répond Certes non, Monseigneur, mais il en est de toutes choses comme de cet oeuf si je vous prie de le faire tenir droit sur la table, vous n'y parviendrez pas. Et c'est pourtant fort simple il suffit d'écraser légèrement, comme ... avec la coquille ! Lors de son troisième voyage, en 1498, Christophe Colomb atteint l'embouchure de l'Orénoque, fait face au Venezuela. Il est, sans conteste, en Amérique. Pourquoi ce continent s'appelle-t-il donc Amérique» et non pas Colombie »? Les responsables en sont un imprimeur lorrain, Gauthier Lud 1448-1527, et un jeune géographe, Martin Waldseemùller 1474-1520. En 1507, Gauthier Lud décide de rééditer la bible des géographes depuis l'Antiquité, la Cosmographie de Ptolémé e. Mais, épris de la soif de connaissance des lettrés de la Renaissance, il demande à Martin Waldseemùller d'en actualiser les cartes. Ce dernier s'appuie sur une lettre de 1503, d'Amerigo Vespucci, qui parle du Nouveau Monde ». Et, par la grâce de Martin Waldseemùller, Amerigo Vespucci devient le découvreur du Nouveau Monde. Le jeune géographe, dans l'ouvrage paru le 25 avril 1507, propose même que l'on pourrait appeler désormais [ce nouveau monde] Americus ou America, puisque c'est Américus qui l'a découverte». C'est cette proposition que l'Histoire va retenir, et la Colombie ne sera, L'Amérique, c'est lui Amerigo Vespucci En 1499, le Florentin Amerigo Vespucci 1454-1512 longe les côtes de l'Amérique centrale, jusqu'au nord du Brésil. Il est alors persuadé que les terres explorées par Colomb et par lui sont un quatrième continent. De retour, il annonce à Lisbonne ce qu'il vient de découvrir, qu'il appelle Nouveau Monde ». Il faut attendre 1560 pour que les limites de l'Amérique soient connues, même vers les régions arctiques et du Nord-Ouest. En effet, les navigateurs occidentaux cherchent au nord-ouest de l'Amérique un accès vers les Indes et découvrent à cette occasion de nouvelles terres. En 1497, les Anglais abordent au Labrador; en 1500, un Portugais découvre Terre-Neuve; en 1535, une expédition française remonte le Saint-Laurent et s'installe dans ce qui sera appelé plus tard le Canada. Vasco de Gama et Magellan, sur les mers du monde C'est sous le règne d'Henri IV de Castille que commence l'expansion espagnole outre-mer. L'Espagne obtient du pape le jumelage exclusif du commerce dans les pays de l'Ouest. Les Portugais cherchent alors par l'est la route des Indes. En onze mois en partant de Lisbonne, Vasco de Gama 1469-1524 atteint la ville de Callicut, port des épices, par le cap de Bonne-Espérance 1497. De là, il regagne le Portugal en passant par Goa 1 499. Tout le monde veut alors gagner les Indes par l'ouest en contournant l'Amérique. Au service du roi d'Espagne, Fernand de Magellan 1480-1521 se fait confier cette mission. En 1519, il appareille à la tête de cinq navires. Il va de l'Espagne à Rio de Janeiro en longeant la côte et rejoint l'actuel détroit de Magellan. Il donne à l'océan dans lequel il vient de pénétrer le nom de Pacifique. Tournant vers le nord-ouest, il atteint les Philippines. De là il retourne en Espagne, après avoir relâché aux Moluques, passé le cap et longé les côtes occidentales d'Afrique. Les explorateurs de la Nouvelle France La France, comme les autres pays européens, cherche à étendre son territoire sur le globe afin d'acquérir de nouvelles richesses. Deux explorateurs jettent leur dévolu sur la région du Saint-Laurent et c'est le début de la conquête de la Nouvelle France, future province du Québec. Jacques Cartier, trois voyages plein de promesses Dans la première moitié du XVI e siècle, Jacques Cartier 1491-1557, natif de Saint-Malo, effectue, pour le compte du roi François I er , trois voyages d'exploration du Canada. r Le premier voyage d'avril à septembre 1534 se fait après une présentation par l'entremise du Grand Aumônier du roi, Jean le Veneur de Tillières, breton lui aussi. Pour le prince, l'aventure doit se traduire en richesses nouvelles, terres à s'approprier, gloire des découvertes faites en son nom. Cartier cherche un passage par le Nord-Ouest pour gagner les Indes. Il part de Saint-Malo avec deux navires et 61 hommes. Après l'exploration de la baie de Gaspé, au bord du golfe du Saint-Laurent, il revient en France avec quelques Indiens iroquois. ^ Lors du second voyage de mai 1 535 à juillet 1 536, avec trois navires et 1 1 0 hommes, Cartier remonte le Saint-Laurent, jusqu'aux sites futurs de Québec et de Montréal. Les relations avec les Indiens se sont gâtées. Le butin est maigre un peu d'or, quelques fourrures. ^ Le troisième voyage de mai 1 541 à septembre 1 542, en termes de trésors, est tout aussi décevant, d'autant que Cartier n'est plus le commandant de l'expédition. Le bilan, dans l'immédiat, est plutôt terne, mais ces voyages sont riches de promesses, Cartier a jeté les fondements de la future Nouvelle France. Le bruit et la fourrure Au cours de son second séjour au Canada, entre 1 535 et 1 536, Jacques Cartier entreprend la remontée du Saint-Laurent, dont il n'avait découvert que l'embouchure lors de la première expédition. Il espère gagner ainsi le royaume de Saguenay, qui, selon les Indiens, regorge d'or et de richesses. Mais l'hiver le contraint à rebrousser chemin et à trouver refuge dans un fortin, au beau milieu du territoire du chef Donnacona. Cartier redoute une attaque, d'autant plus que ses marins sont malades du scorbut, affaiblis, incapables de défendre la position. Pour donner le change, Cartier et les marins valides du moment vont faire des achats dans les villages alentours. Si les Indiens approchent, les hommes ont ordre de cogner sur la coque des navires, comme s'il s'agissait d'un chantier en pleine activité. Finalement, les Indiens donnent à Cartier le remède contre le scorbut, une tisane d'écorce de cèdre blanc, Vannedda. Samuel de Champlain, père de la Nouvelle France S'il revient à Jacques Cartier de commencer l'exploration de la Nouvelle France, future province du Québec, Samuel de Champlain 1567-1635 peut être considéré à juste titre comme son véritable fondateur. Il effectue, au total, onze voyages, explore la côte nord-est jusqu'au territoire des futurs États-Unis, les grands lacs Huron et Ontario. Désireux de pérenniser la présence française par une colonie véritable, il fonde la ville de Québec en 1 608 et prépare la fondation de Montréal, qui a lieu après sa mort, en 1 642. Champlain y est encouragé par le roi Henri IV, favorable au développement de la colonie. Après la mort du roi, en 1 61 0, la régente Marie de Médicis laisse Champlain administrer la Nouvelle France, sous l'autorité, toute nominale, du prince de Bourbon-Condé. Mais les difficultés s'accumulent les familles débarquées meurent en quelques années et les colons pillent, pour le compte des marchands, les réserves de fourrure des Indiens. Cette activité de traite des fourrures, appelée aussi ruée vers l'or brun, attire de nombreux jeunes hommes, les coureurs des bois. La vie libre et sauvage les éloigne des villes, où Champlain peine à essayer de fixer la population d'origine européenne. La menace anglaise commence quant à elle à peser, Québec est pris en 1629, puis repris par les Français. Nommé géographe du roi, Champlain meurt à Québec, le 25 décembre 1635. James Cook à l'assaut du Pacifique Né dans un petit village du Yorkshire, James Cook 1728-1779 entre dans la Royal Navy. Ses qualités de marin et de meneur d'hommes lui valent de commander un premier navire pour cartographier les rives du Saint-Laurent, puis, en 1 768, un second avec lequel il découvre l'Australie et la Nouvelle-Zélande, dont il prend possession au nom de la couronne britannique. En 1772, Cook prend la tête d'une expédition vers le Pacifique, composée de deux navires, le Resolution et VAdventure. Le défi est de taille sillonner l'immense Pacifique, pour savoir s'il y a, ou non, en son centre, un continent inconnu. L'expédition passe l'Antarctique, croise des icebergs, pensés à tort comme le continent recherché, puis gagne la Nouvelle-Zélande, où l'explorateur passe deux hivers. Sur le chemin du retour pour l'Angleterre, il découvre les îles Sandwich. En 1776, il repart, afin de ramener des indigènes de Tahiti, explore les îles du Prince-Edward, les îles Kerguelen, découvre les îles Hawaï. Le 14 février 1779, au cours d'une rixe opposant les indigènes et les marins anglais, Cook est tué sur la plage de la baie de Kealakekua. Voyages aux confins du monde Jusqu'aux voyages de découverte des XV e et XVI e siècles, l'Afrique reste un continent largement inconnu. L'intérieur, sur les cartes, demeure en blanc, ou occupé par les noms de royaumes fantaisistes, nés de l'imagination des géographes occidentaux. Si les côtes sont assez bien connues après le XVI e siècle, il faut attendre le dernier tiers du XIX e siècle pour que les contrées intérieures soient véritablement explorées. L'Afrique entière devient alors un enjeu majeur entre colonisateurs, qui se répartissent ces espaces à dominer lors de la conférence de Berlin en 1 885. Les Portugais sont les premiers à contourner l'Afrique par le cap de Bonne-Espérance, qui leur est connu depuis 1 486, doublé par Vasco de Gama en 1498. Ils sont à l'origine attirés par la recherche de métaux précieux, or et argent, dont l'Europe, en plein dynamisme économique, manque cruellement pour favoriser la fluidité des échanges. Puis, au XVII e et surtout au XVIII e siècle, l'Afrique est exploitée pour le commerce triangulaire chargés de verroterie ou d'armes à feu, les navires négriers les échangent sur les côtes africaines contre des esclaves, vendus par les souverains locaux ou les chefs arabes qui ont organisé des raids, les razzias, pour les enlever. Ces esclaves sont ensuite transportés vers les Antilles ou les colonies anglaises en Amérique, grandes consommatrices de main-d'oeuvre dans les champs de canne à sucre, d'indigo plante qui permet de teindre en bleu ou de coton. Le dernier côté du triangle est refermé quand le navire rentre en Europe, chargé de sucre et d'épices. C'est au milieu du XVIII e siècle que la première carte exacte des côtes africaines est dessinée. L 'Afrique d'ouest en est avec David Livingstone Missionnaire écossais, David Livingstone 1813-1873 arrive en Afrique en 1840. Entre 1849 et 1856, il entreprend plusieurs tentatives pour traverser l'Afrique d'ouest en est et découvrir de nouveaux territoires. Elles l'amènent à découvrir, en 1 851 , le fleuve Zambèze, qu'il n'explore véritablement que lors d'un voyage ultérieur, réalisé en 1858 et 1859. En hommage à la souveraine britannique, il baptise ces chutes du nom de chutes Victoria. Mais sa célébrité véritable lui vient de son expédition de 1865, dont le but est de parcourir le continent cette fois-ci du sud au nord. Parti de Zanzibar, Livingstone parvient au lac Tanganyika, mais la plupart de ses porteurs l'abandonnent et prétendent à leur retour qu'il est mort au cours d'un combat contre une tribu. Cette annonce provoque la décision de Henry Stanley 1844-1904 de partir à sa recherche. Journaliste, ancien correspondant de guerre, Stanley monte lui aussi une expédition à partir de Zanzibar, en janvier 1 871 . Il rejoint Livingstone le 1 0 novembre 1 871 à Ujiji, sur le lac Tanganyika. Rentré en Europe, il est fêté en héros et reçoit des moyens considérables pour une nouvelle expédition en 1874, qui sert à démontrer que le Tanganyika n'est pas la source du Nil et permet la découverte du fleuve Congo. Et Livingstone ? Après le départ de Stanley, il reprend son exploration du gigantesque lac Tanganyika, mais meurt sur place en 1873. Dr Livingstone, I présume ? » La rencontre la plus improbable qui soit se déroule le 10 novembre 1871 à Ujiji, petit village situé sur la rive orientale du lac Tanganyika. Henry Stanley, du haut de ses 27 ans, y parvient avec ses porteurs, après un périple depuis Zanzibar commencé dix mois plus tôt. Il est à la recherche de l'explorateur le plus fameux du moment, le pasteur écossais David Livingstone, 58 ans, dont on ne sait s'il est vivant ou mort depuis sa disparition, en 1866. Tout le sel de la rencontre est dans l'humour de Stanley. Alors qu'il n'y a aucun autre homme blanc à des centaines de kilomètres à la ronde, il voit un Européen barbu quitter une case et se diriger vers lui. Stanley lui lance alors la fameuse phrase d'introduction Dr Livingstone, I présume ? », c'est-à-dire Dr Livingstone, je suppose?» Ce sens inné de la formule fait la célébrité de Stanley au moins tout autant que l'exploit d'avoir retrouvé Livingstone au coeur de l'Afrique, continent encore largement inconnu à l'époque. Malade, affaibli déjà par la dysenterie qui finira par l'emporter, Livingstone refuse pourtant de rentrer en Europe avec Stanley. Il chemine avec lui quelques jours sur la voie du retour, puis ils se séparent, et Livingstone regagne son village. Il meurt en 1873, mais son corps, embaumé, est rapatrié en Angleterre, où il est inhumé en grande pompe dans l'abbaye royale de Westminster en 1874. L'Afrique en toute humanité, avec Savorgnan de Brazza D'origine italienne, le comte Pierre Savorgnan de Brazza 1852-1905 naît à Rome. Officier dans la marine française, son premier contact avec l'Afrique date de 1873-1874, avec une visite au Gabon. Fasciné par le monde inconnu offert par l'Afrique intérieure, il obtient, en 1875, une mission d'exploration pour remonter le fleuve Ogoué. Ce premier voyage lui permet d'atteindre les affluents du fleuve Congo, et surtout de se concilier les souverains locaux et les populations, par sa constante humanité, son respect et son ouverture à des cultures différentes. Un second voyage exploratoire, en 1879-1880, voit la fondation de la future Brazzaville, la descente du fleuve Congo, au cours de laquelle il parvient à convaincre le roi Makoko I er d'accepter le protectorat français. Naturalisé français, Savorgnan de Brazza représente la France lors de la conférence de Berlin en 1885. Il monte ensuite encore plusieurs expéditions, concourt à l'administration du Gabon et d'une partie du Congo, où il meurt en 1905. Père d'une exploration scientifique respectueuse des hommes et des civilisations, Savorgnan de Brazza est en tout point digne de l'éloge funèbre de son épitaphe, qui évoque une mémoire pure de sang humain ». L'Afrique dépecée C'est à l'initiative du chancelier allemand Otto von Bismarck 1815-1898 qu'est convoquée, le 15 novembre 1884, la conférence de Berlin , dont les travaux durent jusqu'au 26 février 1885. La volonté de Bismarck est de trouver un accord destiné à empêcher les guerres coloniales. Désormais, le colonisateur doit s'engager à exploiter sa colonie et le notifier officiellement aux autres pays signataires. Le pays le plus intéressé au succès de la conférence, outre l'empire allemand, puissance invitante, est le royaume de Belgique. Le roi Léopold II 1835-1909 veut, et obtient, la reconnaissance d'un État indépendant du Congo, dont il devient le souverain effectif le 30 avril 1885. Il faut faire attention ici à un point fondamental l'État que constitue le royaume de Belgique refuse toute responsabilité au Congo supposé indépendant. Il s'agit de la propriété privée du seul Léopold II et de la famille royale, la Belgique n'entend pas en assumer la mise en valeur. La France, elle, obtient des territoires près de l'embouchure du fleuve Congo. Les autres signataires, quatorze pays européens ainsi que les États-Unis et le représentant de la Sublime Porte, l'empire ottoman, reconnaissent la nouvelle possession du roi des Belges. La mise en oeuvre du traité revient à un véritable partage de l'Afrique, au bénéfice surtout de la France et de l'Angleterre, qui se taillent d'immenses colonies en Afrique Afrique équatoriale française AEF, Afrique occidentale française AOF, et, pour l'Angleterre, l'énorme bloc formé par une partie de la Libye, de l'Égypte et du Soudan, puis une diagonale jusqu'au Cap en Afrique du Sud. Roald Amundsen à la découverte du pôle Sud Né à Borge en Norvège, Roald Amundsen 1872-1928 disparaît quelque part dans l'océan Arctique en 1928. Entre ces deux dates, il réalise le rêve le plus fou au prix de sa vie découvrir le mythique passage du Nord-Ouest. Destiné à l'origine à devenir médecin, mais depuis toujours fasciné par la route du Pôle, Amundsen participe à sa première expédition à bord du Belgica en 1897-1899. Le navire pénètre dans les eaux de l'océan glacial le 20 janvier 1897. Pris dans les glaces, il est contraint de passer l'hiver 1898 dans la nuit polaire. Amundsen démontre ses qualités de commandement en organisant la chasse aux phoques et pingouins, qui permet à une partie de l'équipage de survivre. En 1899, il est de retour et se lance dans la découverte du passage du Nord-Ouest, route qui passerait au nord du continent américain. Une seconde expédition part en 1903 et effectue une campagne de mesures scientifiques de deux ans sur l'île du Roi-Guillaume, à proximité du pôle. Pourtant, c'est un autre explorateur, l'Américain Robert Peary, qui plante le drapeau américain au pôle Nord en 1909. Amundsen se rattrape au pôle Sud, y plante le drapeau norvégien le premier, en 1911. La Première Guerre mondiale interrompt les missions exploratrices. Amundsen les reprend dès juin 1918. C'est en se portant au secours du dirigeable Italia, écrasé en Arctique, qu'Amundsen disparaît, en juin 1 928. Tableau 11-2 Les grandes dates de l'exploration Date Evénement 1492 Christophe Colomb aborde les premières îles des Amériques 1497 Vasco de Gama découvre la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance 1520 Magellan dépasse l'Amérique au sud par le détroit qui portera son nom 1534 Jacques Cartier prend possession du Canada au nom de François I er 1772 James Cook découvre l'Antarctique 1911 Roald Amundsen atteint le pôle Sud La nouvelle frontière le monde de la communication Pour l'homme du XXI e siècle, il ne reste aucun espace inconnu à découvrir à la surface de la Terre. Le pari d'une nouvelle frontière est justement celui de l'abolition de l'espace et du temps. Après les découvertes de continents nouveaux, de civilisations différentes, le grand défi actuel des découvreurs modernes est de parvenir à relier entre eux les individus d'un bout de la planète à l'autre. La nouvelle frontière dont les limites sont à repousser est celle de la communication. Entre les hommes, communiquer semble la chose la mieux partagée du monde. Depuis la lointaine époque où l'évolution a prévu des cordes vocales et un pharynx, ce long couloir musculaire qui fait caisse de résonance, l'espèce humaine articule des sons, forme des mots, en vient à échanger des idées. Pourtant, pendant longtemps, un problème s'est posé en matière de communication l'interlocuteur devait être en face, à portée de voix. Alors l'écriture vint, les mots volèrent de la bouche sur le papier. Mais un problème demeurait pour lui faire parcourir les distances. Messagers coureurs à pied de l'empire inca, pigeons voyageurs, signaux de fumée, tout était bon pour transmettre un message le plus vite possible. Au télégraphe à bras articulés succéda le télégraphe sans fil, le morse, le téléphone. Et, brusquement, à la fin du XX e siècle, l'explosion de l'informatique à domicile, celle d'Internet. Einstein avait une fois de plus raison, l'espace et le temps s'abolissent. La communication est complète, immédiate, instantanée. La communication par porteurs Pour faire parvenir un message à une lointaine distance, il n'y a d'abord qu'à le confier à un tiers. Coureurs en relais et pigeons voyageurs ont longtemps été les plus efficaces messagers. La tête et les jambes À son apogée au début du XVI e siècle, l'empire inca s'étend du Nord au Sud sur près de 3 500 kilomètres. La capitale impériale, Cuzco, est reliée aux provinces dominées par des routes bien entretenues. Mais les Incas ne connaissent ni le cheval ni l'écriture avant l'arrivée des conquérants espagnols. Ils illustrent l'exemple typique, a priori, des pires difficultés de communication. Et pourtant, en une semaine au plus, l'empereur peut recevoir des nouvelles de toutes les parties de son immense empire. Comment? Par une organisation sans faille tout au long des routes, des coureurs d'élite attendent en permanence de prendre le relais des messages à transmettre. Ils bénéficient d'une priorité absolue de circulation. Et les messages, comment faire sans écriture ? Les Incas ont inventé un astucieux système, le quipu, ou kipu. C'est une corde à noeuds qui fonctionne en suivant la numérotation décimale. Selon la taille des noeuds et leur distance sur la corde, ils permettent de transmettre des informations chiffrées très précises. Plusieurs quipus de couleurs différentes reliés ensemble par un lien fermé en cercle constituent, par exemple, un véritable recensement de la population, des biens et des troupeaux, permettant au fonctionnaire en charge d'établir le montant de l'impôt et des tributs à verser au souverain pour une année donnée. Mais cet admirable outil comptable ne convient pas pour les messages textuels. Ces derniers sont appris par coeur par les coureurs. À chaque relais, le messager parcourt avec le relayeur suivant quelques kilomètres en récitant le texte appris, afin de s'assurer que le nouveau porteur le sache par coeur. La tête et les jambes, en somme. Pigeon vole Dès l'Antiquité, Chinois, Grecs, Romains, Égyptiens utilisent le talent inné de certains pigeons voyageurs pour se diriger vers un lieu précis sans s'égarer et revenir ensuite précisément sur leur site de départ. Les pigeons voyageurs servent à envoyer de courts messages, suspendus au cou ou à une patte dans un petit étui protecteur par les marchands, les fonctionnaires administrateurs, les militaires. Le vol du pigeon peut faire et défaire les fortunes. C'est par lui que le fondateur de la dynastie Rothschild apprend avant tout le monde la défaite de Napoléon à Waterloo. Il s'empresse de racheter les valeurs de la Bourse de Londres, orientées à la baisse, car une victoire française y est redoutée. Quand la nouvelle est officielle, les cours remontent brutalement. Homme déjà fortuné, Rothschild devient ainsi immensément riche... Et cela grâce à son habilité et à un pigeon! Pendant la guerre de 1914-1918, les pigeons sont transportés dans un colombier ambulant au gré de l'avancée et du recul du front. C'est Yaraba, un autobus à impériale transformé en colombier. Certains pigeons sont cités à l'ordre de la Nation, reçoivent des médailles pour leur courage et leur sang-froid. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les militaires recourent moins aux pigeons voyageurs. Depuis 1945, la colombophilie est devenue un loisir de convivialité, d'échanges, d'exhibition de champions. Le plaisir de l'élevage remplace désormais l'utilité pratique d'agent de communication. Du télégraphe à bras au téléphone Le XIX e siècle est celui de la dématérialisation » du message. Grâce au télégraphe à bras, puis électrique, et au téléphone, les informations se transmettent visuellement ou auditivement sans le recours à un support palpable. Fil à fil C'est sur le territoire de la commune de Saint-Marcan, en baie du Mont-Saint-Michel, qu'en 1793 les autorités révolutionnaires autorisent la mise en place et l'utilisation de la machine du citoyen Claude Chappe, un télégraphe à bras articulés. Il s'agit d'un système placé sur une hauteur, un bâtiment ou une éminence naturelle, tous les 20 kilomètres environ. Chaque mouvement des bras mobiles, ou d'une de leurs parties, correspond à un mot ou une phrase. Par ce système ingénieux, mais tributaire du temps clair et des yeux aiguisés des télégraphistes, un message mettait vingt minutes pour parvenir de Brest à Paris. Ce télégraphe optique, entièrement manuel, reliant Paris à Marseille en quelques heures là où un cavalier mettait une semaine, est ensuite remplacé par le télégraphe électrique, inventé aux États-Unis par Samuel Morse 1791-1872 en 1832. Le brevet d'invention est déposé en 1840. La première ligne de télégraphie électrique est mise en place, reliant Baltimore à Washington, en 1844. Le succès est foudroyant, l'utilité pratique de cette découverte étant évidente. Dès la seconde moitié du XIX e siècle, plus de 22000 bureaux télégraphiques forment un maillage de communication efficace aux État-Unis. Le télégraphe est supplanté après 1945 par le télex, un appareil couplant télégraphe et téléphone ne nécessitant plus la présence d'un opérateur. courts, les points, et de signes longs, les traits. Un crayon aimanté magnétiquement reçoit des impulsions électriques et imprime sur une bande de papier, fixée sur un cylindre animé par un mouvement d'horlogerie, des marques, points ou traits. Pour un fonctionnement optimal, la distance entre deux bureaux télégraphiques ne doit pas excéder 30 kilomètres. Mais rapidement, les opérateurs apprennent à traduire les signaux en morse uniquement par l'écoute. Ils sont capables, instantanément, de coder ainsi un message ou d'en traduire un pour son destinataire. Ainsi le A » est composé d'un point et d'un trait, le B » d'un trait et de trois points, le C» d'un trait-point-trait-point, etc. L'alphabet morse est né. Ses lettres les plus connues et les plus tragiques sont celles du célèbre » point-point-point S ; trait-trait-trait O ; point-point-point S. Lancé dans la nuit du 14 avril 1912 par les opérateurs radio du Titanic, restés à leur poste jusqu'à la fin et ne cessant d'envoyer dans la nuit noire et glacée leur pathétique appel SOS, Save Our Soûls », Sauvez nos âmes!» Le téléphone sonne Si le mot même de téléphone apparaît en 1861, l'objet correspondant ne fait l'objet d'un dépôt de brevet d'invention par Alexandre Graham Bell 1847-1922 qu'en 1876. Toutefois, Bell a été précédé par Antonio Meucci 1808-1896 . Car c'est bien ce dernier qui invente le téléphone, mais faute d'argent, il ne parvient pas à renouveler régulièrement sa demande de brevet. Déposée en 1871, elle expire définitivement en 1874, laissant le champ libre à Bell. La paternité du véritable inventeur n'est reconnue qu'en 2002. Objet révolutionnaire par la possibilité qu'il donne de transporter la voix à distance sans déplacement physique des interlocuteurs, le téléphone commence sa carrière vers 1880. Il est manuel jusqu'avant 1912, c'est-à-dire que l'abonné doit passer par une opératrice pour être mis en relation avec son correspondant. Depuis cette date, il est automatique le correspondant est appelé directement. L'évolution récente l'a rendu portable, sans fil, support d'Internet. Le téléphone peur En cette fin du XIX e siècle, l'aspect pratique du téléphone n'échappe à personne, mais il inquiète tout autant. En 1 894, VEIetrical World rapporte qu'un responsable d'un quotidien de Philadelphie conseille à ses lecteurs de ne pas converser au téléphone avec des personnes malades, surtout s'il s'agit d'une maladie contagieuse, afin d'éviter de la contracter à leur tour. Déjà, en 1889, un article du New York Times évoque une sorte de téléphonite » le mot est de nous ou maladie du téléphone. Il s'agirait d'un effet secondaire des ondes électriques. Elles sont accusées d'occasionner une pression auriculaire augmentée, source de vertiges, de perte d'équilibre, d'un désordre général du système nerveux central. Tout ceci n'étant qu'une première étape, conduisant le sujet à une dépression, voire à des tentatives de suicide. Échappant pourtant au suicide, vous pensez en être quitte avec le téléphone? Que nenni ! La folie vous guette, soit par la persistance usante de la sonnerie d'appel sur vos nerfs, soit quand la paranoïa s'insinue tout le monde écoute vos conversations les plus intimes. Ces fils ne sont pas sûrs, ils transmettent trop d'échanges en même temps... Chut! Voici que votre voisin entend tout. Aucun secret n'est à l'abri. Vous-même entendez parfois des propos qui ne vous sont pas destinés. Et quoi de plus angoissant qu'une voix anonyme, des confidences dont vous ne voulez pas, une voix qui ne peut être vue ? L'ordinateur, du calcul à la navigation sur le Web Le mot ordinateur , une fois n'est pas coutume, est daté avec une rare précision. Il apparaît en 1955, appliqué aux machines fabriquées et développées par IBM. Sa définition courante est d'être un équipement informatique autorisant le traitement de données informations suivant des procédures logiciels, systèmes d'exploitation. À l'origine, l'ordinateur est destiné à des opérations de calcul. En ce sens, il est l'héritier du boulier chinois, de l'abaque, nom du boulier en Occident, de la machine à calculer de Biaise Pascal 1623-1662. Mais ce sont les nécessités de la Seconde Guerre mondiale 1939-1945 qui conduisent à réaliser le premier ordinateur véritable. Contrairement à la Première Guerre dite mondiale 1914-1918, en réalité presque uniquement européenne, la seconde mérite hélas son qualificatif de mondiale. Les champs d'opérations militaires concernent, au même moment, l'Atlantique, le Pacifique, l'Afrique du Nord et l'Asie du Sud-Est. La complexité des opérations de logistique dépasse, et de loin, les méthodes habituelles de calcul. En Allemagne, Konrad Zuse 1910-1995 construit le premier calculateur programmable universel, le Z3, en 1938. Mais c'est en 1944, à l'université de Harvard, aux États-Unis, que le premier calculateur électromagnétique, le Mark I , est construit, pour IBM, par Howard Aiken 1900-1973. L'évolution réelle se produit après l'invention du transistor en 1947, qui autorise le passage au microprocesseur. L'ordinateur moderne est né. La pomme et le PC Ce sont les créateurs de la firme Apple pomme » en anglais, Steve Wozniak né en 1950 et Steve Jobs né en 1955, qui mettent au point le premier micro-ordinateur personnel. Désormais, l'informatique quitte le seul domaine des entreprises pour entrer dans la sphère privée, avec la mise en vente en 1981 du modèle Osborne-I, premier véritable ordinateur portable puis, à partir de 1984, de la gamme des différents Macintosh, plus connus sous le diminutif familier de Mac. Créateur, avec Paul Allen né en 1953, du langage basic pour informatique 1975, Bill Gates né en 1955 fonde la société Microsoft mot-valise issu de la contraction de microcomputer software en 1977. Basé à Redmond dans l'État de Washington, la société devient rapidement le plus important éditeur de logiciels informatiques du monde, avec plus de 90 % des parts de marché sur certaines catégories de produits, notamment les systèmes d'exploitation MS-DOS et Windows. L'ère de l'informatique de masse est désormais lancée et la bourse de Bill Gates - devenu dans l'intervalle l'homme le plus riche du monde - bien remplie! Une mouche dans le portable Les ordinateurs dont nous usons à titre personnel sont devenus si maniables, légers, portables, faciles d'utilisation, qu'il est difficile d'imaginer les géants, en termes de taille et de complexité, dont ils sont pourtant les descendants directs ^ En 1 943, l'Eniac Electronical Numerical Integrator And Computer occupe un espace de 1 500 m 2 . ^ En 1944, le Mark I d'IBM, qui mesure 17 mètres de long et 2,5 mètres de haut, assemble 3300 engrenages, 1400 commutateurs électriques, 800 kilomètres de fils électriques. ^ En 1 971 , le Kenback I est le premier micro-ordinateur. ^ En 1 976, le Apple I est créé dans leur garage par Steve Wozniak et Steve Jobs. ^ En 1981, le premier PC est mis en vente par IBM. Et pourtant, ces Goliath de l'informatique sont victimes d'un David bien inattendu un insecte. La première panne d'un système informatique est, en effet, provoquée par un insecte venu profiter de la chaleur des lampes et qui provoque un court-circuit. En démontant les circuits, les ingénieurs trouvent la cause de l'incident et donnent le nom de bug , insecte» en anglais, à la panne. Ce vocable est resté pour désigner une panne informatique. Le géant terrassé par plus petit que lui semble bien une histoire destinée à durer. Sur la Toile Créé en 1969 pour les besoins de la Défense américaine, Internet abréviation 6' interconnectée! networks, communément appelé le Web la Toile », est un réseau informatique permettant l'interconnexion des ordinateurs du monde entier. En 2006, près de 700 millions de personnes âgées de plus de 15 ans sont connectées à Internet dans le monde. Les États-Unis sont le plus grand utilisateur, avec 152 millions de personnes, suivis de la Chine 72 millions, du Japon 52 millions, de l'Allemagne 32 millions et du Royaume-Uni 30 millions. La France occupe une place plus modeste, avec 24 millions de personnes. Autant d' internautes, c'est-à-dire de personnes qui surfent » sur le Web. Tableau 11-3 Les grandes dates de la communication Date Evénement 1793 Premier télégraphe à bras articulés 1844 Première ligne de télégraphe électrique 1876 Dépôt du premier brevet de téléphone 1944 Premier ordinateur IBM 1969 Création d'Internet 1 981 Mise en vente du premier micro-ordinateur Chapitre 12 De chair et d'os le corps humain Dans ce chapitre > L'anatomie Le cerveau Quoi de plus familier et en même temps de plus mystérieux et déroutant que notre propre corps? En surface, nous pouvons le voir, le toucher, sentir ses réactions au froid ou au chaud. Mais à l'intérieur, toute une vie bouillonnante nous échappe et nous inquiète au moindre signe inconnu. C'est là toute l'ambiguïté du corps humain, à la fois vêture, défroque bien connue et souvent volontiers exhibée, objet dans notre société d'un culte de l'apparence, et monde des mécaniques secrètes et obscures, de l'invisible, de l'incontrôlable. Tout l'enjeu est là entre le paraître victorieux et les rouages cachés, savoir enfin quelle est la part de l'automate. Puis, bien au-delà des os, des nerfs, des systèmes sanguin, respiratoire, digestif, le mystère premier, insondable et fascinant du cerveau, siège des facultés, des aptitudes, de l'intelligence sous toutes ses formes et, pour les mystiques et croyants, lieu par excellence de la part immortelle, de l'âme immuable. Et dire que les Égyptiens la localisaient dans le coeur, et les Chinois en tant que souffle, énergie, dans l'estomac! L'anatomie du corps humain Le miracle sans cesse renouvelé du corps humain est qu'il fonctionne en permanence, quand tout va bien, sans que nous ayons à nous en soucier. Inutile de lui donner l'ordre de respirer, de faire circuler le sang, de digérer, cette extraordinaire et complexe machine le fait d'elle-même. Et pourtant, bien à l'abri, que d'éléments mobilisés plus de 60 milliards de cellules, 600 muscles, plus de 200 os, 5 litres de sang. Et dans 1 centimètre cube de sang, soit une grosse goutte, 11 millions environ de globules blancs et quelque 5 milliards de globules rouges. Le corps humain est un assemblage de cinq systèmes, chacun aux fonctions bien définies, propres à entretenir la vie et à assurer la défense de l'organisme contre les agressions. Il s'agit des systèmes circulatoire, respiratoire, digestif, nerveux et musculaire. Le système circulatoire Maintenir le corps en vie n'est pas chose facile pour les différents systèmes de l'organisme. Au centre de tout, le système circulatoire, chargé de faire circuler le sang. Sa tâche est double d'une part, véhiculer l'oxygène et les nutriments, aliments transformés par le système digestif, et d'autre part éliminer les déchets produits par les cellules. Pour ce faire, notre système sanguin compte plus de 100 000 kilomètres de long de vaisseaux sanguins. Ce sont des tubes, plus ou moins gros, charriant le sang dans tout le corps. Il en existe trois types ^ Les artères, larges vaisseaux, transportent le sang oxygéné du coeur, sauf l'artère pulmonaire qui charrie un sang pauvre en oxygène. r Les veines, moins larges, transportent le sang pauvre en oxygène et les déchets vers le coeur. Les capillaires, vaisseaux minuscules, irriguent tous les tissus jusqu'aux extrémités du corps. Sang pour sang Liquide vital par excellence, symbole de force et de vitalité, le sang se compose de quatre éléments principaux les globules rouges, les globules blancs, les plaquettes et le plasma i" Les globules rouges, 45 % du sang, transportent 99% de l'oxygène dans le corps et éliminent le dioxyde de carbone. f Les globules blancs, ou leucocytes, sont les guerriers protecteurs du sang, ils assurent la défense immunitaire de l'organisme contre les infections. ^ Les plaquettes, toutes petites cellules, sont les réparatrices du système sanguin, elles se regroupent et activent la coagulation, en s'agglutinant les unes aux autres. m Le plasma est la partie liquide du sang, c'est en lui que baignent les globules rouges, les leucocytes, les plaquettes, mais aussi les nutriments. Le coeur est un muscle creux, c'est lui qui fait fonctionner par son action l'ensemble du système circulatoire. Il bat plus de 100 000 fois par jour, pompe et rejette 8 000 litres de sang en une seule journée. Il est composé de quatre cavités les deux oreillettes, au-dessus, les deux ventricules, au-dessous. Ces quatre cavités forment deux parties qui fonctionnent à leur tour ensemble oreille droite et ventricule droit, oreillette gauche et ventricule gauche. Le coeur agit en quatre temps 1 . L'oreillette droite reçoit le sang veineux, c'est-à-dire chargé de dioxyde de carbone, apporté par la veine cave. 2. Ce sang est propulsé dans le ventricule droit qui l'envoie dans les poumons par l'artère pulmonaire. Là, le sang est régénéré en oxygène. 3. Ce sang frais et riche en oxygène rentre dans l'oreillette gauche par les quatre veines pulmonaires. 4. L'oreillette gauche l'envoie dans le ventricule gauche, plus épais en muscle que le droit, car c'est lui qui propulse le sang oxygéné dans tout le corps. Le système respiratoire Si le système circulatoire charge le sang du transport de l'oxygène, c'est qu'il est vital. Sans apport permanent d'oxygène frais, le corps ne peut se maintenir en vie, c'est le rôle du système respiratoire. Or, si le sang transporte l'oxygène, il ne le fabrique pas, il se contente d'aller le recueillir dans les poumons. Ces derniers ressemblent à deux grosses éponges, composées de plusieurs lobes. Ils sont totalement dépourvus de muscles. Le poumon droit comporte trois lobes, et le poumon gauche deux. Les poumons sont un transformateur l'air, capté par la respiration, est fait pour l'essentiel d'oxygène. Lorsque nous respirons - environ 1 5 fois par minute -, l'air descend dans la trachée artère, puis dans les bronches, sortes de branches, l'une à droite, l'autre à gauche, chacune reliée à un poumon. Puis l'air poursuit son parcours dans les bronchioles, ramifications des bronches, un peu comme les petites branches d'un arbre, et arrive dans de petites alvéoles. C'est la paroi de ces alvéoles que l'oxygène traverse pour passer dans le sang, transporté par les globules rouges. De la même façon le dioxyde de carbone traverse la paroi des alvéoles et est expulsé au moment de l'expiration. Les poumons ne sont pas spécialisés, chacun reçoit l'oxygène et expulse le gaz carbonique. C'est une adaptation et une chance, qui permet à l'organisme de continuer à fonctionner avec un seul poumon au besoin. Dépourvus de muscles eux-mêmes, les poumons sont mus par les muscles de la cage thoracique pour l'expansion et la compression. La redoutable tuberculose pulmonaire s'appelle, jusqu'au XIX e siècle, phtisie pulmonaire, ou consomption pulmonaire. Les deux termes renvoient à l'état d'épuisement du malade, qui le laisse squelettique. La phtisie est la première cause de décès dans l'Europe du XIX e siècle. Maladie infectieuse, elle est découverte en 1882 par Robert Koch, qui lui donne son nom, le bacille de Koch. Mais le recul de la tuberculose n'intervient qu'après la Première Guerre mondiale, avec la mise au point d'un vaccin, le BCG. Tout au long du XIX e siècle, les ravages provoqués par la phtisie se doublent de la terreur provoquée par les manifestations de la maladie. À un stade avancé, le malade crache de la matière pulmonaire, du sang. L'aspect spectaculaire de la phtisie frappe les imaginations, d'autant plus qu'elle concerne toutes les tranches d'âge de la population. Les romanciers et auteurs de livrets de théâtre ou d'opéra s'en emparent. Alexandre Dumas fils 1824-1895 s'inspire de l'histoire véritable de Marie Duplessis pour sa Dame aux Camélias, devenue Traviata dans l'opéra de Giuseppe Verdi. Marie Duplessis 1824-1847 est une courtisane renommée dans le Paris de la monarchie de Juillet 1830-1848. Alexandre Dumas fils entretient avec elle une liaison tumultueuse et passionnée entre 1844 et 1845. Quand elle meurt poitrinaire, à 23 ans, le 3 février 1847, Dumas la transfigure en Marguerite Gautier, personnage central de son roman La Dame aux camélias, paru en 1848. Érigée au rang des amoureuses éternelles, elle repose au cimetière du Père-Lachaise, où sa tombe Le système digestif Le rôle du système digestif est fondamental, il assume le passage des aliments aux nutriments puis leur décomposition en éléments chimiques assimilables par l'organisme. Il sépare les glucides les sucres, les lipides les graisses, les protéines, les sels minéraux et les diverses classes d' oligo-éléments. C'est, en un mot, un laboratoire miniature de chimie organique qui décompose et répartit tous les nutriments qui passent dans le sang et sont utilisés par le corps tout entier. Le parcours digestif comporte quatre étapes décisives ^ Tout commence avec l'appareil buccal, la bouche. Les dents coupent, cisaillent, broient les aliments, et les glandes salivaires entament le processus de dégradation chimique. La salive joue son triple rôle enrober les aliments pour qu'ils soient plus faciles à avaler la déglutition, commencer la digestion par les enzymes dont elle est composée, protéger l'intérieur de la bouche des bactéries. Un petit clapet, l'épiglotte, ferme la trachée qui conduit aux bronches. Ainsi, la nourriture descend bien dans l'oesophage, un conduit qui, en se contractant, la mène peu à peu à l'estomac. Si les contractions se font mal, à un rythme inadapté, l'on ressent une douleur, vite suivie d'une sensation d'étouffement. C'est le moment traditionnel où de bonnes âmes vous donnent des tapes dans le dos ! v L'estomac est une poche élastique, prévue pour une contenance d'environ deux litres, mais qui peut se dilater plus encore. C'est le lieu par excellence de la décomposition chimique. Il produit des enzymes supplémentaires, mais surtout libère une petite quantité d'acide chlorhydrique qui accélère la séparation des aliments en fonction de leur nature chimique. Une fois vide, il se rappelle à notre bon souvenir par des contractions. C'est un signal très clair j'ai faim. v L'étape suivante est la plus complexe. De l'estomac sort un liquide, le chyme acide, qui passe dans l'intestin grêle. Long de 6 mètres, celui-ci retient la plus grande partie des nutriments et, à travers ses parois, les fait passer dans le sang. Le reste du chyme acide transite ensuite par le gros intestin, avec l'adjonction de bile et sucs digestifs sécrétés par la vésicule biliaire, le pancréas, le foie. f La digestion se termine quand le gros intestin ne contient plus que des déchets secs, sans intérêt pour l'organisme. Ces déchets, les fèces, sont tassés dans l'ampoule fécale, puis expulsés par l'anus au moment de la défécation. Quand le corps parle Même sans y prêter attention, nous employons tous les jours un grand nombre de locutions familières système digestif. Il fonctionne en permanence, inconscient de l'intérêt soutenu suscité, qui ressurgit, au dans notre vocabulaire. Laissez-nous vous en remémorer quelques détours f S'en lécher les babines passer la langue sur les lèvres à l'idée d'un met délicieux. Avoir l'eau à la bouche être mis en appétit, f Se faire de la bile s'inquiéter. f Avoir la dent dure critiquer férocement. m Avoir l'estomac dans les talons avoir faim. m Faire des gorges chaudes se moquer méchamment. ^ Ne pas avoir la langue dans sa poche parler avec aisance. ^ Manger du bout des lèvres manger sans appétit, f Rire à s'en décrocher les mâchoires rire de toutes ses forces, f Être un sac d'os être très maigre. Se faire du mauvais sang s'inquiéter. Avoir les yeux plus gros que le ventre essayer de trop manger. Ventre affamé n'a pas d'oreilles l'affamé n'écoute rien d'autre que son envie de manger. Le système nerveux Le système nerveux est l'ordinateur central du corps humain, car il est contrôlé en quasi-totalité par le cerveau, environ 1 ,4 kg de matière grise qui détermine pensée, émotions, mémoire, et donne, par l'influx nerveux, tous les ordres au système nerveux central. Le système nerveux détermine toutes nos actions, mais aussi conditionne les sensations. Il se compose de lencéphale cerveau, de la moelle épinière et d'un ensemble de nerfs. Le cerveau envoie les ordres au corps, sous forme d'impulsions électriques. La moelle épinière, bien à l'abri à l'intérieur des vertèbres, les transmet. En sens inverse, elle sert également de voie de transmission pour toutes les informations qui doivent remonter au cerveau. Ainsi, lorsque l'on se pique ou se brûle, les nerfs transmettent l'information au système central, la moelle épinière, qui à son tour l'achemine jusqu'au cerveau. Ceci explique le fait que, si nous ne nous apercevons pas instantanément de la coupure ou de la brûlure, il faut quelques microsecondes pour la ressentir. En revanche, si nous la voyons, l'oeil étant directement relié au cerveau, la transmission est immédiate, et, hélas, la douleur aussi. Remue-méninges Les neurones sont des cellules. À ce titre, ils sont composés d'une membrane protectrice, d'un cytoplasme contenu de la cellule, et d'un noyau , qui en forme le centre. Seulement, les neurones diffèrent totalement de toutes les autres cellules du corps, car ils doivent effectuer deux missions capitales recevoir des informations et les transmettre. Pour ce faire, le neurone s'est étroitement spécialisé en deux réseaux distincts f Les dendrites, qui partent de la cellule neuronale comme les branches d'un arbre et sont chargées de capter et de recueillir l'information, puis de la transmettre vers le corps de la cellule. m L'axone, qui est, lui, une branche unique, qui relie un neurone à un autre, et véhicule l'information. La connection entre deux neurones est appelée synapse, c'est-à-dire le lieu exact où l'axone d'un neurone se connecte aux dendrites d'un autre neurone. Ce sont les neurones qui transmettent l'influx nerveux, par échanges chimiques ou électriques. Toutefois, les neurones ne survivraient pas sans l'aide de leur intendance, les cellules gliales. Elles protègent les neurones, les nourrissent, évacuent les déchets. Pour 100 milliards de neurones, il y a 50 à 100 fois plus de cellules gliales, c'est dire leur rôle protecteur primordial. La moelle épinière est située dans le canal rachidien. Elle ressemble à un tout petit boudin aplati, pour un diamètre d'environ 0,5 centimètre. Elle est reliée à tout le corps par des fibres nerveuses. Les fibres nerveuses, couramment appelées nerfs, sont en réalité des chaînes de neurones, les cellules mères du système nerveux, dans le cerveau notamment. Ce sont ces neurones qui reçoivent et transmettent les informations, plaisir, douleur, par l'intermédiaire d'échanges électriques. Le système musculaire Le corps humain compte plus de 600 muscles différents, le seul fait de marcher en met en oeuvre environ 200. Ils représentent environ 40 % du poids total de notre corps. Le système musculaire permet chacun des mouvements effectués chaque jour, et ceci grâce à un simple mécanisme d'étirement ou de contraction. Les muscles sont attachés aux os et se raccourcissent au moment d'une traction, car les fibres et fibrilles, petites fibres, dont ils sont composés, se raccourcissent jusqu'à 40 %. Les fibrilles sont faites de filaments de protéines. Les uns sont épais, les autres plus fins. Au moment de la contraction musculaire, ils s'emboîtent les uns dans les autres et le muscle se raccourcit. Au contraire, lors d'un mouvement d'étirement, ils s'écartent les uns des autres, et le muscle s'allonge. Une famille d'écorchés La famille Fragonard produit deux génies, aux destins différents et aux talents diamétralement opposés. Au lumineux Jean- Honoré Fragonard 1732-1806, élève de Boucher, épris du sentiment amoureux, vibrant de la vie intense des amants, dans un univers galant et gracieux, s'oppose le sombre Honoré Fragonard 1732-1799, anatomiste de l'École d'anatomie naturelle, favorable à la conservation des corps, humains et animaux, par dessiccation - dessèchement des organes et muscles - ou conservation dans des bocaux d'alcool. Il réalise, sur une période de neuf ans, à partir de 1766, des milliers de sujets, cadavres humains ou de chevaux, de singes, de chèvres, de foetus et enfants mort-nés. Les tissus sont conservés par injection ou séchage, les corps saisis dans un mouvement artistique. Conservées au musée de l'École vétérinaire de Maisons-Alfort, 21 pièces saisissent d'effroi, à la fois par l'extrême méticulosité du rendu des muscles, des organes, des systèmes d'artères et de veines, et par une mise en scène soignée et morbide. Ainsi du Cavalier de l'Apocalypse, inspiré par le tableau peint par Durer. Un cavalier et sa monture, entièrement disséqués et naturalisés, sont lancés pour l'éternité dans un infernal galop. L'effet est encore plus saisissant avec le Groupe de foetus humains dansant la gigue, trois foetus dressés sur leurs jambes, à la fois grotesques et effrayants dans la danse convulsionnaire qui semble s'emparer d'eux. Cousin du peintre, Honoré Fragonard commence sa carrière comme chirurgien à l'école vétérinaire de Lyon, puis s'installe à Paris, à la demande du roi Louis XV, qui lui confie en 1765 la création de l'École vétérinaire à Alfort, future Maisons-Alfort, dont il devient le directeur. À l'origine, naturaliser les corps et organes est une obligation, afin de pouvoir montrer aux étudiants malformations et maladies. Mais Honoré Fragonard va plus loin, en donnant à ses Écorchés une dimension théâtrale, en les animant d'une tension dramatique qui leur donne la dimension d'oeuvres d'art, tout autant que de remarquables objets de connaissance anatomique. Il est possible de distinguer trois types de muscles Les muscles du coeur, soumis à un influx nerveux qui ordonne les contractions. v Les muscles lisses des organes internes, dans le tube digestif par exemple, aux mouvements beaucoup plus lents, adaptés au temps du transit intestinal. * Les muscles striés enfin, plus fibreux, les seuls qui obéissent à un commandement contrôlé, lorsque nous voulons effectuer un geste, quel qu'il soit. Le cerveau Le cerveau est le centre de plusieurs fonctions du corps. C'est une machine complexe dont les scientifiques sondent encore aujourd'hui les mystères. La structure du cerveau Le cerveau est structuré en plusieurs lobes, ou parties r Le lobe frontal, à l'avant. r Le lobe pariétal, au sommet du crâne. r Le lobe occipital, à l'arrière de la tête. ^ Et, sur les côtés, de part et d'autre, le lobe temporal droit et gauche. Le cerveau est relié à la moelle épinière par le bulbe rachidien. C'est par son canal que transitent les informations, les perceptions, les impulsions données par le cerveau à l'ensemble du corps, ses directives, en quelque sorte. Organe hautement spécialisé, le cerveau, outre les lobes que nous venons d'évoquer, est composé du cervelet, du thalamus, de l'hypothalamus et de l'hypophyse. Situé à l'arrière du crâne, sous le repli du lobe occipital, le cervelet est lui aussi composé de deux petits lobes. Son action est essentielle, car il permet et régule la coordination des mouvements. C'est lui, notamment, qui assure notre équilibre, en coordination avec les centres de l'oreille interne. Le thalamus, ou plutôt les thalamus, car il y en a deux, sont de gros noyaux de substance grise, qui régulent les sensations. L' hypothalamus contrôle l'activité endocrinienne, c'est-à-dire celle des principales glandes du corps humain et la libération de la production d'hormones, ou messages chimiques, véhiculés dans tout l'organisme par le sang. Voici quelles sont ces glandes x» L'hypophyse, qui règle la croissance, l'action des reins, le taux de glycémie, appelée également glande pituitaire, a la taille d'un petit pois et est située à la base du cerveau. * La glande thyroïde, située à la base du cou, secrète elle aussi des hormones de croissance et régule en permanence la transformation des aliments absorbés et leurs utilisations par les divers organes. f Le pancréas, situé sous l'estomac, secrète de l'insuline pour absorber les glucoses, les sucres, mais aussi du glucagon, substance sucrée, afin de maintenir en permanence le taux de sucre dans le sang aux environs de 1 gramme par litre le mauvais fonctionnement du pancréas provoque le diabète. ^ Les glandes surrénales, placées sur chaque rein, gèrent les situations d'émotion intense, le stress, la peur ou la colère, et les hormones qu'elles sécrètent dictent en partie nos réactions à ces émotions violemment ressenties. Les testicules, pour les hommes, ou ovaires, pour les femmes, situés dans le bassin, stimulent les fonctions sexuelles et la reproduction. Hémisphères et lobes Le cerveau est divisé en deux masses, ou hémisphères cérébraux, à leur tour organisés, nous l'avons vu, en quatre lobes, chacun responsable d'un sens particulier, ou d'une fonction précise v Le lobe frontal est en charge du contrôle musculaire, de la coordination des mouvements, de la pensée, de la mémoire, du raisonnement. y Le lobe pariétal gère les sensations tactiles, le toucher, et notre orientation dans l'espace. r Le lobe occipital contrôle la vue. Le lobe temporal met en oeuvre l'audition, le goût, une autre partie de la mémoire. Et tout ceci pour seulement environ 2% du poids total du corps, soit 800 grammes environ. Il n'est pas étonnant que les capacités supérieures du cerveau lui valent d'être identifié non seulement avec le centre de formation de la pensée et des émotions, mais aussi, dans ses replis mystérieux, comme siège possible de l'âme. Les cinq sens Bien avant de parvenir au cerveau qui les analyse et formule la réponse adéquate, notre contact avec les sensations du monde extérieur se fait par l'intermédiaire de nos sens, traditionnellement au nombre de cinq, le sixième étant généralement réservé aux initiés des principaux courants ésotériques ou accordé à la gent féminine. Mais attardons-nous un peu ici sur leur fonctionnement concret. La vue La vue est le sens le plus complexe. À l'origine, les rayons lumineux rencontrent des objets qui les réfléchissent plus ou moins, ce qui fait que nous voyons peu, ou fort mal, dans le noir. Commence alors le voyage du rayon lumineux dans l'oeil ^ Il arrive droit dans l'oeil et suit ensuite la courbe de la cornée. ^ Puis l'iris, la partie colorée de l'oeil, régule la quantité de lumière autorisée, en se contractant plus ou moins. r Cette quantité choisie traverse la pupille, rond noir au centre de l'iris. k» Puis elle traverse le cristallin, une sorte de gélatine transparente, qui renvoie l'image inversée sur la rétine. r La rétine, faite de cellules sensibles à la lumière reçue, décompose les couleurs et les formes. v L'ensemble est transmis au cerveau par le nerf optique, qui remet l'image à l'endroit, place les couleurs, formate les trois dimensions de notre vision. L 'ouïe Tout bruit produit est en réalité une vibration dans l'air. L'oreille la capte, puis la transmet au cerveau. Voici le petit voyage du son ^ L'oreille externe capte le bruit, c'est elle que nous nommons oreille, seule, oublieux de tout le travail accompli une fois la vibration captée. ^ Elle le transmet à l'oreille interne, au tympan, caisse à la fois de résonance et d'amplification. Le bruit, amplifié, ou plutôt la vibration augmentée, produit une pression qui fait bouger trois osselets, le marteau, l'enclume, l'étrier. ^ En vibrant plus ou moins, les osselets transmettent le son à un liquide, qui, à son tour, le propage dans la cochlée. ^ La cochlée, bien à l'abri dans l'oreille interne, ressemble à un escargot dans sa coquille, ses cellules sont dotées de cils microscopiques, dits cils vibratiles, qui bougent en fonction des vibrations et transmettent, par le nerf auditif, le message sonore au cerveau. Le goût Le goût dépend du revêtement très sensible de la langue en minuscules cellules sensorielles appelées les papilles gustatives, car elles permettent justement au goût d'exister. Elles sont organisées en zones géographiques, en fonction de la nature du goût perçu. Voici un petit voyage autour de notre langue * À la pointe, les papilles sensibles au salé et au sucré. ^ Sur les côtés, les papilles sensibles à l'acidité. ^ À l'arrière, les papilles sensibles à l'amertume. Les indications recueillies par les papilles sont transmises au cerveau par des nerfs. L'acidité de notre salive, sa richesse en sucs digestifs, ainsi que le passage répété des aliments détruisent rapidement les papilles, l'organisme doit les renouveler environ toutes les deux semaines. L 'odorat Les odeurs sont des molécules de taille différente véhiculées dans l'air. Après un rapide passage dans les narines, elles atteignent le sommet du nez interne, où la membrane olfactive les filtre. Imaginez un tissu à la fois si petit et si extraordinaire que chaque microfibre est adaptée à une taille particulière de molécule, donc d'odeur différente. Chacune transmet par influx nerveux son information au cerveau. Et là, la magie opère, en fonction des zones sollicitées, le cerveau identifie des milliers d'odeurs. Le toucher Le toucher, sous une apparence simple, est un sens très complexe. Il est lié à la présence, sous la peau, de terminaisons nerveuses en très grand nombre, assistées de tiges terminées par des capsules sensorielles, les corpuscules. L'ensemble permet d'identifier des sensations comme celles produites par le froid, la chaleur, mais aussi le moment où la peau rentre en contact avec un autre corps, donc reçoit ou exerce une pression. C'est ainsi que nous ressentons une caresse ou un coup, selon la puissance de la pression effectuée, sa durée, sa répétition. Le toucher dépend étroitement de la structure de la peau le derme, couche profonde, et Vépiderme, couche mince superficielle. C'est I 'épiderme qui reçoit la plus grande masse d'informations, ensuite transmise par le derme aux terminaisons nerveuses, à la moelle épinière et au cerveau. L'âme au corps Dès que l'idée d'un principe immortel, l'âme, est né, s'est posé le problème de savoir si cette dernière était liée au corps, se contentait de l'habiter, de l'animer au sens premier du terme {anima âme, en latin pour une période donnée, ou alors en était totalement indépendante. Elle a été localisée en différents points du corps selon les approches. Nous allons ici nous intéresser à celles qui la localisent dans le cerveau. Les philosophes grecs s'intéressent à l'âme, mais non pour la localiser dans le corps. Il faut attendre pour cela les médecins, et notamment Galien, qui, au II e siècle de notre ère, dissèque les corps, dont la boîte crânienne, et considère le cerveau comme un moteur du corps. Au XVI e siècle, Ambroise Paré ou Léonard de Vinci étudient à leur tour le cerveau mais sans parvenir à définir exactement s'il est le siège de l'âme, ou un simple centre de commandement des fonctions corporelles. Dans ses Passions de l'âme 1649 puis le Traité de l'homme 1664, Descartes place l'âme dans la glande pinéale », exactement au centre du cerveau, glande que nous appelons aujourd'hui épiphyse. Toutefois, il ne s'agit pas réellement de l'âme immortelle, mais de l'organe permettant de la relier au corps - pour reprendre le vocabulaire de Descartes, de lier la pensée l'âme à l'étendue la matière. Avec les progrès de la recherche scientifique des XIX e et XX e siècles, l'âme spirituelle est renvoyée au seul domaine de la conception religieuse. Biologistes et neurobioloqistes, de nos jours, remplacent l'idée d'âme par celle de conscience, et Quatrième partie Pour le plaisir sport, loisirs et divertissements [ est Mtr, 'as onrtâ 7i>r. ^ Hfai ILS OtiTTWfàé&O iOtvmwwzê 4 fin Dans cette partie. A/otre société de loisirs se doit de mériter son nom. Jamais, de toute l'histoire de l'humanité, les hommes des sociétés développées n'auront bénéficié d'autant de temps et de moyens pour se divertir que depuis un demi-siècle. Plaisirs du corps, tout d'abord. Pendant la Belle Époque, au tournant du XIX e et du XX e siècle, le corps sportif acquiert ses droits et son honorabilité. Le sport devient un art noble, pratiqué de manière désintéressée, avec l'idée de remettre au goût du jour la tradition grecque d'un esprit sain dans un corps sain. Nous allons revivre cette période exaltante de la renaissance de l'olympisme, de l'apparition du football, du rugby, puis de la multiplication des compétitions, de l'enivrement du Tour de France cycliste aux balles liftées de Roland-Garros. Grandes heures et grandes figures du sport sont au rendez-vous pour partager la sueur, les larmes et les lauriers. Se divertir, avons-nous dit. Certes, mais au sens noble, pascalien du terme offrir à l'esprit une occupation de choix. C'est ce que permet le septième art et nous allons suivre passionnément cette aventure moderne, des frères Lumière au panache des oscars. Le théâtre fait également partie des plaisirs spirituels de notre culture des origines au théâtre forum, enjeu de société, nous allons brûler les planches. Retrouvez ici sans complexe les stars, les vedettes d'autrefois, les acteurs d'aujourd'hui, sur grand écran en couleurs ou sur scène. Mais n'entendez-vous pas, à présent? Cette magie dans l'air, ces notes cristallines... Mais c'est Mozart ! Et avec lui, toute la magie de l'opéra. Quelle diva, quel ténor se cache en vous? Apprenez-le en parcourant la gamme des voix, de celle des anges, pourtant longtemps interdite aux femmes sur scène, jusqu'aux basses ténébreuses de la Russie éternelle. Aspiré par la musique, volez de festival en festival, de Bayreuth à Salzbourg, pour des heures inoubliables de volupté. Ça y est, vous voilà épuisé. Rien ne vaut alors le calme divan devant une bonne émission de télévision. Au fait, depuis quand existe-t-elle ? Vous-en souvenez-vous? Laissons la nostalgie agir, des émissions phares aux séries cultes. Puis, muscles saillants, tête pleine d'images et de sons, retournons cultiver notre jardin. Chapitre 13 Un peu d'exercice le sport Dans ce chapitre > Une brève histoire du sport * Les grandes compétitions Dès les temps les plus anciens, l'activité physique fait partie du quotidien. Le sport se définit d'une façon générale comme la pratique d'activités physiques dépendantes de règles et de réglementations. Les statistiques les plus récentes ont montré qu'au moins une fois par semaine, 26 millions de personnes pratiquent une activité physique en France. Le sport des origines à nos jours Le mot sport » n'apparaît dans notre langue qu'au XVIII e siècle, mais le terme viendrait de l'ancien français desport » apparu au XIII e siècle, qui désignait alors l'ensemble des moyens par lesquels on passait le temps agréablement la conversation, les distractions, le badinage, les jeux. On l'employait aussi au sens de s'amuser. Quand le mot passe en anglais au début du XIV e siècle, il conserve ce sens d'amusement les premiers sportifs anglais amateurs sont des nobles qui s'adonnent aux jeux ou aux exercices seyant à leur position sociale. Puis la pratique sportive se démocratise et se professionnalise avec le temps, suscitant des compétitions mondialisées et exacerbant les sentiments passionnés. À vos marques... Le sport dans l'Antiquité C'est aux athlètes grecs puis romains que nous devons l'habitude de pratiquer des activités physiques dans des lieux spécialisés, sous l'autorité de professeurs ou avec l'aide de spécialistes. Ces athlètes de l'Antiquité sont également à l'origine directe de ce que fut au XIX e siècle la gymnastique suédoise », à portée thérapeutique. Les soins du corps, les bains se retrouvent d'ailleurs encore dans nombre de nos établissements faisant commerce de la gymnastique et de l'aspect corporel, où les salles équipées sont complétées par des piscines, des saunas, des jacuzzis, lieux de détente et de convivialité. Un esprit sain dans un corps sain Dans le monde gréco-romain, l'éducation est avant tout affaire de pratique physique à laquelle le jeune Grec s'exerce nu, sur un terrain de sport, gymnase ou stade. Devenir un individu civilisé, adopter les normes d'hygiène, d'éthique et d'esthétique du groupe se fait par l'éducation physique. Celle-ci fait pleinement partie d'une éducation générale soucieuse de s'adresser à l'homme tout entier, corps et âme. C'est l'objectif d'accomplissement contenu dans le fameux adage grec un esprit sain dans un corps sain. Le sport, en tant qu'élément central de l'éducation de tout futur citoyen, est donc pratiqué par tous, filles et garçons, et pas seulement à Sparte, mais à également à Athènes ou à Pergame. L'enseignement de la gymnastique y est confié au pédotribe, à la fois maître de gymnastique, professeur d'hygiène, de médecine du sport et dispensateur d'éthique du comportement sportif. Il se charge de faire exécuter aux élèves des exercices assouplissements, course, sautillements, jeux de balle, etc. pour les préparer à la pratique sportive proprement dite. Le but est de permettre à l'adolescent de prendre part, plus tard, aux concours d'athlétisme essentiellement. Les autres disciplines en effet, la natation par exemple, sont connues et pratiquées par les Grecs, mais ne leur semblent pas dignes de figurer dans les concours. Les épreuves reines définissent le cycle complet de l'athlète course à pied, saut, lancer du disque, lancer du javelot, lutte, pentathlon, pugilat, pancrace mélange de lutte et de pugilat. Le gymnase est l'endroit réservé aux exercices physiques. Chaque ville en possédait plusieurs. Il s'agissait en général d'un rectangle, de la taille d'un stade, entouré de portiques et de pièces adjacentes. À l'origine, l'exercice dans les gymnases était réservé aux jeunes gens qui allaient effectuer leur service militaire, pendant les deux années qui précédaient cette éphébie. Mais, à l'intérieur des gymnases, pouvaient être enseignées également la grammaire et la littérature. Athènes possédait par exemple trois gymnases l' Académie, le Lycée et le Cynosarge. À Rome, les jeunes gens s'entraînent au Champ de Mars, mais, à la différence des Grecs, sans autre finalité que l'efficacité au combat et sans tenir compte d'une quelconque esthétique. Il s'agit de se préparer aux situations de guerre sauter, lancer le javelot, courir, nager, monter à cheval, s'endurcir au froid ou à la chaleur, pratiquer l'escrime. Le peu d'intérêt pour l'athlétisme se marque à Rome par l'existence d'un unique stade public, construit sous le règne de Domitien. Les jeux Olympiques Jeux Olympiques » est le nom moderne attribué à la plus fameuse des quatre grandes fêtes nationales grecques, célébrée une fois tous les quatre ans à Olympie. Leur invention est attribuée à plusieurs personnages Héraclès, Zeus ou Pélops. Fête locale, sans doute au début, elle prend de l'importance et d'autres compétitions lui sont adjointes. Opposant des athlètes venus de la Grèce entière, les jeux » sont traditionnellement une période de trêve. C'est à partir de 776 av. avec la victoire de l'Éléen Coroebos, que nous commençons à avoir de véritables informations sur cette cérémonie, et que l'histoire retient les noms des premiers champions olympiques. En 388 av. est institué le serment olympique pour mettre fin aux tricheries dopages, corruption.... Sont ainsi précisées les qualités des participants nationalité grecque, sexe masculin, moralité... et les règles à respecter. En 393 ap. sous la pression de la morale chrétienne, l'empereur romain Théodose I er 346-395 abolit les jeux Olympiques, jugés trop païens. Et il faudra alors attendre le tournant du XX e siècle et le baron Pierre de Coubertin pour voir renaître cette tradition voir plus loin dans ce chapitre. Les jeux du cirque Dès 1 46 av. les Romains participent aux jeux Olympiques. Mais avec l'invasion de la Grèce par l'Empire romain au cours de ce II e siècle av. les Jeux déclinent rapidement. Rome, en fait, ne connaît ni n'apprécie le sport olympique. Ce peuple de conquérants passe sans transition de la discipline militaire aux jeux du cirque et n'a guère de goût pour la lutte désintéressée. Au I er siècle av. les combats de gladiateurs, à l'honneur depuis la période étrusque VI e siècle, sont intégrés aux jeux publics romains par Marius. Les jeux munerà peuvent être donnés soit à titre gracieux, pour une commémoration quelconque, soit en faisant payer les spectateurs, comme simple distraction. L'organisateur loue ses gladiateurs à un entrepreneur. Les combattants peuvent être aussi bien des professionnels aguerris que des novices, des criminels, des esclaves, des prisonniers de guerre ou des hommes libres sans distinction ethnique ou sexuelle. Le gros des troupes est cependant formé par des hommes de naissance servile et des prisonniers de guerre originaires de contrées lointaines. Les combats de femmes existent également. Extrêmement rares, ils n'en sont que plus recherchés. Le gladiateur fait le serment de respecter les règles du combat devant un magistrat. Du point de vue des combattants, on distingue des types variés le rétiaire, armé juste d'un trident et d'un filet, qui combat contre un adversaire équipé d'un casque, d'un bouclier, d'une épée et de jambières; le Thrace, avec une épée recourbée; le Samnite ; le Gaulois. La règle voulait qu'on oppose deux types différents lors du combat. Les jeux sportifs du Moyen Âge et de la Renaissance À peu d'exceptions près, le sport du Moyen Âge est plus spontané et moins hautement organisé que celui des temps modernes. Les amusements médiévaux sont le fait du collectif, du groupe, on n'y trouve pas comme aujourd'hui l'esprit de performance et de compétition. Les deux principaux jeux médiévaux sont la paume, connue dès le XI e siècle en France, et la soûle, appelée aussi cholle, qui peut être considérée comme l'ancêtre du football ou du rugby . Les XVII e et XVIII e siècles voient un net recul des activités sportives. Les nobles s'en détournent, préférant l'hédonisme à l'effort et à la discipline. Le divertissement et le plaisir sont davantage recherchés. Montesquieu condamnait dans ses Considérations cette attitude recherchant la facilité Nous n'avons plus une juste idée des exercices du corps un homme qui s'y applique trop nous paraît méprisable, par la raison que la plupart de ces exercices n'ont plus d'autre objets que les agréments au lieu que chez les Anciens, tout jusque la danse faisait partie de l'art militaire. » La naissance du sport moderne Le sport tel que nous le définissons aujourd'hui est une acquisition récente d'ailleurs, le mot n'apparaît pour la première fois dans le Dictionnaire de l'Académie française qu'en 1878. L'apport de l'Angleterre dans cette nouvelle conception de l'activité physique est considérable. Grâce à elle, l'athlétisme, le cross country, le rugby, le football, le hockey, l'aviron, la boxe et le tennis s'implantent durablement dans les cultures nationales et de façon quasiment mondiale. La naissance du football L'ancêtre du football se trouve peut-être en Chine ancienne, où les soldats pratiquent un jeu appelé cuju avec un ballon rond, consistant à jongler et effectuer des passes, simple exercice d'entretien physique pour militaires. Mais c'est en Angleterre qu'est pratiqué pour la première fois, en 1747, le folk football football du peuple et ce dans les public schools collèges privés comme Eton. C'est grâce à Thomas Arnold, qui l'assimile au système éducatif, que ce jeu se développe. Sa diffusion est facilitée par l'organisation sportive des collèges et universités. Les différents sports sont strictement réglementés pour la première fois en Angleterre et ne tardent pas, ainsi, à être adoptés par d'autres pays. Progressivement, les jeux de ballon s'orientent vers le rugby ou vers le football. La fondation de deux fédérations, la Football Association en 1 863 et la Rugby Union en 1 871 , consacre les règles particulières à chacun des deux sports. La naissance de la boxe anglaise La boxe figure aussi bientôt parmi les sports qui conquièrent les Anglais. Dès 1719, un établissement dirigé par James Figg v. 1695- 1734 ouvre ses portes et organise la pratique de sports de défense tels l'escrime, la canne et tout particulièrement la boxe anglaise. Néanmoins, c'est son successeur Jack Broughton v. 1703-1789 qui réglemente sommairement celle-ci en 1743, dans une publication intitulée London Prize Ring Rules. Quelques années plus tard, en 1747, il invente les gants de boxe, prenant conscience que trop de brutalité dans les combats n'est pas ce qui plaît le plus à un public plutôt aristocratique. Le huitième marquis de Queensberry met au point de nouvelles règles en 1 865. La spécificité de la boxe anglaise est de porter les coups au visage et sur le corps au-dessus de la ceinture avec des gants homologués. Quatre fédérations aujourd'hui concurrentes se partagent la boxe anglaise professionnelle la WBA, l'IBF, la WBC, la WBO. Le sport au XX e siècle Le sport, qui connaît à partir de la Première Guerre mondiale une progression extrêmement rapide pour s'universaliser ces trente dernières années, est décrit le plus souvent comme un domaine majeur de la culture européenne, une pièce maîtresse de la stratégie politique et économique. Au cours du XX e siècle, il a été récupéré par Hitler comme arme de propagande du régime nazi, de même que par tous les systèmes totalitaires. La Coupe du monde de football jouée et gagnée par les Italiens, en 1934, est par exemple dédiée au Duce Mussolini. Les préparatifs des Jeux de Berlin, en 1 936, divisent les sportifs quant à ceux qui veulent y assister ou pas. Les Jeux ont finalement lieu, à Berlin comme prévu, car ceux qui les boycottent sont peu nombreux ainsi 4 000 athlètes de 49 pays, représentants de 23 disciplines, sont présents. Mais voyons d'un peu plus près comment la tradition des jeux Olympiques a repris vie dans l'histoire moderne. Les jeux Olympiques modernes De 1876 à 1881, des archéologues allemands mettent au jour les monuments, les statues et l'enceinte sacrée d'Olympie. Un jeune sportif français s'étonne que la France ne fasse rien pour retrouver aussi les splendeurs du passé de la Grèce antique. Il s'appelle Pierre de Coubertin 1863-1937. Le 25 novembre 1892, il annonce à la Sorbonne, devant un auditoire imposant, sa volonté de redonner vie aux anciens jeux Olympiques, interrompus depuis quinze siècles. Le 16 juin 1894, toujours à la Sorbonne et devant cette fois un public de très hautes personnalités ambassadeurs, délégués de 12 pays, soit environ 2 000 personnes, un hymne aux Olympiades est exécuté. Sept jours plus tard, Pierre de Coubertin annonce le rétablissement des jeux Olympiques. Le Comité international olympique, composé de personnalités, est constitué au milieu de l'année suivante. Le 6 avril 1896 à Athènes s'ouvre, grâce aux contributions des Hellènes et à la générosité d'un Grec d'Égypte, la première Olympiade des temps modernes. Pierre de Coubertin note ainsi le quadruple avantage du rétablissement des jeux Olympiques La mise en relief des sports modernes en les faisant bénéficier du prestige de l'Antiquité. r Le rassemblement de tous les sports en les obligeant à collaborer les uns avec les autres pour le progrès de l'éducation physique. ^ La réunion de toutes les nations dans un effort d'émulation infiniment utile au bien général. ^ Le précieux appui des lettres et des arts aux manifestations sportives, pour le rétablissement du culte de la beauté et de l'eurythmie qui dominait le gymnase grec. Le plus important, c'est de participer» Que cherche réellement Pierre de Coubertin en rétablissant les jeux Olympiques? Fidèle à l'héritage de l'Antiquité, il voit dans l'olympisme le moyen de façonner une aristocratie au sens étymologique du mot les meilleurs », de former une élite. Mais réaliser des prouesses physiques ne suffit pas si cela ne s'accompagne pas d'une morale, d'une éthique chevaleresque du désintéressement. D'où la célèbre formule Le plus important, c'est de participer. » Depuis leur renaissance, les jeux Olympiques ont lieu tous les quatre ans et voient s'affronter tous les athlètes de la planète sur les terrains les plus divers dojo, piste d'athlétisme, terrain de basket, parcours d'équitation... lors d'épreuves collectives ou individuelles au nombre d'une cinquantaine environ, cette liste évoluant à intervalles réguliers. Depuis 1924, il faut aussi compter les jeux Olympiques d'hiver ski, luge, bobsleigh, patinage, biathlon... Les villes organisatrices sont désignées par le Comité international olympique CIO, composé de 1 15 membres recrutés ou élus parmi les athlètes actifs ou retraités, les présidents de fédérations sportives internationales ou d'organisations reconnues par le Comité. Comme le rappelle le récent échec de Paris 201 2, ce système est néanmoins de plus en plus contesté. De nombreuses personnes dénoncent les collusions entre des membres des organismes sportifs internationaux et le monde politique et des affaires. Des voix s'élèvent contre des pratiques situées aux antipodes de l'idéal sportif de Pierre de Coubertin, comme la corruption, le profit ou le dopage. Le sport après 1945 Les progrès réalisés par la presse au milieu du XX e siècle aident considérablement à la diffusion des pratiques sportives. Les retransmission de courses, de matchs, le nombre grandissant des journaux consacrés au sport L'Auto, Le Miroir des sports, L'Écho des sports... élargit le public des intéressés et, bien sûr, favorise son expansion au sein de toutes les couches sociales. Autre conséquence l'écart de plus en plus marqqué entre professionnels et amateurs. Le tournant est vraiment pris après la Seconde Guerre mondiale et le sport s'impose alors comme phénomène social. Son emprise s'affirme dans le domaine politique et diplomatique. Avec l'ordonnance du 28 août 1945, l'État délègue ses pouvoirs aux fédérations pour tout ce qui concerne le contrôle et l'organisation des compétitions. Lors des premières compétitions d'après-guerre, les pays vaincus, Allemagne et Japon, sont exclus. Le sport devient également un enjeu des idéologies dans les années 1950. Durant les quarante années de la guerre froide, les sportifs américains affrontent ceux de l'URSS dans la course aux médailles. Durant les années 1980, les compétitions internationales deviennent également pour les pays en voie de développement un moyen de revendiquer leur existence, leur identité. Où sont les femmes? Les femmes ont longtemps été tenues à l'écart des sports de compétition. On prétendait que le corps féminin était incapable de supporter l'endurance, sa principale fonction étant la procréation. Il y avait également un argument social et moral à cette mise à l'écart la femme a une place à tenir au sein de son foyer et toute pratique sportive féminine est considérée comme exhibitionniste. Les premières sociétés sportives féminines n'apparaissent qu'à partir de 1907 et concernent la gymnastique et la natation. Le sport devient alors un moyen d'émancipation. Les Olympiades féminines de 1 922 ne sont pas des jeux Olympiques traditionnels et sont d'abord perçus comme une provocation. Il n'y aura pas d'Olympiades femelles», déclare Pierre de Coubertin. Présentes sur le stade Pershing, construit par les militaires américains et pas très éloigné du terrain où s'entraîne l'école de Joinville, elles s'imposent cependant à Monte-Carlo, lors du premier meeting international d'éducation physique, puis aux jeux Olympiques Tableau 13-1 Les grandes dates du sport Date Evénement 776 av. Premières traces avérées des jeux d'Olympie XI e siècle Apparition de la paume et de la soûle en Europe 1891 Création des Internationaux de tennis à Paris futur Roland-Garros 1896 Premiers jeux Olympiques modernes, à Athènes 1903 Premier Tour de France 1924 Premiers jeux Olympiques d'hiver, à Chamonix 1930 Première Coupe du monde de football 2000 Premier Tournoi des six nations Les grandes compétitions Les joies du sport tiennent à sa pratique mais aussi au fait de suivre les grandes compétitions et l'évolution des grands sportifs. Laissons- nous tourner la tête par le tennis à Roland-Garros, allons voir darder les rayons des vélos du Tour de France, suivons pied à pied la Coupe du monde de football et corps à corps le Tournoi des six nations. Roland-Garros Roland-Garros reste l'un des tournois majeurs de la saison de tennis, puisqu'il correspond à la deuxième levée des tournois du Grand Chelem, les plus prestigieux. C'est en 1 891 qu'a lieu la première édition du Championnat de France international de tennis à Paris 1 897 pour celui des femmes. Le tournoi se tient alternativement sur les installations du Racing Club de France et du Stade français jusqu'en 1927, avant que ne soit créé le stade Roland-Garros en 1928, pour les besoins de la Coupe Davis. Le nom du stade a été choisi en hommage au pionnier de l'aviation Roland Garros 1888-1918, décédé dans un combat aérien en 1918. Il regroupe au total 24 courts. Roland-Garros est le premier des quatre tournois du Grand Chelem à devenir open » en 1968, c'est-à-dire ouvert aux joueurs amateurs et professionnels. Les tournois étaient jusque-là strictement réservés aux joueurs amateurs. Il se joue sur terre battue, en trois manches gagnantes pour les hommes et deux pour les femmes. Cette surface dite lente et parfois l'absence de jeu décisif dans la dernière manche peuvent conduire à des rencontres-fleuves de plusieurs heures. Le cinquième mousquetaire Tout le monde a entendu parler des quatre mousquetaires», la fameuse équipe de France de tennis de la fin des années 1920, composée de Jean Borotra 1898-1994, Jacques Brugnon 1895-1978, Henri Cochet 1901-1987 et René Lacoste 1904- 1996. Le quatuor domine alors toutes les compétitions internationales de tennis, s'illustrant notamment en Coupe Davis avec six victoires consécutives de 1927 à 1932. Mais sait-on que, comme chez les vrais mousquetaires, il y en avait un supplémentaire? Finaliste à Roland-Garros en simple en 1931 puis en double l'année suivante associé à Marcel Bernard, Christian Boussus 1908-2003 avait été appelé dans l'équipe en 1929. Il a son nom gravé sur chacune des quatre coupes Davis remportées jusqu'en 1932... sans jamais avoir joué aucun match, l'excellente santé de ses partenaires l'ayant laissé sur le banc des remplaçants ! Depuis 1981, sont aussi décernés pendant le tournoi les prix Orange, Citron et Bourgeon. Une autre nouveauté apparaît en 2006 le tournoi débute désormais le dimanche, avec 1 2 matchs de simples joués sur les trois courts principaux. Parmi les joueurs emblématiques de l'ère moderne figurent Bjôrn Borg né en 1956 Suède, recordman des victoires pas moins de six!, Mats Wilander né en 1964 Suède, Yannick Noah né en 1960, dernier vainqueur français en 1983, Ivan Lendl né en 1960 Tchécoslovaquie, Jim Courier né en 1970 USA, Gustavo Kuerten né en 1956 Brésil, André Agassi né en 1970 USA et Rafaël Nadal né en 1986 Espagne. Côté femmes, Chris Evert-Lloyd né en 1954 USA, Martina Navratilova né en 1956 USA, Steffi Graf né en 1969 Allemagne, Arantxa Sanchez né en 1971 Espagne, Monica Seles né en 1973 USA et Justine Henin né en 1982 Belgique. Le Tour de France Le 20 novembre 1902,Géo Lefèvre 1877-1961 et Henri Desgrange 1865-1940 créent le Tour de France cycliste et entrent dans l'histoire. Géo Lefèvre est l'instigateur de l'épreuve et Henri Desgrange celui qui y a cru, qui l'a dirigée d'une main de fer et a su lui donner toute sa dimension et sa renommée. À l'origine, la finalité était de concurrencer les courses de voitures et Bordeaux-Paris. Soixante coureurs participent au premier Tour de France, qui débute le 5 juillet 1903 à 15 heures et 16 minutes. Ce premier Tour comprend seulement six étapes reliant Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. Les médias contribuent déjà à son succès mais il faut attendre les années 1960 pour assister à des reportages télévisés en direct. Au firmament du Tour, comme le surnomment familièrement ses millions de fans, brillent notamment les étoiles de Jacques Anquetil 1934-1987 France, Eddy Merckx né en 1945 Belgique, Bernard Hinault né en 1954 France et Miguel Indurain né en 1964 Espagne, tous vainqueurs à cinq reprises, ainsi que celle du coureur américain Lance Armstrong né en 1971 sept victoires, record à battre, un peu ternie toutefois par des soupçons de dopage. Vas-y Pou pou ! » Étemel second face à son grand rival, Jacques Anquetil 1934-1987, au cours des années 1960, Raymond Poulidor né en 1936, ou Poupou » comme on le surnomme affectueusement, occupe encore la première place... dans le coeur des Français. Déclenchant des encouragements nourris lors de son passage dans le peloton, il remporta le Tour d'Espagne et sept étapes du Tour de France, sans jamais porter le maillot jaune. Ironie du sport... La Coupe du monde de football La première Coupe du monde de football se déroule en Uruguay en 1930. Bien que plusieurs pays européens en aient fait la demande, la FIFA Fédération internationale de football amateur confie l'organisation au pays champion olympique. Treize pays participent à cette première édition, dont seulement quatre pays européens Mexique, Chili, Argentine, Brésil, Bolivie, Pérou, Uruguay, Paraguay, États- Unis, France, Yougoslavie, Roumanie, Belgique. Le projet existait depuis 1904. La cadence des Coupes du monde de football est fixée en alternance avec les jeux Olympiques. À l'époque de la création de la Coupe du monde, presque toutes les équipes présentaient les mêmes formations qu'aux jeux Olympiques, car elles avaient un statut amateur. Élu meilleur joueur du siècle devant Pelé né en 1940 et Michel Platini né en 1955 à la suite d'un vote international sur Internet, El Pibe de Oro le gamin en or, s'illustra en équipe nationale d'Argentine où il compte 91 sélections et 34 buts. Il remporta la Coupe du monde 1986 en gagnant contre la RFA en finale. En quart de finale contre les Anglais, il inscrivit l'un des plus beaux buts de l'histoire de la Coupe du monde en partant de son camp, passant en revue toute la défense anglaise avant de tromper le gardien. Mais cet exploit est aujourd'hui presque occulté par le souvenir du premier but, marqué de la main par Maradona, le ballon ayant été providentiellement propulsé dans les filets, expliquera effrontément le joueur, par la main de Dieu». Quintuple vainqueur de l'épreuve en 1958, 1962, 1970, 1994 et 2002, le Brésil est suivi par l'Italie quatre victoires, l'Allemagne trois, l'Argentine deux, l'Uruguay deux, l'Angleterre une et la France une. Finalistes malheureux de la compétition en 2006, les Bleus ont accroché une première étoile à leur maillot en 1998, battant en finale les Auriverdes les verts et or de Ronaldo né en 1976 grâce à un doublé de Zinédine Zidane né en 1972 et à un but d'Emmanuel Petit né en 1970. Le Tournoi des six nations Le Tournoi des six nations est une compétition de rugby à quinze opposant les équipes les plus importantes de l'hémisphère Nord l'Angleterre, l'Écosse, la France, le pays de Galles, l'Irlande et, depuis 2000, l'Italie. Il succède à celui dit des cinq nations, lequel faisait lui-même suite à un tournoi à quatre. Le Tournoi des cinq nations avait été interrompu durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1920. Les principes du Tournoi sont les suivants l'équipe qui gagne en battant tous ses adversaires réalise le Grand Chelem; celle qui le perd décroche virtuellement la cuillère de bois. Tradition oblige, la Calcutta Cup mise en jeu entre l'Angleterre et l'Écosse et la Triple Couronne décernée par les journalistes britanniques à la formation qui s'impose dans un minichampionnat à quatre entre le pays de Galles, l'Écosse, l'Angleterre et l'Irlande sont toujours attribuées. Plus récents, le Millenium Trophy récompense le vainqueur du match entre l'Angleterre et l'Irlande et le Trophée Eurostar le vainqueur du match opposant la France à l'Angleterre. C'est l'Angleterre qui se trouve en tête des bilans du Tournoi avec 25 victoires dont 12 Grand Chelem, devant le Pays de Galles 24 victoires dont 10 Chelem, la France 16 victoires dont 8 Chelem, l'Écosse 14 victoires dont 3 Chelem, l'Irlande 11 victoires dont 2 Chelem et l'Italie, toujours en attente de son premier succès dans l'épreuve. Monsieur Rugby Compétiteur et meneur d'hommes né, le troisième ligne aile Jean Prat 1923-2005 était réputé pour sa vaillance il faudra une fracture du péroné pour lui faire quitter le terrain contre le pays de Galles en 1950 et sons sens de la formule. En 1949 à Colombes, la France mène ainsi de deux petits points face au pays de Galles à cinq minutes du coup de sifflet final. Prat, qui sent que ses partenaires commencent à flancher, les harangue alors par ces mots Ces Britanniques vous ont emmerdés pendant cent ans, vous pouvez bien tenir cinq minutes. » Et le XV de France remporte le match. Honneur rarissime, Jean Prat fut porté en triomphe par ses adversaires gallois à la toute fin de sa carrière internationale et surnommé Mister Rugby » par la presse britannique. Chapitre 14 Ça tourne ! Le cinéma Dans ce chapitre L'histoire du cinéma Les grands genres Les festivals et récompenses Le cinéma, c'est avant tout du rêve, l'incessant renouvellement de l'imaginaire, la porte ouverte à tous les univers rêvés ou redoutés. Mais c'est aussi une pratique professionnelle exigeante, depuis son apparition surprise au salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines à Paris, le 28 décembre 1895, jusqu'aux révolutions technologiques apportées par les cassettes vidéo, les DVD, le home cinéma. Pour entrer dans ce monde des merveilles, commençons par une petite histoire de ces images mouvantes puis sonores, et des grands genres cinématographiques. Vous aimez l'action, l'aventure, les sentiments, l'histoire, le roadmovie? Entrez, il reste quelques places au premier rang. Installez-vous confortablement, étendez vos jambes, relaxez-vous sur l'écran les grands films défilent. Recroquevillez-vous devant le Nosferatu de Mumau, versez une larme pour Titanic, révoltez-vous avec Macadam Cowboy et reprenez confiance en l'homme avec Les Quatre Cents Coups. Ivres de mouvements, chavirés d'émotions, reprenez votre souffle et vos sens égarés, enfilez escarpins et smocking, les festivals déroulent le tapis rouge, les récompenses et les applaudissements pleuvent... Mais silence maintenant, l'écran descend, la projection commence. Brève histoire du cinéma L'invention du cinématographe en 1895 fut un miracle scientifique autant que populaire, si l'on en juge par le succès qu'il connut immédiatement à l'époque et celui qu'il connaît encore aujourd'hui. Voici un rapide voyage dans le temps qui nous ramènera à la naissance du cinéma puis nous fera suivre les principales étapes qui ont jalonné l'histoire de cet art majeur. La naissance du septième art Nicéphore Niepce invente la photographie au début du XIX e siècle. L'image fixe existe, et le rêve d'une image mouvante commence... Les recherches en ce domaine aboutissent à l'invention de la pellicule et de la caméra en 1 883, et de l'appareil de projection à partir de 1888. Mais les vrais inventeurs du cinématographe sont les frères Louis 1864-1948 et Auguste Lumière 1862-1954 , grâce à leur caméra-projecteur de 1895. C'est la naissance de l'appareil de tournage et de projection, et les premiers films réalisés sont projetés en public. Tout commence très officiellement, le 22 mars de cette année 1895, par une projection à Paris devant les membres de la Société d'encouragement à l'industrie nationale. Le sujet en est la Sortie de l'usine Lumière à Lyon. Le public assiste à la sortie des ouvrières, filmée par les frères Lumière, sur une durée de 45 secondes. Et déjà, un genre est né, celui du film documentaire. La démonstration scientifique est faite, reste à séduire le public. Pour ce faire, les frères Lumière louent, en décembre 1895, l'un des lieux les plus prestigieux de la capitale, le salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines, d'une capacité d'une centaine de places. La grande première a lieu le 28 décembre, devant 35 spectateurs. Leur sont proposés les 45 secondes de la Sortie de l'usine Lumière, mais aussi deux autres films. D'abord L'Arroseur arros é un jardinier arrose son jardin à l'aide d'un tuyau et un enfant coupe l'arrivée d'eau en posant le pied sur le tuyau. Intrigué, le jardinier regarde son embout, l'enfant relâche le pied, le jardinier est aussitôt aspergé. Apercevant le mauvais plaisant, il le poursuit et le punit. L'ensemble dure 49 secondes. Là encore, un genre est créé, la fiction, oeuvre d'imagination, ici fondée sur un ressort comique. Le dernier film est Le Repas de bébé un couple nourrit un bébé Auguste Lumière, sa femme et leur fille. Le film dure 41 secondes. Le succès de cette projection est immédiat. La presse raffole de la nouveauté, tout Paris se précipite et il devient d'un provincial effrayant d'ignorer le cinématographe des frères Lumière! Certains jours, jusqu'à 2 500 spectateurs se pressent, les séances s'enchaînant jusqu'à l'épuisement des projectionnistes. Les salles louées ne suffisent plus il faut au cinématographe un lieu permanent, adapté à ses contraintes techniques, capable de recevoir les foules de plus en plus nombreuses et curieuses. C'est la naissance de la salle de cinéma. La première est inaugurée le 25 janvier 1 896, à Lyon, patrie des frères Lumière, comme il se doit. Suivent Bordeaux en France, puis à l'étranger Londres, Bruxelles, Berlin et, en juin 1897, New York. Les coûteuses séances à 1 franc cèdent vite la place, devant l'affluence, à des prix abordables au plus grand nombre. Dès sa naissance, le cinéma est ainsi un art populaire. Les premiers films projetés, ancêtres des actualités cinématographiques, sont souvent des documentaires, les premiers reportages. C'est la spécialité de Charles Pathé 1863-1957, dont la société naît avec l'envoi de cameramen partout dans le monde. Mais il arrive trop tard pour le reportage consacré au couronnement du tsar Nicolas II, le 14 mai 1894, à Moscou, filmé par les opérateurs des frères Lumière, et premier vrai grand document d'actualité. Barbenfouillis sur la Lune Destiné à reprendre la fabrique de chaussures paternelle, Georges Méliès 1861-1938 préfère partir à Londres s'initier à la prestidigitation, devenir le propriétaire et directeur du théâtre Robert-Houdin, du nom d'un célèbre illusionniste. De retour en France, et après l'échec d'une tentative de coopération avec les frères Lumière, il s'installe à Montreuil, en banlieue parisienne, où il fonde la compagnie Star Film. À la fois producteur, scénariste et décorateur, il tourne dans son studio des centaines de petits films remplis d'imagination et d'effets spéciaux, appelés à l'époque les trucages. Les plus célèbres sont Cléopâtre 1899, qui montre la résurrection de la fameuse reine d'Égypte à partir des restes carbonisés de sa momie, d'une durée de deux minutes, et surtout Le Voyage dans la Lune 1902. Adapté du roman de Jules Verne, De la Terre à la Lune, ce film d'environ quinze minutes crée un genre nouveau au cinéma, la science-fiction, tout en reprenant des éléments burlesques et comiques. Six scientifiques, menés par le professeur Barbenfouillis, joué par Méliès lui-même, gagnent la Lune à bord d'un obus. Les relations avec les habitants du lieu, les Sélénites, commencent d'autant plus mal que l'obus atterrit en se fichant dans l'oeil droit de la Lune, que voilà quasiment éborgnée ! Capturés puis évadés, les membres de l'expédition reviennent sur Terre, où ils sont couverts d'honneurs. L'expressionnisme allemand Emblématique de l'ère du cinéma muet, l' expressionnisme cinématographique n'est pas un mouvement isolé. Il participe de la volonté de rénovation de l'art qui parcourt la peinture, l'architecture, la littérature, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Et ce sont les Allemands qui lui donnent au cinéma ses lettres de noblesse, à tel point que, plutôt que d'expressionnisme seul, c'est expressionnisme allemand qui vient tout naturellement aux lèvres en ce domaine. Contemporain du dadaïsme et du surréalisme, l'expressionnisme au cinéma explore les tréfonds reculés de l'âme, le trouble des personnalités. La folie, le monstrueux en sont des thèmes récurrents. L'âge d'or des films expressionnistes correspond aux débuts de la république de Weimar. Des oeuvres comme Le Cabinet du docteur Caligari 1919 de Robert Wiene 1873-1938 , Le Golem 1920 de Cari Boese 1887-1958 ou Nosferatu le Vampire 1922 de F. W. Murnau 1888-1931 fleurissent alors. Considéré comme un art dégénéré par les nazis, l'expressionnisme disparaît au début des années 1 930. La révolution du parlant Le cinéma muet laisse ainsi des oeuvres impérissables. Qui ne connaît pas par exemple La Ruée vers l'or 1925 de Charlie Chaplin 1889-1977? L'accompagnement textuel se fait par l'intermédiaire de cartons, les intertitres, qui apparaissent entre les scènes pour indiquer un dialogue, présenter une situation, exposer les états d'âme des personnages. L'accompagnement sonore est souvent interprété par un pianiste, dont l'instrument est installé en bas de l'écran. Cette proximité est nécessaire, car l'artiste ne dispose pas de partition il joue en fonction de son inspiration et de la nature des scènes qu'il visionne avec les spectateurs. Mais en 1927 apparaît le cinéma parlant. Le tout premier film sonorisé est Le Chanteur de jazz 1927, réalisé par Alan Crosland 1894- 1936. Il s'agit d'une comédie musicale comprenant cinq chansons... les premiers mots parlés du cinéma, grâce à une improvisation de l'acteur Al Jolson 1886-1950! En effet, les producteurs ne souhaitaient pas qu'il y ait de langage parlé dans le film. Le son devait uniquement servir à la musique et aux chansons, l'histoire étant encore racontée par des cartons, mais grâce à un dialogue, non écrit dans le scénario, du héros avec sa mère, le cinéma parlant est lancé! Le cinéma hollywoodien C'est sur les coteaux des plus célèbres collines du monde, à Hollywood, en Californie, que le cinéma entre pleinement dans l'âge moderne. Durant l'entre-deux-guerres, sous l'impulsion des patrons tyranniques des grands studios futures majors, l'art épouse définitivement les affaires. Pour le pire, mais aussi pour le meilleur. Marquée par l'apparition du star System, qui promeut les vedettes de cinéma et les films comme n'importe quel produit de consommation courante, cette époque dorée du cinéma américain voit fleurir de nombreux réalisateurs et comédiens de talent. Les réalisateurs les plus emblématiques de cette époque sont notamment Ernst Lubitsch 1892-1947 ou Frank Capra 1897-1991 pour la comédie, John Ford 1895-1973 ou Howard Hawks 1896-1977 pour le western ou le film policier, ou encore Stanley Donen né en 1924 et Vicente Minnelli 1910-1986 pour la comédie musicale, un genre particulièrement florissant à Hollywood qui connaît alors un vif succès auprès du public. Et s'il ne fallait retenir que deux noms parmi la pléiade de stars de cet âge d'or du cinéma américain, ce serait sans doute Marilyn Monroe 1926-1962 et Humphrey Bogart 1899-1957, devenus de leur vivant de véritables mythes. Tournage en exil Casablanca 1942 est l'inoubliable chef-d'oeuvre de Michael Curtiz qui met en scène Humphrey Bogart 1899-1957 et Ingrid Bergman 1915-1982 , dans les rôles de Rick et Usa. Sur fond de ville d'Afrique du Nord encore soumise au régime de Vichy du maréchal Pétain, l'intrigue se noue autour du choix cornélien entre l'amour et le devoir. Rick, autrefois amant d'Ilsa, la retrouve à Casablanca, mariée avec un résistant en cavale. Le choix est tout de douleur, entre aider le couple à fuir et perdre Usa à jamais, ou ne pas les aider et les laisser finir entre les mains des nazis. Le film, en noir et blanc, dure trois heures. La musique, tout comme le lieu, le cabaret que tient Rick, jouent un rôle central. L'une des scènes cultes du film oppose, dans le cabaret, la Marseillaise aux Allemands chantant Die Wachtam Rhein. Tourné pendant la guerre, à l'aide de nombreux figurants ayant fui l'Europe, le film est, en lui-même, historique. Le néoréalisme italien Durement éprouvée par la Seconde Guerre mondiale, l'Europe perd de son influence artistique au profit des États-Unis qui, après un entre-deux-guerres déjà florissant, assoient définitivement leur domination sur le cinéma mondial dans les années 1950, profitant notamment de l'arrivée de la couleur sur les écrans. Toutefois, le vieux continent fait preuve d'une belle vigueur et voit se développer, en France, en Italie et ailleurs, des cinéastes de talent. Ainsi, par exemple, de ceux du courant néoréaliste. Tout comme l'expressionnisme est spontanément pensé comme allemand, le néoréalisme est italien. C'est en effet en Italie qu'il naît et se développe dès 1943, pour s'exprimer ensuite pendant une dizaine d'années. Le terme même de néoréalisme explique en partie le projet des cinéastes. Il s'agit pour eux d'ancrer le cinéma dans la vie quotidienne, la vie véritable, et, pour ce faire, d'utiliser des personnages de rencontre plutôt que des acteurs professionnels. De même, décors et studios sont délaissés au profit de la rue, du seul décor naturel. La réalisation est marquée par le recours à la narration, plutôt qu'à une progression faite au fur et à mesure des scènes et des situations qui évoluent. L'homme y est prisonnier de son déterminisme social, soumis à des autorités lointaines Église, État... sans compassion. Les films emblématiques du néoréalisme italien sont Rome, ville ouverte 1945, Paisa Paysan, 1946 ou Allemagne année zéro 1947 de Roberto Rossellini 1906-1977, Sciuscia Cireur de chaussures, 1946, Le Voleur de bicyclette 1948 ou Umberto D. 1 952 de Vittorio de Sica 1 901 -1 974 , ou encore Riz amer 1 949 de Giuseppe de Santis 1 91 7-1 997. Rome, ville ouverte, tourné en 1945 par Roberto Rossellini, marque l'acte de naissance du néoréalisme italien. Alors que la guerre n'est pas finie, la caméra de Rossellini, dans une ville dévastée, met au pied du mur comédiens véritables et passants de rencontre confrontés à un moment de vie sans espoir. La drogue, la violence, la torture y sont le quotidien. L'action se déroule à Rome, pendant l'hiver 1944. L'ingénieur communiste Giorgio Manfredi Qoué par Marcello Pagliero, 1907-1980 se réfugie chez un ami, obtient un contact avec le curé de la paroisse. Mais sa maîtresse les dénonce tous aux Allemands. Rome, ville ouverte est un film multiple. Prévu pour être un documentaire, fondé en partie sur des événements réels, réalisé deux mois seulement après la libération de Rome, il est considéré comme l'acte de naissance du néoréalisme italien. Sa proximité chronologique avec les épisodes mis en scène en fait aussi une vision presque immédiate d'une actualité recomposée. La nouvelle vague Au tournant des années 1950 et 1960 apparaît en France un courant de jeunes cinéastes défendant un cinéma d'auteur où le réalisateur prime sur le scénariste, où le film doit d'avantage exprimer une vision personnelle du monde que raconter une histoire. Le terme nouvelle vague, qui au départ désigne un courant de société à la fin des années 1 950, désigne un cinéma tourné à l'aide d'une caméra légère, qui se déplace avec son porteur. Les extérieurs sont privilégiés sur les studios. Il y a là une volonté délibérée de rupture. Les personnages sont incarnés par de jeunes acteurs et actrices qui font vrai, auxquels les jeunes spectateurs s'identifient sans mal Jean-Paul Belmondo né en 1933, Jean-Pierre Léaud né en 1944, Bernadette Lafont née en 1938, Anna Karina née en 1940, Jean Seberg 1938-1979. C'est un cinéma qui se veut proche des attentes d'une jeunesse encore bridée avant le mouvement de 1968, dans le difficile passage à l'âge adulte. Les oeuvres principales de ce mouvement sont Paris nous appartient 1 958 de Jacques Rivette né en 1 928, À bout de souffle 1 959 de Jean-Luc Godard né en 1 930, Les Quatre Cents Coups 1959 de François Truffaut 1932-1984, Le Beau Serge 1959 de Claude Chabrol né en 1930, Le Signe du Lion 1959 d Éric Rohmer né en 1920, Le Bel Âge 1959 de Pierre Kast 1920-1984 et L'Eau à la bouche 1960 de Jacques Doniol-Valcroze 1920-1989. Dans la peau d'Antoine Doinel Les Quatre Cents coups est un film de François Truffaut sorti en 1 959. Ce premier long métrage du réalisateur, largement inspiré de sa propre enfance, met en scène celle d'Antoine Doinel Jean-Pierre Léaud, né en 1944, aux prises avec ses parents. Ses vols le conduisent à être enfermé dans un centre de rééducation. Dans la suite de son oeuvre, le personnage d'Antoine Doinel, toujours interprété par Jean-Pierre Léaud, apparaît dans plusieurs autres films L'Amour à vingt ans 1 962, Baisers volés 1 968, Domicile conjugal 1969, L'Amour en fuite 1970. C'est ainsi un double du réalisateur qui incarne, à l'écran, ce que celui-ci a vécu ou vit dans la réalité. Par sa technique, son parti pris cinématographique, Les Quatre Cents Coup est le film emblématique Le nouvel Hollywood Outre-Atlantique, à une décennie de là, le cinéma s'affranchit aussi des codes anciens. Après le succès inattendu 6' Easy Rider 1969, film de bikers à petit budget, une génération de jeunes metteurs en scène issus de la contre-culture émerge durant les années 1970. Regroupés sous la bannière du nouvel Hollywood par le journaliste Peter Biskind, Steven Spielberg né en 1942, Francis Ford Coppola né en 1939, Stanley Kubrick 1928-1999, Martin Scorsese né en 1942 ou Brian De Palma né en 1940 pour ne citer que les plus connus, revisitent les thèmes du cinéma américain classique la violence, l'errance, la marginalité... pour les refondre dans un moule nouveau, tournant avec des acteurs encore inconnus, Robert de Niro né en 1943, Al Pacino né en 1940 ou encore Jack Nicholson né en 1937. En quelques années, ces réalisateurs deviennent les nouveaux nababs d'Hollywood et réalisent des films tels que Le Parrain Coppola, 1972, Les Dents de la mer Spielberg, 1975, Taxi Driver Scorsese, 1976... Le cinéma contemporain Après plus d'un siècle d'existence et bien des vicissitudes et des crises, le cinéma se porte bien, même si on a de nombreuses fois annoncé sa fin. Signe de sa vitalité, la prolifération des cinémas nationaux et des oeuvres originales dans le monde, dont voici quelques exemples y En Angleterre Ken Loach, palme d'or 2006 pour Le vent se lève. * En Belgique Luc et Jean-Pierre Dardenne, double palme d'or avec Rosetta 1999 et L'Enfant 2005, ou Lucas Belvaux {Un couple épatant, Cavale, Après la vie, trilogie de 2002. r En Égypte Youssef Chahine, distingué lors du cinquantième festival de Cannes, avec de nombreux films tels Le Destin 1997 ou Alexandrie-New York 2004. ^ En Espagne Pedro Almodovar, récompensé deux fois à Cannes pour Tout sur ma mère 1999 et Volver 2006. c Aux États-Unis David Lynch dont le premier succès reconnu est Eléphant man 1981 ou Steven Soderbergh qui remporta la palme d'or en 1989 avec Sexe, mensonges et vidéo, sans oublier les inusables Woody Allen ou Clint Eastwood. ^ En France citons, entre autres, Arnaud Desplechin et Comment je me suis disputé... ma vie sexuelle 1996, Olivier Assayas et son Fin août, début septembre 1999, Laurent Cantet et son film Entre les murs 2008. À Hong Kong Wong Kar-Wai et le troublant In The Mood for Love 2000. * En Iran Abbas Kiarostami, qui se révéla avec Où est la maison de mon ami 1987. * En Italie Nanni Moretti et son retentissant appel Le Caïman 2005... Si l'on vous demande quel est le plus gros producteur de films au monde, que répondrez-vous ? Les États-Unis? Mauvaise pioche. Le pays qui, chaque année, produit le plus de films est décachetons la petite enveloppe... l'Inde! Eh oui! Avec plus de mille films par an, l'Inde décroche la palme de la production cinématographique, loin devant la France pourtant pas mal classée et les États-Unis. Désormais passée dans le langage courant, l'expression Bollywood contraction de Bombay et d'Hollywood désigne à la fois l'industrie cinématographique et le cinéma indien. Son genre dominant repose sur les intrigues sentimentales qui se terminent bien, accompagnées d'intermèdes de chants et danses traditionnels, extrêmement appréciés du public. La très riche mythologie indienne - le Mahabharata, le Ramayana , la Bhagavad-Gita l'une des parties du Mahabharata , relatant les exploits des dieux et mettant en scène le séduisant Krishna ou le terrible guerrier Arjuna - remporte aussi un vif succès à l'écran. Le fond mélodramatique très pudique entraîne totalement le public. Il faut assister à une séance de cinéma en Inde dans un quartier tout dans un incessant va-et-vient, puisque l'on dîne ou déjeune sur place. Il faut dire que la durée moyenne d'un film est de... quatre ou cinq heures ! Tableau 14-1 Les grandes dates du cinéma Date i_ v a i a i ici 1 1 1895 i N cil ùDai il Chavouoth, célébrée sept semaines après Pessah, consacre la promulgation du Décalogue les dix commandements. Autrefois, fruits et légumes étaient offerts au temple de Jérusalem ; aujourd'hui les maisons et les synagogues sont décorées de fleurs. ^ Souccoth fête des cabanes » rappelle que Hébreux bénéficièrent constamment de la protection divine quand ils traversèrent le désert en quittant l'Égypte. Yom Kippour et Rosh Hachana l'anniversaire de la création du monde et de l'homme est commémoré par ces deux jours de fête. Le jour du jugement », ou Rosh Hachana, est consacré à la méditation et au repentir. La synagogue est alors entièrement décorée de blanc. Le jour du pardon », ou Yom Kippour, est un jour de jeûne absolu, de prière et de recueillement, où l'on demande à Dieu l'expiation de ses péchés. ^ Hannouka la fête des lumières commémore la lutte des résistants juifs après la profanation du temple de Jérusalem au II e siècle av. Chaque foyer allume, pendant huit jours, un chandelier à sept branches pour perpétuer la victoire du judaïsme sur le paganisme. Bar Mitsvah littéralement, soumis à la loi religieuse ». Garçon ou fille considéré comme majeur, religieusement parlant, pour pratiquer, dès sa douzième année, le judaïsme. Casher en hébreu Kasher, convenable » désigne un animal propre à la consommation, car tué rituellement. Diaspora dispersion des Juifs dans le monde entier. À différencier, les Ashkénazes des Séfarades, issus du Bassin méditerranéen. Esséniens contestataires, ils vivaient dans le désert et réclamaient l'abandon de tous les biens y compris le savoir et facilités de l'existence. Hassidim les pieux » mouvement judaïque d'Europe de l'Est insistant particulièrement sur la communion joyeuse avec Dieu, en particulier par le chant et la danse. Hébreux le mot vient d'Eber, descendant de Sem, l'un des trois fils de Noé, mais aussi ô'Habirou, les errants». On peut également évoquer la racine araméenne uri de l'autre côté». Abraham, le premier des Hébreux, était effectivement passé de l'autre côté du désert arabo-syrien. Israël désigne à la fois le patriarche Jacob, le peuple auquel donnèrent naissance ses douze fils, et les dix tribus qui formèrent le royaume d'Israël. Dès la fin du VI e siècle av. le terme désigne l'ensemble de la communauté ethnico-religieuse juive. Juifs Yehoudi, celui qui descend de la tribu de Juda » après la destruction de Samarie, capitale du royaume d'Israël, au Nord, en 722 av. le mot désigne l'habitant du royaume de Juda, au Sud. Kabbale qabbalach, tradition » tradition philosophique et ésotérique juive. Pharisiens peroûshim, les séparés» ils sont disposés à accepter une occupation étrangère pour autant que la liberté de culte leur soit garantie. Sadducéens parti des prêtres de Jérusalem, qui suivent à la lettre la Torah, rejettent les traditions orales, et nient l'immortalité de l'âme ainsi que les châtiments et les récompenses dans l'au-delà. Sionisme mouvement politique et religieux visant à la création et à la consolidation de l'État d'Israël. Sion est une montagne de Jérusalem et, par extension, le nom donné à Israël. Zélotes qiniim, les zélés » violemment opposés aux Romains, ils réclamaient l'observance rigoureuse des prescriptions. Le christianisme Deuxième grande religion monothéiste, apparue au premier siècle de notre ère, le christianisme, basé sur la révélation christique, devient la religion officielle de l'Empire romain avant de structurer la société médiévale et de dominer la pensée européenne. Son originalité est de s'adresser non seulement à un public choisi, de docteurs de la loi mosaïque, et de personnes influentes de la société, mais à l'ensemble de la population; véritable révolution, le christianisme ouvre les portes du paradis à tous ceux qui avaient la foi, sans distinction de classes sociales ou d'ethnies. Refusant le culte de l'empereur divinisé, il prône le triomphe de la piété et se résume à deux points essentiels l'amour de Dieu, et l'amour de son prochain. Dans le dispositif chrétien, il convient de se consacrer aux tâches du salut en s'investissant aussi dans la réalisation du monde. Le christianisme des premiers siècles est marqué par un extraordinaire foisonnement intellectuel, riche de débats, en particulier sur la nature de Dieu. Les textes sacrés du christianisme Marquant la rupture avec l'Ancien Testament de la culture hébraïque, le Nouveau Testament a presque entièrement été écrit en grec. Les Les mots du judaïsme textes qui le composent ont été rédigés au cours des I er et II e siècles après Ces livres composent le canon du christianisme, d'autres évangiles et épîtres étant en effet considérés comme apocryphes. Au IV e siècle, saint Jérôme traduisit la Bible en latin. Cette traduction, appelée la Vulgate, fut longtemps la seule traduction reconnue par l'Église. La Bible des chrétiens le Nouveau Testament Texte de référence du corpus chrétien, le Nouveau Testament contient les quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, les Actes des Apôtres écrits par Luc, les Épîtres de Paul, au nombre de quatorze, et l' Apocalypse la mise à nu », ou révélation » du grec apokalupsis, que Dieu fit à Saint Jean dans l'île de Patmos, et dont les visions annoncent la fin des temps. Les quatre Évangiles Reconnus par l'Église vers 450, les quatre Évangiles relatant les faits et gestes de Jésus-Christ restent toutefois fragmentaires et sont parfois contradictoires, notamment sur le début de la vie du Christ. Marc et Matthieu font ainsi de Nazareth la patrie » de Jésus, quand Luc parle de Bethléem en Judée. Pour sa date de naissance, on retient la version de Matthieu, qui situe la nativité en 6 ou 7 av. Les paroles de Jésus et le récit de ses actes commencent à circuler trente ou quarante ans après sa mort, soit environ vers l'an 70 de notre ère. Les trois Évangiles de Matthieu, Marc et Luc sont dits synoptiques » parce qu'ils peuvent être disposés côte à côte sur une même page. Ils racontent l'histoire de Jésus d'un point de vue semblable, souvent en utilisant les mêmes histoires et les mêmes mots. L'explication des similitudes et des différences entre ces trois textes est un domaine privilégié de l'exégèse du Nouveau Testament. v L'Évangile de Marc serait le plus ancien. Composé vers l'an 40, en vue de la prédication en Égypte, il consigne quelques événements de la vie de Jésus récit de la passion, de la résurrection, description du triomphe de Jésus sur Satan. C'est un évangile messianique, car sa finalité est de faire savoir que Jésus est fils de Dieu. La tradition faisant de lui le disciple de Pierre, Marc n'est pas cité parmi les apôtres. ^ L'Évangile de Matthieu décrit surtout les événements de la Passion et de la Résurrection et montre que Jésus est le Messie annoncé par les Écritures. Le recueil primitif des logia dits » ou paroles » de Jésus s'adresse aux croyants venus du judaïsme ». Matthieu, qui exerçait à la fin de sa vie la charge de receveur d'impôts pour les Romains, l'aurait rédigé avant de quitter la Palestine, approximativement entre sept et douze ans après la mort de Jésus. * L'Évangile de Luc insiste sur l'universalité du message de Jésus. Il décrit la destruction de Jérusalem, en 70, comme un fait accompli et connu vers 80. D'origine grecque, Luc l'aurait rédigé pour les Grecs à Alexandrie, les dernières années de sa vie. Médecin originaire d'Antioche, converti par Saint Paul, il le suivit dans la plupart de ses voyages. ^ L'Évangile de Jean, considéré comme plus spirituel» et poétique que les précédents, a été rédigé à Éphèse, en grec, vers la fin du premier siècle. Né en Galilée, Jean a suivi Jésus jusqu'au calvaire, dont il retrace les scènes douloureuses avec plus de détails que les autres écrivains sacrés. Arrêté et relégué dans l'île de Patmos, il y compose, à la suite de visions prophétiques, son Apocalypse. Il a également laissé trois Épîtres, écrites pour contrer les hérésies concernant la divinité du Christ et mettre en garde contre les faux docteurs. Les Actes des Apôtres Écrits pendant les premiers temps du christianisme, les Actes des Apôtres constituent le cinquième livre du Nouveau Testament. Rédigés par Luc, ils démarrent à la Pentecôte et relatent les débuts de l'Église primitive. Les Épîtres de Paul Paul de Tarse ou saint Paul se revendique comme l'un des principaux disciples de Jésus-Christ, qui lui serait apparu et l'aurait converti, quelques années après sa mort. Il eut un rôle de première importance dans le développement et la diffusion du christianisme primitif, au point que certains théologiens, estimant que Paul donne un enseignement différent de celui de Jésus de Nazareth, le considèrent comme le fondateur du christianisme. L 'Apocalypse Dernière partie du Nouveau Testament, écrite à la fin du I er siècle dans une forme très symbolique et mystérieuse, Y Apocalypse décrit le triomphe final du Christ, après la venue de l'Antéchrist, et prédit le jugement de Dieu et son triomphe sur les forces du Mal. Attribuée à Saint-Jean, elle a donné lieu à plusieurs interprétations, comme celle de la persécution des chrétiens par l'empire romain, symbolisant le mal dont Dieu triomphera. Les principaux apôtres On nomme apôtres du grec apostolos, envoyé » les douze disciples choisis par Jésus-Christ, qui l'accompagnaient de son vivant et ont témoigné de sa résurrection. Prédicateurs de l'Évangile et fondateurs de l'Église, ils se réunirent régulièrement au Cénacle salle du premier étage » après la mort du Christ. Sous la direction de Pierre, ils formeront le collège apostolique auquel Jésus a confié le gouvernement de l'Église. Leur identité, qui varie selon les versions, reste sujette à caution. En voici trois parmi les principaux. La vie de Jésus Jésus, pour les Chrétiens, est avant tout le Messie rédempteur Messiah, l'envoyé », incarné parmi les hommes. Il serait né à Bethléem, bourgade de Galilée, sous le règne d'Hérode le Grand, quelques années avant le début de l'ère chrétienne. Son père adoptif, Joseph, était charpentier à Nazareth. Sa mère est Marie, en hébreu Myriam. Depuis le IV e siècle, la tradition l'a toujours dite vierge, mais rien dans le Nouveau Testament ne le confirme explicitement. D'autres noms et qualificatifs sont attribués à Jésus Yechoua, qui signifie Dieu sauve », et dont l'hellénisation a donné lêsou ; ou Christ, qualificatif signifiant oint». Pierre, le roc fondateur Jésus impose ce nom à Simon Barjona, lui signifiant qu'il serait le roc » en grec, Petros sur lequel il bâtirait son Église. Pierre apparaît dans les Évangiles comme fondateur de l'Église de Rome et occupe la première place parmi les Apôtres. Tu seras pêcheur d'hommes », lui dit le Christ {Luc, V, 10. Dans ses deux Épîtres, adressées aux chrétiens d'Asie Mineure, il expose les raisons de sa vocation et rappelle, contre les faux docteurs, les grands principes de la doctrine chrétienne. Il est mort en 64. Paul, l'apôtre des Gentils Sa philosophie est résumée dans l'Épître aux Corinthiens, où il est dit que le Christ est à l'image de Dieu ». Avant de devenir l'apôtre des Gentils c'est-à-dire des non-Juifs, Saint Paul, sous le nom de Saûl, fut au nombre des persécuteurs du Christ. Terrassé par la révélation de la foi chrétienne sur le chemin de Damas, il ne songe plus qu'à faire connaître la Vérité. L'Asie Mineure, la Grèce, la Macédoine reçoivent tour à tour ses paroles. Il sera décapité sur la via Ostia, à Rome, en 67. Jacques le mineur» Il est appelé le frère de Jésus ». Pendant longtemps, on crut que Jésus eut des frères et des soeurs et était issu d'une famille nombreuse, dont le nom le plus important était celui de Jacques. Mais la Bible utilise en fait frère» dans le sens large de cousins, parents proches. Fils d'Alphée, il est dit le mineur» pour le différencier de Jacques le majeur», chef de file de l'Église de Jérusalem. Selon l'historien Flavius Josèphe, il aurait fini lapidé à Jérusalem en 62. Les mots du christianisme Anachorètes premiers ermites chrétiens, vivant en des lieux écartés. Anticléricalisme réaction contre l'influence jugée excessive du clergé dans la société. Ascétisme comportement religieux impliquant des privations et des contraintes corporelles ou morales. Catéchèse somme de vérités que le croyant doit acquérir pour accéder au salut. Le catéchisme, qui est l'instruction religieuse, est un moyen d'accéder à ces vérités. Catéchumène personne qui se prépare à recevoir le baptême. Clergé il se divise en deux catégories, le clergé régulier, dont les membres vivent en communauté selon une règle, et le clergé séculier, dont les membres vivent, quotidiennement, au contact des fidèles. Concile assemblée d'évêques prenant des décisions en matière religieuse. Le concile oecuménique désigne la convocation de tous les évêques de l'Église catholique par le Pape. Concordat traité qui définit officiellement la place de l'Église catholique dans un État. Déisme croyance en une divinité, sans référence à une religion en particulier. Dogme certains points particuliers d'une doctrine réclament une adhésion irrévocable de foi de la part des fidèles, le mystère de l'incarnation par exemple. Le credo rassemble les principaux dogmes de l'Église chrétienne. Droit canon ensemble de règles qui déterminent l'organisation et le fonctionnement de l'Église catholique. Église lorsqu'elle désigne l'ensemble des chrétiens, elle s'écrit toujours avec une majuscule. Épiscopat ensemble des évêques et des archevêques d'un pays. Érémitisme attitude des premiers ermites qui se réfugient dans le désert pour méditer. Eucharistie renouvellement du sacrifice du Christ sous la forme du pain et du vin. Grâce elle est accordée par Dieu aux hommes pour accéder au salut. Hérésies points de la doctrine qui s'opposent aux dogmes de la religion. Holocauste sacrifice au cours duquel la victime est consumée par le feu. Liturgie cérémonies et prières officielles liées à un culte. OEcuménisme mouvement fait pour rapprocher les diverses Églises chrétiennes. Paganisme désigne les religions non monothéistes, y compris les polythéismes antiques. Pape successeur de Saint Pierre, il est élu par les cardinaux. Parousie du grec parousia, entrée solennelle d'un souverain dans la cité ». Pour les chrétiens, c'est le retour du Christ à la fin des temps, venu juger les vivants et les morts. Passion souffrance et mort du Christ sur la croix. Également, la partie des Évangiles relatant cet épisode. Patriarche titre porté, dans la religion orthodoxe, par les métropolites de quelques grandes villes, comme le patriarche de Constantinople. Pontificat dignité du souverain pontife, et durée pendant laquelle un pape exerce ses fonctions. Primat titre destiné au titulaire du siège épiscopal le plus ancien ou le plus important d'une région. L'archevêque de Lyon est ainsi appelé le primat des Gaules. Rédemption rachat des péchés des hommes par la mort du Christ sur la Croix. Sacrement acte par lequel Dieu accorde sa Grâce. Secte groupe de fidèles qui se sont détachés d'une communauté religieuse. Sermon prononcé au cours d'un culte, il s'agit d'un discours religieux, appelé aussi homélie. Synode synonyme consistoire ecclésiastiques convoqués pour délibérer des questions religieuses. Le Saint-Synode est l'organe suprême de direction de l'Église orthodoxe de Russie. La doctrine chrétienne La doctrine de base du christianisme apparaît dans le Credo je crois» des Apôtres, de Nicée et d'Athanase. Le dogme de la trinité est établi dans le courant du IV e siècle il n'existe qu'un Dieu en trois personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La doctrine chrétienne repose sur le double amour de Dieu et des hommes; la foi s'affirme elle aussi selon un double postulat, en le Christ et en la Résurrection. L'homme est libre, y compris de refuser la foi. L'essentiel des obligations est une reprise des Dix Commandements du judaïsme, la prière principale le Notre-Père, et la participation à l' Eucharistie célébration de la messe. Les sacrements, variables chez les catholiques, les orthodoxes et les protestants, recoupent les moments fondamentaux de l'existence baptême, mariage, trépas. La contestation de certains aspects du Nouveau Testament ne survient qu'au XVII e et surtout au XVIII e siècles, puisque la Réforme ne remet pas en cause les principaux dogmes. Ce qui est contesté, ce sont les miracles, confrontés aux lois de la nature par les rationalistes, ou même la valeur des témoignages sur la vie de Jésus, lorsque l'histoire conquiert ses lettres de noblesse en tant que science à part entière. Cette critique détermine une réaction catholique le pape Pie IX publie le 8 décembre 1864 l'encyclique Quanta Cura », qui condamne le libéralisme politique, puis Pie X, en 1907, avec l'encyclique Pascendi Dominici », met en garde contre les excès du modernisme. La croix et la manière Les chrétiens mirent longtemps à adopter la croix du latin crux, poteau», gibet » comme symbole. On la trouve au second siècle, sous plusieurs formes la lettre X, dite croix de Saint André, ou la lettre T, dite croix de Saint Antoine en Syrie notamment, la croix grecque les branches sont de même longueur et se croisent en leur milieu ou la croix latine celle que nous connaissons... En tout cas, jusqu'au IV e siècle, elle n'apparaît que très rarement dans les catacombes. Il faudra attendre la paix établie par Constantin au IV e siècle pour qu'elle se développe en tant que symbole chrétien. Dans les lettres de Saint Paul, elle n'est considérée, en tant que symbole sacré, que parce qu'elle préfigure notre salut et résume la passion du Christ. Aux yeux des Juifs, elle n'a pas cette importance, car ils rejettent l'idée d'un salut émanant d'un Messie ayant été soumis à un supplice aussi abject. Les fêtes chrétiennes Les principales fêtes chrétiennes sont les suivantes ^ Noël, le 25 décembre, marque la célébration de la naissance du Christ. ^ Le 6 janvier est fêtée l'Épiphanie, manifestation divine du Christ aux gentils » non-Juifs. ^ Le 2 février, la Chandeleur rappelle la présentation de Jésus au Temple. ** Pâques célèbre la résurrection du Christ. v L'Ascension, quarante jours après Pâques, marque sa montée au ciel. r La Pentecôte, cinquante jours après Pâques, marque la révélation de l'Esprit-Saint aux apôtres. ^ Le 1 5 août, l'Assomption célèbre la montée au ciel de la Vierge. ^ Le 1 er novembre, la Toussaint est la fête de tous les saints. L'islam Le mot islam signifie, au sens propre, soumission à Dieu », et se caractérise par la révélation monothéiste prêchée par Mahomet en Arabie au VII e siècle. Ce terme définit aussi la communauté des adeptes de cette foi, les musulmans, les croyants. L'islam s'est répandu en Asie, en Afrique et en Europe. On estime aujourd'hui à plus de 900 millions le nombre de musulmans dans le monde. Le Coran Principal livre sacré de l'islam, le Coran en arabe al Qûran, récitation », code révélé, religieux et social, définit avant tout la règle charria qui s'applique aux croyants. Il se compose de 1 14 sourates chapitres, divisés en 6 200 versets Ayat et rassemblés par ordre de longueur décroissante. Le Coran s'ouvre par la sourate dite liminaire, la Fatiha», la plus récitée parles croyants. Le Coran n'a pas été établi dans sa version définitive du vivant de Mahomet. A cette époque, seuls ses compagnons reproduisent quelques fragments de la révélation. Il n'est pas nécessaire de les retranscrire dans leur totalité, puisque les croyants connaissent par coeur les sourates. En 652, le troisième successeur du prophète ordonne que soit rédigée la version finale du texte. Celle-ci donne lieu à de nombreux commentaires. Le texte ultime n'est fixé que vers 680 après avoir été noté sur des matériaux de fortune pièces de cuir, parchemins, étoffes... Le Coran n'est pas une oeuvre humaine aux yeux des croyants. En arabe, le mot hadith tradition du prophète, conduite à suivre » désigne des paroles ou actes de Mahomet considérés comme des exemples à suivre par les musulmans. En dehors de quelques hadiths sacrés », considérés comme les paroles de Dieu adressées directement à Mahomet et rapportées par lui, il ne s'agit donc pas d'une parole divine comme le Coran. Ces hadiths forment la sunna, d'où le nom d'islam sunnite pour désigner le courant orthodoxe. Les hadiths ont été rapportés dans divers recueils véridiques ou non par des musulmans fidèles, parfois longtemps après la mort de Mahomet. Certains auteurs en ont recensé plus de 700 000 ! Beaucoup de ces citations étant suspectes, leur crédit est proportionnel au prestige accordé à ceux qui les ont rapportées. Ces différents recueils alimentent notamment l'opposition entre chiites et sunnites. Mahomet L'islam, qui reconnaît les prophètes bibliques Abraham, Moïse, Jésus et Mahomet, voit en Mahomet ou Mohamed son seul véritable fondateur, ce qui se résume par la formule • La vie politique L'Europe * La justice Les grands débats La société est un organisme complexe, dont l'existence fragile repose sur la coopération, même minimale, entre ses membres. Pour ce faire, il faut une organisation politique, la nôtre est la démocratie, élargie à l'Union européenne. Des garants, aussi, comme une justice indépendante. Des débats enfin, sur ces fameux projets de société, qui opposent un temps, avant de réunir le plus souvent. La démocratie. Quel terme magnifique! Mais, depuis les cités grecques, qui ne la pratiquaient guère, tout du moins suivant notre acception actuelle, qu'est-elle devenue? Un bref séjour au fond des geôles nous permet de comprendre tout ce que nous devons aux Britanniques, de la Magna Carta à YHabeas Corpus. Ces termes ne vous évoquent rien? Précipitez-vous sur les pages qui suivent, afin de savoir pourquoi, sans ces textes fondateurs, notre liberté ne vaudrait pas bien cher. Puis, poursuivons ce tour d'horizon avec nos propres institutions présidents, ministres, assemblées, sont convoqués devant le peuple souverain pour lui rendre des comptes. Aujourd'hui, notre cadre de référence n'est plus le seul Hexagone, mais l'Europe, c'est-à-dire ici l'Union européenne. Dans quels moments difficiles est-elle née, comment a-t-elle su s'adapter, s'élargir, ouvrir nos mentalités tout autant que l'espace ? C'est ce qu'à travers histoire, institutions, fonctionnement, vous allez découvrir. La justice effraie souvent, par la complexité de ses rouages et la rudesse de son vocabulaire réservé, croyez-vous, aux initiés. Adoucissons l'inexorable, partons de chambre en juridiction, d'appel en magistrature, afin de découvrir son fonctionnement, et, sous les robes et les hermines, les hommes et femmes qui, chaque jour, nous sauvent des ravages inouïs des vengeances et guerres privées. Enfin rendons hommage aux combats sociétaux, qui font progresser les groupes humains au prix parfois d'affrontements lors de grands débats sur des thèmes forts peine de mort, interruption volontaire de grossesse, euthanasie, mariage et droit d'adoption pour les couples homosexuels. La démocratie La démocratie, au sens originel, est un régime politique où le démos, le peuple, exerce le pouvoir, kratos, sans distinction de naissance, de statut social, de capacité ou de sexe. Ce pouvoir souverain est délégué par le vote, c'est-à-dire un mandat représentatif confié pour une période plus ou moins longue, renouvelable ou pas. Les autres critères essentiels de la démocratie sont la liberté des élections, l'indépendance des médias, l'existence d'une opposition libre de s'exprimer, l'alternance au pouvoir des différents camps politiques majoritaires à leur heure et un système judiciaire indépendant. Mais avant d'examiner comment la démocratie fonctionne en France, penchons-nous sur ses origines. La longue marche vers la démocratie Née à Athènes au V e siècle av. la démocratie est à l'origine réservée à l'élite restreinte des seuls citoyens. Il faut attendre le XVIII e siècle pour que la séparation des trois pouvoirs traditionnels législatif, exécutif et judiciaire soit véritablement conceptualisée et, dans une certaine mesure, mise en place. Réduite à la portion congrue entre pouvoir temporel, incarné par le roi, et spirituel, incarné par le pape, la démocratie connaît une longue éclipse avant de renaître après la Révolution française et de s'épanouir au long des XIX e et XX e siècles. La démocratie athénienne À l'avènement de la démocratie, son modèle fondateur repose sur deux assemblées de citoyens, YEcclésia, qui réunit les citoyens sur la colline de la Pnyx pour voter les lois et parfois la guerre, et la Boulé, composée de cinq cents citoyens en charge d'administrer la cité et de veiller à l'exécution des lois. Deux tribunaux se chargent de la justice, celui de Y Aréopage, où siègent les Anciens, et YHéliée, où siège le peuple. Les magistratures sont civiles, les Archontes, ou militaires, les Stratèges. À la différence d'aujourd'hui, la démocratie athénienne ne fonctionne que pour un petit nombre de citoyens, véritables élus du système politique. Elle s'effondre quand, avec Alexandre le Grand, la Grèce cesse d'évoluer dans un cadre strictement national. La démocratie anglaise Le premier pas vers la démocratie moderne est effectué en Angleterre où, en 1215, le roi Jean sans Terre roi de 1199 à 1216 accorde la Magna Carta, c'est-à-dire la Grande Charte. Celle-ci affirme le tout premier contrôle exercé sur la monarchie, la garantie de droits, et ébauche des réformes qui conduiront à la naissance du Parlement. Ce n'est pas le choix d'un roi puissant et convaincu de la justesse de son choix, mais un texte imposé à un souverain politiquement affaibli, incapable de s'y opposer. Les promoteurs de cette charte, bourgeois, barons, évêques, imposent leur droit d'intervenir dans les affaires de la monarchie. i m Que tu aies le corps » C'est en 1679 qu'il faut situer le tournant fondamental pour les démocraties occidentales dont nous sommes aujourd'hui les héritiers, par une révolution dans le domaine du droit individuel. Jusqu'à cette date, la justice, qu'elle soit seigneuriale, royale, ecclésiastique, s'exerce sans reconnaître au justiciable le plus fondamental des droits, celui d'être jugé. Un poseur de collets sur les terres seigneuriales ou royales, un clerc débauché peuvent moisir en prison pendant des mois, des années, parfois une vie entière, sans que le seigneur détenteur du droit de justice, l'officier royal, Vofficialité ou tribunal de l'évêque ne s'intéresse à lui. Le pire est de finir totalement oublié dans un cul-de-basse-fosse. D'où l'importance des requêtes déposées par famille ou amis, qui distribuent les fameuses épices, pots de vin, afin que leurs proches sortent de l'oubli judiciaire et finissent par être jugés. Avec le vote de la loi ô'Habeas Corpus, en 1679, l'Angleterre donne au monde la plus belle leçon de droit individuel. Désormais, tout homme est présumé innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie par des preuves, et un jugement le condamnant rendu. Il ne peut donc être emprisonné sans jugement et sans preuves. C'est d'ailleurs le double sens à donner à l'expression latine choisie par les clercs. Habeas Corpus signifie littéralement Que tu aies le corps », au double sens de ^ Que tu sois maître de ton corps, donc impossible à emprisonner abusivement. i^Que tu aies le corps, intact, sans torture, pour être présenté au tribunal et jugé de manière impartiale. Rappelons, pour nous aider à mesurer l'ampleur de cette réforme, que de nombreux pays, dont la France, pratiquent la torture comme méthode courante d'investigation et d'obtention des aveux, avant de l'appliquer une nouvelle fois comme châtiment après un jugement, jusqu'à la Révolution française de 1789... Cinq grands thèmes sont développés ^ L'interdiction faite au roi de lever des impôts sans le consentement du Grand Conseil, formé de seigneurs, représentants du clergé et de la cité de Londres. v La garantie des libertés et franchises des villes. v L'interdiction d'emprisonner un homme libre sans jugement. ^ Le droit à la révolte contre un souverain qui violerait la charte, c Le respect et la garantie des libertés de l'Église. Le Bill ofRights 1689, ou Déclaration des droits, voit le jour après la Glorieuse Révolution qui met fin au règne du catholique intolérant et tenté par l'absolutisme Jacques II roi de 1685 à 1688. Contraint de fuir en France, il est remplacé sur le trône d'Angleterre par sa fille Marie II et son époux Guillaume d'Orange, Guillaume III. Mais le Parlement, formé de la Chambre des Communes et de la Chambre des Lords, échaudé par le règne précédent, exige des garanties. Les nouveaux souverains doivent signer et jurer de respecter le Bill of Rights, qui restreint considérablement encore leur pouvoir. Le roi, ou la reine, ne peut lever une armée, décider des impôts, empêcher le vote des lois, doit être garant d'élections libres et justes. Donc depuis 1689, tout nouveau souverain, s'il veut pouvoir régner, doit au préalable jurer de respecter le Bill ofRights . La République française C'est la Révolution française de 1789 qui donne naissance, le 21 septembre 1792, à la Première République. Fondée sur l'égalité entre les citoyens, affirmée dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen d'août 1789, elle marque les débuts de la démocratie en France. Éphémère république, successivement remplacée par le Directoire en 1795, le Premier Empire en 1804, la Restauration 1815- 1830 et, pour finir, la Monarchie de Juillet 1830-1848. La Seconde République, qui se voulait sociale et égalitaire, est elle aussi bien brève, de 1848 à 1852 seulement. Ensuite? L'empereur est de retour! Il ne s'agit pas de Napoléon I er 1769-1821, mais de son neveu, Napoléon III 1808-1873, qui règne entre 1852 et 1870, sous le Second Empire. Suit une période incertaine. L'Assemblée constituante élue hésite entre un nouveau roi, un nouvel empereur et... la République, qui triomphe de justesse avec le vote des Lois constitutionnelles de 1875. Naît la III e République, balayée en 1940 par l'humiliante défaite que l'armée allemande inflige à la France au début de la Deuxième Guerre mondiale 1939-1945. Mise sous l'éteignoir par le gouvernement collaborationniste du maréchal Pétain 1856-1951 pendant toute la période de \'Occupation, elle renaît de ses cendres à la Libération, en 1944. Commence alors la IV e République, marquée par les Trente Glorieuses, la Guerre froide et la décolonisation. C'est d'ailleurs la guerre d'Algérie 1954-1962 qui hâte sa fin. Le général de Gaulle 1890-1970 revient aux affaires et fonde, en 1958, la V e République. Le père de la Veuve C'est durant la Terreur imposée par le gouvernement révolutionnaire de Robespierre 1758-1794 que la guillotine fait son apparition. Régulièrement déplacée en raison des plaintes des riverains incommodés par le défilé continuel des victimes, la Veuve », comme on la surnomme, inspire un vif effroi. Au départ, son inventeur, le docteur Joseph Ignace Guillotin 1738-1814, est pourtant animé de bonnes intentions. Pour lui, la guillotine est d'abord un moyen plus humain» d'exécuter les condamnés à mort. Il faut dire qu'avant lui, il arrivait au bourreau de s'y reprendre à plusieurs fois avant de trancher une tête à la hache ou à l'épée... En elle, le républicain Guillotin voit aussi un instrument égalitaire » qui coupe la tête de tous à l'identique quand, sous l'Ancien Régime, les nobles et les gens du commun mourraient selon leur rang. Aux uns le billot, aux autres le gibet, le feu ou l'écartèlement. . . Active dès 1792, la guillotine le restera jusqu'en 1977, puis regagnera sagement le musée de la Conciergerie après l'abolition de la peine de mort, en 1 981 . La V e République La Constitution de 1958, adoptée par référendum le 28 septembre, définit le cadre d'exercice de la vie politique française. Elle se compose d'une centaine d'articles, répartis en seize titres ou thèmes généraux, et est précédée d'un préambule qui réaffirme les principes fondamentaux qui ont présidé à son élaboration la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1 789, le préambule de la Constitution d'octobre 1946 repris par la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948. En 2005 y est ajoutée une Charte de l'environnement. En juillet 2008, le Congrès, réunion des deux assemblées à Versailles, vote la modification de la Constitution, afin de rééquilibrer les pouvoirs entre éxécutif et législatif. Tableau 20-1 Les grandes dates de la démocratie Date Événement V e siècle av. Démocratie athénienne 1215 Magna Carta 1679 Habeas Corpus 1689 Bill of Rights ou Déclaration des droits 1789 Révolution française, Déclaration des droits de l'homme et du citoyen 1792 Première République 1795 Directoire 1804 Premier Empire 1815-1830 Restauration 1830-1848 Monarchie de Juillet 1848-1852 Seconde République 1852-1870 Second Empire 1875 Lois constitutionnelles, III e République 1940 Chute de la III e République 1944 IV e République 1946 Constitution d'octobre 1948 Déclaration universelle des droits de l'homme 1958 V e République 1962 Élection du président de la République au suffrage universel direct 1 974 Réforme du Conseil constitutionnel 1981 Abolition de la peine de mort 1992 Adaptation aux dispositions du traité européen de Maastricht 2000 Passage du mandat présidentiel du septennat au quinquennat Elle peut être révisée par l'organisation d'un référendum soumis à la nation, ou par voie parlementaire, Assemblée nationale et Sénat se réunissant ensemble en Congrès à Versailles. Depuis 1 958, les révisons constitutionnelles ont été les suivantes En 1 962, l'élection du président de la République au suffrage universel direct r En 1974, la réforme du Conseil constitutionnel ^ En 1992, l'adaptation aux dispositions du traité européen de Maastricht ^ En 2000, le passage du mandat présidentiel du septennat au quinquennat ^ En 2008, l'adaptation aux dispositions du traité européen de Lisbonne et la modernisation et le rééquilibrage des institutions Les institutions françaises Garantie constitutionnellement, la séparation des pouvoirs entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire constitue les fondements de la démocratie française et permet, du moins en principe, le bon fonctionnement de ses institutions. Lorsque l'exécutif veille à l'exécution de la politique générale, à celle des lois promulguées, le législatif propose des projets de loi, les vote, tandis que le judiciaire veille au respect des lois en vigueur, par la sanction des contrevenants. Dans la Constitution, la définition de l'exercice de ces pouvoirs est ainsi donnée par ^ Le Titre II, le Président de la République articles 5 à 1 9 k» Le Titre III, le Gouvernement articles 20 à 23 »» Le Titre IV, le Parlement articles 24 à 33 k» Le Titre VIII, de l'autorité judiciaire articles 64 à 66 L'ensemble est placé sous l'égide du Conseil constitutionnel Titre VII, articles 56 à 63, à qui revient de veiller au respect de la Constitution. Le président de la République Le président de la République assure, par son arbitrage, le fonctionnement des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités » Article 2. Il est élu pour cinq ans au suffrage universel direct et, depuis la réforme de 2008, ne peut effectuer plus de deux mandats consécutifs sur le modèle américain. Il nomme le Premier ministre, et, sur proposition de ce dernier, les autres membres du gouvernement. Ses autres prérogatives sont v La présidence du Conseil des ministres ^ La promulgation des lois r La soumission de propositions à la Nation par référendum, ou consultation directe du corps électoral, appelé à répondre par oui ou non à une question posée. c Le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale r La responsabilité de chef des armées * L'exercice, en cas de crise grave, des pouvoirs exceptionnels Article 1 6 ^ La disposition du droit de grâce, uniquement à titre individuel depuis la réforme de juillet 2008, ce qui exclut les grâces collectives, comme autrefois à l'occasion du 14 Juillet ^ La possibilité, depuis la réforme de juillet 2008, de venir s'exprimer devant le Parlement réuni en Congrès Le gouvernement Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Il dispose de l'administration et de la force armée. Il est responsable devant le parlement » article 20. Un gouvernement est formé du Premier ministre, et des autres ministres en nombre variable, en général autour d'une trentaine de personnes. Le Premier ministre est obligatoirement le chef du parti, ou du groupe de partis alliés qui a remporté les élections législatives. Ceci explique le phénomène 6e cohabitation connu en France, par exemple, entre 1986 et 1988, avec un président de la République, François Mitterrand 1916-1996, socialiste, et un Premier ministre, Jacques Chirac né en 1932, RPR. Pour les aider dans leur tâche, les divers ministres disposent tous d'un cabinet, de conseillers techniques et hauts fonctionnaires, parfaitement au fait des dossiers du ministère. Cette structure, en grande partie permanente, explique le passage possible de l'Agriculture à l'Éducation nationale. Le ministre concerné n'a pas à être un spécialiste, il détermine une politique que les hauts fonctionnaires spécialisés, eux, se chargent de mettre en application. Le gouvernement se réunit tous les mercredis matin, au cours du Conseil des ministres, présidé par le président de la République, ou, en cas d'empêchement, par le Premier ministre. Le Parlement Le Parlement comprend l'Assemblée nationale et le Sénat ». Les députés à l'Assemblée nationale sont élus au suffrage direct. •> Il est présidé pour six mois, à tour de rôle, par le représentant de chacun des 27 pays membres. * Chaque réunion dure en général deux jours, et se tient, depuis 2003, à Bruxelles. ** Ses décisions sont des orientations, des propositions, qui n'ont pas force de loi. La Commission européenne Créée en 1958, la Commission européenne est composée de spécialistes, proposés chacun par un État membre, acceptés par un vote du Parlement européen. Son rôle premier de gardienne des Traités » est aujourd'hui largement amplifié la Commission propose et met en oeuvre les politiques communautaires. Elle propose des actions ou des textes de lois, et veille, après décision du Conseil de l'Union européenne, à leur bonne exécution ^ Elle siège à Bruxelles. v Les 27 commissaires ont un mandat de cinq ans. Le président désigné par le Conseil est lui aussi en fonction pour cinq ans, confirmé là encore par un vote du Parlement européen. ^ Elle est un organe exécutif de l'Union, et responsable devant le Parlement qui peut la sanctionner par un vote de censure. Le conseil de l'Union européenne Plus connu sous le nom de Conseil des ministres, le Conseil de l'Union européenne réunit, par spécialité et plusieurs fois par mois les 27 ministres concernés des États membres, en fonction de l'ordre du jour. Plus largement, il est chargé de la coopération entre les différents gouvernements en matière de politique étrangère et de sécurité commune PESC, ainsi que de veiller à l'établissement d'un véritable marché unique assurant les quatre libertés liberté de circulation des biens, des personnes, des services et des capitaux, auxquelles s'ajoute la monnaie unique. C'est le principal centre de décision de l'Union européenne v II est présidé, pour six mois, par le représentant d'un État membre, chacun à tour de rôle. Il se réunit environ une centaine de fois par an. r II débat des grands axes de la politique commune en matière agricole surtout, mais aussi d'éducation, de recherche, de défense, de santé, de transports. Le Parlement européen Le Parlement européen , qui siège à Strasbourg quatre jours par mois en séance plénière et Bruxelle le reste du temps, représente les 494 millions d'Européens. Ses 786 députés sont élus, pour un mandat de cinq ans, directement par les citoyens européens. Il exerce un triple pouvoir, législatif, budgétaire, et de contrôle politique des institutions européennes. En matière législative, il adopte les lois communautaires, avec le Conseil de l'Union européenne. Il vote et répartit le budget annuel de l'Union européenne, en général en décembre. Il exerce par ailleurs un contrôle politique des institutions européennes ^ En approuvant ou non la nomination du président de la Commission européenne et celle des 27 commissaires. v En créant des commissions d'enquête, par exemple sur la vache folle ». ^ En saisissant éventuellement la Cour de justice. Le nombre de députés européens, pour chaque État membre, est fonction de sa population totale, ainsi siègent 99 Allemands, 78 Français, 78 Britanniques, mais 54 Espagnols, 54 Polonais, 35 Roumains, 18 Bulgares et 6 Estoniens. La Cour de justice des communautés européennes La Cour de justice des communautés européennes est composée de 27 juges et de 8 avocats généraux, désignés d'un commun accord par les gouvernements des États membres pour un mandat de six ans renouvelable. Ils sont choisis à la fois sur leur compétence reconnue en matière juridique et leur indépendance. Les 27 juges de la Cour choisissent en leur sein un président de la Cour, pour une période de trois ans renouvelable. Les 8 avocats généraux assistent la Cour et lui fournissent des conclusions », c'est-à-dire un avis juridique sur les dossiers dont ils sont saisis. La Cour fixe, par ses arrêts motivés, le droit communautaire, depuis sa création, en 1952. Elle se saisit de plusieurs types de requêtes ^Celles de citoyens ^ Celles d'associations contre un État qui n'a pas respecté la législation européenne ^ Celles des États contre la Commission européenne Elle éclaire également, à leur demande, les États membres sur un point de la juridiction européenne. La Banque centrale européenne La Banque centrale européenne, ou BCE, siège en Allemagne à Francfort-sur-le-Main et assure la politique monétaire des 12 pays de la zone euro. Sa mission principale consiste à maintenir la stabilité des prix au sein de la zone euro, c'est-à-dire une inflation inférieure à 3 % dans les 12 pays qui ont introduit l'euro en 1999. Elle est dirigée par un Conseil des gouverneurs, membres du directoire des banques centrales nationales, et un Gouverneur en titre de la BCE, ainsi de juin 1998 à octobre 2003 le Néerlandais Wim Duisenberg, puis, depuis le 1 er novembre 2003, le Français Jean-Claude Trichet. La justice Parmi les modalités de fonctionnement optimal d'une société, suscitant à la fois méfiance et respect, empêchant le fort d'opprimer le faible, sans oublier son rôle de garant des droits de tous, s'exerce la justice. Principe relevant de l'éthique, la justice s'incarne dans l'action des différents tribunaux. Rendue au nom du peuple français, elle est le progrès le plus notable de toute organisation sociale, car la justice publique met un terme à l'exercice de la vengeance privée. Cependant, les justiciables sont souvent perdus, entre les différentes juridictions, leurs membres et domaines de compétence, face au jargon judiciaire. Robes, toques et hermines, magistrature assise ou debout, explorons les arcanes des tribunaux en France les juridictions civiles, pénales et administratives. Les juridictions civiles Par application des lois qui n'entraînent pas de sanctions pénales {Code civil, Code du travail, Code de commerce..., les juridictions civiles règlent les litiges qui ne sont pas des infractions entre personnes. Les juridictions de droit commun ont une compétence étendue à tous les litiges, sauf cas particuliers. Le tribunal d'instance La France compte 473 tribunaux d'instance dont 11 outre-mer, répartis par arrondissement. Créé en 1958, le tribunal d'instance est compétent pour des litiges de valeur pécuniaire inférieure à 2 000 euros et à charge d'appel jusqu'à 7 600 euros. La procédure exige une conciliation préalable. Si celle-ci échoue, le procès a lieu, présidé par un juge unique assisté d'un greffier et spécialisé dans le règlement de litiges concernant ^ Le surendettement des particuliers ^ Le crédit à la consommation ^ Les baux d'habitation r Le bornage entre propriétés x» Des ordonnances d'injonction de payer ^ Les révisions de rentes viagères r Les procédures de recouvrement direct des pensions alimentaires Le jugement est rendu par un juge unique pour tout conflit entre particuliers dont le montant ne dépasse pas 1 0 000 euros. Le tribunal de grande instance TGI Issu du tribunal de district créé en 1 792, le tribunal de grande instance voit son organisation fixée par des ordonnances et des décrets en 1958 et modifiée en 1983 et 1994. Il en existe actuellement 181 , dont un au moins par département. Dans les villes importantes, les TGI sont divisés en plusieurs chambres 10 à Lyon, 1 1 à Marseille, 31 à Paris, etc. qui peuvent elles-mêmes être divisées en sections. Ces juridictions sont dites de droit commun. De leur compétence générale relèvent Les affaires civiles d'une valeur supérieure à 1 0 00 euros ^ Les affaires immobilières ^ Les litiges concernant l'État et la capacité des personnes mariage, divorce, filiation r La rectification des actes civils ^ L'adoption r Les régimes matrimoniaux r Les successions, les contestations sur la nationalité v Les actions relatives aux appellations d'origine, brevets d'invention, marques r Les actions en dissolution d'association ^ Certains litiges en matière de fiscalité indirecte, de droits d'enregistrement Le tribunal de commerce L'organisation du tribunal de commerce au nombre de 234 dont 5 outre-mer est particulière car les juges, dénommés juges consulaires, sont des commerçants bénévoles élus pour deux ou quatre ans par leurs pairs les délégués consulaires, membres en exercice du tribunal de commerce et de la chambre de commerce et d'industrie, les anciens membres de ces institutions ayant demandé à être inscrits sur la liste électorale. Le tribunal de commerce règle les désaccords entre commerçants et les litiges relatifs aux actes de commerce. Ces hommes et femmes sont De nationalité française et âgés de plus de 30 ans. ^ Inscrits au Registre du commerce et des sociétés à titre personnel depuis cinq ans au moins ou ayant exercé des fonctions de dirigeant ou de directeur d'entreprise pendant cinq ans au moins. ^ Inscrits sur la liste électorale des délégués consulaires dans le ressort du tribunal de commerce ou dans celui des tribunaux de commerce limitrophes. Relèvent des compétences du tribunal de commerce v Le règlement des litiges entre commerçants * Le règlement des litiges entre associés de sociétés commerciales r Les procédures relatives aux difficultés de commerçants ou artisans liquidation ou redressement judiciaire Le conseil de prud'hommes Le conseil de prud'hommes est composé de conseillers élus au nombre de 270 dont 6 outre-mer Le conseil de prud'hommes est composé de conseillers élus au nombre de 270 dont 6 outre-mer, mais en 2008 la garde des Sceaux a annoncé la fermeture de 63 d'entre eux, représentant paritairement les salariés et les employeurs., représentant paritairement les salariés et les employeurs. Ce conseil est divisé en cinq sections ^ La section de l'encadrement cadres, VRP, agents de maîtrise r La section de l'industrie ouvriers et employés de l'industrie r La section du commerce et des services commerciaux ouvriers et employés du commerce ^ La section de l'agriculture ouvriers et employés agricoles ^ La section des activités diverses Les conseillers prud'hommes, juges élus par leurs pairs, représentent en nombre égal les employeurs et les salariés. Relèvent des compétences du conseil de prud'hommes r Le règlement par voie de conciliation des litiges entre employeurs et salariés au sujet du contrat de travail. v Le jugement des litiges en cas d'échec de la conciliation paiement du salaire ou des primes, de la remise de l'attestation destinée aux ASSEDIC, des horaires, des congés payés, des conditions de rupture ou de non-renouvellement du contrat, par exemple en cas de non respect des délais légaux ou des formes réglementaires, d'absence de cause réelle et sérieuse, des indemnités de préavis ou de licenciement, d'un différend avec l'entreprise quand un salarié ne respecte pas une clause de non-concurrence ou la durée légale du préavis de départ. Le tribunal paritaire des baux ruraux Chacun des 476 tribunaux paritaires des baux ruraux siège auprès d'un tribunal d'instance et règle les conflits entre propriétaire foncier et fermier ou métayer qui lui loue ses terres. Le juge d'instance préside ce tribunal, assisté de quatre assesseurs non professionnels élus pour cinq ans à partir des listes électorales établies par les maires des communes deux sont des propriétaires et deux sont des métayers ou des fermiers. Relèvent des compétences du tribunal paritaire des baux ruraux ^ Le jugement des litiges relatifs aux agriculteurs et plus spécialement aux baux ruraux ^ Le règlement des conflits s'élevant à l'occasion d'un bail rural entre le propriétaire d'un domaine agricole et son fermier ou métayer loyer de fermage, durée de métayage, reprise de la terre Le tribunal des affaires de Sécurité sociale Cette juridiction a été créée avec la mise en place de la Sécurité sociale en 1945. Il existe 1 13 tribunaux des affaires de Sécurité sociale, dont 4 outre-mer. Il est présidé par un juge du tribunal de grande instance assisté de deux assesseurs qui représentent les salariés, les employeurs, les travailleurs indépendants. Ces assesseurs, non professionnels, sont désignés pour trois ans par le président du tribunal de grande instance, sur présentation des organisations syndicales des professions agricoles et non agricoles les plus représentatives. Le Xnbunal des affaires de Sécurité sociale règle les litiges entre les usagers et les différents organismes de la Sécurité sociale prestations familiales, cotisations.... Mais ne relèvent pas de ses compétences v Les décisions d'ordre médical compétence de la commission technique régionale v Les plaintes contre les infractions au Code de la Sécurité sociale réprimées par la justice pénale ^ Les conflits liés aux institutions de retraite complémentaire compétence de la justice civile Les juridictions pénales Les juridictions pénales ont. la double mission de poursuivre et sanctionner les infractions, et de protéger les libertés individuelles. Les juridictions d'instruction La juridiction d'instruction est aux mains du juge d'instruction qui siège au TGI et dispose de pouvoirs considérables. Celui-ci a la charge d'enquêter afin de trouver les preuves d'une infraction et les éléments de la culpabilité d'une personne. Il instruit • L'histoire cruelle et drolatique du monde Des hommes de tous horizons cherchent à comprendre l'homme L'historien est un enquêteur au service de l'humanité. Le nom même de sa science, l'histoire, vient des Historiai, Les Histoires ou L'Enquête d'Hérodote v. 484-v. 420 av. considéré comme le père fondateur de la discipline. Il se doit donc de collecter les indices puis de les faire parler, d'une extrémité à l'autre de la planète, la Chine des Han de Sseu Ma Tsien v. 145-v. 86 av. la Rome triomphante de Polybe de Mégalopolis 202-126 av. ou l'Ifriqiya d'Ibn Khaldoun 1332-1406, avant la France occupée de Marc Bloch 1886-1944. Hérodote Historien grec, Hérodote v. 484-v. 420 av. est né à Halicarnasse, cité d'Asie Mineure, sur le territoire actuel de la Turquie. Il appartient à une famille aisée, ce qui lui permet de suivre une formation intellectuelle et d'entreprendre un périple qui le mène dans un premier temps en Égypte, en Syrie, dans l'Empire perse. De retour dans sa cité natale, il y séjourne peu, contraint par les soubresauts de la politique locale de se réfugier à Athènes, où il demeure de 446 à 443 avant Il y fréquente l'élite athénienne, notamment le stratège Périclès v. 495-429 av. aristocrate de l'illustre famille des Alcméonides, maître et réformateur d'Athènes, évergète qui favorise la rénovation de l'Acropole avec le Parthénon et le temple d'Athéna Nikê, Athéna La Victorieuse ». Il se fixe ensuite en Grande Grèce, notre Italie méridionale, à Thurioi, sur le golfe de Tarente et se consacre à la rédaction de ses Historiai, Les Histoires ou L'Enquête, jusqu'à sa mort en 420 avant L'ouvrage est composé en neuf livres, chacun dédié à une muse, précédés d'un prologue consacré aux rapports conflictuels entre Grèce et Asie Mineure, matérialisés par des enlèvements, dont celui d'Hélène de Sparte par Pâris, provoquant la guerre de Troie. Ce prologue est destiné à aider à percevoir les enjeux développés ensuite, à savoir la montée en puissance de l'Empire perse dans les quatre premiers livres, puis l'affrontement avec la Grèce, la première guerre médique des livres V et VI, puis la seconde guerre médique, des livres VII, VIII et IX. Hérodote meurt avant d'avoir pu mener son projet à terme, qui demeure inachevé. Dès l'Antiquité, Hérodote est sacré père de l'Histoire » parCicéron 106-43 av. Il est le premier à présenter les événements vécus par les hommes comme résultant de leurs choix, de l'expression de leur volonté et ambition, et non comme le fruit du choix des dieux, mis en oeuvre par les hommes. Esprit curieux, il présente l'ensemble des aspects d'un pays lorsqu'il l'aborde moeurs, institutions, vie politique, religion, vie quotidienne, tout l'intéresse, tout est utile pour mettre à contribution aussi bien l'histoire que la géographie ou l'ethnologie, rendant sa lecture extrêmement vivante aujourd'hui encore. Il est de ce fait fréquemment présenté comme l'ancêtre de tout reporter. Désireux de mettre au jour la vérité, même s'il admet volontiers récits et témoignages dont il ne peut vérifier l'exactitude, Hérodote est aussi novateur dans son souci d'impartialité il estime les actes des Grecs et ceux des Perses à leur aune, sans chercher à présenter les premiers selon la conception classique de l'époque comme les seuls civilisés » opposés aux seconds, barbares » absolus. Rompant aussi avec les récits homériques et la tradition des aèdes, Hérodote renonce à l'usage de la versification au profit d'un récit en prose. Ce choix démontre la claire volonté de décrire ce qui fut, de rechercher le vrai et non de charmer un auditoire. Toutefois, l'incorporation de légendes le différencie de son presque contemporain, Thucydide v. 460-v. 400 av. le premier à développer une méthode historique fondée avant tout sur l'analyse et le tri rigoureux des éléments qui vont servir à rechercher comment exercer la gnômè, la raison-intelligence appliquée à l'Histoire. Thucydide Si Hérodote est le père de l'Histoire », son successeur, Thucydide v. 460-v. 400 av. est le fondateur de la méthode historique à laquelle il donne les assises indispensables pour l'élever au rang de science. Athénien, il naît au sein du groupe favorisé des aristocrates fortunés, notamment grâce à l'exploitation de mines d'or en Thrace. En dépit de cet avantage, Thucydide ne fait pas une brillante carrière politique à Athènes. La charge la plus élevée qui lui est confiée est celle de stratège, chargé du commandement d'une flotte, en 424 avant L'épisode prend place pendant la guerre du Péloponnèse, qui oppose Athènes et les cités soumises à son hégémonie de la ligue de Délos à Sparte, puissance victorieuse à la fin, entre 431 et 404 avant Maladresse tactique, erreur d'appréciation des priorités, Thucydide se porte au secours d'un autre stratège et permet ainsi aux Spartiates de s'emparer d'Amphipolis, ville du Nord de la Macédoine. Pour les Athéniens, c'est un acte proche de la trahison, Thucydide est contraint de s'exiler. C'est pendant ce long exil, destiné à durer vingt ans, qu'il parcourt la Grèce, accumule les matériaux du conflit se déroulant sous ses yeux, plus tard ordonnés en son Histoire de la guerre du Péloponnèse. En 404 avant un décret d'amnistie lui permet de regagner sa patrie. Il consacre alors son existence à la rédaction de son ouvrage, dont certaines parties étaient peut-être déjà esquissées. Il meurt vers 400 avant peut-être dans des circonstances brutales, en raison des troubles civiques provoqués par la Tyrannie des Trente 404-403 av. et leur chute. Conventionnellement divisée en huit livres, l'Histoire de la guerre du Péloponnèse retrace, année par année, le conflit opposant les Athéniens et leurs alliés aux Spartiates et leurs soutiens, entre 431 et 404 avant Toutefois, l'oeuvre de Thucydide s'interrompt en l'an 408 avant La volonté de l'auteur est claire mettre en avant la grandeur de l'Athènes du siècle de Périclès », à la tête d'un empire maritime, commercial, militaire, modèle de civilisation, notamment par ses institutions démocratiques. Face à ce succès, la jalousie des Spartiates, maîtres d'un espace terrestre. Puis, après la mort de Périclès 494-429 av. frappé par la peste en 429 avant la petitesse, l'étroitesse d'esprit et politique d'Athéniens incapables de perpétuer leur propre grandeur, tentés par les régimes oligarchiques, proies toutes désignées des ambitions conquérantes de Sparte. Pour écrire l'histoire, Thucydide pose les fondements d'une méthode au début du livre I toutes les sources sont vérifiées, comparées, recoupées afin de ne conserver que celles jugées les plus fiables. L'historien s'affirme par l'exercice de la gnômè, la raison-intelligence appliquée à l'étude des faits dont il est à la fois acteur, spectateur et analyste. L'histoire est le fruit des actions des hommes, de leurs choix, de la projection de leurs idéaux politiques, fût-ce, comme lors de la guerre du Péloponnèse, au prix d'une lutte fratricide entre cités grecques. Thucydide comprend bien l'enjeu du conflit, au-delà du prestige, les belligérants s'opposent sur une conception du monde. La méthode historique, par l'exercice de la gnômè, conduit à la recherche de l'impartialité, de la vérité, car l'intelligence appliquée à la connaissance des choses permet de mettre à nu le mobile des actions humaines. Limité à son seul intérêt, le mobile, mesquin, conduit à l'échec. Transcendé par une exigence morale, il caractérise un Périclès, tout entier dévoué à la grandeur de sa patrie athénienne, au- delà même des moyens employés pour y parvenir. Polybe Historien grec, Polybe v. 206-v. 120 av. est né à Megalopolis, en Arcadie, région montagneuse située au centre du Péloponnèse. Sa famille, prestigieuse, prend une part active à la conduite des opérations menées par la Ligue achéenne, union religieuse, ou symmachie, et politique entre cités de la côte nord-est du Péloponnèse. Le jeune Polybe fait ses premières armes dans l'entourage du prestigieux Philopoemen v. 253-183 av. stratège, ou général, de la Ligue achéenne, dont les autres vertus civiques et le courage lui valent le surnom élogieux de Dernier des Grecs ». L'expansion romaine en Méditerranée orientale bouleverse la vie de Polybe. Après la défaite infligée à Pydna en 168 par le général romain Paul Émile v. 230-160 av. au roi de Macédoine Persée v. 212-166 av. Rome exige mille otages destinés à garantir la soumission des cités grecques Polybe est du nombre. Sa haute naissance lui vaut d'être accueilli dans la famille de Paul Émile lui-même, où il se lie d'amitié avec le second fils du général, Scipion Émilien 185-129 av. Polybe ne vit pas à Rome l'existence oisive d'un otage reclus dans une grande famille, mais se passionne pour l'histoire et les institutions romaines, en lesquelles il voit les explications ultimes permettant de comprendre comment et pourquoi Rome est devenue la maîtresse incontestée du monde connu. Son exil lui laisse tout loisir d'approfondir la question il dure en effet seize ans ! Le retour en Grèce est d'ailleurs bref, Polybe s'empresse de revenir auprès de Scipion Émilien, vainqueur de Carthage en 146 av. victoire qui met fin à la troisième guerre punique 149-146 av. et vaut à Scipion Émilien de mériter le surnom ô'Africanus, l'Africain ». L'historien grec joue ensuite un important rôle diplomatique. La Ligue achéenne se révolte contre Rome, elle est rapidement écrasée. Polybe, de par ses liens avec les deux belligérants, participe activement aux négociations de paix, y démontre une belle habileté. Quelques années encore il partage la vie militaire de son ami Scipion Émilien, puis décide de se consacrer à la rédaction de Historiai, les Histoires ou Histoire universelle. Le propos est d'expliquer pourquoi, sur la période comprise entre 220 avant et 146 avant Rome est parvenue à s'imposer à tant de nations diverses. Riche de quarante livres, dont cinq nous sont parvenus, l'oeuvre est rédigée en langue grecque commune, la Koinè, non dans un dialecte propre à une région particulière. Il faut y voir le souci de l'auteur de s'adresser à la Grèce entière, mais aussi à l'élite romaine cultivée. Polybe refuse une histoire où les dieux dictent aux hommes leurs faits et gestes. Par les portraits des grands hommes, l'analyse des institutions, des événements militaires, dans un style simple et clair, il cherche à dégager les causes des évolutions historiques afin d'en tirer un enseignement pour l'avenir. Sseu Ma Tsien Historien chinois, Sseu Ma Tsien, ou Sima Qian v. 145-v. 86 av. est né dans une famille au service de l'empereur Wudi 156-87 av. de la dynastie Han 206 av. apr. C'est donc dans le cadre de la cour qu'il rédige sa somme, le Shi Ji, ou Mémoires historiques, oeuvre gigantesque dont le but est de compiler les deux mille ans d'histoire de la Chine, des origines jusqu'au règne de l'empereur Wudi. Il ne faut pas voir dans le Shi Jii un simple recueil d'annales, relatant les événements survenus au cours des règnes des différents souverains. C'est bien plus que cela, à la fois par l'ampleur de la tâche entreprise, 1 30 chapitres, et par la variété des thèmes abordés, de la philosophie à la musique, des rites aux fêtes et traditions, des biographies. Considéré comme le fondateur de l'historiographie chinoise, Sseu Ma Tsien connaît une vie agitée, en dépit du succès de son oeuvre, qui inspire durant des siècles les autres historiens chinois. En effet, il est accusé de complot contre l'empereur pour avoir soutenu la cause d'un militaire disgracié par le prince. Condamné à mort, l'historien bénéficie d'une clémence toute relative, sa peine est commuée en castration suivie d'exil. L'empereur Wudi y met fin en le rappelant à la cour pour en faire son secrétaire privé. Tite-Live Nous savons peu de la biographie de l'historien romain le plus célèbre Tite-Live 59 av. apr. Né à Padoue, il vient à Rome suivre les études de rhétorique indispensables à la formation de tout jeune homme de bonne famille. Toutefois, il ne s'intéresse pas à la voie habituelle pour faire carrière, l'exercice du droit, mais aux lettres, en particulier à l'histoire. Contemporain de l'empereur Auguste 63 av. apr. Tite-Live entretient avec le souverain et son régime des rapports ambigus. Le prince apprécie l'oeuvre de l'historien, mais se défie de son goût pour la République. Tite-Live rend grâce à Auguste d'avoir restauré la grandeur de Rome, mais demeure nostalgique des institutions républicaines. De retour à Padoue, après la mort d'Auguste, Tite-Live rédige une oeuvre gigantesque, Ab Urbe condita libri, ou Histoire de Rome depuis sa date de fondation mythique, en 754 avant ainsi que l'indique son titre, Ab Urbe condita signifie depuis la fondation de la Ville », la Ville par excellence Rome. Prévue à l'origine pour se clore avec la mort d'Auguste, en 14 après et comporter 150 livres, elle en compte 142 et s'achève avec la disparition de Drusus 38-9 av. en 9 avant la mort empêche l'auteur de mener son projet à terme. Une grande partie de l'ouvrage s'est perdue avec le temps. Sont conservés les dix premiers livres, ainsi que les livres XXI à XLV et divers fragments, accessibles par les Epitomê, ou résumés, les Perochiae ou sommaires établis par des historiens plus tardifs. Reprenant une trame chère à ses devanciers grecs, Tite-Live alterne récit des hauts faits, prouesses militaires et politiques, et discours prêtés aux grands hommes. La langue utilisée est d'une beauté classique proche de celle de Cicéron 106-43 av. le style vivant, pittoresque. Même si Tite-Live est considéré comme le plus grand historien romain, son propos ne relève pas pour l'essentiel de l'histoire selon notre conception actuelle. Le but recherché n'est pas l'analyse des événements, mais la mise en avant de leur valeur morale. La grandeur de Rome repose sur sa capacité à maintenir les valeurs anciennes, issues de la République, même si, déjà pendant ce siècle d'Auguste », elles sont soit bien mal connues, soit devenues largement étrangères aux Romains eux-mêmes. L'historien, selon Tite-Live, doit édifier son auditoire, ses lecteurs, montrer la continuité entre la Rome républicaine et la Rome impériale par l'exaltation de la figure héroïque des grands hommes. Ainsi conçue, l'histoire est au service d'une idéologie, non une fin en soi. Ibn Khaldoun La vie d'Ibn Khaldoun 1332-1406 est un véritable roman. Il naît en 1332 à Tunis au sein d'une riche famille originaire d'Andalousie, où ses aïeux remplissent déjà de hautes fonctions politiques. L'aisance financière jointe à l'habitude du pouvoir destine le jeune Ibn Khaldoun à une carrière importante. Il lui faut pour cela s'armer intellectuellement, étudier l'arabe littéraire afin de maîtriser le Coran et ses commentaires, les Hadiths, fondements du droit et de la législation. Ce socle se prolonge par l'étude des mathématiques, de la philosophie. Toute sa vie, Ibn Khaldoun consacre une place importante au savoir, parachevant sa formation initiale au gré de ses pérégrinations, enseignant dans les prestigieuses universités Zitoun à Tunis et Al-Azhar au Caire. Le drame, mais aussi le matériau essentiel à la réalisation de son oeuvre historique, réside dans l'instabilité politique récurrente de l'Afrique du Nord au XIV e siècle. Plusieurs dynasties concurrentes se disputent le territoire, les principales cités, les routes commerciales. Un prince n'est jamais assuré de conserver son trône. C'est dans ce monde instable qu'lbn Khaldoun doit tenter de survivre et de garder ses fonctions auprès des différentes cours qu'il est amené à servir. Un jour scribe du sultan à Fès, l'autre diplomate envoyé à la cour de Pierre I er de Castille 1334-1369 par le prince de Grenade, il effectue plusieurs séjours en prison, dont l'un de près de deux ans. L'élaboration de son oeuvre requiert une période de calme. C'est, réfugié auprès de tribus berbères pendant trois années, entre 1374 et 1377, qu'il peut enfin rédiger son Al-Muqqadima, ou Introduction Prolégomènes à l'histoire universelle. Cette dernière, le Kitab al-ibar, ou Livre des exemples est entreprise à Tunis en 1378, poursuivie au Caire, où Ibn Khaldoun achève son existence, entre 1384 et 1406. C'est d'ailleurs au service du souverain mamelouk du Caire qu'lbn Khaldoun vit l'un des plus riches et dangereux moments de son existence, sa rencontre avec le redoutable Tamerlan 1336-1405 à Damas, avec lequel il s'entretient un mois entier au début de l'an 1401 . Il meurt en mars 1406 au Caire, alors qu'il se consacrait encore à ses activités de cadi, déjuge, et d'historien. Al-Muqqadima, les Prolégomènes à l'histoire universelle ou Introduction à l'histoire universelle demeure l'oeuvre fondamentale d'Ibn Khaldoun. Comme son titre l'indique, son propos est de préparer le lecteur à la somme présentée dans le Kitab al-ibar ou Livre des exemples. Cependant, l'introduction devient plus fameuse que l'ouvrage supposé à l'origine devoir être principal. L'ambition réussie des thèmes abordés justifie cette célébrité. Ibn Khaldoun définit tout d'abord l'objet de la science historique, pour l'essentiel l'analyse de la formation, de l'acmé et du déclin des empires. Il s'interroge ensuite sur le poids du milieu et l'influence du mode d'organisation sociale, prenant pour exemple la société nomade des Bédouins. Il recherche alors les racines du pouvoir politique, celles de l'autorité spirituelle et les conditions de leur exercice. L'ouvrage s'achève par des considérations économiques et sociales qui font de l'auteur l'un des lointains ancêtres de la sociologie. Outre l'Espagne musulmane et l'Égypte, la vie d'Ibn Khaldoun se déroule en Ifriqiya, une partie de l'Afrique du Nord actuelle, entre Algérie et Libye. C'est donc par le contact avec les villes et les modes d'organisation berbères que l'auteur forme peu à peu sa réflexion politique, religieuse, historique, sociologique, culturelle. Ibn Khaldoun oppose le mode de vie, la culture, la sociabilité naturelle, Y oumran des citadins, oumran hadari, à celle des nomades du désert, oumran badawi. L'origine de la société repose sur Yasabiyyah, la cohésion de sang sociale, la solidarité de groupe particulièrement vigoureuse chez les Berbères. Elle permet au groupe de se structurer, de s'étendre, d'affirmer son pouvoir jusqu'à la création d'un empire, le mulk. Puis, petit à petit, son affaiblissement, par relâchement du lien social, conduit à la chute. L'ensemble, selon Ibn Khaldoun, se déroule sur environ trois générations. L'originalité d'Ibn Khaldoun parmi les historiens de son temps est de se lancer déjà dans une histoire totale modes de gouvernement, vie quotidienne, guerre et paix, sciences et techniques, arts sont mis en rapport avec le climat, le milieu, le mode d'exploitation agricole, le commerce. Pieux musulman, il replace Dieu et la religion dans un rôle fondamental d'évolution des sociétés, la religion remplit une fonction d'ordre politique, à chaque forme de société son type de comportement religieux. Le Kitab al-ibar, Livre des exemples ou Livre des considérations sur l'histoire des Arabes, des Persans et des Berbères , auquel Ibn Khaldoun consacre les dernières années de sa vie, au Caire, se présente, en comparaison, comme des annales plus classiques. Jean Froissart Nous savons peu de chose des premières années de la vie de Jean Froissart v. 1333-v. 1410, né à Valenciennes, dans le comté de Beaumont. Il reçoit une formation de clerc, mais tourne le dos à la prêtrise pour se consacrer à la poésie. Il entame une carrière de cour en Angleterre, auprès de la reine Philippa de Hainaut 1311-1369 épouse d'Édouard III 1312-1377. C'est ce dernier prince, petit-fils de Philippe IV le Bel règne 1285-1314 qui refuse l'application de la loi salique en France à la mort du dernier capétien direct, Charles IV le Bel règne 1322-1328. Considérant le nouveau roi, Philippe VI de Valois règne 1328-1350, cousin du dernier, comme moins proche, donc moins fondé à accéder au trône de France, Édouard III d'Angleterre se lance dans la guerre de Cent Ans pour faire valoir ses droits. C'est donc une époque troublée que celle de la vie de Jean Froissart. Dans une Europe en conflit permanent, il voyage beaucoup, en Italie au service d'un des fils d'Édouard III, à Bruxelles à la cour du duc de Brabant, à Avignon à celle du pape Clément VI 1291-1352. Il assiste à des événements prestigieux, comme le sacre de Charles VI à Reims, en 1380. Familier des grands de ce monde, homme de cour accompli, poète célébré, Froissart est au coeur des ambitions, des luttes de pouvoir dans le raffinement d'un Moyen Âge flamboyant et finissant. Ses Chroniques, ou plutôt Chroniques de France, d'Angleterre, Bretagne, Bourgogne, d'Ecosse et d'Espagne, Portugal et d'autres parties couvrent la période de 1325 à 1400. Psychologue, inquisiteur des mouvements de l'âme, Froissart y procède par portraits successifs, celui de Bertrand Du Guesclin 1320-1380 ou de Charles V 1338-1380, des personnages hors du commun, de grandes familles, forgeant l'histoire des nations en cours de constitution sous leur forme monarchique renforcée. Il accorde une place d'honneur aux sources directes, dont les témoignages. Il s'efforce alors, dans un souci d'impartialité, d'en éliminer les appréciations gratuites, les jugements de valeur. Il ne saurait toutefois être un historien désincarné, son oeuvre révèle au fil du temps sa propre évolution, plutôt anglophile à ses débuts, il l'est de moins en moins au fil du temps. Au-delà des considérations politiques, l'oeuvre de Froissart est remarquable par le témoignage unique de la vie du temps qu'elle nous livre fêtes, tournois, batailles, tout prend sous sa plume les traits d'une vie palpitante. Rédigées entre 1370 et 1400, les Chroniques sont divisées en quatre livres, remaniés par leur auteur jusqu'à sa mort. Le renom de l'oeuvre historique de Froissart tend à éclipser sa création poétique, les dits typiquement médiévaux comme le Paradis d'Amour , Le Dit de la Marguerite, L'Horloge amoureuse, les poèmes souvent autobiographiques L'Espinette amoureuse, La Prison amoureuse, Le Joli Buisson de jeunesse ou encore un roman en vers dans l'esprit du cycle arthurien, Meliador . Philippe de Commynes C'est dans une famille aisée originaire d'Ypres, dans cette constellation de cités flamandes sous suzeraineté bourguignonne, que naît Philippe de Commynes 1447-1511. Après d'honnêtes études, sans éclat particulier, il entre à son tour, reprenant une tradition familiale, au service des ducs de Bourgogne, plus précisément en qualité d'écuyer du comte de Charolais, en 1464. Ce dernier, fils du duc Philippe le Bon 1396-1467 est promis à la célébrité sous le nom de Charles le Téméraire 1433-1477. Le jeune prince fait montre déjà de son tempérament ombrageux, suspicieux, prompt à des éclats de colère sans limites. C'est donc dans une atmosphère instable que Commynes accomplit ses premières missions diplomatiques, en Angleterre notamment, activité où il révèle un talent précoce. Devenu duc de Bourgogne, Charles le Téméraire retient prisonnier le roi de France Louis XI 1423-1483 lors de la célèbre entrevue de Péronne, du 9 au 14 octobre 1468. Imprudent pour une fois, Louis XI rencontre Charles alors même que ses envoyés à Liège tentent de soulever la ville contre le duc. La colère du Téméraire est sans bornes, la vie de Louis XI tient à un fil bien ténu. Il semble que les qualités de diplomate de Commynes aient joué un rôle dans la survie du roi et la décision du duc de le laisser repartir. C'est en 1472 que Commynes s'enfuit de la cour du Téméraire pour se mettre définitivement au service de Louis XI, sans doute dégoûté des emportements du premier et admiratif de l'habileté du second. Le roi de France le comble de faveur nommé conseiller, chambellan, il se voit octroyer la riche principauté de Talmont en Vendée. Son mariage, arrangé par Louis XI, avec une riche héritière poitevine, Hélène de Chambes, outre le titre de Seigneur d'Argenton », parachève sa fortune. Mais après la mort de Louis XI, en 1483, Commynes complote contre la régente Anne de Beaujeu 1461-1522, soeur aînée du futur Charles VIII 1470-1498 alors mineur. Une participation à une tentative d'enlèvement ratée du jeune monarque lui vaut confiscation de tous ses biens et plusieurs mois de prison. Ses talents de diplomate lui octroient encore toutefois quelques missions au service de Charles VIII puis de Louis XII 1462-1515 au moment de leurs guerres d'Italie, notamment à Venise en 1494-1495, mais les liens privilégiés avec le roi de France sont définitivement rompus, Commynes ne retrouve jamais la faveur dont il a joui sous Louis XI. Il meurt en 151 1 dans un état de semi-disgrâce et d'exil. L'oeuvre de Commynes, ses Mémoires, porte l'empreinte de près d'un demi-siècle au service de la diplomatie européenne, pour le duc de Bourgogne, puis pour le roi de France. Fin connaisseur des cours européennes, de l'Angleterre, des cités italiennes, Commynes rédige les livres I à VI de ses Mémoires entre 1489 et 1491, puis les livres VII et VIII entre 1497 et 1498. Des retouches, ajouts, modifications ultérieures sont intervenus sur ces versions premières. Les Mémoires présentent plus d'un trait d'originalité. Leur genèse d'abord c'est l'archevêque de Vienne, Angelo Cato qui demande à Commynes de lui servir de scribe pour le matériau à rassembler d'un futur mémoire, ses souvenirs sur Louis XI. Petit à petit, ce qui devrait être un brouillon pour l'oeuvre d'un autre devient une construction autonome. Commynes passe d'un mémoire à des Mémoires. Ceci explique la simplicité du style, qui rend plus pénétrantes encore les analyses psychologiques, loin de tout artifice rhétorique. Le choix même du titre, Mémoires, indique la volonté de recueillir des faits bruts, destinés plus tard aux études approfondies des historiens. À une vision générale et englobante de l'histoire, Commynes oppose les séries de portraits, les événements concrets, le particulier, des choix qui amènent, outre l'écheveau des diplomaties officielles ou secrètes, à en faire un prédécesseur de Nicolas Machiavel 1469-1527. Jules Michelet Historien et écrivain français, Jules Michelet 1798-1874 est né à Paris. Son père, maître imprimeur, est réduit à la pauvreté dans une France napoléonienne où la liberté de la presse n'est plus qu'un lointain souvenir. C'est donc un lourd sacrifice pour la famille que d'envoyer le jeune Jules au lycée Charlemagne. Il y brille rapidement, par sa vive intelligence et déjà ses qualités de travailleur acharné. Il soutient en 1819 son doctorat ès lettres avec les deux thèses requises à l'époque, l'une consacrée aux Vies parallèles ou Vies des hommes illustres de Plutarque, l'autre à L'idée de l'infini d'après Locke. En 1 821 , il passe avec succès l'agrégation de lettres. Sa double formation d'historien et de philosophe l'amène jusqu'en 1829 à enseigner les deux matières, par exemple en occupant la chaire de philosophie et d'histoire de l'École normale de 1827 à 1829. Passé cette date, il se consacre exclusivement à l'histoire. Retenons toutefois l'idée d'une oeuvre en permanence animée par le désir d'appliquer un questionnement philosophique à l'histoire. Le souci du pédagogue anime Michelet et l'amène à publier pour ses étudiants deux manuels un Tableau chronologique de l'histoire moderne 1453- 1 789 en 1 825 et un Précis d'histoire moderne en 1 829. Ardent libéral teinté de catholicisme, bien qu'issu d'une famille protestante, Jules Michelet voit en la révolution de 1830 une étape fondamentale du devenir de la France. Stimulé intellectuellement par les événements, il donne en 1831 une Introduction à l'histoire universelle et la première partie d'une Histoire romaine. C'est le moment où son acception romantique de l'histoire se fait jour, la France devient une âme et une personne », et il s'assigne une tâche immense, l'historien doit, dit-il, permettre la résurrection intégrale de la vie du passé ». L'année 1831 , décidément très faste, le voit nommé aux Archives nationales, entreprendre l'oeuvre de sa vie, quarante ans d'un labeur acharné, la future Histoire de France. En 1834 et 1835, il est professeur suppléant à la Sorbonne, en 1838, titulaire de la chaire d'histoire et de morale du Collège de France, fonction occupée jusqu'en 1 851 . Le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte lui coûte ses moyens d'existence habituels, son refus de prêter serment d'allégeance à l'Empire lui fait perdre le poste aux Archives nationales. Désormais, Michelet doit compter sur sa plume pour vivre et ses publications se multiplient jusqu'à sa mort en 1874. Entre 1833 et 1844, Michelet publie les six premiers volumes de sa monumentale Histoire de France, traitant des origines et du Moyen Âge, jusqu'à la fin du règne de Louis XI 1483. Puis il s'interrompt pour se consacrer à la Révolution française car il estime ne pouvoir convenablement analyser des siècles de monarchie sans maîtriser les événements qui en marquent la fin. De 1847 à 1853 paraît donc une Histoire de la Révolution française qui couvre la période des États Généraux de 1789 à la mort de Robespierre en 1794. Cette interruption est jugée le plus souvent comme dommageable à l'oeuvre. Michelet y démontre certes la maîtrise d'une écriture alerte, brillante, l'art des portraits, mais se laisse emporter par une veine prophétique dont il ne se départira plus guère. En lieu et place d'une Révolution faite par les notables à leur profit, Michelet alimente le mythe d'une Révolution populaire, donne aux masses une importance qu'elles n'ont pas eue. Par suite, quand, entre 1855 et 1867, les onze autres volumes de l'Histoire de France, consacrés à la Renaissance et aux Temps Modernes, paraissent, ils sont marqués par les emportements passionnels rois et dirigeants passent devant le tribunal de l'Histoire, doivent des comptes au peuple. La puissance du verbe, la vie des scènes évoquées en font un drame romantique digne de la plume d'un Hugo. C'est une oeuvre littéraire tout autant qu'historique, quand l'auteur perd de vue la recherche de l'impartialité au profit du désir d'emporter l'adhésion du lecteur. Au regard des exigences scientifiques actuelles, Michelet ne serait peut-être pas au nombre des historiens reconnus mais bien peu peuvent, encore aujourd'hui, se vanter d'insuffler à leur lecteur une semblable passion ardente pour l'histoire. Outre les ouvrages mentionnés ci-dessus, Michelet, travailleur acharné, laisse une oeuvre conséquente. Dans le domaine historique Mémoires de Luther 1 835, Principes de la philosophie de l'Histoire 1 835, Les Origines du droit français 1 837, traduction des travaux de Giambattista Vico 1 668-1 744, La Sorcière 1 862, la Bible de l'humanité 1 864, une Histoire du XIX e siècle 1 872-1 875, posthume; dans celui des sciences naturelles L'Oiseau 1856, L'Insecte, La Mer 1861, La Montagne 1868, où Michelet mêle création divine et biologie; des réflexions de philosophie morale L'Amour 1 858, La Femme 1 859, Nos fils 1 869. Esprit mystique plus que religieux, Michelet s'oppose à l'influence en France de l'ordre des Jésuites dans une série de conférences prononcées au Collège de France, qui font ensuite l'objet de publications, Des Jésuites 1 843 écrit avec Edgar Quinet 1 803-1 875 ; Du prêtre, de la femme, de la famille 1 844 ; Le Peuple 1 846. Voyageur, ses carnets de séjours en Angleterre, Allemagne, Italie, Suisse sont édités en 1894 sous le titre Sur les chemins de l'Europe. Marc Bloch Historien médiéviste, Marc Bloch 1886-1944 est né dans une famille juive d'universitaires. Son père Gustave occupe la chaire d'histoire ancienne de l'université de Lyon. Il suit une scolarité brillante au lycée Louis-le-Grand à Paris, obtient en 1903 le baccalauréat avec mention Très bien », intègre l'École normale supérieure en 1904, est reçu à l'agrégation d'histoire en 1908. Il poursuit sa formation supérieure aux universités de Berlin et de Leipzig, puis en qualité de pensionnaire à la Fondation Thiers, un centre de recherches et de documentations relatives au XIX e siècle. Sa carrière d'enseignant au lycée d'Amiens, entamée à la rentrée de 1913, est interrompue par la Première Guerre mondiale. Mobilisé dès le 2 août 1914, Marc Bloch participe à toute la durée du conflit, quitte l'armée avec rang de capitaine, décoré de la Croix de guerre et de la Légion d'honneur. En 1 91 9, il retrouve des fonctions universitaires comme chargé de cours d'histoire du Moyen Âge à la faculté des lettres de l'université de Strasbourg. Cette même année, il épouse Simone Vidal. Le couple aura six enfants. En 1920, sa thèse de doctorat, Rois et serfs, est publiée, suivie en 1924 de son oeuvre maîtresse, Les Rois thaumaturges, où il étudie le miracle de la guérison des écrouelles, ganglions du cou marquant une infection tuberculeuse chronique, par les rois de France comme un élément de la puissance royale et de la fonction sacerdotale du souverain. Il occupe successivement la chaire d'histoire du Moyen Âge à l'université de Strasbourg 1927, puis celle d'histoire économique à la Sorbonne 1938. Mais c'est en 1929 qu'il révolutionne l'historiographie par la fondation, avec Lucien Febvre 1878-1956 de la revue des Annales d'histoire économique et sociale qu'ils codirigent jusqu'en 1940. La revue dépasse son cadre initial de support de publications historiques pour devenir l'expression du mouvement dit de l'école des Annales. En réaction à une histoire jusqu'alors seule objet d'enseignement et de recherches, fondée sur l'étude des événements, dates, batailles, centrée sur la seule perspective politique et diplomatique, Marc Bloch et Lucien Febvre promeuvent une histoire du temps long, d'évolution des phénomènes économiques et sociaux. À l'histoire des grands hommes, ils substituent une histoire qui se veut totale, fait appel à la démographie, la sociologie, l'anthropologie ou la géographie pour esquisser les contours d'une histoire matérielle de la vie quotidienne. Illustration parfaite de ce nouveau courant, Marc Bloch donne en 1 931 Les Caractères originaux de l'histoire rurale française où il expose la permanence en France de trois types de structures agraires, l'open field » ou champ ouvert » au nord de la Loire, le bocage, parcelles encloses de haies vives ou de pierre à l'ouest, le type méridional » au sud. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate en septembre 1939, Marc Bloch passe la drôle de guerre », jusqu'en mai 1940, en remplissant des fonctions à l'état-major de la première armée du Nord, puis participe à la campagne de France, rejoint sa famille après l'armistice. Le statut des Juifs de l'automne 1940 l'exclut de la fonction publique. Mais il est réintégré en janvier 1941 pour services scientifiques exceptionnels rendus à l'État français ». Pendant la guerre, il enseigne successivement aux universités de Clermont- Ferrand et de Montpellier jusqu'en novembre 1942, quand les forces d'occupation envahissent la zone libre. Marc Bloch, dès 1941 , entre dans la Résistance, participe à la mise en place du mouvement Combat ». En 1943, il entre dans la clandestinité, devient cadre dirigeant du mouvement Franc-Tireur » à Lyon. Son activité dans la Résistance s'achève avec son arrestation par la Gestapo le 8 mars 1944. Incarcéré à la prison de Montluc, torturé, Marc Bloch est exécuté sommairement le 16 juin 1944. L'engagement dans la guerre, puis la Résistance, n'empêche pas la poursuite de l'oeuvre de l'historien, avec la publication du premier tome de La Société féodale 1939, puis du second en 1940 ; L'Étrange Défaite rédigée entre juillet et septembre 1940 mais publiée en 1946 ; l'Apologie pour le métier d'historien , conçue entre 1941 et 1943, parue en 1949. Chapitre 22 Dix peintres pour un sujet la crucifixion Dans ce chapitre L'exaltation du Dieu fait homme Dix techniques pour un même dépassement de soi La crucifixion est l'une des étapes de la Passion, c'est-à-dire des événements prenant place depuis la Cène, dernier repas pris par Jésus de Nazareth avec ses apôtres, son arrestation, les jugements, l'un du Sanhédrin, tribunal religieux juif, l'autre de Ponce Pilate, gouverneur romain, les tortures infligées, jusqu'à la crucifixion et la mort. L'ensemble est relaté dans les Évangiles synoptiques, qui présentent une version semblable des événements pour l'essentiel. Lors de la crucifixion, Jésus est condamné au supplice romain du crucifiement, le terme de crucifixion désignant plus particulièrement un épisode de la Passion. Il porte sur le dos sa croix jusqu'au mont du Golgotha, ou lieu du crâne », où elle est dressée. Il est alors crucifié, vêtu du seul périzonium, bande d'étoffe qui lui ceint les reins. Un légionnaire lui donne un coup de lance pour vérifier s'il est mort ou vif. Comme le sang coule, il est encore en vie. L'agonie aurait duré plusieurs heures, les ultimes moments prenant place après trois heures de ténèbres, probablement une éclipse. Juste avant de mourir, le Christ s'écrie Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as- tu abandonné ? » Deux larrons l'accompagnent dans son supplice, l'un reconnaît la divinité du Christ et est voué au paradis, l'autre se moque de lui et finit en enfer. L'intensité dramatique de la scène, sa valeur hautement symbolique car elle précède la Résurrection, le fait qu'un dieu soit mis à mort font de la crucifixion l'une des images préférées des peintres, de Giotto au début du XIV e siècle à Salvador Dali en 1954. Giotto di Bondone Plus connu sous le seul nom de Giotto, Giotto di Bondone v. 1266-1337 naît probablement en 1266, à Colle di Vespignano, dans la vallée de Mugello, à quelques kilomètres de Florence. Bondone est le nom de son père, Giotto un diminutif du prénom de son grand-père, Angelo. Encore enfant, il entre à l'école de peinture du maître Cimabue v. 1240-v. 1302 à Florence, puis le suit à Rome et à Assise. L'une des premières oeuvres de Giotto est pour la paroisse de Sainte-Marie-Nouvelle à Florence, un gigantesque crucifix de près de 5 mètres de haut, vers 1290. Il épouse Monna Cinta di Lapo del Pela. Le couple aura plusieurs fils et filles. La manière de Giotto, qui se dégage des influences byzantines, lui vaut plusieurs commandes cycle sur la vie de saint François dans la basilique supérieure d'Assise, chapelle Scrovegni à Padoue. En 1300, à l'occasion du jubilé proclamé par le pape Boniface VIII v. 1235-1303 , Giotto réalise une fresque commémorative pour la loge des Bénédictions à Saint-Jean-de-Latran. Ses revenus lui permettent d'acquérir une maison à Florence, puis de devenir un riche propriétaire foncier. Il continue à peindre à Assise, à Rome. À Florence même, il peint quatre chapelles dans l'église franciscaine de Santa Croce, dont ne subsistent que celles des Bardi et des Peruzzi. Il séjourne ensuite à Naples, entre 1329 et 1333, appelé par Robert d'Anjou 1277-1343, mais de son oeuvre au Castelnuovo ne demeurent que des fragments, comme les Hommes illustres de la chapelle Palatine, attribués d'ailleurs aujourd'hui plutôt à ses élèves. Giotto travaille encore à Bologne, à Milan, puis retourne à Florence, où il meurt le 8 janvier 1337. Sa dépouille est inhumée à Santa Croce. Le Crucifix de Sainte-Marie-Nouvelle v. 1290, à Florence, est l'une des plus anciennes oeuvres de Giotto. Peint a tempera sur bois, selon la technique qui précède la peinture à l'huile, les pigments sont liés à l'oeuf, entier, ou seulement le jaune, le blanc, et l'ensemble mêlé d'huile de lin. Haut de près de 5 mètres, il est prévu pour être exposé sur un jubé, détruit en 1 500, au milieu de l'église dominicaine. À l'extrémité de la Croix, la Vierge et saint Jean contemplent le Christ. Encore proche de la peinture byzantine, l'oeuvre s'en détache déjà toutefois, tout comme de l'influence de Cimabue, par l'humanité du Christ, corps affaissé, tête pendante, un flot de sang qui se coagule sourd du flanc percé. Il s'agit du Christ homme, expirant. Les fonds noir et or font ressortir la chair déjà cadavérique du Christ, dont le visage émacié, douloureux, contraste avec la sérénité de la Vierge et de saint Jean, tout comme la calme position des mains s'oppose aux paumes plantées de clous, aux doigts gagnés par la rigormortis, la rigidité cadavérique. Ce Christ ascétique sert de modèle à toute une génération de peintres, à la charnière entre le style gothique et celui de la Renaissance. Mantegna Peintre et graveur italien, Andréa Mantegna v. 1431-1506 est né dans une famille pauvre à Isola di Carturo sur le territoire de la république de Venise. Il devient l'élève, avant d'être adopté par lui, de Francesco Squarcione v. 1397-1468 , maître à Padoue, avec lequel il entretient des relations conflictuelles, l'accusant notamment d'exploiter son talent. Il travaille à Padoue, à l'église des Ermites de Saint-Augustin, à Saint-Antoine, peint des vies de saint Jacques, saint Christophe, réalise des retables. Mais il quitte Padoue, pour y fuir l'hostilité de Squarcione, au profit de Mantoue, Rome, Padoue. À Mantoue, Louis III de Gonzague 1414-1478 fait de Mantegna son peintre de cour. Il y décore la chambre des Époux au palais ducal. Après vingt années passées à Mantoue, il poursuit sa carrière à Rome, à la demande du pape Innocent VIII 1432-1492 où il orne le Vatican de fresques aujourd'hui perdues. Mais Padoue lui manque, il y retourne pour y peindre les neuf pièces de son Jules César et surtout l'un de ses chefs-d'oeuvre, la Lamentation sur le Christ mort v. 1480-1490. Ses dernières années sont placées sous la protection d'Isabelle d'Esté 1474-1539, nouvelle marquise de Mantoue. Elle lui commande des oeuvres à sujet mythologique. Il meurt dans cette ville le 1 3 septembre 1 506. Aujourd'hui au Louvre, la Crucifixion v. 1457-1460 fait partie du retable, c'est-à-dire du décor peint de la table du maître-autel de l'église San Zeno de Vérone. L'oeuvre est une commande faite à Mantegna par l'abbé Gregorio Correr. Les différentes pièces sont réalisées à Padoue, puis mises en place à Vérone. Le panneau central représente une Vierge à l'Enfant, flanquée de divers saints, dont Zénon, de part et d'autre. La prédelle, partie inférieure d'un retable, illustre au centre la Crucifixion, à gauche le Christ au jardin des oliviers, à droite la Résurrection. Ces oeuvres, emportées par les troupes napoléoniennes en 1 797, sont aujourd'hui remplacées à Vérone par des copies. Sur fond de collines et d'une ville se dressent les croix du Christ et des deux larrons. Au pied des croix, les femmes en pleurs, un groupe de soldats romains jouant aux dés la tunique du Christ, à gauche saint Jean et à droite un soldat à cheval. Toute la force, l'intensité dramatique de la scène, se joue entre l'affliction des femmes et l'indifférence des joueurs, tout comme l'opposition entre la déploration muette du saint et le regard curieux du cavalier. Mantegna invite à des regards croisés, religieux et profanes, qui assistent pourtant à la même scène, mais sans lui prêter une signification identique. Outre un art consommé de la perspective, le jeune Mantegna maîtrise déjà ici l'expressivité des personnages et les références à l'Antiquité. Statufiés par la souffrance, les corps du Christ et des deux larrons, le Christ cloué sur la croix, les deux larrons attachés, évoquent la tension douloureuse de chaque muscle lors de l'interminable agonie. Au premier plan, saint Longin brandit la lance dont il a percé le flanc du Christ. Le crâne au pied de la croix évoque le lieu du supplice, le Golgotha, lieu du crâne », celui d'Adam selon la légende. Au milieu de soldats indifférents se noue le drame de la mort de Dieu fait homme. Matthias Grùnewald Identifié comme Mathis Neithart, dit Mathis d'Aschaffenbourg, où il travaille de longues années au service de l'archevêque Uriel von Gemmingen 1486-1514 , en qualité d'architecte, Matthias Grùnewald v. 14607-1528 est un bien mystérieux personnage. Sa date de naissance est tout aussi inconnue, évoluant selon les auteurs entre les années 1460 et 1480. Le lieu l'est également, probablement dans la région de Wurtzbourg, en Basse-Franconie. Le nom, ou le surnom, sous lequel il est connu, Grùnewald ou Verte forêt », lui est donné au XVII e siècle par Joachim von Sandrart 1606-1688 dans un ouvrage recensant les peintres et architectes allemands. La première partie de sa carrière se déroule à Aschaffenbourg, ville située à la frontière entre la Bavière et la Hesse, où il exerce ses talents en architecture pour le château du lieu. Il séjourne à Mayence et à Francfort. C'est au tournant des années 1509-1510 que les Antonins d'Issenheim, en Alsace, lui commandent son chef-d'oeuvre, le retable destiné au maître-autel, réalisé entre 1512 et 1515. Il peint ensuite plusieurs tableaux, dont la Vierge de Stuppach, Saint Érasme et Saint Maurice , entre 1517 et 1523. En 1526, il quitte la cour de l'archevêque de Mayence, dont dépendait Aschaffenbourg. Ce prince de l'Église, électeur de l'empereur, chargé de son sacre, éloigne peut-être un Grùnewald tenté par la Réforme naissante. Le peintre s'établit à Francfort, puis à Halle en Allemagne orientale. Il y met en oeuvre une dernière fois l'une de ses aptitudes, celle d'ingénieur hydraulicien, en réalisant une machine hydraulique. Il meurt à Halle le 31 août 1 528, lors d'une épidémie de peste. Conservée au musée d'Unterlinden de Colmar , la Crucifixion du Retable d'Issenheim 1512-1515 est le chef-d'oeuvre de Matthias Grùnewald. Réalisé pour les Antonins d'Issenheim, entièrement peint par Grùnewald selon la technique de l'huile sur bois, il s'agit d'un modèle de retable à volets. Chaque volet, articulé, permet d'exposer une scène différente quand les deux volets mobiles du centre sont clos, le spectateur voit la Crucifixion, ornée de part et d'autre d'un volet fixe représentant saint Augustin et saint Sébastien. Sur la prédelle située au-dessous, une déploration avant la mise au tombeau. En revanche, une fois ouverts, les volets offrent au regard, en lieu et place de la Crucifixion et des deux saints, trois scènes une Annonciation à gauche, une Incarnation Vierge à l'Enfant au centre, une Résurrection à droite. À lui seul, le retable d'Issenheim constitue donc un acte de foi complet reposant sur les épisodes essentiels de la vie de Jésus et la promesse pour tous de la Résurrection. La Crucifixion de Matthias Grùnewald diffère des deux exemples précédents par un réalisme poussé jusqu'au vérisme le corps du Christ, mort, affaissé sur la croix, est livide, ensanglanté, lardé des épines de la flagellation, le périzonium lacéré. Les yeux clos, la bouche ouverte, les doigts tordus en un ultime spasme de douleur frappent par la crudité des affres ultimes du supplicié. Une pancarte tenue par une chaîne porte la mention ., soit lesus Nazarenus Rex ludaeorum, Jésus de Nazareth, roi des Juifs », humiliante raillerie ajoutée à l'infamie du crucifiement dans l'esprit des Romains. Le paysage est nu, le fond sombre dominé par les ténèbres qui, selon les Évangiles, accompagnent la mort du Christ. Deux scènes se répartissent d'un côté et de l'autre de la croix placée au centre du tableau. À gauche, l'apôtre Jean reçoit dans ses bras Marie qui, livide, défaille. Agenouillée au pied de la croix, le corps tordu de désespoir comme celui de Marie, Marie-Madeleine, éplorée, échevelée, entrecroise les doigts jusqu'à les faire blanchir dans une supplication violente et désespérée. À droite, un saint Jean Baptiste debout brandit d'une main une Bible, de l'autre désigne de l'index le Christ, disant lllum oportet crescere, me autem minui, Il faut qu'il croisse et que je diminue », reconnaissant la fin de son rôle prophétique avec l'achèvement de l'Incarnation. À ses pieds, l'Agneau de Dieu, autre figure du Christ, égorgé, laisse son sang couler dans un calice, tenant une petite croix dans le repli de sa patte avant. L'ensemble dégage une double impression, fondée à la fois sur l'insoutenable réalité du supplice et de la mort d'un homme et l'espérance de la résurrection de Dieu fait homme. La partie sculptée de l'ouvrage est due à Nicolas Zimmerlin, dit Nicolas de Haguenau ?-après 1526 qui l'aurait exécutée aux alentours de 1500. Le Tintoret Peintre italien, Jacopo Comin, dit le Tintoret 1512-1594, est né à Venise. La profession de son père lui vaut le surnom sous lequel il est connu, Tintoretto, le petit du teinturier », souvent traduit par le petit teinturier », activité qu'il n'exerce pas. Aux alentours de 1540, il est déjà peintre reconnu à Venise, s'adonne aux sujets mythologiques et religieux, vit de son art. Il épouse en 1 550 Faustine de Vescovi, fille d'un banquier. Ils auront six enfants, dont deux, Domenico et Marietta, démontrent un talent assez sûr pour peindre avec lui dans son atelier. Le Tintoret oeuvre pour la Sérénissime, exécute des commandes pour la république de Venise, la confraternité de la cathédrale Saint-Marc ou pour Hercule de Gonzague 1505-1563, évêque de Mantoue. Mais son oeuvre maîtresse résulte du concours ouvert en 1563 par la confrérie de San Rocco. Là où les autres peintres produisent des esquisses, le Tintoret non seulement fournit l'oeuvre achevée, mais en fait don par piété. Une collaboration de plus de vingt ans s'ouvre à lui. Il a pour tâche de peindre murs, plafonds, panneaux amovibles pour la Scuola di San Rocco, au total une cinquantaine de compositions gigantesques, dont la Crucifixion. Son travail soutenu pour San Rocco ne l'empêche pas d'oeuvrer au palais des Doges, avec Le Paradis, La Dernière Cène, ou La Déposition de l'église San Giorgio Maggiore. Parmi ses oeuvres majeures, citons Saint Georges et le Dragon , Suzanne au bain, Le Christ devant Pilate , La Conversion de saint Paul, Le Massacre des Innocents, Le Miracle de saint Marc, La Création des animaux. Il meurt en pleine gloire et en plein travail le 31 mai 1 594 à Venise, où il est inhumé dans son église paroissiale, de la Madone deN'Orto. La Crucifixion de la Scuola di San Rocco de Venise 1565 fait partie des plus de cinquante compositions réalisées par le Tintoret pour les bâtiments de la confrérie. Gigantesque oeuvre de 5 mètres de haut et 12 mètres de large, elle est peinte sur le mur du fond de la grande salle du premier étage. Elle met en scène les débuts du supplice du Christ, cloué sur la croix que des charpentiers viennent de dresser, affaibli mais toujours en vie, auréolé d'une lumière qui accentue la coloration d'une chair demeurée vive, de muscles encore capables de se tendre pour reculer un peu la fin. Un homme trempe une éponge dans de l'eau vinaigrée, fixée à un bâton, afin d'humecter les lèvres du Christ. Des dizaines de curieux sont venus assister au spectacle ou se livrent à leurs activités, mais leurs regards traduisent un intérêt tout relatif. La croix du premier larron, à gauche, est en train d'être dressée, cependant que sur la seconde, à droite, encore à terre, les exécuteurs lient le second. Ces deux scènes semblent attirer l'attention des spectateurs au moins autant que la fin du Christ. Seul un groupe pyramidal, au pied de la croix placée au centre de la composition, exprime le sentiment tragique. Ils assistent Marie effondrée de douleur. Contrairement aux oeuvres précédentes, le choix du Tintoret se porte sur le commencement de l'exécution par crucifiement, quand l'insupportable sentiment que l'inéluctable est en cours se fait jour pour les proches du Christ, pauvre petit groupe entassé au pied de la croix, entouré d'une multitude remuante, affairée, venue en curieuse assister à une mise à mort. Placé au sommet de la composition, le Christ, déjà au-dessus des hommes, n'a pas toutefois totalement quitté leur monde pour rejoindre le ciel. Le Greco Domenikos Theotokopoulos est célèbre sous le nom d'EI Greco 1541-1614, le Greco en français, acquis à la suite de son séjour à Tolède. Il naît en 1 541 sur l'île de Crète, alors possession de la république de Venise. Il fréquente quelques mois, vers 1 570, l'atelier du Titien v. 1490-1576 à Venise même, après une formation initiale picturale en Crète. Une recommandation lui permet de rentrer au service du cardinal Alexandre Farnèse 1520-1589, mécène au service duquel il demeure deux ans. Le séjour à Rome se prolonge jusqu'en 1576. Mais l'essentiel de sa vie et de son oeuvre prend place à Tolède, où les commandes l'attirent le Santo Domingo el Antiguo et YEspolio de la cathédrale. Le succès lui vaut d'exécuter des oeuvres pour le souverain Philippe II 1527-1598, un Martyre de saint Maurice au palais de l'Escurial, en 1580, qui déçoit les attentes du prince. Ce qui n'empêche nullement des réalisations grandioses, à l'instar de L'Enterrement du comte d'Orgaz 1586 pour l'église San Tomé de Tolède, les oeuvres ornant le collège de Doha Maria d'Aragon à Madrid 1596, la décoration de l'église d'Illescas entre 1603 et 1605. Sa vie matérielle et surtout affective est moins bien connue. Il partage son existence avec l'amour de sa vie, Doha Jeromina de Las Cuevas, dont il a un fils, Jorge Manuel 1578-1631 également peintre mais aussi architecte, sans apparemment l'épouser. Il est hébergé par le très noble mais très désargenté marquis de Villena, qui ne lui mesure pas l'espace, plus de vingt pièces dans son palais, mais ne peut le soutenir financièrement. Ces difficultés pécuniaires expliquent sans doute les procès nombreux entre le peintre et les acquéreurs de ses oeuvres. Le Greco meurt le 7 avril 1614 à Tolède, est enterré à Santo Domingo el Antiguo. Son fils fait transférer ses restes au couvent de San Torcuato, où ils ont été dispersés à une date inconnue. Exposée à Madrid, la Crucifixiondu musée du Prado 1590-1595 fait partie d'un retable exécuté par le Greco pour le collège de Doha Maria d'Aragon. La prédelle représentait probablement une Annonciation. Pour le maître-autel de l'édifice, l'artiste réalise également une Assomption de la Vierge et une Sainte Trinité. Si le Greco reprend de ses illustres prédécesseurs, Grùnewald, notamment le thème de la crucifixion, les personnages de la Vierge Marie, de Marie-Madeleine et de saint Jean, il prolonge une version de Crucifixion de Giotto en introduisant de part et d'autre de la croix des anges. Celui de gauche reçoit dans une paume de main ouverte le flot de sang issu de la blessure au flanc. Tous deux exaltent un Christ marmoréen, serein dans la mort, dont le corps blanc tranche avec les ténèbres alentour et les drapés de couleur des anges, de la Vierge et du saint. Un dernier ange muni d'une éponge recueille au pied de la croix le sang divin. Loin de l'exaltation de la souffrance de l'homme, le Greco le donne à voir transfiguré, divin dans la certitude de sa résurrection prochaine. Le geste du troisième ange est redoublé par celui de Marie-Madeleine qui essuie elle aussi la croix un peu plus bas, recueillant humblement le reliquat du sang et des humeurs divines, partage parfait entre le divin et l'humain pourtant confondus en la personne du Christ. Zurbarân C'est le 7 novembre 1598 que naît Don Francisco de Zurbarân y Salazar 1598-1664, à Fuente de Cantos, modeste ville de l'Estramadure située sur la voie qui mène de Mérida à Séville. Ses années d'apprentissage se déroulent dans cette cité, auprès d'un peintre d'images pieuses, Pedro Di'az de Villanueva 1564-1654. Son premier tableau, daté de 1616, appartient à cette période. Sa formation achevée, il se fixe à Llerena, où il demeure dix ans, se marie avec la première de ses trois épouses, avec lesquelles il a neuf enfants, dont un devient peintre, Juan. Déjà reconnu comme un maître des figures religieuses, Zurbarân quitte Llerena pour Séville, où les commandes des ordres monastiques, nombreuses, exigent sa présence. Il peint pour les Dominicains de San Pablo Real, notamment le Christ en Croix 1627, considéré dès l'époque comme un chef-d'oeuvre, un Saint Sérapion 1628 pour l'Ordre de la Merci qui se voue à la délivrance des chrétiens capturés, réduits en esclavage. Sa renommée atteint la cour, où il retrouve son ami Vélasquez 1599-1660. Ils travaillent de concert au nouveau palais royal du Buen Retiro, notamment pour le Salon de Reinos, dix toiles relatant le mythe d'Hercule. Mais les sujets pieux ont sa prédilection, et de retour à Séville en 1638, il travaille pour le couvent de Guadeloupe et la chartreuse de Jerez. Malheureusement, l'époque de croissance économique de la ville, liée au commerce avec les vice-royautés d'Amérique centrale et du Sud, touche à sa fin et les commandes du Pérou ou d'Argentine ne suffisent plus. La situation matérielle de Zurbarân se dégrade, il meurt le 27 août 1664 à Madrid dans un grand dénuement en dépit de l'importance de sa production au cours de sa carrière Sainte Ursule, Sainte Marguerite, Saint Hugues au réfectoire des Chartreux, Saint Pierre crucifié apparaît à saint Pierre Nolasque, l' Exposition du corps de saint Bonaventure. Le Christ en croix 1 627 de Francisco Zurbarân est conservé à Y Art Institute de Chicago après avoir été accroché au fond d'une sacristie de l'église San Pablo. Cette oeuvre majeure fait partie de l'ensemble de sujets commandés l'année précédente par les Dominicains de San Pablo de Real à Séville. Travail monumental, de près de 3 mètres de haut sur 1 ,70 mètre de large, il recueille dès son exposition les plus flatteuses louanges, et fait de l'auteur un maître du genre. Sur un fond noir, le Christ est représenté sur une croix faite de bois grossièrement équarri. Contrairement aux modèles précédents, le Christ est livré seul aux affres de la mort. Ses pieds ne sont pas cloués l'un sur l'autre, mais séparément. Le périzonium occupe ici une place plus importante, un savant drapé baroque le fait retomber le long d'une jambe. D'une blancheur immaculée, il contraste avec la tonalité sombre du fond. Pas d'effusion de sang ici, le corps, indemne en dépit du supplice et de la flagellation, montre une musculature parfaite, digne de l'antique, à tel point que les contemporains l'assimilent à une sculpture. La tête inclinée sur l'épaule dégage une impression de douceur, presque d'endormissement. L'image cruelle de la mort est atténuée par la sérénité dégagée par l'ensemble. Plus qu'un Christ torturé, Zurbarân choisit ici la majesté tranquille de la Résurrection. Goya Connu sous le nom de Goya, Francisco de Goya y Lucientes, dit Goya 1746-1828 , est né à Fuendetodos, proche de Saragosse, le 30 mars 1746. Il est fils du maître doreur José de Goya. En 1760, la famille s'installe à Saragosse. Francisco séjourne ensuite à Madrid, où il n'obtient aucune des bourses mises au concours par l'académie San Fernando en 1763, aucun prix lors du concours triennal de 1766. Il voyage en Italie, y étudie les maîtres, remporte un second prix de peinture à l'académie de Parme. De retour à Madrid, il est chargé de décorer le petit choeur de la cathédrale de Saragosse. Le peintre Francisco Bayeu 1734-1795 le prend sous sa protection. Goya épouse sa soeur Josepha en 1 775. Le couple a plusieurs enfants qui meurent en bas âge, sauf un garçon baptisé Francisco Javier. Grâce à l'entregent de Bayeu, Goya obtient commande d'une série de cartons, ou modèles, de tapisseries pour la Manufacture royale, dont le célèbre Parasol 1779, ou L'Escarpolette 1779. Les oeuvres plaisent au prince des Asturies, leur destinataire, héritier du trône d'Espagne, ce qui lui ouvre les portes de la cour. Il grave alors les oeuvres de Diego Vélasquez 1599-1660, puis, protégé du duc d'Osuna, est nommé peintre du roi, multiplie les portraits, dont celui de Don Manuel Osorio de Zûhiga 1788, devient directeur de la peinture à San Fernando. Une maladie le frappe, dont il réchappe, mais au prix d'une surdité définitive. Son oeuvre atteint un point culminant entre la fin du XVIII e et le début du XIX e siècle les Caprices 1799, une série de gravures à l'eau-forte, en creux sur une plaque métallique à l'aide d'acide nitrique étendu d'eau, la Maja nue 1800, La Famille de Charles IV 1800, de multiples portraits d'aristocrates, le Comte de Fernan Nuhez, le Comte de San Adrian, la Marquise de Santa Cruz. En 1808, les Français envahissent l'Espagne, Goya peint Les Désastres de la guerre. En 1814, après leur départ, il donne deux chefs- d'oeuvre, le Dos de Mayo et le Très de Mayo en hommage au soulèvement des Madrilènes en mai 1808. Son activité picturale durant la période qui suit est intense. Des portraits, mais aussi Saturne dévorant ses enfants, les Vieux mangeant de la soupe, une oeuvre religieuse, La Dernière communion de San José de Calasanz pour l'église de Las Escuelas Pias de San Antonio à Madrid. Sa vieillesse est troublée par la politique séduit par les idéaux de la Révolution française, bien qu'horrifié par la brutalité de l'invasion française, Goya supporte mal la réaction absolutiste du règne de Ferdinand VII 1784-1833. Il s'exile à Bordeaux, où il peint une Scène de taureaux, d'autres portraits. Il meurt dans cette ville le 1 6 avril 1 828. Le Christ en croix du musée du Prado 1780 permet à Goya de se faire élire académicien, ce qui explique son style apparemment traditionnel, largement reproché au peintre. Sur un fond sombre, sans autre personnage, le tableau évoque celui de Zurbarân, présenté plus haut. Si le traitement du corps ne présente pas d'originalité particulière, si l'on ne saurait y retrouver la force d'autres oeuvres, ce Christ en croix n'est cependant pas à dédaigner. L'artiste y met en scène, comme il le fait fréquemment, la faiblesse humaine. La bouche ouverte du Christ est ouverte sur un appel, peut-être muet, peut-être le fameux Eli, Eli, lama sabactani, Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? », ultimes paroles prêtées au Christ expirant. Cette huile sur toile, d'environ 2,50 mètres de haut sur 1,50 mètre de large, représente le type du Christ résigné, acceptant la souffrance et la mort. L'intensité du contraste, entre la chair pâlie du sujet et le fond sombre, fait ressortir une luminosité du corps du Christ, qui éclaire à lui seul à la fois la scène et sa destinée future, véritable appel à la Résurrection. Munch Le peintre et graveur norvégien Edvard Munch 1863-1944 est né le 12 décembre 1863 dans le village d'Adalsbruk de Loten, en Norvège. Son père est médecin militaire. L'année suivante, la famille s'installe à Christiania, la future Oslo, la capitale, où un nouveau poste attend le père. Cette errance, de situation en situation, marque la jeunesse d'Edvard Munch. Plus traumatisante, la fréquentation prématurée de la mort sa mère, puis l'une de ses soeurs meurent de tuberculose, elle devient source d'inspiration pour L'Enfant malade 1886. Une autre est atteinte d'une maladie mentale. Son frère parvient à l'âge adulte, mais décède peu après son mariage. La famille, sous l'influence paternelle, vit dans une piété qui confine au morbide depuis le ciel, la mère défunte est censée surveiller tout acte. Doué en sciences exactes, Munch reste à peine un an dans une école technique avant, en 1881, de s'inscrire à l'École royale d'art de Christiania fondée par son parent le peintre Jacob Munch 1776-1839. Il y suit les cours du peintre naturaliste Christian Krohg 1852- 1925, produit ses premiers portraits, dont un autoportrait, recherchant sa voie entre naturalisme et impressionnisme. Parmi les fréquentations de Christian Krohg, il se lie avec Hans Jaeger 1854-1910, écrivain anarchiste dont le roman La Bohème de Christiania, jugé outrageusement naturaliste, a été interdit. Munch réalise son portrait en 1889, l'année même où il expose dans la capitale et obtient une bourse d'études. En 1 889, Munch se rend à Paris, où l'Exposition universelle, celle de l'érection de la tour Eiffel, bat son plein. Il s'y enthousiasme pour les oeuvres de Paul Gauguin 1848-1903, Vincent Van Gogh 1853-1890 ou encore Henri de Toulouse-Lautrec 1864-1901, leur usage de la couleur franche. Invité à exposer à Berlin en 1 892, Munch y obtient seulement un succès de scandale, mais se fixe en cette ville où il peint son oeuvre la plus célèbre, Le Cri 1893, et six tableaux regroupés en une Étude en une série l'Amour. C'est le début d'un cycle, celui de la Lebensfries ou La Frise de la vie destinée à exalter la Vie, l'Amour, la Mort », cette dernière particulièrement présente, comprenant entre autres Vampire, La Mort dans la chambre du malade, La Peur , Cendres, Madone, etc. Un séjour à Paris interrompt l'entreprise, finalement achevée en 1902, présentée à l'exposition de la Sécession à Berlin. Les années suivantes sont marquées par l'alcoolisme, la dépression accrue, les querelles incessantes avec son entourage et les autres artistes. Une idylle semble s'ébaucher avec une femme indépendante, moderne et riche, Tulla Larsen, mais elle finit par épouser un collègue de Munch plus jeune. Il effectue un séjour dans un établissement psychiatrique puis retourne en Norvège en 1 909. En dépit de la reconnaissance de la critique, d'une exposition à New York en 1 91 2, de son élévation au rang de chevalier dans l'Ordre royal de saint Olaf, Munch s'enfonce dans la solitude et l'angoisse. Il peint de nombreux portraits. Le premier, puis le second conflit mondial le déchirent, amoureux de la France, de l'Allemagne, de l'art sans frontière, il est écartelé. Il meurt le 23 janvier 1 944. Le Golgotha 1900 occupe une place à part dans l'histoire de la représentation picturale de la Crucifixion. L'oeuvre, datée de 1900, doit être pensée dans le contexte précis de la vie de l'artiste. Edvard Munch s'épuise dans la réalisation de la Lebensfries ou La Frise de la vie entre 1 894 et 1 902. En 1 900, son état physique et mental est tel qu'il doit passer plusieurs mois dans un sanatorium. C'est à l'issue de cette cure qu'il produit Le Golgotha. Sur un fond bleu nuit, un nuage rouge sang parcourt horizontalement le ciel à la hauteur de la tête du crucifié. Du crucifié et non du Christ, car c'est lui-même, ou plus généralement l'artiste, que Munch représente par un corps jaune, non sans référence au Christ jaune de Paul Gauguin. L'angoisse exprimée par le visage de l'artiste mis à mort redouble l'impression de malaise d'une foule lui tournant en partie le dos, au rire en forme de rictus, ou encore masse confuse, vague partie à l'assaut de la croix, chaque bras tendu superposé à un autre comme les vagues se chevauchent. Le Christ-artiste semble perdu au milieu du tableau, petit homme en prise aux affres de la création, à la recherche d'un devenir créateur dont il ne saisit pas l'essence, en proie au dédoublement. Tout comme Munch lui-même, représenté de profil au premier plan, sa tante posant une main sur son épaule, dans le geste d'accompagnement de la cruelle destinée qui l'attend, nu et solitaire. Picasso Fils d'un professeur de dessin, José Ruiz Blasco et de Maria Picasso, Pablo Picasso 1881-1973 naît à Mâlaga, dans le Sud de l'Espagne, le 25 octobre 1 881 . Très vite attiré par la peinture, il fréquente l'école des Beaux-Arts de La Corogne, puis est admis à celle de Barcelone, enfin à l'académie San Fernando de Madrid en 1897. Il entame une vie de bohème, entre Madrid, Barcelone et Mâlaga. En 1900, il passe plusieurs mois à Paris, y revient en 1901, inaugure la période bleue 1901-1904, du nom de la couleur dominante, qui dure jusqu'en 1904 Mortde Casagemas en hommage à un ami suicidé, La Vida, Las Dos Hermanas, etc. Il partage son existence entre Paris et Barcelone. C'est au printemps 1904 que Picasso s'établit au Bateau-Lavoir de la place Ravignan aujourd'hui place Émile-Goudeau, immeuble d'artistes dans le 18 e arrondissement. Les expositions ont lieu dans les galeries de Vollard et de Berthe Weill, de Serrurier, chez lequel sont montrées les créations de la période rose 1904-1905, toujours au nom de la couleur majeure. Il rencontre Matisse, commence à travailler en 1906-1907 Les Demoiselles d'Avignon, expose à Munich, accompagne pour des étés de créativité pleine Derain à Cadaquès, Braque à Céret. C'est avec ce dernier que s'ouvre la période cubiste entre 1907 et 1914, inaugurée par Les Demoiselles d'Avignon 1907. Depuis 1905, il est lié à Fernande Olivier, à la fois amante et modèle favori de la période cubiste jusqu'à leur rupture en 1910. La Première Guerre mondiale sépare Picasso de ses amis, il est seul à Paris, solitude dont le tire Jean Cocteau 1889-1963 depuis Rome, où il réalise les décors du ballet Parade sur une musique d'Erik Satie 1866-1925 à sa demande, début d'une collaboration avec le monde de la danse qui se prolonge avec Diaghilev 1872-1929 et les Ballets russes. C'est là qu'il rencontre la danseuse Olga Koklova 1891-1955, l'épouse en 1918. Ils ont un fils, Paul. Pendant l'entre-deux-guerres, Picasso évolue entre peinture figurative, cubisme et surréalisme, explorant chaque voie Baigneuse assise 1930, collage du Minotaure 1928, sculpture avec La Femme au jardin 1932. Il a une liaison avec son modèle Marie-Thérèse Walter 1909-1977, avec laquelle il a une fille, Maïa. Le peintre fait en Espagne une exposition itinérante, lorsqu'en 1936 éclate la guerre civile et ses atrocités, sujet de Guernica 1937. Il vit pendant la Seconde Guerre mondiale entre Paris et la Côte d'Azur, avec sa nouvelle compagne, Dora Maar 1907-1997, à laquelle succède Françoise Gilot née en 1921 avec laquelle il a deux enfants, Claude et Paloma. Après la guerre, Picasso s'installe dans le Sud de la France, à Vallauris, à Cannes. Il milite au Parti communiste et en faveur de la paix dans le monde, réalisant des oeuvres multiples Tête de jeune fille 1949, Demoiselles des bords de la Seine 1950, Le Déjeuner sur l'herbe 1961, décore la chapelle de Vallauris en 1952, l'Unesco avec La Chute d'Icare 1958. Il s'installe, avec sa nouvelle épouse Jacqueline Roque 1927-1986, au château de Vauvenargues, puis à Mougins. La consécration suit la notoriété avec une rétrospective de son oeuvre au Grand Palais et au Petit Palais en 1 966. Picasso meurt le 8 avril 1 973. La Crucifixion 6e Pablo Picasso date du 7 février 1930. C'est une oeuvre mystérieuse à bien des égards le peintre, athée, choisit encore une scène majeure du christianisme et surtout la conserve par-devers lui sans la montrer, elle est trouvée après sa mort. Il s'agit d'une expression non religieuse de la souffrance de l'artiste, confronté au délitement de son couple, à un moment où la jalousie d'Olga atteint un paroxysme. Le tableau, de petite taille il mesure environ 51 cm sur 66 cm, est conservé au Musée national Picasso de Paris. C'est une huile surcontreplaqué dominée par les aplats rouge et jaune, tranchés brutalement par le blanc présent au centre du tableau, croix et crucifié. Souffrant, tout comme le Christ, Picasso met en scène la frustration sexuelle en lieu et place de l'agonie divine. Reprenant les codes classiques de la crucifixion, Marie-Madeleine éplorée, légionnaires qui jouent sa tunique aux dés, le flanc du Christ percé, mais ici par un picador des tauromachies espagnoles, Picasso débute un détournement de sens. Là où le chrétien contemple l'exemple du Dieu fait homme trépassant pour le salut commun, le peintre donne à voir une expérience personnelle. Là où le croyant pense blasphème, l'artiste s'auto-exorcise, la vie privée atteint aux dimensions du drame universel. Dali Salvador Felip Jacint Dali Demènech, dit Salvador Dali' 1904-1989, naît à Figueras, en Catalogne, dans le Nord-Est de l'Espagne, le 1 1 mai 1904. Son bac en poche, il traverse l'école des Beaux-Arts de San Fernando à Madrid, véritable météorite, expulsé très vite après son admission. Plusieurs séjours à Paris lui permettent de plonger dans le milieu surréaliste, de prendre part au scénario du film de Luis Bunuel 1900-1983, Un chien andalou 1929, de rencontrer Pablo Picasso 1881-1973. Il participe en 1932 à la première exposition surréaliste aux États-Unis mais est exclu du groupe par André Breton 1896-1966, en raison notamment de ses sympathies pour les gouvernements totalitaires en Italie et en Allemagne, puis pour le franquisme espagnol. De 1939 à 1948, il réside à New York, poursuit sa méthode paranoïaque-critique » destinée à l' objectivation des phénomènes délirants ». Ses tableaux s'arrachent, Dali joint la fortune à la renommée. En 1949, Dali retourne en Espagne et poursuit son oeuvre, entre obsession sexuelle, provocations multiples, crises mystiques mêlant catholicisme ardent et apocalypse nucléaire dans ce qu'il nomme le Mysticisme nucléaire », reflété par ses oeuvres La Madone de Port-Lligat 1949, Corpus Hypercubus 1954. En 1982, le roi Juan Carlos I er d'Espagne né en 1938, règne depuis 1975le fait marquis de Pubol. Dali meurt le 23 janvier 1989 à Figueras. Il est inhumé dans cette ville, dans la crypte du Théâtre-Musée Dali qu'il avait créé lui-même en 1974. Au nombre de ses oeuvres variées, citons Paysage près de Figueras 1910, Autoportrait 1919, Scène de Cabaret 1922, Le Panier de pain 1926, Leda Atomica 1949, Christ de Saint-Jean-de-la-Croix 1951, Jeune vierge auto- sodomisée par les cornes de sa propre chasteté 1 954, Gala contemplant la mer Méditerranée 1 976, La Queue d'aronde-Série des catastrophes 1 983. Une biographie de Salvador Dali ne peut être qu'une biographie double, incomplète sans celle de sa muse, amante et épouse, Gala Dali 1894-1982 plus connue sous le seul prénom de Gala, née Elena Ivanovna Diakonova. Mariée à Paul Éluard 1895-1952, Gala rencontre Dali en 1929, se sépare de son premier mari, épouse Dali civilement en 1934, religieusement en 1958. Gala est le modèle, l'inspiratrice, la femme d'affaires de Salvador Dali. Portraiturée à de multiples reprises, sa mort, en 1982, plonge Dali dans le désespoir et le gâtisme, il ne vit plus, mais lui survit. Huile sur toile de 2 mètres de haut sur 1,20 mètre de large environ, conservée au Metropolitan Muséum of Art de New York, Corpus Hypercubus 1954 fixe le Christ à un hypercube flottant au-dessus d'un damier. Au fond, la vue de la baie de Port-Lligat. En bas à gauche, revêtue d'un drapé à l'antique, Gala, la femme de Salvador Dali, lève la tête en direction du crucifié. Fasciné par les formes géométriques et les valeurs symboliques des figures, le peintre compose une croix formée de huit cubes, le corps du Christ y étant fixé par quatre clous à tête carrée. Flottant dans les airs, la croix peut effectuer une rotation de 90 à 360 degrés sans perdre sa forme. L'hypercube est ici une figure reliant les huit cubes entre eux par leurs arêtes, formant un dodécaèdre, ou cube dans ses quatre dimensions. Salvador Dali, dépeignant son oeuvre, se réclamait des crucifixions de Zurbarân et de Vélasquez, mais y voyait l'expression du cubisme métaphysique et transcendant », une reprise des travaux de l'alchimiste catalan Raymond Lulle v. 1232-1316 dans son Ars Magna ou Grand Art et de l'expérience de Juan de Herrera 1530-1593, architecte de Philippe II d'Espagne 1527-1598 pour son palais de l'Escurial. Le Christ au visage à peine visible par ses méplats, tête rejetée en arrière, ombre portée de lui-même sur les cubes, prend son envol dans l'espace géométrique, devient figure mathématique et alchimique, allégorie mystique. Chapitre 23 Dix chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale Dans ce chapitre * La vie rêvée des romanciers et de leurs oeuvres Un univers entier entre les pages Wadimir Nabokov, romancier d'origine russe, disait que la littérature était née le jour où quelqu'un a crié au loup, au loup... » alors qu'il n'y avait pas de loup. Plus généralement, sous le terme de littérature », sont désignées les oeuvres qui utilisent les moyens du langage oral ou écrit et auxquelles sont reconnues une valeur et une intention esthétiques. La littérature est avant tout art, qui dit art dit technique aussi et la difficulté d'en donner une définition exacte a tenu à celle d'y intégrer des écrits philosophiques, politiques, des essais. Le choix de cette sélection littéraire tient au fait justement de montrer sa diversité et sa complexité à travers les productions de différentes époques et lieux. L' Iliade » et l' Odyssée » Au nom d'Homère, poète ayant vécu sans doute au VIII e siècle avant sont associés deux longs poèmes épiques divisés en 24 chants, chacun d'environ 12 000 vers et qui constituent les plus anciennes oeuvres de la littérature occidentale, Y Iliade et Y Odyssée. Ces deux poèmes eurent une diffusion immense dans le monde méditerranéen grâce aux homérides » ioniens que se disaient les descendants ou les disciples du poète. Ils furent source aussi, à travers les siècles, d'inspiration pour les artistes, les peintres, les écrivains. L'existence d'Homère reste liée à un mystère, même les Anciens ne s'accordent pas à son propos. C'est surtout la dissertation latine de Friedrich August Wolf 1759-1824, Prolegomena ad Homerum, en 1795, qui pose la question de son existence réelle et donne naissance à ce que l'on appelle aujourd'hui la question homérique. Ainsi de sa naissance, sept cités grecques en revendiquaient l'origine, dont Chios, Colophon, Smyrne, tout autant que les interrogations sur la composition des deux poèmes, attribués à un auteur unique ou à un groupe. La tradition le suppose aveugle et c'est ainsi par exemple qu'il est représenté par le peintre William Bourgereau 1825-1905, Homère et son guide 1874. Le thème majeur de Y Iliade est la destruction de la ville de Troie en Asie Mineure par les Grecs, les Achéens. L'enlèvement d'Hélène, épouse du roi Ménélas par le Troyen Paris sert de prétexte à cette guerre. La colère d'Achille et ses conséquences, son désir de venger la mort de son ami Patrocle constituent le centre du poème. Nous trouvons ici le grossissement épique » devenu fonction majeure, repris par exemple avec cette oeuvre de la littérature occidentale qu'est La Chanson de Roland. Les quatre premiers chants de Y Odyssée, nom grec d'Ulysse, Odusseus, sont consacrés au voyage de Télémaque parti à la recherche de son père. L'arrivée d'Ulysse chez les Phéaciens et le récit de ses aventures concernent ensuite les chants V à XIII. Les derniers, de XIV à XXIV racontent son retour à Ithaque et sa vengeance. Le philosophe Vladimir Jankélévitch 1903-1985 ajoute un 25 e chapitre dans lequel il traite de la désillusion d'Ulysse à son retour en Ithaque. Bien avant lui Dante 1265-1321 dans un chant fondamental imagine que celui-ci ne rentre jamais en Ithaque et préfère l'exploration d'un monde inconnu à son retour. L'Art d'aimer » Si parmi vous, quelqu'un ignore l'art d'aimer qu'il lise mes vers » c'est ainsi que le poète Ovide 43 av. apr. de son vrai nom Publius Ovidius Naso, s'adresse aux Romains de la fin de la République dans son poème en trois chants. Le titre exact en esters amatoria et renvoie au mot ars dont l'étymologie latine désigne un ouvrage théorique et didactique, portant sur un sujet technique, dont la vocation normative est de proposer des modèles à imiter. Plaire est une science pour Ovide, et il veut en donner un traité complet qui nous permet aussi de saisir les moeurs romaines sous le règne de l'empereur Auguste 63 av. apr. Ovide naquit quarante-trois ans avant l'ère chrétienne à Sulmone, en Italie méridionale. Son surnom de Naso, gros nez », marque la disgrâce de cet organe disproportionné. Il a pour maître le plus habile des grammairiens de son temps, Plotius Grippus. Avant de prendre place parmi les poètes, il approche la carrière du barreau afin de complaire à son père. Il se perfectionne à Athènes dans l'étude des belles-lettres et de la philosophie. Le motif de son exil en l'an 8 après sur les bords du Pont-Euxin à Tomes est exposé dans l'édit de proscription d'Auguste L'Art d'aimer incite les Romains à la dépravation. Il nous laisse plusieurs oeuvres, Les Amours, Les Héroïdes, Les Métamorphoses montrant qu'il a approché tous les genres, élégiaque, épique et même dramatique avec Médée, tragédie perdue. Sa popularité traverse les siècles puisque les poètes et les érudits, les écrivains du Moyen Âge et de la Renaissance choisissent fréquemment leurs sujets dans ses légendes. L'Art d'aimer connaît un grand succès à Rome. Dans le premier livre, Ovide, en véritable éducateur, révèle à son élève comment et où séduire l'éternel féminin. Une stratégie amoureuse domine feindre la plus vive passion sans jamais cesser de faire parade de ses talents. Le second livre montre les moyens d'entretenir et transformer ce qui a été conquis en amour durable. Il peut être bon de se rendre indispensable. Dans le dernier livre, le troisième, Ovide s'adresse aux femmes pour leur prodiguer maints conseils sur la façon de varier les moyens de séduction selon son âge, ou comment toujours soigner sa beauté en présence de son amant. En opposition à L'Art d'aimer, Ovide rédige Les Remèdes d'amour , supposés donner les moyens de résister à la passion amoureuse, mais qui, en réalité, reprennent largement les thèmes du premier. Le Mahabharata » La plus vaste oeuvre connue de la littérature hindoue, le Mahabharata, ou La Grande Guerre des Bharatas », est composée de dix-neuf livres, ne contenant pas moins de cent vingt mille versets. Elle aurait commencé à prendre forme aux alentours du IV e siècle avant pour s'élaborer jusqu'au IV e siècle de notre ère. Compilation de récits oraux à l'origine, cette oeuvre collective est néanmoins traditionnellement attribuée au mythique sage Vyasa. Le thème principal de ce qui constitue la plus grande épopée de la littérature mondiale est l'opposition entre deux grandes familles, les Pandavas et les Kauravas. Consacrée à Vishnou, cette épopée gigantesque insiste continuellement sur le rôle déterminant du karma, le cycle des actions, dans notre vie quotidienne. Le Mahabharata relate les tribulations de la famille royale des Bharatas, originaire de la vallée de l'Indus. Deux branches familiales s'opposent et les premiers livres sont consacrés aux sources du conflit et expliquent comment les cinq Pandavas, après la mort de leur père Pandu sont élevés avec leurs cousins les Kauravas qui, jaloux, souhaitent se débarrasser d'eux. Les Pandavas représentent les incarnations des cinq divinités hindoues Dharma, la justice; Indra, le feu ; Vayu, le vent; les jumeaux Ashvin, équivalent hindou des Dioscures Castor et Pollux. Après de multiples péripéties, le royaume est partagé par l'aveugle Dhrtazastra. Mais l'animosité ne disparaît pas pour autant entre les cousins ennemis. Les Pandavas doivent s'exiler pendant douze années après avoir tout perdu aux dés, avant de demander, la treizième année, la restitution de leur royaume aux Kauravas comme convenu. La guerre qui est la conséquence de leur refus est l'objet des cinq livres suivants. Elle dure dix-huit ans. La Bhagavad-Gita ou Chant du bienheureux », le livre VI, est considérée comme le coeur même de ce récit. Krishna donne à Arjuna, le noble guerrier pandava, son disciple, les conseils nécessaires pour atteindre la Vérité et la Connaissance. Aujourd'hui encore, le théâtre et le cinéma indiens n'ont de cesse de s'inspirer du Mahabharata. Le metteur en scène Peter Brook né en 1925 en fit une adaptation éblouissante au théâtre en 1986, puis une série télévisée et un film en 1989. Le Dit du Genji » Le Dit du Genji, ou Genji monogatari, a pour auteur Dame Murasaki Shikibu v. 973-v. 1025 ? dont nous savons bien peu de chose, sinon qu'elle nous laisse l'une des oeuvres les plus importantes de la littérature japonaise. Deux parties composent ce long roman de quelque cinquante-quatre livres et trois cents personnages au temps de la cour de Heian 794-1185. La plus longue qui va du livre I au livre XLIV prend pour héros le genji, fils de l'empereur éloigné du trône. Plus brève, la seconde partie du livre XLV au livre LIV dépeint la destinée de Kaoru, son propre fils. Cette fresque monumentale n'a guère d'équivalent en Occident avant le XIX e siècle. Rattachée à une branche cadette du clan des Fujiwara, Dame Murasaki Shikibu fait partie d'une lignée à la fois de poètes et de dignitaires de la cour impériale. Elle devient, en raison de sa grande culture et de l'appui des Fujiwara, la préceptrice de la fille du tout- puissant ministre Fujiwara no Michinaga 966-1027 , dame d'atour d'une impératrice. C'est à cette époque qu'elle rédige Le Dit du Genji. En 1011, à la mort de l'empereur Ichijo 980-1011, elle entre en religion. Sa fille, Daini no Sammi, laisse elle aussi une oeuvre, celle d'une délicate poétesse. L'importance liée au Dit du Genji est de renouveler le genre romanesque jusqu'alors limité à des récits assez courts au Japon. Le terme de monogatari désigne à la fois des contes brefs et des recueils plus longs, tel Le Dit du Genji, ouvrage-fleuve de plus de deux mille pages. Dès l'époque Kamakura 1185-1333, il est l'objet d'un grand nombre d'exégèses et de moult commentaires prolongés de la part des lettrés et des érudits, phénomène qui se poursuit aux époques suivantes, notamment celle des Tokugawa entre 1616 et 1868. La notoriété du roman se fonde davantage sur l'atmosphère qu'il évoque avec subtilité que sur l'intrigue développée. L'amour reste le thème dominant du récit sous toutes ses formes, des plus heureuses aux plus malheureuses, toutes étant prises dans le jeu du destin et celui du hasard. La Divine Comédie » Dante Alighieri 1265-1321 est le plus illustre des poètes de l'Italie, son Homère. Son chef-d'oeuvre, La Divine Comédie 1308-1321, est un poème de l'exil, dont le modèle est VÉnéide de Virgile. Il a été composé avant tout dans une intention morale ramener dans la voie du salut les hommes égarés et corrompus. Dante lui donne le nom de comédie parce que c'est une oeuvre souvent réaliste, familière et écrite en langue vulgaire. L'épithète de divine est ajoutée plus tard par ses admirateurs. La Vita Nuova, son autre oeuvre, porte en germe les lignes fondamentales de La Divine comédie où s'achève la transformation du personnage de la femme aimée et perdue, Béatrice, en la figure allégorique et la voix d'un mode du langage poétique. Dante Alighieri naît à Florence en 1265. Il y passe une jeunesse studieuse, se mêle de bonne heure aux luttes politiques et devient même un chef du gouvernement en qualité de prieur. À cette époque, Florence est en passe de devenir la plus puissante des cités d'Italie. Cependant, d'âpres discordes intestines la déchirent entre les Gibelins, partisans de l'empereur et Guelfes, ceux du pape Boniface VIII v. 1235-1303, auxquels Dante s'oppose. Le triomphe de ces derniers lui vaut un exil dont il ne se console jamais. Il erre alors en Italie, plein d'amertume et de rancoeur. Après la mort de son protecteur l'empereur Henri VII v. 1275-1313, descendu dans la Péninsule pour y rétablir l'ordre et la paix, il doit renoncer à jamais revoir s'ouvrir les portes de sa patrie. L'affection du prince Guido da Polenta le fixe à Ravenne où il s'éteint le 14 septembre 1321 . Avec La Divine comédie, élaborée entre 1308 et 1321 , Dante construit une oeuvre savante qui obéit à la fois à des lois arithmétiques et rationnelles mais aussi théologiques. Son plan est d'une symétrie parfaite. Le poème est divisé en trois cantiques l'Enfer, le Purgatoire, le Paradis. Virgile guide le poète jusqu'aux limites du Purgatoire où il est relayé par Béatrice. Chaque cantique, ou chant, se compose de trente-trois chants plus un chant qui sert d'introduction, soit au total cent chants. Chaque chant est formé de strophes de trois vers chacune. L'Enfer est divisé en neuf cercles ou gigantesques terrasses. L'ombre de Virgile qui va lui servir de guide apparaît dans la forêt précédant l'Enfer pour le quitter à la sortie du Purgatoire. Si Dante est l'homme égaré, Virgile personnifie la raison et la sagesse humaine, suffisantes pour lui inspirer l'horreur du Mal, l'Enfer, et le désir de s'en détourner. Les Mille et Une Nuits » C'est en 1704, grâce à la traduction française d'Antoine Galland 1646-1715 que l'Occident découvre avec ravissement ces contes arabes anonymes que sont Les Mille et Une Nuits, AlfLayla wa layla . Sur la naissance du livre plane un épais mystère. Les Mille et Une Nuits sont une oeuvre de compilation à partir de contes et légendes persans. Le plus ancien témoignage connu serait dû à un savant au X e siècle de notre ère, Mas'ûdi qui évoque un ouvrage intitulé Mille récits extraordinaires, AlfKhurâfa en arabe, Hezar afsana en persan. À partir du noyau premier d'origine persane, avec des emprunts indiens, traduits en arabe au VIII e siècle, le texte s'est ramifié en s'adjoignant de nouvelles sources, égyptiennes notamment, turco-mongoles ou byzantines. Les Mille et Une Nuits sont un ensemble complexe de contes imbriqués les uns dans les autres et de personnages en miroir, ce qui offre plusieurs lectures possibles. Le livre s'ouvre par le désir de vengeance du roi Shahriyar, mortifié de la découverte de l'infidélité de son épouse. Il décide de faire mourir chaque matin la femme avec laquelle il aura passé la nuit. Pendant trois ans, la sanglante coutume est appliquée. Jusqu'au moment où Shéhérazade, la fille du vizir décide de s'offrir au roi pour y mettre fin. Sa stratégie est de raconter chaque soir une nouvelle histoire qu'elle prend soin de laisser inachevée. Piqué par la curiosité, le roi remet toujours au lendemain sa funeste sentence. Au terme du livre, Shéhérazade qui a donné trois enfants au roi devient reine. Le recueil tel qu'il nous est parvenu associe récits historiques et pures fictions. La justice est l'un des thèmes les plus fréquemment évoqués, sous sa forme terrestre, rendue par le souverain, mais aussi sous sa forme divine. De cette époque date aussi le récit du Voyage de Sindbad le Marin ». Le succès immense de cette oeuvre, mise en musique par Maurice Ravel 1875-1937 en 1903 avec Schéhérazade ou adaptée au cinéma parPier Paolo Pasolini 1922-1975 en 1974, tient à une philosophie de l'existence et de ses fondements éthiques, mise en valeur par le merveilleux des contes. Le Rêve dans le pavillon rouge » Seuls les quatre-vingts premiers chapitres de ce qui est considéré comme l'une des oeuvres majeures de la littérature chinoise, le Hong lou Meng, Le Rêve dans le pavillon rouge, auraient été écrits parCao Xueqin v. 1723-v. 1764. En 1791, paraît la première édition de cette oeuvre qui comprend alors cent vingt chapitres, en raison des quarante supplémentaires dus au lettré Gao E. Roman de moeurs de l'époque des Qing 1644-191 1, Le Rêve dans le pavillon rouge est un miroir de la société chinoise du XVIII e siècle. L'itinéraire de Jia Baoyu, surnommé jade précieux », marqué par les séparations, les réconciliations, les réunions, l'alternance de joies et de peines, sert de prétexte à une fresque qui compte près de quatre cent cinquante personnages. Elle relate le déclin d'une grande famille dans la Chine des mandarins du XVIII e siècle. Cao Xueqin s'appuie sur son expérience personnelle, une vie marquée par un destin contraire, la ruine et le déclin de sa famille, la gêne, l'excès de boisson, la mort prématurée de son fils. L'ouvrage s'inspire d'une réalité vécue et d'une souffrance réelle. Les Cao sont une grande famille au début du XVIII e siècle avec la charge d'intendant des Soieries impériales de Nankin. À la mort de l'empereur Kangxi 1654-1722, la famille Cao, criblée de dettes, est destituée du titre d'intendant, ses biens sont confisqués. Cao Xueqin finit sa vie dans la misère et l'alcool et meurt vers 1 762-1 764. Le pavillon rouge désigne les appartements intimes des femmes de grande maison, le rouge dont étaient peintes les riches résidences symbolise le bonheur et le luxe. L'histoire prend place à Shitou, ville de résidence impériale, dans la maison de la famille Jia. Descendant du duc Rong, Jia Zheng a deux enfants, Yuanchun, future concubine impériale et Jia Baoyu, durement traité par son père Jia Zheng. Heureusement, il vit sous le même toit que sa cousine Lin Daiyu, qu'il aime profondément. Sa soeur, choisie comme concubine impériale, la famille connaît une ascension spectaculaire. Mais le malheur est proche, qui marque la descente aux enfers de la famille Jia. Aux portes de la mort, Jia Baoyu est sauvé par un moine qui lui rapporte le jade précieux. Malgré tout, il finit ses jours en ascète aux pieds nus, revêtu d'une peau d'orang-outan. Guerre et Paix » Écrit en cinq ans par Léon Tolstoï 1828-1910 et publié en 1878, Guerre et Paix , oeuvre gigantesque de la littérature russe a pour toile de fond les grands événements historiques de l'épopée napoléonienne, la campagne d'Austerlitz en 1805-1806 et celle de 1812-1813 avec la bataille de Borodino et l'incendie de Moscou. Pourtant, ce roman est avant tout la chronique de deux familles, les Bolkonski et les Rostov. Il introduit dans l'action non seulement les membres de ces deux familles, mais encore une foule d'autres personnages, gens du peuple ou tout autre membre de la société, civil ou militaire, paysan ou chef d'État. C'est une sorte de somme de la vie russe qu'il nous offre, car la guerre n'apparaît que dans certains tableaux, tandis que la vie civile avec ses plaisirs et ses intrigues, ses mariages et ses divorces y occupe une très large place. Le comte Lev Nikolaévitch Tolstoï, en français Léon Tolstoï, naît à lasnaïa Poliana, près de Toula, au sud de Moscou dans une propriété de famille. Orphelin de très bonne heure, il est élevé par diverses parentes et son éducation est celle de tous les jeunes Russes de sa classe sociale. Il sert le tsar en qualité d'officier d'artillerie, mais démissionne de l'armée en 1856 à la fin de la guerre de Crimée 1853- 1856. Les préoccupations religieuses deviennent le centre de son existence. Il découvre l'amour de la vie grâce au Caucase et à ses rudes populations. Ce fervent disciple de Rousseau, admirateur de Pouchkine, Gogol et Montesquieu voit sa foi ébranlée par les horreurs du siège de Sébastopol 1854-1855. Il place alors son espoir dans le progrès et fonde une école dans la propriété familiale. Il se marie et écrit ses deux chefs-d'oeuvre, Guerre et Paix et Anna Karénine 1878, chronique de la haute société russe de l'époque. À partir de 1 873, il connaît une crise religieuse, se convertit au catholicisme, en élabore une vision personnelle rationaliste qui l'amène à élaborer un projet de vie sociale dans lequel il condamne la guerre, refuse la justice humaine et le pouvoir de l'État. Excommunié par l'Église orthodoxe après la publication de Résurrection 1899, il continue à vivre paisiblement à lasnaïa Poliana jusqu'au petit matin du 28 octobre 1 91 0 où il part en cachette. Il meurt d'une pneumonie le 7 novembre, seul, à la gare d'Astapovo. La Guerre et la Paix, ou Guerre et Paix , est une oeuvre en quatre parties et un épilogue, la première se situe en juillet 1805 avec les guerres de la troisième coalition. Ce tableau de la société russe est à la fois une véritable épopée, un roman d'analyse psychologique, une fresque historique. Des centaines de personnages y trouvent place, et deux figures sont au premier plan, André Bolkonski et Pierre Bézoukhof qui incarnent l'âme même de Tolstoï. Les batailles y sont décrites à la façon d'un Waterloo dans La Chartreuse de Parme. À la recherche du temps perdu » L'auteur, Marcel Proust 1871-1922, est l'écrivain de la Belle Époque, période qui voit s'éteindre le monde raffiné de la noblesse pour laisser place à la bourgeoisie. La Recherche du temps perdu est une accumulation de souvenirs qui, retraduite par son héros narrateur, en fait une autobiographie à peine déguisée. Publiée entre 1913 et 1927, elle comprend en tout sept parties dont quatre le sont du vivant de l'auteur Du côté de chez Swann 1913, À l'ombre des jeunes filles en fleurs 1919, Le Côté de Guermantes I et II 1920-1921, Sodome et Gomorrhe 1921-1922, Les trois dernières sont publiées à titre posthume La Prisonnière 1923, La Fugitive ou Albertine disparue 1925, Le Temps retrouvé 1927. La vie de Valentin Louis Georges Eugène Marcel Proust peut se diviser en deux époques, celle d'après son enfance, la formation qui s'étend de 1882 à 1909 et celle de la réclusion, de la réalisation de son oeuvre monumentale de 1909 à sa mort, le 18 novembre 1922. Entre 1882 et 1909, il entame une vie mondaine brutalement interrompue par la mort de sa mère en 1905. Il accumule les matériaux d'À la recherche du temps perdu depuis Jean Santeuil 1 895-1 899 jusqu'à la phase de maturation, et commence en 1 908. À partir de 1 909, il se cloître dans sa chambre, rédige la Recherche depuis la publication à compte d'auteur du Côté de chez Swann jusqu'au prix Goncourt récompensant À l'ombre des jeunes filles en fleurs en 1919. La pneumonie jointe à l'épuisement consécutif à un travail harassant l'emporte le 18 novembre 1922. Dans son oeuvre principale, À la recherche du temps perdu, en sept parties, l'unité de l'ensemble est maintenue par le je » du narrateur depuis l'enfance à Combray, Du côté de chez Swann ; les rencontres amoureuses, À l'ombre des jeunes filles en fleurs; la duchesse de Guermantes, Le côté de Guermantes ; la révélation de l'homosexualité, Sodome et Gomorrhe ; l'amour tragique pour Albertine, exclusif, La Prisonnière jusqu'à la mort, Albertine disparue; enfin la clôture du cycle, Le Temps retrouvé. Au travers de chaque expérience, le narrateur découvre le temps qui modifie les êtres, la possibilité de reconquérir le passé par l'oeuvre d'art qui illumine la vie véritable. Chaka, une épopée bantoue » La littérature africaine est injustement méconnue. Thomas Mofolo 1876-1948 donne, avec Chaka, une épopée bantoue 1925, une oeuvre puissante et singulière, à la fois drame d'une nation et destin héroïque d'un homme. Thomas Mofolo naît en Afrique du Sud. Il appartient à l'ethnie Sotho, un groupe bantou venu d'Afrique centrale au cours du XVI e siècle. Il vit au Lesotho, l'un des petits États à l'indépendance précaire d'Afrique du Sud. Son éducation est placée sous la responsabilité de missionnaires qui l'encouragent à écrire. Il publie ainsi en 1907 un premier roman initiatique, Le Voyageur de l'Ouest, récit du périple d'un jeune homme en quête d'un monde idéal, puis en 1910 Pitseng, ouvrage consacré à l'éducation sentimentale vertueuse d'un jeune couple. Ces deux oeuvres exaltent le christianisme, dans la première le héros succombe à la vision du Christ en gloire, dans la seconde le couple reprend l'oeuvre des missionnaires qui les ont formés. Son oeuvre la plus forte, Chaka, une épopée bantoue, provoque la rupture d'avec les missionnaires. Thomas Mofolo exerce diverses professions avant de devenir fermier. La fin de sa vie est très mal connue. Il meurt probablement dépossédé de ses terres au profit d'un fermier blanc. Chaka, une épopée bantoue est le troisième roman de Thomas Mofolo, écrit à l'origine en langue sesotho, sotho du Sud, une langue bantoue parlée en Afrique australe, puis traduit en anglais en 1 931 , sous le titre Chaka, An Historical Romance. Cette version, amendée pour la rendre plus acceptable par un public occidental, est suivie, en 1981 seulement, d'une traduction non censurée qui rend véritablement la puissance de l'ouvrage. C'est un roman historique, destiné à retracer la vie du roi Chaka 1787-1828 créateur et organisateur de la nation, puis du royaume zoulou, en Afrique du Sud, au début du XIX e siècle. Renommé pour son courage, sa grande force physique, mais aussi son aptitude à la cruauté, Chaka finit assassiné par son propre frère. L'écriture de Thomas Mofolo, à mi- chemin entre le conte oral et le roman biographique, se prête admirablement à la restitution des ambitions et de leur suite tragique du jeune chef, tout autant qu'à la volonté de fournir à la littérature africaine un monument lié à son histoire politique. Le choix fait par l'auteur de perpétuer une tradition de transmission orale a fait comparer Chaka, une épopée bantoue à un poème épique, une véritable Odyssée africaine. Chapitre 24 Dix nombres d'or Dans ce chapitre Des principes bien ordonnés Des héros et des exploits par paquets Le nombre d'or , soit environ 1 ,618, est couramment indiqué à l'aide de la lettre grecque H phi, en hommage au sculpteur Phidias V e siècle av. qui l'a utilisé pour l'édification du Parthénon. Appelé par le moine franciscain et mathématicien Luca Pacioli 1445- 1517 divine proportion », par Léonard de Vinci 1452-1519 section dorée », son nom actuel lui est conféré au cours des années trente. Sa particularité est d'avoir un nombre infini de décimales. Par commodité, nous n'avons indiqué que les trois premières après la virgule. Mais bien d'autres nombres, à défaut d'être véritablement d'or, méritent notre attention. Ils cachent bien des petits mystères, d'amusantes énigmes que nous allons de ce pas résoudre. 3 comme les trois vertus théologales Selon les chrétiens, Dieu accorde un certain nombre de vertus d'origine divine dites, à ce titre, vertus surnaturelles. Les trois vertus théologales, ou savoir divin », nous viennent de Dieu, et ont Dieu pour objet principal. Données par le sacrement du baptême, elles sont réactivées par les actions accomplies tout au long de la vie. Ces trois vertus infuses par Dieu dans l'âme sont »» La foi, qui permet au croyant de croire ce qu'il a révélé et lui propose de le faire par l'intermédiaire de l'Église; c L'espérance, qui permet au croyant d'attendre la vie éternelle promise aux serviteurs de Dieu; ^ La charité, par laquelle le croyant aime Dieu pour lui-même au-dessus de toute chose et son prochain comme lui-même pour l'amour de Dieu. 4 comme les quatre vertus cardinales Du nom de l'un des deux axes qui partageaient la ville romaine en deux grandes voies le cardo et le decumanus, les quatre vertus cardinales sont le carrefour, le pivot de toutes les autres vertus. Données par Dieu au croyant afin de fortifier sa foi, de refuser les tentations et d'accomplir les actes justes, elles sont ^ La prudence vertu qui dirige toute action vers son but légitime, afin que, réalisée suivant le principe du bien, cette action soit agréable à Dieu; r La justice vertu par laquelle le croyant rend à chacun ce qui lui est dû ; ^ La force vertu par laquelle le croyant manifeste son courage au service de Dieu, afin de ne rien craindre, pas même la mort; * La tempérance vertu par laquelle le croyant réfrène ses désirs instinctifs et use des biens permis avec modération. 7 comme les Sept Merveilles du monde Est-ce l'influence bienfaisante des Muses? Sur les Sept Merveilles du monde, cinq appartiennent au monde culturel grec le temple d'Artémis à Éphèse, le mausolée d'Halicarnasse, le phare d'Alexandrie, le colosse de Rhodes, la statue de Zeus à Olympie. Seuls les jardins suspendus de Babylone et les pyramides d'Égypte ne doivent rien à la Grèce. La liste des Sept Merveilles du monde aurait été dressée, au III e siècle avant par Philon de Byzance. À jamais close, elle nous fait partager, ce qui, depuis la plus haute antiquité, est considéré comme une manifestation absolue du génie humain. En voici la liste ^ Les pyramides d'Égypte elles sont la plus ancienne des Merveilles et la seule à subsister. Tombeaux pharaoniques édifiés vers 2500 avant la plus grande, celle de Khéops à Gizeh, fait 1 46 mètres de haut, celle de Khéphren 1 30 mètres, celle de Mykérinos 1 1 4 mètres. Les jardins suspendus de Babylone jardins en terrasses situés près du palais de Nabuchodonosor et s'élevant de 23 à 91 mètres, ils auraient été édifiés par le roi pour plaire à sa femme, la reine Amytis, une princesse qui regrettait les montagnes verdoyantes de son pays d'origine, la Médie Iran actuel, vers 600 avant mais sont aussi associés à la reine Sémiramis. r La statue de Zeus à Olympie cette statue de 18 mètres de haut, oeuvre du sculpteur Phidias, édifiée vers 450 avant dominait le site des premiers jeux Olympiques. D'or et d'ivoire, elle représentait Zeus sur son trône, tenant d'une main un sceptre, de l'autre une Victoire déesse ailée. Elle fut détruite dans l'incendie du temple qui l'abritait, au V e siècle de notre ère. Le temple d'Artémis Diane à Éphèse ou Artémision aujourd'hui Selçuk, en Turquie, au sud d'Izmir temple en marbre de Paras, de plus de 1 22 mètres de long et orné de 1 00 colonnes de 1 8 mètres de haut. Sa construction, commencée vers 450 avant C, dura cent vingt ans. Il fut incendié en 356 avant reconstruit sur ordre d'Alexandre le Grand, puis mis à sac par les Goths en 262 avant Il est définitivement détruit à la fin du IV e siècle par les empereurs romains chrétiens. ^ Le mausolée d'Halicarnasse aujourd'hui Bodrum, au sud-ouest de la Turquie construit sur l'ordre de la reine Artémise en mémoire de son mari, le roi Mausole de Carie Asie Mineure qui mourut en 353 avant Il faisait 43 mètres de haut, était entouré de 36 colonnes et surmonté d'une pyramide et d'un quadrige de marbre. Il en reste quelques fragments dans des musées turcs et anglais et le nom mausolée », après sa destruction au XIV e siècle dans un tremblement de terre. ^ Le colosse de Rhodes gigantesque statue de bronze représentant Hélios ou Apollon, dieu du Soleil, ce géant de 36 mètres de haut se dressait à l'entrée du port de Rhodes, dans la mer Égée. D'une main, il brandissait, bras levé, une torche. Le sculpteur Charès l'aurait achevée en 280 avant après douze ans de travail. Elle fut détruite par un tremblement de terre en 224 avant Les débris demeurèrent sur place jusqu'au VII e siècle. Les Arabes pillèrent alors Rhodes et revendirent les morceaux de bronze brisés. Selon une légende, il aurait fallu 900 chameaux pour les livrer à l'acheteur. r Le phare d'Alexandrie ce phare-forteresse en marbre fut édifié vers 270 avant sur l'île de Pharos, d'où son nom, à l'entrée du port d'Alexandrie. Sa hauteur était d'environ 1 30 mètres répartis en trois étages, le premier carré, le second octogonal à 8 côtés, le troisième rond. Des miroirs renvoyaient, la nuit, l'éclat d'un feu énorme, pour guider les navires entrant au port. Il fut détruit par un tremblement de terre en 1 375. 9 comme les neuf Muses Poètes, guerriers, sculpteurs, tous sont inspirés par neuf déesses, filles de Zeus et de Mnémosyne la Mémoire, nées chacune après une nuit d'amour et chacune protégeant arts et sciences. Elles entourent Apollon de leurs chants et leurs danses, et ont chacune leur spécialité et leurs attributs Calliope, dont le nom signifie à la belle voix », est la Muse de la poésie épique. Ses attributs sont l'éloquence pour les récits de combats et d'exploits, le stylet pointe pour écrire, les tablettes planches de bois recouvertes de cire sur lesquelles on écrivait. ^ Clio, dont le nom signifie la célèbre », est la Muse de l'histoire. Ses attributs sont la couronne de laurier, la trompette pour annoncer la gloire et le rouleau de papyrus. ^ Érato, dont le nom signifie l'aimable », est la Muse de la poésie lyrique sentimentale, parfois galante. Ses attributs sont la lyre et le plectre petit instrument pour pincer les cordes. ^ Euterpe, dont le nom signifie la bien plaisante », est la Muse de la musique. Ses attributs sont la flûte et le hautbois. v Melpomène, dont le nom signifie la chanteuse », est la Muse de la tragédie. Son attribut est le masque tragique. ^ Polymnia, dont le nom signifie aux chants multiples », est la Muse du chant sacré, de la pantomime. Ses attributs sont les cothurnes chaussures à hautes semelles que portaient les acteurs. Terpsichore, dont le nom signifie dont la danse séduit », est la Muse de la danse. Son attribut est la lyre. ^ Thalie, dont le nom signifie la florissante », est la Muse de la comédie et de la poésie pastorale amours de bergers, odes à la nature. Ses attributs sont le masque comique et la houlette bâton de bergère. * Uranie, dont le nom signifie celle du ciel », est la Muse de l'astronomie. Ses attributs sont le globe terrestre et les instruments de mathématiques compas, etc.. 9 comme les Neuf Preux Les Neuf Preux sont choisis dans la Bible, comme Josué, Judas Maccabée et David ; dans l'Antiquité grecque et romaine comme Hector, Alexandre et Jules César ; enfin parmi les chrétiens exemplaires comme Arthur Pendragon, Charlemagne et Godefroy de Bouillon. Leur groupe naît de l'imagination de Jacques de Longuyon, dans ses Voeux du paon en 1312. Ils incarnent tous des aventures extraordinaires, l'idéal chevaleresque, le combat pour la justice et le droit. Pourquoi neuf? Car ils représentent, pour chaque époque, le chiffre trois, la parfaite trinité, dont neuf est le multiple. Passons en revue ces nobles personnages Les trois Preux de l'Ancien Testament sont r Josué fils de Noun, de la tribu d'Éphraïm, successeur de Moïse, il fait pénétrer les Hébreux en Terre promise et s'effondrer les murailles de Jéricho au son des trompettes; ^ Judas Maccabée v. 200-160 av. fils de Mattathias, chef des Juifs, il conduit leur révolte contre Antiochos IV Épiphane et ses successeurs; * David v. 1006-966 av. roi d'Israël, il abat le géant Goliath, champion des Philistins, et conquiert Jérusalem. Il est aussi connu pour sa passion pour Bethsabée, dont il expédie le mari, Urie, se faire tuer au front. Les trois Preux de l'Antiquité sont ^ Hector fils du roi Priam de Troie et de la reine Hécube, vaillant défenseur de la vie, il tue Patrocle, ami d'Achille, lequel le tue à son tour; Alexandre le Grand 356-323 roi de Macédoine, il conquiert la Grèce puis l'Asie Mineure et pousse jusqu'en Inde du Nord. À la tête d'un immense empire, il s'éteint prématurément à Babylone ; Jules César 101-44 av. général et homme d'État romain, il conquiert au nom de Rome le monde connu autour de la Méditerranée. Il meurt assassiné, sur le point d'établir l'empire à son profit. Et les trois Preux de l'époque médiévale sont * Arthur Pendragon V e siècle roi des Bretons du Sud de l'Écosse, qu'il aurait fédérés pour lutter contre les Angles, il est surtout un personnage légendaire du Cycle du roi Arthur, entouré des chevaliers de la Table ronde; ^ Charlemagne 742-814 Carolus Magnus, ou Charles le Grand, contracté en Charlemagne, est le roi des Francs, des Lombards et l'empereur d'Occident. Très populaire grâce à la Chanson de Charlemagne et celle de Roland ; ^Godefroy de Bouillon 1061-1100 duc de Basse-Lorraine, il conduit la première croisade et prend Jérusalem en 1099. Élu roi, il préfère le titre d'avoué du Saint-Sépulcre ». Dans les chansons de geste, c'est un héros noble au coeur pur. 9 comme les Neuf Preuses C'est à la fin du XIV e siècle, sous la plume du procureur au parlement de Paris, Jean Le Fèvre, qu'apparaissent les Neuf Preuses, dans son ouvrage Le Livre de Lëesce, véritable défense et illustration des femmes, modèles de vertu, de vaillance et de courage. Toutes sont issues de la mythologie de l'Antiquité païenne. Elles sont reines - Sémiramis, Thamaris, Teuca, Déiphyle - ou Amazones - Sinope, Hippolyte, Ménalippe, Lampeto et Penthésilée. Selon les pays car l'histoire des Neuf Preuses connaît un grand succès, la liste se modifie, contrairement à celle des Neuf Preux, qui est fixe. Il est ainsi possible de trouver aussi trois femmes de l'Ancien Testament - Esther , Judith, Jaël - ou trois femmes du monde chrétien - Hélène, Brigitte, Élisabeth, toutes trois saintes de l'Église catholique. Les quatre reines preuses sont * Sémiramis reine légendaire de Babylone, redoutable guerrière, on lui devrait aussi les somptueux jardins suspendus de Babylone ; ^ Thamaris reine d'un groupe de nomades des bords de la mer Caspienne, elle tue Cyrus, roi des Mèdes, qui avait fait périr son fils; Teuca reine des lllyriens, elle occupe le trône aux environs de 231 à 227 avant tente en vain de préserver l'indépendance de son royaume, mais doit se soumettre à Rome ; \* Déiphyle un oracle ayant prédit à son père Adraste, roi d'Argos, de marier sa fille à un lion, Tydée, fils d'Énée, se revêt d'une dépouille du fauve et obtient sa main. Les cinq amazones Preuses sont Sinope, Hippolyte, Ménalippe, Lampeto et Penthésilée. Elles appartiennent au peuple des Amazones, dont le nom signifie qui n'ont pas de sein », localisé sur les bords de la mer Noire. Femmes guerrières, elles se coupent le sein droit pour tirer à l'arc, mettent à mort leurs amants de passage, tuent et réduisent à l'esclavage leurs enfants de sexe masculin. Armées d'un bouclier, d'une lance, d'un arc, d'une hache, elles viennent au secours des Troyens assiégés. Leur courage au combat leur vaut souvent une mort tragique. Elles connaissent aussi des déboires avec les héros Hercule vole par exemple la ceinture d'or d'Hippolyte, présent du dieu Arès. Elles sont au nombre des Preuses, car leur légende, enjolivée à l'époque médiévale, en fait des modèles de courage, n'ayant rien à envier aux hommes. 10 comme les dix commandements C'est après la fuite hors d'Égypte, sur le mont Sinaï, que Moïse reçoit de Dieu l'un des textes fondateur des civilisations, les dix commandements ou plutôt les dix paroles. Dans la Torah, deux versions, très proches, en sont fournies, l'une dans l'Exode, chapitre XX, versets 1 à 1 7, l'autre dans le Deutéronome, chapitre V, versets 6 à 21 . Nous suivons ici la version du Livre de l'Exode ^ Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. * Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les deux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent, et qui fait miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements. ^ Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du ^ repos de l'Éternel, ton Dieu tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. ^ Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne. >^Tu ne tueras point. ^ Tu ne commettras point d'adultère. ^ Tu ne déroberas point. v Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. ^ Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. » 12 comme les douze apôtres Apôtres est le nom donné aux douze disciples choisis par le Christ et qui vont prêcher \' Évangile, la bonne nouvelle » en grec, c'est-à- dire la venue du Messie sur terre, au milieu des hommes. Ils sont les envoyés », du grec apostolos qui a donné apôtre ». Bien que traditionnellement fixé à douze, leur nombre varie, l'Évangile selon saint Jean n'en compte que sept, le septième et dernier nommé seulement par la périphrase le disciple que Jésus aimait ». Dans les Actes des apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament, Judas Iscariote, qui a trahi le Christ, est remplacé par Matthias comme douzième apôtre. Nous suivons ici l'ordre fourni par l'Évangile selon saint Luc * Simon nommé Pierre, originaire de Galilée, y est pêcheur sur le lac de Tibériade, avec son frère André. L'un des premiers disciples de Jésus, il quitte tout pour le suivre. Il reconnaît la divinité du Christ, même s'il le renie par trois fois au moment de la Passion. Il est fameux pour l'adresse de Jésus Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » Matthieu, XVI, 1 8. Il meurt crucifié la tête en bas, à sa demande, par humilité par rapport au Christ. Il est considéré comme un saint et le tout premier pape. ^ André frère de Simon-Pierre, comme lui pêcheur sur le lac de Tibériade, il suit d'abord Jean le Baptiste, puis s'attache aux pas du Christ, dont il est le premier disciple. Après la Pentecôte, qui commémore, cinquante jours après Pâques, la descente de l'Esprit- Saint sur les apôtres, il part évangéliser, notamment en Méditerranée orientale. Il meurt crucifié à Patras, au nord du Péloponnèse, en l'an 60. Sa croix, en forme de X, porte depuis le nom de croix de Saint-André. r Jacques le Majeur ainsi nommé car il fut parmi les premiers apôtres du Christ, frère de l'apôtre Jean, il assiste avec lui à la Transfiguration, épisode au cours duquel Jésus se montre aux apôtres présents sous sa forme divine. Il est également présent lors de la crucifixion. Il est mis à mort sur l'ordre du roi Hérode I er , qui le fait décapiter. Selon la tradition chrétienne, ses restes auraient été transportés à Compostelle, en Espagne, devenu depuis l'un des plus grands lieux de pèlerinage. ^ Jean frère de Jacques le Majeur, souvent appelé Jean l'Apôtre pour le différencier de saint Jean le Baptiste, il est l'auteur du quatrième Évangile. Resté vierge, il est considéré comme l'apôtre préféré du Christ. Après la crucifixion, il prêche en Palestine, puis à Éphèse. Il est exilé sur l'île de Patmos, où il écrit l'Apocalypse. De retour d'exil, il meurt à Éphèse en l'an 1 01 , âgé de quatre-vingt- dix-huit ans. Son symbole évangélique est l'aigle, car Jean ouvre son évangile par un prologue sur le verbe divin, la voix venue du ciel. ^ Philippe comme Simon-Pierre et André, il vit sur les bords du lac de Tibériade. Il est appelé comme apôtre par Jésus. Après la Pentecôte, il part évangéliser l'Asie Mineure. Il meurt, selon certains écrivains comme Eusèbe de Césarée v. 260-339 dans son Histoire ecclésiastique et sa Chronique, très âgé. Pour d'autres sources, il subit le martyre par lapidation puis crucifixion. r Barthélémy il part évangéliser l'Arabie, puis la Perse. Il meurt écorché vif, ce qui lui vaut de devenir le saint patron des bouchers. ^ Matthieu surnommé l'évangéliste car il est l'auteur de l'un des quatre Évangiles, il est symbolisé par un homme, parfois ailé, afin de rappeler que son Évangile s'ouvre avec la généalogie de Jésus. ^ Thomas surnommé Didyme, ce qui signifie le jumeau » en grec, il est connu pour incarner le doute. Ainsi, à propos du Christ ressuscité, il doute de la résurrection tant qu'il n'a pas vu, de ses propres yeux, les marques de la crucifixion. Non seulement vu, mais aussi touché les plaies. Il aurait évangélisé l'Inde, où il meurt d'un coup de lance. r Jacques dit le Mineur, pour ne pas être confondu avec Jacques le Majeur, il est dit aussi frère de Jésus », ce qui signifie son proche parent, non son frère de sang. Premier patriarche de Jérusalem, il meurt en 62 ou en 66, lapidé sur ordre du tribunal juif, le Sanhédrin. Il est l'auteur de l'un des livres du Nouveau Testament, l'Épître de Jacques. ^ Simon dit le Zélote pour ne pas être confondu avec Simon-Pierre, il est un apôtre qui vit au I er siècle de notre ère. Il appartient peut-être à la communauté des Zélotes, ces Juifs pieux qui refusent l'occupation romaine de la Palestine, ce qui expliquerait son surnom. Mais ce dernier peut tout autant attirer l'attention sur la qualité de sa pratique religieuse, sans signifier son appartenance à un groupe. Il aurait été également patriarche de Jérusalem et aurait souffert le martyre par crucifixion. ^ Jude frère de Jacques le Mineur, il est surnommé Thaddée, ce qui signifie loué », en raison de ses qualités humaines exceptionnelles. Après la Pentecôte, il évangélisé la Syrie, la Mésopotamie, la Perse et l'Arménie. C'est dans ce dernier pays qu'il est mis à mort en raison de sa foi. Il laisse une Épître adressée aux Églises d'Orient qui est incluse dans le Nouveau Testament. v Judas Iscariote Judas signifie en hébreu le béni » et Iscariote indique son lieu de naissance, Keriot, une ville du royaume de Juda. Il est connu pour avoir vendu Jésus pour la somme de 30 deniers et s'être pendu, bourrelé de remords, après la crucifixion. Selon une autre traduction, Iscariote signifierait le traître » en hébreu, et non l'indication de sa ville natale. 12 comme les douze travaux d'Hercule Hercule Héraclès en grec est le fils d'une femme mortelle, Alcmène, et du roi des dieux, Zeus. Pour abuser Alcmène, Zeus lui apparut sous les traits de son époux, Amphitryon. Parvenu à l'âge d'homme, Hercule, lors d'une crise de folie, tue sa femme et ses enfants. Pour expier ces crimes, il doit se mettre au service du roi de Tirynthe, Eurysthée, lequel lui impose douze travaux, un par année à son service. Voici les douze exploits herculéens ^ Le lion de Némée ce lion vivait dans une forêt d'Argolide. Sa peau était si dure que nulle arme ne pouvait le blesser. Hercule l'assomme à demi avec sa massue, qui se brise, puis l'étouffé entre ses bras puissants. De sa peau, il se fait une cuirasse. ^ L'hydre de Lerne l'hydre de Lerne est un dragon femelle, au corps surmonté de neuf longs cous et de neuf têtes. Son souffle redoutable est empoisonné. Hercule coupe chaque tête, mais deux nouvelles repoussent à la place. Il a alors l'idée de cautériser par le feu après chaque décapitation. Une seule tête est immortelle. Hercule la tranche et l'enterre sous un rocher. Puis il trempe les pointes de ses flèches dans le sang de l'hydre, pour les empoisonner. ^ Le sanglier d'Érymanthe animal monstrueux, de taille gigantesque, ce sanglier terrorise les paysans d'Arcadie. Hercule le traque jusqu'à son repaire, se jette sur lui et parvient à l'enchaîner, afin de le ramener vivant au roi Eurysthée, qui, dit-on, s'enfuit de peur à sa seule vue. ^ La biche aux pieds d'airain biche sacrée de la déesse de la Chasse, Artémis, elle a des cornes d'or et des sabots d'airain. Sa course est si rapide que nul ne peut espérer la rattraper. Or Hercule doit la battre à la course pour la capturer. La course dure une année entière. Au moment où la biche s'arrête un instant, hésitant à franchir un fleuve en crue, Hercule la capture. Il la ramène à Eurysthée, puis lui rend la liberté, afin de complaire à la déesse. r Les écuries d'Augias Augias, roi d'Élis, possède une écurie de 3 000 boeufs, qui n'a pas été nettoyée depuis trente ans. Hercule a une journée pour le faire. Il détourne les eaux du fleuve Alphée, qui charrie, par sa puissance, tous les déchets. ^ Les oiseaux du lac Stymphale ce sont en réalité des monstres. Leurs plumes sont faites d'acier, leurs serres et leur bec d'airain. Ils attaquent les hommes, car ils se nourrissent de chair humaine. Hercule commence par les effrayer, à grands coups de cymbale, pour les forcer à sortir du marais où ils sont cachés. Puis, avec son arc et ses flèches, il les abat un à un. ^ Le taureau de Crète un terrible taureau crache des flammes par les naseaux et ravage la Crète. Hercule l'empoigne par les cornes, l'oblige à courber la tête. Il est ainsi à l'abri des flammes et peut le ligoter dans un filet. ^ Les juments cannibales de Diomède Diomède, cruel souverain de Thrace, chérit quatre juments capables de cracher le feu. Il les nourrit de chair humaine. Hercule s'empare de Diomède et le livre à ses juments, qui le dévorent. Le ventre plein, elles somnolent, et Hercule peut ainsi les capturer plus aisément. ^ La ceinture d'Hippolyte Hippolyte, reine des Amazones, possède une ceinture magnifique. Hercule la séduit et reçoit la ceinture en gage d'amour. Mais les Amazones sont furieuses et livrent bataille à Hercule et ses hommes. Hercule tue Hippolyte et revient avec la ceinture. ^ Les boeufs de Géryon Géryon, géant à trois corps, règne en Espagne. Son troupeau de boeufs roux fait l'admiration de tous, mais il est gardé par un bouvier et un chien à trois têtes. Hercule assomme chien et bouvier, transperce d'une seule flèche les trois corps de Géryon et ramène le troupeau. ^ Les pommes d'or du jardin des Hespérides pour s'emparer des précieuses pommes, Hercule conclut un accord avec le géant Atlas, qui supporte la voûte du ciel. Hercule doit tuer Ladon, dragon à cent têtes, puis prendre sur ses épaules la voûte, pendant qu'Atlas ira chercher les pommes d'or. Hercule tue le dragon, les cent têtes, avec une seule flèche. Atlas revient avec les pommes, mais ne veut plus reprendre son fardeau. Le rusé Hercule lui propose alors de le reprendre juste un instant, le temps de chercher un coussin pour être plus confortable. Peu méfiant, Atlas accepte et reprend le poids de la voûte du ciel. Hercule peut alors repartir, avec les pommes. Cerbère, chien des Enfers Hercule doit ramener Cerbère, chien monstrueux à trois têtes, gardien des Enfers, sans user d'aucune arme. Il saisit le chien au cou, là où se rejoignent les trois têtes, et serre. Bien que mordu copieusement, Hercule ne lâche pas prise. Cerbère manque d'air et se laisse ramener. Mais le roi Eurysthée a une telle frousse en le voyant qu'il demande à Hercule de le reconduire aux Enfers, ce qui est fait. 15 comme les Quinze-Vingts Les Quinze-Vingts sont une fondation, faite par le roi de France Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis, en 1254. Destiné aux aveugles, cet hôpital doit son nom au nombre de malades qu'il peut accueillir, quinze fois vingt, c'est-à-dire 300 personnes. Il s'agit d'un système de numérotation utilisé au Moyen Âge, mais moins courant par la suite, et appelé vigésimal, car il repose sur l'utilisation de la base 20 pour les calculs. Existant toujours de nos jours, situé dans le 12 e arrondissement de Paris, l'hôpital des Quinze-Vingts est toujours un établissement consacré aux affections oculaires. Dans la langue vernaculaire, jusqu'au XIX e siècle, un quinze-vingt » signifiait un aveugle. Chapitre 25 Dix inventions majeures Dans ce chapitre *> Techniques et technologies libératrices Du feu, de la vapeur et beaucoup de matière grise Les grandes découvertes résultent souvent du fruit du hasard, le feu par exemple, ou reprennent à leur compte d'anciens procédés qui sont développés, comme l'imprimerie. Elles surviennent dans un climat économique et social propice. Toutes, aussi insignifiantes puissent-elles sembler, contribuent à enrichir l'humanité et à influencer notre vie quotidienne. La maîtrise du feu La maîtrise du feu est sans doute l'une des plus grandes innovations technologiques de l'histoire humaine. Elle modifie le rythme du temps, en permettant de prolonger la journée, offre davantage de sécurité dans un environnement hostile et rend aisée la cuisson des aliments. Ses conséquences sur la vie sociale, le fait de rassembler un clan autour de lui, ne sont pas des moindres. Comment savons- nous que le feu était volontairement utilisé? Par la présence de foyers, les plus anciens en Europe ont été retrouvés à Terra Amata, près de Nice et datés de - 450 000 ans. Mais ils restent exceptionnels car le feu n'est attesté de façon plus courante que vers - 40 000 ans. Une autre preuve d'utilisation du feu réside dans la découverte de silex chauffé, opération qui permet d'en faciliter la taille. Deux techniques permettent de faire naître le feu. À l'origine, les hommes le recueillent probablement quand la foudre frappe, enflamme arbres, buissons ou herbes sèches, mais ils ne savent guère l'entretenir et le conserver, encore moins le reproduire. Puis, il y a environ - 40 000 ans, ils parviennent à s'en rendre maîtres en recourant aux premiers briquets, agissant de deux manières, par percussion ou par friction. Pour la percussion, deux pierres sont frappées l'une contre l'autre afin de produire des étincelles, embrasant herbe ou feuille sèche. L'une est un silex, la seconde soit une pyrite ou pierre de feu », un sulfure naturel de fer ou de cuivre, soit une marcassite, autre sulfure naturel de fer. Dans le cas de la technique par friction, plusieurs possibilités deux morceaux de bois frottés l'un contre l'autre, un morceau de bois frotté entre les mains sur une planchette, un archet dont la corde est enroulée à un bâton. Il convient de choisir de préférence des bois tendres, afin de produire de la sciure qui s'enflamme sous l'effet de la chaleur produite par le mouvement de friction. Le feu, outre la chaleur apportée, la cuisson des aliments, permet de chauffer les silex, ainsi plus faciles à tailler pour en faire des pointes de lances, de flèches, ou des armes de poing. Durcis au feu de bois, les épieux sont plus résistants, pénètrent mieux les organes vitaux des animaux chassés. La roue La roue a tout simplement révolutionné les moyens de transport, de locomotion, le système de communication. Les plus anciens témoignages la concernant sont mis au jour en Mésopotamie et datent sans doute des alentours de 3 500 avant Les premiers exemplaires sont faits d'un seul bloc pour évoluer vers 3 000 avant vers des roues pleines, mais constituées de trois pièces assemblées entre elles. Le deuxième millénaire connaît l'innovation de la roue à rayons. La roue semble apparaître simultanément vers le I er siècle avant en différents lieux, principalement en Chine, notamment en ce qui concerne la roue à eau, un autre développement répondant à des besoins économiques spécifiques. Il faut cependant attendre le Moyen Âge pour assister à l'évolution du moulin à eau, même si les Romains en utilisent déjà un, son mécanisme est bien différent. Mais, pour inventer la roue, il convient au préalable de maîtriser certaines techniques. Ainsi, les premiers modèles devaient s'user très vite, le bois s'abîmer rapidement. Ce problème est résolu avec la maîtrise de la métallurgie, quand le fer cerclant la roue la rend résistante aux chocs et cahots des routes, quand le cuivre, plus malléable, offre à l'essieu de la roue un palier qui évite qu'elle ne prenne feu par échauffement. Car il ne suffit pas de concepteurs, maniant avec habileté le compas, dominant les problèmes de géométrie. La roue nécessite la plus humble collaboration des artisans à l'oeil sûr, capables de transformer une invention en innovation applicable. Outre les chars, les moyens de transport, la roue révèle son utilité primordiale comme roue à eau, tour de potier, puis pour les engrenages et transmissions de divers mécanismes, de la machine d'Anticythère, présentée ci-après, aux montres modernes. La machine à calculer L'Antiquité connaît le boulier, la table à calculer, l'abaque, mais leur usage limite les opérations. La Pascaline 1642, la machine à calculer de Biaise Pascal 1623-1662, est la première machine à calculer mécanique construite à plusieurs exemplaires. Afin de faciliter le travail de calcul de son père, receveur des impôts, Biaise Pascal met cette machine au point. À la technique des engrenages déjà connue, il ajoute un cliquet qui permet ainsi de reporter automatiquement les retenues des opérations. Son utilisation est néanmoins extrêmement limitée. Des additions, des soustractions sont réalisées, les sommes se voient par des fentes au-dessus des six roues. Mais pour les multiplications par additions successives ou les divisions par soustractions successives, il faut attendre Leibniz. Aujourd'hui, de cette machine fort pratique à l'époque, ne subsistent que neuf exemplaires. C'est malheureusement son coût élevé, 400 livres, la raison de son échec. Gottfried Wilhelm von Leibniz 1646-1716 en 1673 en met une autre au point, plus souple d'utilisation, fondée sur le mouvement de petits cylindres dentés. Toutefois, ces inventions dépassent à peine le cadre du monde des mathématiciens et chercheurs, faute d'utilité pratique. L'État pourrait en tirer grand profit pour une comptabilité plus exacte, mais préfère recourir aux capacités de ses employés, tout comme le commerce ou la banque. Il faut attendre la première industrialisation, à partir de la fin du XVIII e siècle, son expansion au siècle suivant, pour que les machines à calculer présentent un intérêt commercial. Le Britannique Charles Babbage 1791-1871 va plus loin encore, conçoit les plans de plusieurs machines souvent présentées comme les lointaines ancêtres des ordinateurs. Toutefois, elles n'intègrent pas de programme et s'avèrent un peu difficiles à transporter. L'une d'entre elles, réalisée d'après les plans originaux, est large de 3 mètres, haute de 2 mètres, pour environ 5 tonnes... Et dire que la machine d'Anticythère, du nom de l'île grecque au large de laquelle elle est découverte en 1900, est une calculatrice mécanique datée du I er siècle avant notre ère, que son mécanisme à engrenage permet déjà de calculer la position de certains astres, tels le Soleil et la Lune, d'en prédire les éclipses. Reconstituée et visible au Musée national archéologique d'Athènes, son mécanisme prend la place d'une grosse horloge d'officier, 16 cm de large, 21 cm de haut, 5 cm de profondeur, la première calculatrice à emporter, en somme. La machine à vapeur La machine à vapeur a une petite histoire bien avant qu'en 1775 James Watt 1736-1819, mécanicien écossais, associé à l'entrepreneur Matthew Boulton 1728-1809, ne la fabrique. Déjà l'Alexandrin Héron I er s. apr. conçoit une petite machine où la vapeur fait tourner une sphère, Véolipyle. Puis, en 1601, Giambattista délia Porta v. 1535-1615 décrit un appareil pour élever l'eau en remplissant un tube vertical de vapeur condensée et en forçant ensuite l'eau par la pression à sortir par l'extrémité supérieure. Vers 1690, Denis Papin 1647-1712 invente une machine ayant un piston qui sépare la vapeur de l'eau dans le cylindre. Il s'agit d'un piston de quelques centimètres de diamètre. L'eau chauffée produit de la vapeur, capable de soulever environ 60 kilos. Mais Denis Papin est un inventeur à multiples facettes. Connu surtout pour cette première machine à vapeur à piston, il est en outre le créateur du digesteur, un ancêtre de la Cocotte-Minute, destiné comme son nom l'indique à amollir viandes, nerfs, os afin de les rendre digestes. Il réalise les plans et les essais d'un sous-marin baptisé VUrinator, tonneau ovale dans lequel l'air frais est fourni par une pompe à air. En dépit, ou à cause, de son inventivité qui tourne parfois à la catastrophe, il meurt à Londres dans la misère et l'anonymat. Thomas Newcomen 1664-1729 et John Calley prennent un brevet en 1705 pour la première machine à vapeur digne de ce nom. Elle consiste en un cylindre contenant un piston refoulé de haut en bas par la pression atmosphérique, lorsque la condensation élève la vapeur en dessus. Elle est destinée à Yexhaure, chasser l'eau qui envahit les galeries des mines, sur le modèle de celle de Thomas Savery 1650-1715 en 1698, baptisée l' Amie du mineur ». James Watt lui fait faire un progrès considérable et décisif. Il amène un jet d'eau froide sur la surface de condensation et remplace, au-dessus du piston, la pression atmosphérique par de la vapeur. L'ère de la vapeur ouvre la voie à la première industrialisation. Le vaccin contre la variole La variole sème la terreur partout dans le monde. Elle est redoutée car mortelle dans un cas sur trois. Pour les survivants, désormais immunisés, la vie devient un enfer les pustules qui recouvrent le corps se multiplient sur le visage, laissent place à des trous, béances où l'os est parfois à nu, faute de cicatrisation véritable. Létale pendant sa période d'incubation, d'environ deux semaines, l'horrible épidémie laisse des survivants défigurés. En 1798, le médecin anglais Edward Jenner 1749-1823 publie les résultats de son expérience du 1 4 mai 1 796 au cours de laquelle il pratique la première vaccination officielle sur un jeune garçon de huit ans. Edward Jenner avait remarqué que les vachers qui contractaient souvent le cowpox, maladie courante de la vache, résistaient aux épidémies de variole. Après de nombreuses expériences, il prouve que le pus de la vaccine, de vaca, la vache, introduit par scarifications dans l'organisme humain, le protège effectivement, car la vaccine est une forme atténuée de la variole. La fin du XVIII e siècle voit ainsi se dessiner l'espoir d'une prévention contre la variole. La variole était connue en Chine au premier siècle avant notre ère et est introduite en Europe à la suite de l'épidémie de La Mecque en 572. La découverte de Jenner s'accompagne partout de la création de comités de vaccine. Mais l'affaire est loin d'être gagnée. En Russie, c'est l'impératrice Catherine II 1729-1796 qui doit donner l'exemple. Elle se fait vacciner en octobre 1764 contre la variole. Aussitôt, la cour prend le deuil, les cloches des églises sont déposées. Heureusement, la vaccination est un succès. En revanche, le roi de France Louis XV 1710-1774 est victime de la maladie une atteinte précédente d'un mal présentant des symptômes identiques fait croire à ses médecins que le souverain a déjà réchappé de la maladie. Il meurt bel et bien de la variole, le 1 0 mai 1 774 à Versailles. Grâce à ce premier pas fondamental, Louis Pasteur 1822-1895 l'étendra à l'ensemble des immunisations artificielles contre les agents infectieux. Le paratonnerre La foudre, phénomène électrique naturel, est un arc reliant deux points dont le potentiel électrique diffère. Les hommes remarquent vite sa propension à frapper le quidam isolé, en promenade dans la campagne, un jour d'orage. Malchance ou malédiction, il faut attendre le XVIII e siècle pour qu'un moyen simple et efficace de s'en prémunir, tout au moins pour les bâtiments, voie le jour le paratonnerre. Son concepteur, Benjamin Franklin 1706-1790, s'illustre dans différents domaines homme politique, diplomate, fondateur des premières bibliothèques publiques, imprimeur, journaliste, scientifique. Dans ce dernier domaine, son nom est attaché à l'invention du paratonnerre. En 1747, il est le premier à définir l'existence des charges positives et charges négatives, un fondement de la physique. Il comprend aussi que l'électricité se propage comme un fluide, et bâtit la notion de courant électrique ». Afin de convaincre ses confrères scientifiques de la Royal Society, Benjamin Franklin réalise la célèbre et très risquée expérience dite depuis du •< cerf-volant de Franklin », fortement déconseillée à reproduire car le risque est mortel. Au cours d'un violent orage, Franklin fait évoluer un cerf-volant auquel est attachée une clef métallique. La foudre le frappe. Benjamin Franklin n'était certainement pas au bout de la ficelle du cerf-volant, contrairement à l'imagerie populaire, car il aurait été foudroyé. Partant du constat que celle-ci pouvait être attirée par d'autres matières, dont l'eau et les métaux, il place en 1 752 une pointe de fer sur un édifice élevé, reliée à un fil descendant jusqu'au sol. Il s'agit de sa propre maison, de l'Académie de Philadelphie et de la Pennsylvania State House ou Indépendance Hall. Le paratonnerre est né. La radioactivité La radioactivité est un phénomène naturel, répandu partout sur terre. Notre corps lui-même dégage une faible radioactivité. Le phénomène correspond à un noyau atomique, formé de protons et de neutrons, qui se transmute en un autre noyau en émettant au passage des particules. Nous sommes tous quotidiennement soumis à la radioactivité, qu'elle provienne du cosmos, de l'écorce terrestre, de l'air inhalé ou des aliments et boissons ingérés. Pour avoir une idée plus précise, songeons que la radiographie des mâchoires, inférieure et supérieure, connue sous le nom de panoramique dentaire, équivaut environ à une journée d'irradiation naturelle. Présente partout, la radioactivité demandait à être isolée, décrite, expliquée scientifiquement et enfin exploitée. La découverte de la radioactivité est associée au nom des Curie, Pierre Curie 1859-1906 et sa femme Marie Curie, née Sklodowska 1867-1934 qui obtint en 1911 le prix Nobel de chimie. C'est elle qui, en découvrant le radium, donne naissance au terme de radioactivité, propriété que possèdent certains éléments de se modifier en émettant de l'énergie, phénomène déjà découvert avec I 'uranium par Henri Becquerel 1852-1908. Deux ans plus tard, les Curie annoncent la découverte d'un nouvel élément, le polonium, puis en décembre 1898 l'existence du radium. Leur découverte apporte d'immenses moyens d'étude sur la constitution de l'atome et du noyau atomique, et est appliquée en thérapeutique, en biologie, en chimie, avec des conséquences dont les bornes ne sont actuellement toujours pas atteintes. Plusieurs unités sont utilisées afin de mesurer la radioactivité le becquerel Bq pour les activités très faibles de désintégration; le gray Gy mesure l'énergie d'un rayonnement ionisant absorbée par la matière; le joule J rend compte du travail produit par une force en déplacement; le curie qui vaut 37 milliards de becquerels. L'automobile L'automobile, au sens premier qui se meut par soi-même », c'est le rêve de ne plus dépendre de la force animale ou humaine pour faire se mouvoir un véhicule. Le problème hante les grands esprits de la Renaissance, mais il faut attendre le fardier de Joseph Cugnot 1725-1804 pour le premier essai en 1771. Peu concluant, d'ailleurs, car le vaste engin, long de 7 mètres, requiert une énorme chaudière à vapeur et s'avère impossible à manoeuvrer. Un siècle passe et c'est au tourd'Amédée Bollée père 1844-1917 et fils 1867-1929 de reprendre le flambeau. L'Obéissante, la première voiture à vapeur transporte jusqu'à douze personnes, effectue Paris-Le Mans en 1875, au prix de 76 contraventions et en... dix-huit heures. Si l'Obéissante ressemble plutôt à un petit omnibus, la Mancelle qui lui succède en 1878 en qualité de voiture véritable, dotée de quatre roues indépendantes, dépasse les 40 kilomètres à l'heure de la première. Vient ensuite l'appétit d'autonomie et de folle vitesse moteur à gaz à explosion d'Alphonse Beau de Rochas 1815-1893 en 1862, moteur à essence de Gottlieb Daimler 1834-1900 en 1887, moteur diesel de l'ingénieur allemand Rudolf Diesel 1858-1913 en 1897. L'automobile, la voiture » comme tout le monde commence déjà à la nommer, est née. Le reste n'est plus qu'une question de vitesse et d'adaptation à son temps. Le séquençage du génome humain Le génome est notre carte d'identité complète, mais une carte d'identité un peu particulière, qui correspondrait à une encyclopédie en vingt volumes au moins. Il contient l'ensemble des informations héréditaires d'un individu. Son support matériel est Y ADN ou Acide désoxyribonucléique. Le génome est composé de molécules d'ADN géantes combinées à des protéines. L'ensemble forme un chromosome. Tous les êtres humains ont le même génome, la même bibliothèque d'informations, avec une variante infime de 0,1 % d'un individu à un autre. Les instructions codées dans le génome sont les gènes, le long des molécules d'ADN. Celles-ci sont faites d'une succession d'éléments appelés nucléotides qui comprennent une partie variable, sous quatre formes symbolisées par les lettres A, T, G, C. Chaque séquence d'ADN présente une succession de ces quatre lettres selon des formes différentes TGGTCCA... ou CTGCCTA, etc. Si les séquences sont les mêmes, l'information est identique, sinon chaque séquence véhicule une information différente. Le séquençage du génome humain, c'est-à-dire des 3 milliards de données qu'il renferme pour former notre carte d'identité complète, est entrepris au milieu des années quatre-vingt et achevé vingt ans plus tard. L'utilité de l'opération est de permettre dans le futur de considérables avancées de la recherche biologique et médicale. Chapitre 26 Dix opéras de rêve Dans ce chapitre Des airs que tous fredonnent L'art de la glotte en folie L'opéra plonge ses racines dans le Moyen Âge italien, les intermèdes chantés qui scandent les représentations sacrées ou profanes. Il évolue, après son acte de naissance officiel, Y Orfeo de Monteverdi en 1607, au gré des sensibilités nationales. Alternant les récitatifs et les scènes chantées, l'opéra-comique ou bannissant le récitatif, l'opéra-bouffe, il se fait français avec Rameau, allemand par Mozart et Beethoven, russe grâce à Moussorgski. Il entre de plain-pied dans la modernité sous sa forme expressionniste avec Alban Berg et son Wozzeck 1 925. Orfeo » Compositeur italien, Claudio Monteverdi 1567-1643 est né à Crémone, cité vouée déjà à l'art musical par la renommée de ses facteurs de musique, notamment les luthiers. Il s'y forme, apprend à maîtriser l'orgue, la viole, le chant, la composition. Précoce, il donne dès 1 587 un premier Livre de Madrigaux, attire l'attention de la famille princière des Gonzague, qui règne sur Mantoue. Il entre à leur service, s'y voit décerner le titre de Maître de chapelle, donne pour les plaisirs de leur cour naissance à un genre musical nouveau, le dramma per musica avec Y Orfeo en 1607, considéré comme le tout premier opéra. Suivent Arianna 1608 dont seul un air subsiste, // Ballo délie Ingrate 1 608. Mais la faveur des princes est inconstante, Monteverdi se brouille en 1613 avec les Gonzague. Venise l'accueille et c'est une chance, la cité des doges est en ce début du XVII e siècle le centre européen de la musique. Maître de chapelle de la prestigieuse Saint-Marc, Monteverdi, pendant trente ans, déploie une inlassable activité créatrice recueils de madrigaux, opéras dont Le Retour d'Ulysse dans sa patrie 1 641 , Le Couronnement de Poppée 1 642, pièces sacrées réunies dans la Selva morale e Spirituale 1 641 . Sa vie privée est marquée par une succession de deuils, perte de son épouse, disparition de son fils. Monteverdi est alors ordonné prêtre, sans pour cela interrompre sa carrière de compositeur, reconnu dans l'Europe entière. Il meurt à Venise en 1 643. L' Orfeo 1607 de Claudio Monteverdi reprend pour trame un mythe classique. Orphée, poète chéri des dieux, charme l'univers entier des accents mélodieux de sa lyre. Les bêtes elles-mêmes en sont captivées. Il épouse une nymphe, Eurydice. Cette dernière meurt à la suite d'une morsure de serpent. Éperdu de douleur, Orphée descend aux Enfers où son art fléchit la maîtresse des lieux, la déesse Perséphone, qui obtient de son redoutable époux, Hadès, l'autorisation pour Eurydice de regagner le monde des vivants. Toutefois Hadès pose une condition Orphée doit ouvrir le chemin, suivi d'Eurydice, mais sans jamais se retourner. À un moment, perturbé par le silence, Orphée enfreint l'interdit et se retourne, juste à temps pour voir Eurydice de nouveau happée par le monde infernal. Ses lamentations n'y feront rien, son épouse est perdue à jamais. Son bruyant désespoir exaspère les Ménades, les suivantes de Dionysos, qui le déchiquetèrent. Monteverdi et son librettiste, le poète Alessandro Striggio 1573-1630, préfèrent une fin plus heureuse Orphée, enlevé par Apollon, le dieu musicien, gagne l'Olympe. L'opéra, en cinq actes, reprend les principaux épisodes du mythe, prétextes à une succession de récitatifs et d'arias ou airs chantés. La première de l'oeuvre est donnée en février 1 607 à la cour des Gonzague, à Mantoue et remporte un vif succès. Le thème sera de nouveau exploité par d'autres compositeurs d'opéra avec Orphée et Eurydice 1762 deChristoph Willibald Gluck 1714-1787 et Orphée aux Enfers 1 858, un opera-buffa, ou opéra-bouffe, de Jacques Offenbach 1819-1880. Deux airs, dont l'un commence par un récitatif illustrent l'art de Claudio Monteverdi afin de rendre sensible le désespoir d'Orphée * Le récitatif d'Orphée avant de descendre aux Enfers Tu sé morta, mia vita, ed io respiro ?, Tu es morte, ma vie, et je respire encore ? » acte II ; r Et l'air d'Orphée suppliant Charon, gardien des Enfers, de le laisser y pénétrer Rendetemi il mio ben, tartarei Numi , Rendez-moi ma bien-aimée, esprits des Enfers » acte III. King Arthur » Créateur d'opéras, Henry Purcell 1659-1695 est né à Londres dans une famille de musiciens. Son père a rang de gentilhomme de la Chapelle royale. Après l'époque troublée de la révolution, le nouveau roi revenu de son exil en France, Charles II règne 1660-1685, entend conférer à son règne un éclat particulier et favorise l'épanouissement de la musique de cour. Dans ce cadre, le jeune Henry, à peine âgé de onze ans, dédie une ode au roi pour son anniversaire en 1 670. Sa formation musicale s'effectue sous la direction paternelle de John Blow 1649-1708, maître de chapelle de Saint-Paul à Londres. Ce dernier lui cède son poste d'organiste à l'abbaye de Westminster en 1680. Connu déjà pour des pièces profanes destinées à l'opéra, dont le premier opéra anglais, Didon et Énée, vers 1680, Purcell compose ensuite nombre de morceaux de musique sacrée. En 1682, Henry Purcell est nommé organiste de la Chapelle royale. Le couronnement du nouveau roi d'Angleterre, frère du précédent, Jacques II règne 1685-1688 est l'occasion de produire un hymne en son honneur. Suivent des airs pour le théâtre, d'autres hymnes, et en 1691 le chef-d'oeuvre King Arthur, puis le premier Te deum anglais en 1693. Purcell ne connaît qu'une courte disgrâce sous le règne de Jacques II. En revanche, il est fort prisé des nouveaux souverains Guillaume III règne 1689-1702 et sa femme la reine Mary règne 1689-1694 pour l'anniversaire de laquelle il compose chaque année des odes. Une mort précoce, à trente-six ans, interrompt la brillante carrière du musicien, en 1695. King Arthur 1691 est considéré comme le chef-d'oeuvre baroque d'Henry Purcell. Composé à la fin de sa courte existence, il est précédé de Didon et Énée vers 1680 et suivi de The Fairy Queen, La Reine des fées 1692. Purcell promeut un genre typiquement anglais, le mask masque ou semi-opéra l'intrigue dramatique progresse par une succession de récitatifs, les acteurs parlent comme dans une pièce de théâtre habituelle, mais certaines scènes que l'on veut souligner sont chantées. Dans ce drame mêlé de chants, le librettiste reprend les masks masques pour affirmer la continuité de ce genre aristocratique très apprécié à la cour des Stuart. Les personnages principaux ne chantent pas, sauf s'ils sont ivres, d'essence surnaturelle, ou incarnent des symboles ainsi le célèbre masque de l'acte III met en scène le pur amour affronté au coeur froid, et l'air fameux du Génie du Froid. C'est un genre proche de l'opéra-comique. Sous-titré The British Worthy, Le Preux Breton, l'opéra doit son livret à John Dryden 1631-1700, dramaturge et historiographe du roi qui collabore à plusieurs reprises avec Purcell. La première représentation a lieu au printemps 1691 au théâtre de Dorset Garden de Londres. En cinq actes, l'opéra évoque le combat d'Arthur à la fois contre les Saxons et les forces magiques maléfiques, dont il triomphe avec l'aide de l'Enchanteur Merlin. Trois airs, vocaux et instrumentaux, du King Arthur de Purcell retiennent particulièrement l'attention de l'auditeur w The Cold Song ou air du Génie du Froid. Réveillé par Cupidon qui veut le réchauffer à la douceur du sentiment amoureux, le Génie du Froid le supplie de le laisser mourir gelé What power art thou , Quel est ton pouvoir » acte III ; ^ La passacaille air de cour How happy the lover , Comme l'amant est heureux » acte IV ; ^ La chaconne, proche de la passacaille, lente et majestueuse, une suite de danses, avec un motif commun, un thème répété à la basse acte V. La Flûte enchantée » Compositeur autrichien, Johannes Chrysostomus Wolfgang Theophilius, ditWolfgang Amadeus Mozart 1756-1791, est né à Salzbourg en 1756. Son père, Léopold Mozart 1719-1787, est un compositeur reconnu, vice-maître de chapelle du prince-archevêque de Salzbourg. Dès la prime enfance, Mozart révèle ses dons de Wunderkind, d'enfant prodige il est capable, après une seule audition, de rejouer une oeuvre, compose à six ans ses premiers opus, joue en virtuose du clavecin et du violon. Entre 1762 et 1766, Mozart parcourt les cours d'Europe, où son père l'exhibe avec sa soeur Maria-Anna 1751-1829 qui excelle au clavecin, puis plus tard au pianoforte. La famille reçoit un accueil enthousiaste de Londres à Paris, en passant par Bruxelles et Genève. De retour à Salzbourg, Mozart y partage son temps de formation avec Vienne. En 1768, à douze ans, il compose son premier opéra, Bastien et Bastienne. Puis, entre 1769 et 1773, il accomplit l'indispensable voyage en Italie, en plusieurs séjours, est reçu par le pape, mais surtout se frotte à l'opéra italien, considéré alors comme insurpassable en Europe. Maître de concert du prince-archevêque de Salzbourg, Mozart depuis 1769 vit des années difficiles quand accède au trône archiépiscopal le comte Hieronymus von Colloredo-Mannsfeld 1732-1812 en 1771. Ce dernier voit en Mozart un domestique indocile, lui reproche des manquements à son service, notamment de trop fréquentes absences. En 1782, Mozart le quitte et s'installe définitivement à Vienne. Il a connu une sombre période, de 1 776 à 1 779, où il tente en vain de rééditer sa triomphale tournée en Europe, mais rencontre une indifférence polie. Comme tout au long de sa vie, même une fois célèbre et reconnu, Mozart manque cruellement d'argent. Ceci ne l'empêche nullement de composer les centaines de pièces laissées à sa mort, abordant avec une déconcertante aisance tous les genres musique sacrée, concerto, musique de chambre, opéra, dans un savant passage du baroque au classique. En 1782, une commande de l'empereur Joseph II 1741-1790 donne naissance à L'Enlèvement au sérail. Mozart épouse la fille de sa logeuse, Constance Weber 1763-1842 dont il aura six enfants, dont deux seulement atteignent l'âge adulte. En 1784, il entre dans la franc-maçonnerie. Il rencontre en 1786 le librettiste Lorenzo da Ponte 1749-1838 avec lequel une longue collaboration commence Les Noces de Figaro 1786, Don Giovanni 1787, Cosi fan tutte 1790. Les deux premiers obtiennent un triomphe à Prague, le dernier s'interrompt très vite à Vienne en raison du deuil officiel qui suit le décès de Joseph II. Entre-temps, la mort de son père Léopold en 1 787 affecte Mozart, qui a déjà perdu sa mère lors de son dernier séjour avec elle à Paris, en 1 778. L'ultime année de vie de Mozart, en 1791 , le voit s'épuiser sur deux chefs-d'oeuvre, La Flûte enchantée, créée en septembre à Vienne, est un immense succès, mais le Requiem demeure inachevé à sa mort, le 5 décembre 1791 . Son élève Franz Xavier Sùssmayer 1766- 1803 achève l'oeuvre à la demande de Constance. Cette même année 1 791 , Mozart doit achever en un mois un autre opéra, La Clémence de Titus, commande de la cour impériale pour les fêtes accompagnant le couronnement du nouvel empereur, Léopold II règne 1790-1792 , comme roi de Bohême. Le compositeur est également auteur du Concerto du couronnement, d'octobre 1790, pièce ornementale de l'intronisation de ce même Léopold II comme Empereur des Romains, à la tête du Saint Empire romain germanique 840-1 806. Portant le titre originel de Die Zauberflôte, La Flûte enchantée est le fruit de la collaboration de Mozart avec Emmanuel Schikaneder 1751-1812, auteur, metteur en scène, chanteur également puisqu'il incarne, de par sa tessiture de baryton, l'oiseleur Papageno lors de la première représentation, en son Theateran der Wien , le 30 septembre 1 791 . L'opéra est voulu pour un public populaire, amateur de merveilleux, requiert l'utilisation d'une importante machinerie, dont dispose Emmanuel Schikaneder. Écrit en allemand, accessible à tous en principe, il porte deux lectures possibles. D'une part un conte merveilleux, l'histoire du prince Tamino qui délivre sa bien-aimée, Pamina, écarte les embûches semées par la mère de cette dernière, la redoutable Reine de la Nuit, accède à la sagesse et la connaissance grâce au grand prêtre Sarastro. Tamino accomplit sa quête en compagnie de Papageno, l'oiseleur, veule, menteur, hâbleur mais qui a droit également à sa part de bonheur avec sa promise, Papagena. Tout se termine bien, les méchants sont happés par les ténèbres, Tamino et Pamina d'un côté, Papageno et Papagena de l'autre, sont réunis. Une seconde lecture possible transforme ce Singspiel, ou opéra-comique, en deux actes, en une initiation suivant les rites maçonniques. Mozart et Schikaneder sont tous deux francs-maçons, le premier depuis 1 784. Tamino doit, dans cette optique, subir un certain nombre d'épreuves avant d'être initié à la connaissance. Il s'agit à la fois d'éprouver la pureté de ses intentions et ses capacités à promouvoir un monde nouveau, fondé sur la recherche de la vérité, du Bien, la quête de la lumière opposée aux ténèbres de l'ignorance et du Mal. La femme trouve sa place dans ce futur espéré, Pamina doit également surmonter des épreuves avant d'être unie à Tamino. Le foisonnement des événements, leur rapide succession, nécessite un rappel des faits essentiels. Au cours de l'acte I, Tamino échappe à un serpent monstrueux grâce aux trois suivantes de la Reine de la Nuit. Évanoui, il se réveille aux côtés d'un oiseleur, Papageno qui se prétend vainqueur du monstre. En punition, ses lèvres sont scellées d'un cadenas d'or. Les suivantes montrent à Tamino le portrait de Pamina, fille de la reine, enlevée par un esprit mauvais, Sarastro. Sarastro et le choeur des prêtres chantent alors les vertus de la sagesse rehaussant la beauté. La reine apparaît, promet sa fille au prince s'il la délivre. Papageno, débarrassé du cadenas d'or, reçoit un carillon magique, Tamino une flûte qui l'est également. Le Maure Monostatos, en grec Celui qui est seul debout », tente d'abuser de Pamina, mais Papageno la protège à l'aide du carillon magique. Pendant ce temps, Tamino rencontre le grand prêtre Sarastro, nom légèrement déformé de Zoroastre, le grand réformateur religieux perse, faussement accusé du rapt de Pamina. Il s'aperçoit de son erreur, se prépare à l'initiation. L'acte II voit le châtiment par Sarastro du pervers Monostatos, celui de la Reine de la Nuit, une manipulatrice qui a tenté de faire poignarder le grand prêtre par Pamina. Tamino subit les épreuves de la quête de la Vérité le silence, le feu et l'eau. Il les traverse avec succès et est uni à Pamina. Papageno doit épouser une vieille femme laide qui se transforme en une belle jeune fille, Papagena. Il ne serait pas faux de considérer chaque air de La Flûte enchantée comme fameux, notamment dans l'art savant de Mozart pour alterner les expressions joviales ou comiques de Papageno et Papagena, et les élans dramatiques des autres personnages. Retenons toutefois ^ Der Vogelfânger bin ich ja je suis l'oiseleur », lied populaire à couplets de Papageno, à l'acte I ; ^ Die Bildnis ist bezaubemd schôn Ce portrait est un ravissement », de Tamino contemplant celui de Pamina, à l'acte I ; » Ozittre nicht... , Ne tremble pas... », de la Reine de la Nuit qui déplore l'enlèvement de sa fille, à l'acte I ; r O Isis und Osiris, sehenket, Ô Isis et Osiris accordez... », imploration de Sarastro aux dieux, qu'ils donnent force et sagesse aux impétrants, à l'acte II ; v Die Hôlle Rache..., La vengeance de l'enfer... », air spectaculaire de la Reine de la Nuit ordonnant à sa fille Pamina de tuer Sarastro à l'aide d'un poignard d'argent, à l'acte II ; ^ In diesen heiligen Hallen..., En ces lieux sacrés », air de Sarastro qui rassure Pamina, à l'acte II ; v Ein Mâdchen oder Weibchen..., Une petite demoiselle ou une petite femme... », déploration de Papageno qui veut une femme, à l'acte II. Der Freischùtz » Compositeur allemand, Cari Maria von Weber 1786-1826 est né à Eutin, petite ville du duché de Holstein où son père est militaire, avant de fonder à Hambourg une troupe itinérante. En dépit de continuels déplacements, Cari Maria reçoit une éducation musicale soignée, une tradition dans la famille sa cousine, Constance, est la femme de Mozart. Il reçoit ainsi l'enseignement du hautboïste Johann Peter Heuschkel 1773-1853, puis de Michael Haydn 1737-1806, du ténor munichois Johann Evangelist Wallishauser 1725-1816, dit Vali ». En 1798, il perd sa mère, emportée par la tuberculose. Dès 1800, à peine âgé de quatorze ans, il donne un opéra, Das Waldmâdchen, La Fille des bois, mais il ne rencontre aucun succès. De ses séjours à Vienne et Darmstadt, en 1803-1804, il conserve l'amitié et la paternelle influence de l'abbé Georg Joseph Vogler 1749-1814, fondateur de plusieurs écoles de musique, qui lui donne le goût des chansons populaires. C'est grâce à ce mentor que Weber devient directeur de l'Opéra de Breslau, puis obtient un poste à la cour du duc de Wurtemberg. Mais sa vie personnelle agitée, ses dettes permanentes l'obligent à le quitter précipitamment, ce qui ne nuit nullement à ses facultés créatrices en 1810, un nouvel opéra, Silvana est un succès, La Fille des bois est enfin appréciée. Il épouse d'ailleurs en 1817 la cantatrice qui a créé le rôle-titre, Caroline Brandt. Entre 1813 et 1816, Weber dirige l'Opéra de Prague, puis à partir de 1817, le plus célèbre de toute l'Allemagne, celui de Dresde. C'est toutefois à Berlin, où il travaille régulièrement, qu'est donné le 18 juin 1821 Der Freischùtz , Le Franc-Tireur , considéré comme le manifeste de l'opéra romantique allemand. Le succès est énorme, retentissant dans toute l'Europe. Tel n'est pas le cas de Euryanthe en 1823. L'une des raisons pour lesquelles Weber accepte en 1824 une commande du Covent Garden de Londres, théâtre qui souhaite lui confier la création d'un Oberon, d'après le poème éponyme de Christoph Martin Wieland 1733- 1813. Le projet se concrétise en 1826, la première a lieu en avril. Mais Weber, tuberculeux, meurt peu après, au début du mois de juin 1826. Inhumé à Londres, ses restes sont plus tard, à l'initiative de Richard Wagner, ramenés à Dresde. Opéra en trois actes de Cari Maria von Weber sur un livret de Friedrich Kind 1768-1848, Der Freischùtz 1821 est donné pour la première fois le 21 juin 1821 à Berlin. Le succès est foudroyant, le public allemand, puis européen, se prend de ferveur pour les aventures musicales du jeune chasseur Max épris de la belle Agatha. Le livret s'inspire des légendes populaires allemandes issues de la guerre de Trente Ans 1 61 8-1 648 opposant en Europe catholiques et protestants. L'action prend place en Bohême, vers 1650, sous le règne du duc Ottokar. Max est amoureux de la fille du garde-chasse Cuno, la jeune Agatha. Un concours de tir est organisé pour lui trouver un successeur. Max espère par la même occasion, une fois vainqueur, épouser sa belle. Mais il perd et suit les conseils d'un autre chasseur, Kaspar, qui lui recommande d'user des sept balles magiques fournies par Samiel, le chasseur noir, en réalité un esprit démoniaque. Un nouveau concours a lieu. Max y fait merveille avec les six premières balles. Il ignore que Samiel s'est réservé la septième et dernière, conservée en son pouvoir. Tirée sur une colombe blanche, elle atteint Agatha, qui heureusement ressuscite. Désespéré, Max avoue son pacte avec Samiel qui entraîne Kaspar, expirant dans une malédiction. Le corps de Kaspar est jeté dans les Gorges du Loup, un ermite intervient auprès du duc Ottokar pour solliciter la grâce de Max qui est accordée, au prix d'un an d'attente avant d'épouser Agatha. Les airs fameux de Der Freischùtz sont à la fois des airs chantés par les personnages principaux et le choeur * Victoria, der meister soll leben... , Victoire, longue vie au vainqueur », le choeur célèbre l'habileté du paysan Kilian qui vient de remporter le concours de tir , à l'acte I ; ^ Durch die Wâlder..., À travers les bois », air de Max, une valse mélancolique après sa défaite, à l'acte I ; ^ Wie nahte mirderSchummer... , Comment pourrais-je trouver le repos », aird'Agatha en proie à l'inquiétude, à l'acte II ; * Schaut, oschaut..., Voyez, ô voyez, il a tué sa fiancée », finale du choeur, à l'acte III. Le Barbier de Séville » Le compositeur italien Gioacchino Rossini 1792-1868 naît dans une famille modeste de Pesaro, au nord de l'Italie. Son père est à la fois musicien municipal et responsable des boucheries de la ville, sa mère, artiste lyrique, joue des rôles de soprano, et couturière. L'intervention militaire française chamboule la vie familiale. Giuseppe, le père, se montre ardent républicain et encourt les foudres des autorités quand les États pontificaux retrouvent leur souverain, le pape. Il doit fréquemment se cacher de ville en ville. Gioacchino participe un peu à cette errance, mais vit aussi plus au calme chez sa grand-mère, à Pesaro. Sa formation musicale se poursuit, fondée sur l'apprentissage du violon et de l'alto, des techniques de composition. Il entre en 1806 au Liceo musicale de Bologne, est admis à l'Académie philharmonique de la ville parmi les chanteurs. À peine alors âgé de quatorze ans, il donne son premier opéra, Demetrio e Polibio. Rossini gagne difficilement sa vie comme maître de chapelle, puis rapidement comme compositeur. Le théâtre S. Moisé de Venise lui commande un opéra. En 1810, Le Contrat de mariage, qui remporte un franc succès, ouvre la voie à une création prolifique Tancrède 1813, L'Italienne à Alger 1814, Elisabeth, reine d'Angleterre 1815, Otello 1816, Le Barbier de Séville 1816, Armide 1817, Moïse en Egypte 181 8, Ermione 1 81 9, Mahomet II 1 820, Zelmire 1 822. Rossini épouse son interprète, la cantatrice Isabella Colbran 1785-1845, voyage en Europe, Vienne, Londres, Paris où il s'installe en 1824. Il y compose Le Voyage à Reims, pièce de circonstance en hommage au sacre du roi Charles X règne 1824-1830, qui devient son protecteur et le nomme directeur du Théâtre-Italien. Désormais, Rossini, déjà célèbre, accède à la prospérité financière, acquiert une résidence au calme bucolique à Passy. Il écrit deux autres opéras, Le Comte Ory 1828 et Guillaume Tell 1829 puis renonce à l'écriture musicale, épuisé par ses travaux successifs. Il déroge pourtant à cette décision pour composer un Stabat Mater à la requête d'un aristocrate espagnol, oeuvre créée en 1842. Veuf de sa première épouse, dont il vivait séparé depuis de nombreuses années, il se remarie avec sa maîtresse Olympe Pélissier 1799-1878 en 1845. Il partage les dernières années de son existence entre Bologne et Passy, où il meurt en 1 868. Le Barbier de Séville 1816 tire son argument de la pièce éponyme de Pierre Augustin Caron de Beaumarchais 1732-1799, titrée Le Barbier de Séville ou la Précaution inutile, dont la première a lieu à Paris en 1775. Le Barbier de Séville de Rossini est un opéra-bouffe, sans récitatif, en deux actes, sur un livret de Cesare Sterbini 1784-1831. La première, le 20 février 1816 au Teatro di Torre Argentina à Rome, est houleuse. Non seulement les nouveautés de l'orchestration désarçonnent le public, mais une cabale est menée contre le compositeur, copieusement sifflé. Un chat opportunément apparu sur scène déchaîne les rires, lazzi et miaulements dans la salle. Fort heureusement, les représentations suivantes sont un triomphe, bien nécessaire pour un Rossini prêt à abandonner l'oeuvre tant il est affecté de son échec initial. Adapté à Paris, l'opéra y assure une grande renommée à son créateur. L'intrigue en est simple. Le comte d'Almaviva, nom sous lequel est donné le Barbier à l'origine, est épris de Rosine, pupille du chirurgien- barbier Don Bartolo, lequel a l'intention de l'épouser. L'action prend place à Séville, où, sous le nom de Lindor, le comte, par ses sérénades, conquiert le coeur de Rosine, aidé de Figaro, domestique autrefois à son service devenu barbier. Ce dernier s'entremet pour la remise d'un billet de la belle, cependant que Bartolo se fait de plus en plus soupçonneux, pressé de signer le contrat de mariage. Le comte, outre l'identité de Lindor, se fait passer pour un soldat muni d'un ordre de réquisition pour loger chez Bartolo, puis pour Alonso, supposé être un élève du maître de musique de Rosine, Don Basilio, complice de Don Bartolo, venu le remplacer car il est souffrant. Bartolo surprend les amants lors de leurs tendres échanges, précipite le mariage. Un subterfuge permet à Rosine et au comte d'Almaviva de signer le contrat. Mis devant le fait accompli, Don Bartolo doit s'incliner. Le Barbier de Séville, outre sa très vivante ouverture, est connu pour trois airs fameux r Figaro, pour sa première apparition, entonne le Largo al factotum, Faites place au factotum », où il se moque avec humour de sa condition de barbier et des exigences des clients, à l'acte I; v Rosine chante son amour pour Lindor, en réalité le comte Almaviva, et sa volonté d'échapper à son tuteur Bartolo, Una voce poco fa, Il a suffi d'une voix », à l'acte I; ^ Dans ce même acte I, Don Basilio, maître de musique de Rosine, conseille à Don Bartolo d'user de la calomnie avec La calunnia è une venticello, La calomnie est un jeu d'enfant », afin de discréditer le comte d'Almaviva aux yeux de sa pupille. Lohengrin » Le compositeur allemand le plus connu du XIX e siècle est Richard Wagner 1813-1883. Il naît à Leipzig dans une famille modeste, rapidement orphelin de père, il envisage un temps une carrière littéraire, puis se tourne vers la musique. Après ses études à l'université de Leipzig, il devient directeur musical de divers opéras de province. Il se marie en 1836 avec Wilhelmine Planer 1809-1866, union peu heureuse, notamment en raison d'un perpétuel manque d'argent. La fuite afin d'échapper aux créanciers les conduit de Riga à Londres, à Paris, enfin à Dresde, où Richard Wagner obtient le poste de chef d'orchestre, donne plusieurs pièces fondamentales Rienzi 1842, Der Fliegende Hollânder ou Le Vaisseau fantôme 1843, Tannhaûser 1845. L'heureux séjour s'achève avec le Printemps des peuples », mouvement révolutionnaire qui secoue l'Europe en 1848-1849. Wagner y participe en Saxe et après son écrasement doit reprendre le chemin de l'exil, en France, puis en Suisse. Il y compose Lohengrin créé en 1850, Tristan et Isolde créé en 1865, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg créé en 1 868. Outre ces opéras, Richard Wagner entreprend de rénover l'art lyrique dans ses fondements mêmes. Il développe, dans L'OEuvre d'art de l'avenir 1849, une conception révolutionnaire de l'opéra, une aspiration à en faire une Gesamtkunstwerk ou oeuvre d'art totale » unissant la musique, l'expression théâtrale dans un tout servi par l'ensemble des autres arts, danse et arts plastiques en particulier. Son tempérament tourmenté trouve alors un écho dans le pessimisme de la philosophie d'Arthur Schopenhauer 1788-1860. Leur couple s'étiolant, les époux Wagner se séparent en 1 862. En 1 870, Wagner se remarie, il est veuf depuis 1 866, avec Cosima von Bùlow 1837-1930, fille naturelle de Franz Liszt 1811-1886 et de la comtesse Marie d'Agoult 1805-1876 . Le couple bénéficie de la protection du nouveau souverain de Bavière, le roi Louis II 1845-1886, monté sur le trône en 1864. Grand protecteur des arts, il voue à Richard Wagner un culte véritable, lui permet par son soutien financier de construire le Festspielhaus ou Palais des festivals à Bayreuth, au nord de la Bavière. La salle est inaugurée en 1876 avec la représentation de la Tétralogie, succession de quatre opéras pour laquelle est conçu l'édifice L'Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried, Le Crépuscule des dieux. Le succès est considérable. Le dernier opus de Wagner est Parsifal 1 882, véritable festival scénique initiatique. Le compositeur meurt à Venise en 1 883. Le sujet de Lohengrin 1 850 est puisé aux sources médiévales de la littérature germanique, elle-même inspirée par le cycle arthurien de la Table Ronde. Dans ces oeuvres romanesques comme le Perceval de Chrétien de Troyes v. 1135-v. 1190, devenu Parzival avec Wolfram von Eschenbach v. 1170-v. 1220, de nobles et purs chevaliers recherchent le Graal, calice qui aurait servi au Christ pour la Cène, puis serait devenu réceptacle de son sang, jaillissant sur la croix du coup de lance porté au flanc par un soldat romain. Le drame se noue en trois actes et prend place à Anvers, dans les États du duc de Brabant, féal du roi de Germanie, Henri l'Oiseleur. Le trône ducal est vacant, la cour assombrie par un drame, la disparition en forêt de Gottfried, fils du feu duc, lors d'une promenade dont Eisa, sa soeur, est seule revenue. Devant Henri l'Oiseleur, venu lever des troupes, le comte Friedrich von Telramund, soutenu par son épouse Ortrud, accuse Eisa d'avoir assassiné son frère et réclame le titre de duc. Le roi propose un duel de champions, le comte Telramund contre le défenseur d'Eisa. Cette dernière a vu le sien en rêve. Il arrive au moment propice, sur une nacelle tirée par un cygne. Il sera le champion d'Eisa, mais à une condition elle ne doit jamais demander ni son nom ni d'où il vient. Le jeune chevalier défait Telramund en duel. Chassé du palais avec Ortrud, tous deux mendient un temps, puis la miséricorde touche Eisa, qui les laisse revenir. L'odieux couple répand vite de nouvelles accusations. Le duel était faussé d'avance, le chevalier inconnu ayant usé de pouvoirs magiques. Sa volonté de préserver son anonymat dissimule sûrement par ailleurs une basse extraction. Eisa résiste jusqu'aux noces, puis finit par poser la question fatale, alors que Telramund guette. Le chevalier le tue et annonce qu'il va révéler ses origines, ce qui provoquera le malheur d'Eisa. Devant le tribunal royal, il dévoile son nom, Lohengrin, celui de son noble père, Parsifal, et sa mission, défendre et honorer le Graal. Il dénonce également la machination de la magicienne païenne Ortrud, qui a autrefois transformé Gottfried en cygne. L'animal, celui-là même qui mena Lohengrin, redevient un jeune homme, le nouveau duc de Brabant. Aux accents déchirants du choeur, Lohengrin s'en va dans une nacelle tirée par une colombe, laissant une Eisa évanouie et vouée désormais à la solitude. Composé entre 1845 et 1848, Lohengrin est créé en 1850. Initialement, l'oeuvre était prévue pour l'Opéra de Dresde, mais Wagner a dû fuir la Saxe en raison de son soutien aux révolutionnaires. C'est donc à Weimar, en 1 850, qu'est donnée la première de Lohengrin, grand opéra romantique. Lohengrin 1850 s'impose par plusieurs airs fameux, à la fois les préludes du premier et du troisième acte, l'ouverture de la scène 4 de l'acte II, accompagnant Eisa au seuil de l'église pour ses noces avec le chevalier. L'acte III est riche de deux airs dont l'un destiné à devenir extrêmement populaire l'air Treulich gefûhrt, Voici la mariée », de la scène 1, mais aussi celui de Lohengrin à la scène 3, In fernen Land, Au pays lointain », la révélation du Graal. Voici la mariée » est devenu l'air de circonstance accompagnant encore aujourd'hui la promise qui pénètre dans l'église. Rigoletto » Considéré comme l'un des plus grands, voire comme le plus grand compositeur italien d'opéras du XIX e siècle, Giuseppe Verdi 1813- 1901 est né dans une famille d'aubergistes à Roncole, village proche de Busseto, en Émilie-Romagne, une province du Nord de l'Italie. Dès l'âge de six ans, il sait jouer de l'épinette, une sorte de clavecin offert par son père, et à dix ans tient l'orgue de l'église. Il poursuit sa formation scolaire au lycée de Busseto, musicale à la Société philharmonique municipale. Interprète au piano, directeur d'orchestre, il compose une symphonie inspirée de l'ouverture du Barbier de Séville 1816 de Gioacchino Rossini 1792-1868. Il obtient une bourse pour aller étudier à Milan. Il y échoue au concours d'entrée au conservatoire mais prend des leçons à la Scala, compose plusieurs pièces. En 1835, son cursus musical achevé, Verdi cherche une place permettant de subvenir à ses besoins. Il devient maître de musique et directeur du philharmonique de Busseto. Il y épouse Margherita Barezzi 1814-1840. Le couple a deux enfants morts en bas âge. Il compose plusieurs oeuvres, tant religieuses que profanes, commence un opéra destiné à être joué à Parme ou à Milan. Les jeunes époux retournent à Milan, grâce à l'aide financière du père de Margherita. Oberto reçoit un accueil favorable à la Scala, mais Un giorno di regno est un échec, d'autant plus douloureux que Margherita meurt, à peine âgée de vingt-six ans. Verdi, effondré, songe à renoncer à poursuivre ses travaux. Il se plonge au contraire dans un travail exténuant, donnant en quelques années, entre 1844 et 1850, Ernani, Macbeth, Luisa Miller, joués à Milan mais aussi à Rome, Naples, Paris. Verdi est alors célèbre, en dépit d'une alternance d'échecs et de succès. Les années suivantes démontrent la richesse et la variété de sa veine créatrice avec l'immense succès de Rigoletto 1851 suivi de // Trovatore et de La Traviata au cours de la seule année 1853. C'est ensuite Paris qui l'accueille, avec Les Vêpres siciliennes en 1855. Son mariage en 1859 avec la cantatrice Giuseppina Strepponi 1815-1897 ne ralentit pas la production Simon Boccanegra 1858, Un ballo in maschera 1 859, La Forza del destino 1 862, Macbeth 1 865, Don Carlos 1 867 se succèdent. L'inauguration du canal de Suez, en 1871 , est l'occasion de la première, au Caire, 6' Aida. En hommage à son ami Alessandro Manzoni 1785-1873 dont le trépas l'afflige considérablement, Verdi compose un Requiem 1875. La fatigue et la maladie lui imposent de prendre plus de temps pour les oeuvres futures, Otello 1887, Falstaff 1893, son ultime opéra. Veuf pour la seconde fois en 1897, Verdi passe les dernières années de sa vie à Milan, où il meurt en 1901 . Il y fonde en 1899 la Casa di riposo per musicisti , fondation charitable destinée à accueillir les musiciens vieillissants tombés dans la misère. Outre ses talents musicaux, Verdi est célèbre en Italie pour son action en faveur de l'unité italienne et de la création d'une République qu'il appelait de ses voeux. Rigoletto 1 851 est un opéra à haut risque pour Verdi et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord car cette oeuvre, en trois actes, s'inspire de la pièce Le roi s'amuse 1832 de Victor Hugo 1802-1885 qui conteste les droits d'auteur lors des représentations à Paris. Mais le plus grave réside dans l'argument, qui met en scène le roi François I er règne 1515-1547 et ses nombreuses conquêtes. Un tel crime de lèse-majesté n'a aucune chance de trouver grâce aux yeux des censeurs autrichiens, dans une Italie du Nord alors dominée par l'Empire austro-hongrois. L'intrigue est donc déplacée à Mantoue, dont le duc prend la place du roi de France. Le livret en est dû à Francesco Maria Piave 1810-1876, librettiste habituel de Verdi. De la même façon, le bouffon Triboulet y devient Rigoletto, celui dont les farces provoquent le rire. L'oeuvre est donnée à Venise, au théâtre de la Fenice, le 1 1 mars 1851 . Son succès est immédiat et fulgurant, Rigoletto est repris dans le monde entier. L'action s'ouvre sur un bal donné par le duc à la cour de Mantoue. Le prince aimerait courtiser à son aise la comtesse Ceprano, mais la présence du mari le gêne. Il avoue une autre intrigue auprès d'une jeune fille aperçue à l'église, dont il ignore tout. Rigoletto, son bouffon bossu, raille les courtisans trompés par le libertinage de son maître. Survient le vieux Monterone, dont le duc a aussi séduit la fille et qui maudit Rigoletto avant d'être arrêté. Rigoletto regagne sa demeure, où l'attend sa fille Gilda. C'est elle, la jeune femme remarquée par le duc. Ignorant sa qualité, il s'est présenté comme un pauvre étudiant, Gilda s'en est éprise. Un spadassin, Sparafucile, propose ses services à Rigoletto. Les courtisans enlèvent Gilda, qu'ils prennent pour la maîtresse de Rigoletto. Le malheureux, les yeux bandés, participe à l'enlèvement, croyant qu'il s'agit de celui de la comtesse Ceprano. À l'acte suivant, Gilda est au palais du duc, où Rigoletto la retrouve à la sortie de la chambre ducale. Rigoletto décide de se venger. Le drame se noue à l'acte III dans une auberge. Le duc y boit en galante compagnie. En dépit de cette cruelle révélation, Gilda tente de le sauver de la mort qui l'attend sous le couteau de Sparafucile, mandaté pour ce crime par Rigoletto. La soeur de Sparafucile, Maddalena, succombe au charme du duc, implore son frère de l'épargner. Il promet, mais tuera la première personne qui entrera dans l'auberge. C'est Gilda, travestie en homme. Rigoletto revient chercher le cadavre du duc, Sparafucile lui remet un corps dans un sac. Au moment de le jeter à l'eau, il entend le duc chanter, ouvre le sac et y découvre sa propre fille qui expire dans ses bras. La malédiction s'est accomplie. Dès la fin de la première représentation, Rigoletto court sur toutes les lèvres pour un air fameux, celui du duc qui, dans l'auberge, au troisième et dernier acte entonne La donna é mobile, La femme est changeante » ou encore Comme la plume au vent ». La référence à François I er s'y fait en clin d'oeil de l'Histoire, car le roi, vers 1 520, aurait gravé à Chambord le distique Souvent femme varie/Et bien fol est qui s'y fie. » Les autres airs célèbres sont ceux de Gilda à l'acte II, Gualtier Maldé... Caro nome, Gualtier Maldé... cher nom », celui sous lequel le duc se prétend étudiant, et à l'acte II toujours, celui de Rigoletto, Si, vendetta, tremenda vendetta, Air de la vengeance », où le bouffon voue le duc aux gémonies, ou Cortigiani vil razza dannata, Courtisans, vile espèce damnée », âpre accusation, désespérée et impuissante, de Rigoletto contre les auteurs du rapt de sa fille. Carmen » Compositeur français, Alexandre César Léopold Bizet, dit Georges Bizet 1838-1875, naît à Paris en 1838 et meurt à trente-sept ans en 1875. Sa brève existence est traversée de succès reconnus et d'échecs douloureux. De sa famille, il hérite la passion de la musique. Son père, Adolphe Armand Bizet 1810-1886, coiffeur, est également chanteur, sa mère, née Aimée Delsarte 1815-1861, pianiste. Son oncle, François Delsarte 1811-1871, enseigne le chant dans l'Europe entière, où ses cours fameux sont fort courus, car il lie dans une approche novatrice danse, expression corporelle, lyrique. Georges Bizet est admis au Conservatoire de Paris, où il développe ses talents d'interprète, notamment de pianiste, et se voit décerner plusieurs premiers prix. En 1856, le célèbre Jacques Offenbach 1819-1880 organise un concours d'opérette pour son théâtre des Bouffes-Parisiens. Bizet en est lauréat avec Le Docteur Miracle. L'année suivante, sa cantate Clovis etClotilde lui permet de remporter le Prix de Rome. Il séjourne donc trois ans à la Villa Médicis. De retour à Paris, il donne en 1863 Les Pêcheurs de perle qui reçoit un accueil favorable, puis La Jolie Fille de Perthen 1866, d'après un roman de Walter Scott 1771-1832, qui passe inaperçue. En 1869, Bizet épouse Geneviève Halévy 1849-1926. Une Arlésienne en 1872 est un échec lors de sa création, puis, remaniée, un succès des concerts Pasdeloup à la fin de la même année. L'Opéra-Comique lui commande une oeuvre, Bizet s'installe à Bougival pour y écrire Carmen, créée le 3 mars 1 875 et dont l'apparent échec l'affecte profondément. Mais Bizet, déjà poitrinaire, succombe à une crise cardiaque, le 3 juin 1 875, sans savoir qu'il vient de donner l'une des oeuvres les plus populaires de tous les temps. Carmen 1875 est l'opéra de Georges Bizet le plus célèbre. Fraîchement reçu lors de la première, le 3 mars 1875 à l'Opéra-Comique, car le thème est jugé licencieux, offensant pour les bonnes moeurs, et la musique peu appréciée des critiques, il est appelé pourtant à devenir l'une des oeuvres les plus populaires et les plus jouées. Abandonné après trois représentations à Paris, le succès débute à l'Opéra de Vienne, un peu plus tard. Une légende veut que cet accueil peu favorable ait précipité le trépas de Georges Bizet, sans preuve véritable à avancer. L'auteur, déjà de constitution fragile, succombe à la suite d'un bain pris fin mai 1875 dans la Seine à Bougival. Carmen est un opéra-comique, terme qui ne désigne pas la nature de l'oeuvre. Son sujet est puisé dans la nouvelle éponyme de Prosper Mérimée 1803-1870 publiée en 1847. Le livret est le fruit du travail commun des deux librettistes les plus célèbres à l'époque, connus notamment pour leur collaboration dans la création des textes des opéras de Jacques Offenbach 1819-1880, Henri Meilhac 1831-1897 et Ludovic Halévy 1834-1908. L'action prend place à Séville, en Andalousie. Le brigadier Don José, en dépit de l'existence de sa fiancée Micaëla s'éprend d'une bohémienne, Carmen la cigarière. Arrêtée pour avoir défiguré une autre ouvrière de la manufacture de cigares, Carmen est conduite vers la prison par Don José qui, séduit, la laisse s'enfuir. Cette faute lui vaut la geôle dont il refuse de s'évader, en dépit de la pièce d'or et de la lime transmises par Carmen. Libéré, Don José, jaloux, doit supporter les coquetteries de la belle envers le torero Escamillo, s'oppose violemment à son propre capitaine, Zunica, qui la courtise ouvertement. Les choses sont allées trop loin, la vengeance de Zunica est à redouter. Don José déserte, s'enfuit avec Carmen pour rejoindre le camp des contrebandiers dans les montagnes. Au camp, les amants se déchirent, Escamillo vient y chercher Carmen, Don José, prévenu par Micaëla que sa mère se meurt, doit la quitter, après s'être battu avec Escamillo. Le dernier acte, le quatrième, réunit les protagonistes à Séville, au pied des arènes de la ville. Carmen s'est donnée à Escamillo. Don José, au désespoir, la supplie en vain de lui revenir. Dans un geste de défi, Carmen lui jette la bague autrefois offerte en gage d'amour partagé. Don José exaspéré la tue. L'opéra s'achève sur son arrestation. Les airs fameux de Carmen 1 875 sont sur toutes les lèvres, notamment ^ La habanera, à l'origine air cubain, adapté par Bizet pour une Carmen exaltant l'inconstance des sentiments amoureux, L'amour est un oiseau rebelle... », à l'acte I ; f La séguedille, air dont Carmen use pour séduire Don José sur le chemin de la prison, Sous les remparts de Séville... », à l'acte I ; k» L'air du toréador, chanté par Escamillo, Toréador! et songe bien, oui songe en combattant qu'un oeil noir te regarde... », à l'acte II; r L'air de Don José lors de sa rupture avec Carmen, La fleur que tu m'avais jetée... », à l'acte II. Boris Godounov » Le compositeur russe Modest Moussorgski 1839-1881 est né en 1839 dans le village de Karevo à environ 400 kilomètres au sud-est de Saint-Pétersbourg, dans une famille de modestes propriétaires terriens. Sa mère lui dispense ses premières leçons de piano, un instrument dont il acquiert rapidement la maîtrise. Envoyé à Saint-Pétersbourg à l'école des Cadets de la garde impériale, il y suit les cours de piano d'Anton Herke, professeur au Conservatoire impérial. Il entre dans un régiment d'élite de la garde, le régiment Préobrajenski, mais y demeure peu de temps, préférant se consacrer à la musique. Ce choix est lié à la rencontre des futurs membres du Kouchka ou groupe des Cinq Moussorgski lui-même et ses amis Alexander Borodine 1833-1887, Mili Balakirev 1837-1910, César Cui 1835-1918, Nikolaï Rimski-Korsakov 1844-1908. Proche du groupe dont il est l'inspirateur, Alexandre Dargomyjski 1813- 1869 est le chantre d'une musique nationale russe. Moussorgski, à leur contact, s'initie ou approfondit ses connaissances, de Beethoven à Glinka, Schumann ou Berlioz. Mais sa situation matérielle est précaire. Depuis sa démission de l'armée, Moussorgski occupe un emploi de fonctionnaire aux Ponts et Chaussées, mal rémunéré. Il perd successivement son père, puis sa mère, se retrouve sans un sou vaillant après l'abolition du servage par le tsar Alexandre II 1818-1881 en 1861. Comme nombre de jeunes gens de la garde, Moussorgski y a pris l'habitude de la boisson. Ses difficultés personnelles en font un alcoolique chronique, en dépit de l'amitié profonde du groupe des Cinq, son refuge musical. En 1867, Moussorgski doit quitter l'administration. Jusqu'à la fin de sa vie, il est hébergé chez des amis charitables. Il compose, mais sans parvenir à achever les oeuvres entreprises, Salammbô d'après Gustave Flaubert 1821-1880 , Le Mariage d'après une nouvelle de Nikolaï Gogol 1809-1852, OEdipe à Athènes demeurent à l'état d'ébauches, La Khovanchtchina est complétée et terminée par Rimski-Korsakov, quand Nikolaï Tcherepnine 1873-1945 en fait autant de La Foire de Sorotchinski. Toutefois, le génie de Moussorgski se fait jour dans des créations majeures Une nuit sur le mont Chauve 1867, un poème symphonique, Tableaux d'une exposition 1874, splendide suite pour piano, son chef-d'oeuvre enfin, Boris Godounov, créé en 1874. Miné par l'alcool, les crises d'épilepsie et de delirium tremens, il succombe lors de l'une de ces dernières, en 1 881 . Bien avant d'être une oeuvre littéraire ou musicale, Boris Godounov est un personnage historique, le tsar Boris Fedorovitch Godounov v. 1551-1605. Au service d'Ivan IV Le Terrible 1530-1584, Boris exerce la régence pour son fils Fedor I er 1557-1598, un faible d'esprit dont il est le beau-frère. La situation se complique quand, en 1 591 , le demi-frère et héritier de Fedor I er , le tsarévitch Dimitri meurt. Les opposants à Boris l'accusent de l'avoir fait assassiner. Désormais, nul parent proche ne peut succéder à Fedor I er , qui décède à son tour en 1 598. Boris Godounov réunit un zemski sobor, une assemblée des trois ordres qui l'élit tsar. Son règne s'achève dans la tragédie, car, en 1604, le moine défroqué Gregori Otrepied 1582-1606 prétend être le tsarévitch Dimitri, miraculeusement rescapé de la tentative de meurtre commanditée par Boris et seul véritable tsar de Russie. L'imposteur obtient le soutien militaire du roi de Pologne, mais en janvier 1605, les troupes russes les écrasent. Boris Godounov meurt peu après, en avril 1605, dans des circonstances mystérieuses. Sa veuve et son fils sont mis à mort, le faux Dimitri parvient au trône en juillet 1 605 sous le nom de Dimitri II. Son règne est bref, il est mis en pièces en mai 1 606. Un épisode aussi romanesque, entouré d'épais mystères et de rebondissements inattendus, inspire une pièce à Alexandre Pouchkine 1799-1837 en 1831 et un opéra à Modest Moussorgski en 1874. C'est d'ailleurs d'après Pouchkine que Moussorgski réalise lui-même le livret de cet opéra en un prologue et quatre actes, achevé en 1869, puis revu en 1872. Après avoir essuyé un refus du directeur des Théâtres impériaux, l'oeuvre, remaniée, est finalement donnée au début de 1874, mais l'accueil du public et des critiques est décevant, plongeant l'auteur de nouveau dans l'alcoolisme et la dépression. Le prologue, composé plusieurs années avant les actes, met en scène Boris Godounov. Après avoir fait assassiner l'héritier légitime, Dimitri, il organise un stratagème, une foule aux ordres le supplie d'accepter la couronne. Il feint de refuser, puis accepte. Toutefois, juste avant le couronnement, une appréhension à l'égard de l'avenir l'étreint. La scène suivante est au monastère de Tchoudov. Dans leur cellule, les moines Pimène, homme mûr et Grigori, jeune homme, évoquent l'assassinat de Dimitri. Grigori menace le tsar Boris de sa vengeance. Il quitte les lieux, décidé à se proclamer comme le vrai Dimitri, mais échappe de peu à une arrestation dans une auberge proche de la frontière lithuanienne. Dans son palais, Boris s'entretient avec sa fille Xenia et son fils Feodor. Il conseille à ce dernier de se méfier des puissants, dont le prince Chouïsky. Complice de Boris dans l'exécution de Dimitri, ce dernier est reçu en audience, annonce l'existence du prétendant, suggère qu'après sa mort le visage de Dimitri serait demeuré sans altération plusieurs jours. Boris le chasse, mais désormais le visage du prince assassiné le hante. Au château de Sandomir, en Pologne, le faux Dimitri reçoit un soutien enthousiaste, les Polonais le manoeuvrent pour affaiblir la Russie. De son côté, la princesse polonaise Marina est manipulée par le jésuite Rangoni elle doit manifester sa froideur à Dimitri, dont elle partage pourtant l'amour, afin de l'obliger non seulement à chasser Boris du trône et prendre sa place, mais ensuite imposer le catholicisme à l'orthodoxe Russie. Marina cède, Dimitri promet. L'intrigue s'achève à Moscou. Un simple d'esprit qui a insulté Boris en lui rappelant le meurtre de Dimitri est cependant gracié par le tsar. Refusant de prier pour son salut, il déplore l'avenir sombre du pays. Boris convoque l'assemblée des notables au Kremlin, fait condamner à mort le faux Dimitri. Le prince Chouïsky évoque le spectre de Dimitri, de saisissement Boris fait une première attaque. Puis le moine Pimène relate un miracle survenu sur la tombe de ce même tsarévitch Dimitri. C'en est trop pour Boris, qui demande le Skhima, l'habit de moine traditionnellement revêtu par le tsar au moment de sa mort. Il confie le trône à son fils et trépasse. L'ultime scène voit le faux Dimitri en route pour devenir tsar, mais les litanies chantées en latin par les prêtres catholiques qui l'accompagnent augurent mal de l'avenir. Le simple d'esprit pleure de nouveau le destin tragique de la Russie. Lors de sa création en 1874, Boris Godounov bénéficie d'une incarnation du rôle-titre éblouissante en la personne de la basse Fiodor Ivanovitch Chaliapine 1873-1938. Ce dernier donne l'intensité dramatique voulue à plusieurs airs et monologues Mon âme est triste », J'ai atteint le pouvoir suprême », Adieu, mon fils, je meurs ». L'opéra est régulièrement scandé par des choeurs, acclamant le couronnement, Longue vie au tsar Boris », jeunes polonaises, Vers la Vistule ». Le chant final, Coulez, coulez, larmes amères », annonce les soubresauts à venir dans une Russie déjà largement malmenée. Wozzeck » Le compositeur Alban Maria Johannes Berg 1885-1935 est né à Vienne, en Autriche, où il passe l'essentiel de son existence, dans une famille bourgeoise. Après avoir manifesté de l'intérêt pour la littérature, le jeune homme se tourne vers la musique. Il suit l'enseignement d'Arnold Schoenberg 1874-1951, tout comme Anton Webern 1883-1945. Ils forment ensemble, sensiblement entre 1903 et 1925 l' école de Vienne qui promeut l' atonalité ou musique sans clef ou ton principal, et le dodécaphonisme, fondé à la fois sur l'atonalité et l'emploi des douze sons de la gamme sans en privilégier aucun, chacun est joué aussi fréquemment que les autres, d'où le nom de musique sérielle, celle qui reprend une série de tons. Encouragé par Schoenberg, Alban Berg donne Sept Lieder de jeunesse puis une première Sonate pour piano entre 1907 et 1908, tout en enseignant à son tour. En 1 91 1 , Alban Berg épouse une riche héritière, Hélène Nahowski. Le couple, à l'abri du besoin, fréquente le Tout-Vienne intellectuel et artistique, notamment le peintre Gustav Klimt 1862-1918, âme de la Sécession de Vienne, groupe refusant de se plier à l'académisme pictural alors en faveur. Pendant la Première Guerre mondiale, il est employé au ministère de la Guerre, ce qui ne l'empêche pas d'ébaucher son futur premier opéra, Wozzeck. L'ouvrage est achevé en 1922, mais il faut attendre encore trois années avant sa création publique, à Berlin, en 1925. Alban Berg réalise encore les deux premiers actes d'un second opéra, Lulu, donnant des indications pour le troisième et dernier acte, dont le compositeur autrichien Friedrich Cerha né en 1926 use pour l'achever, avec une première à Paris en 1979. À sa mort, en 1935, Alban Berg laisse également une Suite lyrique 1926 et un Concerto de chambre pour violon, piano et treize instruments à vent 1923-1925, un Concerto à la mémoire d'un ange 1935, hommage à Manon, la fille que vient de perdre son amie Aima Mahler 1879-1969. Opéra en trois actes, Wozzeck 1925 s'inspire pour le livret de Woyzeck 1837, pièce inachevée de Georg Bùchner 1813-1837, mort à vingt-trois ans du typhus, terminée à partir de ses fragments par Karl Emil Franzos 1848-1904 . Alban Berg assiste, transporté, à la première de la pièce, au printemps 1914, à Vienne. Le sujet l'emplit et déjà il veut lui donner une forme musicale Franck Wozzeck, un ancien soldat devenu barbier, a eu un fils de Marie, une ancienne prostituée. Victime d'hallucinations, le cas clinique de Wozzeck est instrumentalisé pour sa propre étude médicale par un médecin qui en espère la gloire. L'acte I s'ouvre sur une scène de barbier, Wozzeck rase le Capitaine, qui lui reproche sa vie immorale. Wozzeck invoque les nécessités impitoyables de la pauvreté. Marie, de son côté, n'est pas insensible aux charmes militaires des soldats qui paradent. Wozzeck a une crise hallucinatoire. À l'acte II, la jalousie de Wozzeck est suscitée par le Docteur et le Capitaine Marie s'est laissé courtiser par un tambour-major. Accusée, elle refuse de nier et manque d'être frappée par Wozzeck. Lors d'un bal, il les voit danser ensemble et projette de se venger. Le drame se noue à l'acte III Marie, influencée par la lecture de la Bible, est en pleurs, implore le pardon. Wozzeck l'entraîne dans les bois, et lorsque paraît une lune rouge, l'égorgé. Entré dans une taverne, ses vêtements tachés de sang y sont remarqués. Il retourne sur le lieu du crime, jette le corps de Marie dans un étang, puis son couteau. De crainte de ne pas l'avoir jeté assez loin, il entre à son tour dans l'étang. Le reflet rouge de la lune sur les eaux lui fait croire à un bain de sang. Il avance de plus en plus loin et se noie. Le Capitaine et le Docteur assistent à la noyade et s'enfuient. Le lendemain, des enfants jouent, puis, apprenant que le corps de Marie vient d'être trouvé, se précipitent sur les lieux. Après un instant d'hésitation, le propre fils de Marie et de Wozzeck, qui est du nombre, se décide à les suivre. Drame réaliste, Wozzeck donne lieu à plusieurs airs remarquables. À l'acte I, le Capitaine reçoit de Wozzeck une leçon d'humanité, Lassetdie Kleinen zu mirkommen , Laissez venir à moi les petits enfants », d'après Y Évangile de Marc. Toutefois, il ne faut pas voir en Wozzeck, antihéros par excellence, un personnage courant de l'opéra, pas plus que Berg ne suit la forme habituelle alternant airs et récitatifs. Les modes d'expression vocale y sont extrêmement divers dialogues, Sprechgesang ou déclamation poétique, à mi-chemin entre la déclamation parlée et le chant, airs, chant lyrique, onomatopées, grognements. Chapitre 27 L'Ancien Testament en dix notions Dans ce chapitre Dieu, l'homme et la femme Les notions religieuses du monde judéo-chrétien Pierre angulaire de la culture judéo-chrétienne, l'Ancien Testament est la partie de la Bible commune aux juifs et aux chrétiens lesquels lui adjoignent le Nouveau Testament. Il relate l'histoire du peuple juif avant notre ère et sert de base à la religion. Voici dix notions religieuses telles qu'elles sont définies au travers des vingt-quatre livres qui composent l'Ancien Testament. Dieu Le Dieu de l'Ancien Testament est par nature inconnaissable. Le peuple élu le connaît sous les quatre lettres YHWH, ou Yahvé, mais on évite autant que possible de prononcer ce nom, surtout en public, préférant le remplacer par Adonaï, Seigneur». Sa représentation physique est aussi délicate. Dans de nombreux passages, il se comporte comme le ferait un homme, mais c'est une pure commodité de langage. S'il faut donner à Dieu deux attributs, ce sont plutôt le souffle et la parole. Le souffle, tout d'abord, car il était présent à l'origine, avant même la Création Le souffle de Dieu planait à la surface des eaux » Genèse, I, 2. La parole, ensuite, qui organise la Création. À chaque fois que Dieu dit, son verbe divin se transforme en acte Dieu dit "Que la lumière soit !" Et la lumière fut » {Genèse, I, 3. Le Dieu de l'Ancien Testament ne peut donc revêtir aucune forme. Dans son Temple, celui de Salomon à Jérusalem, aucune statue. Seule l'arche d'alliance un coffre de bois doré qui contient les Tables de la Loi données par Dieu à Moïse repose dans le naos la petite chapelle, partie la plus sainte et la plus cachée du sanctuaire. Une fois encore, il ne s'agit pas de Dieu, mais de sa parole. C'est elle seulement qui entre en contact avec les hommes, soit dans les songes, comme pour le jeune Samuel ou Jacob ou encore Joseph, soit sous la forme du buisson ardent qui brûle sans se consumer pour Moïse. L'homme Si Dieu n'est guère facile à saisir, l'homme pose aussi un certain nombre d'interrogations. Déjà de par sa création. Selon le récit le plus ancien, daté probablement du X e siècle avant Le Seigneur modela l'homme avec de la poussière prise sur le sol. Il souffla dans ses narines l'haleine de vie, et l'homme devint un être vivant» Genèse, II, 6-7. Ce premier homme, fait de boue, adama, porte le nom d'Adam, c'est-à-dire littéralement le glébeux ». Mais il existe un second récit de la création, daté lui du VI e siècle avant Sans que soit précisé un éventuel matériau, Dieu crée en même temps homme et femme Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa; mâle et femelle, il les créa» Genèse, I, 27. Attention ici à une confusion fréquente à son image» ne signifie pas qui ressemble à Dieu ». Cela veut seulement dire que, dans un univers où il y a Dieu d'une part, toutes les autres créatures, y compris l'homme, de l'autre, seul ce dernier a l'insigne privilège de pouvoir entretenir un dialogue avec Dieu. Sans cette possibilité, pas de Tables de la Loi avec Moïse, pas d'alliance avec Abraham. Immortel, éternellement jeune, exempt de maladies et de souffrance, l'homme vit au jardin d'Éden jusqu'au moment où il mange le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal ». Ce jour-là, il devient mortel, vieillit, connaît les affres de la maladie. Pour se nourrir, il doit désormais gagner son pain à la sueur de son front. Le travail, et sa racine latine de trepalium, la torture, viennent de naître. La femme Si, comme nous venons de le voir, le récit le plus récent de la création de l'homme postule en même temps celle de la femme, dans la version plus ancienne, une nouvelle intervention de Dieu est nécessaire. C'est la fameuse côte» prise à Adam endormi, à partir de laquelle Dieu crée la femme nommée Ève, la vivante » en hébreu. Il était temps! Adam commençait à s'ennuyer ferme, sans personne à qui parler. Mais avec la femme se profile la chute, par l'intermédiaire du serpent tentateur. Celui-ci promet à la femme qu'elle-même et Adam seront comme des dieux » s'ils goûtent le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal lequel est d'ailleurs originellement un figuier, le pommier qu'on représente souvent étant dû à une erreur de traduction à l'époque médiévale. La réalité est tout autre après avoir goûté le fruit défendu, le premier couple se retrouve nu, honteux. La femme également connaîtra désormais la vieillesse et la mort. Et son travail », sa torture, sera d'enfanter dans la douleur. Ne dit-on pas d'une parturiente arrivée au terme de sa grossesse que le travail est commencé? Et le serpent, me direz-vous? Il ne s'en tire pas non plus sans dommage condamné à ramper, il est désormais haï des hommes qui cherchent à l'écraser, et le leur rend bien en essayant de les mordre à la moindre occasion. La famille La société décrite dans l'Ancien Testament est une société holiste, c'est-à-dire dans laquelle le groupe prime sur l'individu. Hommes, femmes, enfants, tout un chacun se définit et trouve sa place par rapport au groupe auquel il ou elle appartient, à la différence de nos sociétés individualistes actuelles, dans lesquelles l'individu se place d'abord en fonction de lui-même, puis, et seulement ensuite, en qualité de membre de différentes structures de groupe. Parmi les groupes famille, tribu, royaume, l'Ancien Testament accorde une place primordiale à la structure familiale, à la base de laquelle se trouve le mariage, en principe monogame et en réalité largement polygame. Ne prêtait-on pas à Salomon plus de mille concubines? Dans les faits, tout dépend de la richesse de l'époux. Riche, il peut entretenir plusieurs compagnes et des concubines annexes. Pauvre, il doit se limiter à une unique femme. En principe, le mariage est arrangé entre deux familles la femme est alors un bien d'échange qui scelle l'union de deux groupes. Pourtant, l'Ancien Testament n'est pas avare en Roméo et Juliette locaux qui se languissent d'amour autour d'un puits, lieu de rencontre par excellence des jeunes gens et jeunes filles. La finalité du mariage est bien sûr d'assurer au couple une descendance, point qui tourne parfois à l'obsession véritable dans les récits. Il n'est pire malheur pour l'épouse que la stérilité. Rachel par exemple, épouse stérile de Jacob, a beau être aimée de lui, elle jalouse en permanence sa soeur Léa, elle aussi épouse de Jacob, qui lui a donné de nombreux fils. Autre exemple, Sarah, la femme sans enfant d'Abraham, implore Dieu chaque jour, qui finit par lui accorder la maternité à quatre-vingt-dix ans ! La nécessité d'avoir des enfants donne naissance à une institution, le lévirat. Si une femme se retrouve veuve et sans enfant de sexe masculin, elle est épousée par le frère de son mari décédé, et leur fils, s'ils en ont un, est considéré par tous comme l'enfant du défunt. À l'intérieur de la famille, le patriarche, un peu comme le paterfamilias romain, a tous les droits ou presque sur l'ensemble des membres de la maisonnée, femme, concubines, enfants, serviteurs. Cette position de prestige et de pouvoir sans partage explique les rivalités violentes et fréquentes qui opposent entre eux les frères, comme Esaû et son frère jumeau Jacob, les fils d'Isaac et de Rebecca. Le pur Dans une société antique où la vie quotidienne et le monde divin ne sont pas pensés séparément, l'homme doit respecter certains interdits afin de demeurer en état de pureté. Les plus évidents sont exposés dans les dix commandements un dieu unique; pas d'idoles; pas de juron utilisant le nom de Dieu, ou toute autre mauvaise utilisation; le respect du shabbat, jour de repos consacré au Seigneur; honorer père et mère ; ne pas tuer ; ne pas commettre l'adultère ; ne pas voler ; ne pas porter de faux témoignage; ne pas convoiter le bien d'autrui voir aussi le chapitre suivant. Les autres prescriptions concernent la vie quotidienne et les rapports entre individus vous en trouverez plus bas, dans le passage consacré à l'impur. Pourtant, en dépit de toutes les précautions, au regard de Dieu, aucun ne peut prétendre à la pureté permanente, d'où la nécessité du Grand Pardon. Une fois par an, ce rituel du jour des expiations permet à l'homme, et à tout Israël, de retrouver grâce devant Dieu, en rejetant tous les actes impurs, commis volontairement ou non au cours de l'année qui s'est écoulée. La cérémonie comprend deux parties, l'une proprement liturgique, l'autre propitiatoire, destinée à éloigner le malheur et le châtiment. La liturgie est accomplie par le grand prêtre, qui pénètre dans le naos, le Saint des Saints du temple de Salomon, et, face à l'arche d'alliance, implore le pardon. Puis le rituel d'expiation proprement dit prend place. Deux boucs parfaits, c'est-à-dire sans défaut ou infirmité, sont amenés. L'un, consacré à Dieu, lui est sacrifié, après tirage au sort. Sur le second, nommé Azazel, probablement le nom d'un démon assyrien, sont rejetés symboliquement toutes les fautes. Il est ensuite conduit dans le désert, où il est abandonné, condamné à y mourir de faim et de soif. Par sa mort, il rachète tous les péchés d'Israël. L'impur Au pur s'oppose nécessairement l'impur. Ainsi le mariage pur s'oppose-t-il à l'adultère impur, l'hétérosexualité pure à l'homosexualité impure et ainsi de suite. Deux domaines sont toutefois plus directement concernés. D'une part les éternels Éros l'amour et Thanatos la mort, d'autre part l'alimentation. L'essentiel des interdits et rites de purification est développé dans le Lévitique, troisième livre du Pentateuque Les Cinq Livres. Dans le domaine sexuel, en dépit d'extraits très explicites, voire franchement crus, et de cet admirable hymne à l'amour, union des âmes et des corps, qu'est le Cantique des cantiques, qui exclut toute pudibonderie, l'Ancien Testament n'accepte pas tout. Outre l'homosexualité, la prostitution est sévèrement condamnée, tout comme le plaisir solitaire, le fameux crime d'Onan, dont voici l'origine Tamar, mariée à Er, devient veuve sans avoir eu d'enfant. Selon la loi du lévirat, le frère cadet du défunt Er, Onan, doit prendre Tamar pour épouse, puisqu'il est célibataire. L'enfant qu'il lui donnerait serait considéré comme le fils posthume de son frère. Or, Onan ne veut pas d'un enfant qui ne serait pas le sien. Afin d'être certain que Tamar ne soit pas enceinte de lui, Quand il allait vers la femme de son frère, il laissait sa semence se perdre pour ne pas donner de descendance à son frère » {Genèse, XXXVIII, 9. Pour ce crime, il meurt par la volonté de Dieu. Cependant, c'est la femme qui supporte l'essentiel de l'impureté. Ses menstrues et ses couches la rendent impure et nécessitent des bains rituels pour éliminer la souillure. Il en va de même pour tout ce qui a trait à la mort et à son contact, les cadavres par exemple. Les interdits concernent aussi l'alimentation. Toutes les catégories d'aliments sont réparties entre pur et impur, ceux qu'il est permis de consommer, ceux qui sont interdits. Les grandes lignes de ces prescriptions, par ailleurs très complexes, sont les suivantes Pour les animaux terrestres, ne sont autorisés que ceux qui ont des cornes, ruminent et ont le sabot fendu; ^ Pour les poissons, seulement ceux qui ont des écailles et des nageoires; ^ Pour les oiseaux, sont interdits tous les oiseaux de proie ou nocturnes, tous ceux susceptibles de se nourrir de cadavres; * Tous les insectes sont interdits, ainsi que les crustacés, car ils se nourrissent parfois de cadavres seules les sauterelles sont autorisées, car herbivores ; ^ Interdiction de mélanger le lacté et le carné, au nom du commandement du Pentateuque Tu ne cuiras pas le chevreau dans le lait de sa mère » interdiction de faire cuire la viande dans du lait ou du beurre, de manger du fromage à la fin du repas, de se servir des mêmes instruments de cuisine pour l'une et l'autre catégories d'aliments, etc.. Le monde L'Ancien Testament fait du monde un lieu équivoque pour l'homme. Il est prévu pour lui et créé afin qu'il le domine, tout en lui demeurant dans le même temps largement inconnaissable, voire hostile. Ainsi le Déluge réussit-il presque à éradiquer la race humaine. Par ailleurs, Adam, notre glébeux», est fait lui-même d'argile ou de boue, donc d'un matériau qui lui est extérieur à l'origine. Chaque élément qui compose le monde est marqué de cette dualité. Les animaux servent à nourrir les hommes, mais les bêtes féroces peuvent les déchiqueter. Les eaux dévastatrices du Déluge sont aussi celles qui alimentent les jardins, irriguent les cultures et fournissent la boisson première à toute vie. La nature tout entière participe du châtiment divin, depuis que l'homme est condamné par Dieu à peiner pour produire sa nourriture. Destiné dès l'origine à la maîtrise du monde, l'homme y trouve à la fois un lieu de refuge quand il l'a aménagé et un milieu hostile, effrayant, à l'opposé exact du jardin d'Éden dont il a été chassé. Le temps Le calendrier des Hébreux est celui des activités des pasteurs nomades devenus sédentaires, pasteurs agriculteurs. Mais il est aussi et surtout fondé sur des temps forts correspondant aux principales célébrations liturgiques. Si l'année se termine en été et recommence à la fin de cette saison, la première grande fête est celle de Pessah, la Pâque, que les chrétiens transformeront, en changeant son symbole également, en les Pâques, au pluriel. Pessah dure sept jours et célèbre la fuite des Hébreux hors d'Égypte. Cinquante jours après se déroule la Pentecôte juive Pentecôte, en grec, signifiant cinquante ou Chavouoth fête des Moissons. Elle célèbre la remise à Moïse des dix commandements. La dernière grande célébration se tient à l'automne, avec Souccoth fête des Cabanes. Ces cabanes commémorent les abris rudimentaires qui hébergèrent les Hébreux durant la traversée du désert, sur leur route vers la Terre promise. Temps liturgique, donc, qui s'écoule autour de la valeur symbolique du chiffre sept, Dieu ayant créé le monde en six jours et se reposant le septième. De même, les hommes lui consacrent le septième jour de la semaine, Shabbat, laissent les champs en jachère tous les sept ans pour une année pleine, et célèbrent la fête du jubilé toutes les sept fois sept ans, c'est-à-dire tous les quarante-neuf ans révolus. Le roi Rencontrons maintenant un personnage ambigu le roi. Longtemps, les douze tribus d'Israël, deux au sud et dix au nord, vivent sous la conduite de patriarches sans éprouver le besoin de s'unir et encore moins celui de placer un roi à leur tête. À cela, rien de surprenant. D'une part, le seul roi est Yahvé, aucun autre ne saurait lui être comparé. La seule royauté est celle de Dieu. D'autre part, les modèles offerts aux tribus ne sont guère tentants. Qu'il s'agisse des pharaons égyptiens, des princes de Sumer ou des rois assyrobabyloniens, il s'agit surtout d'une succession quasiment ininterrompue de despotes, qui plus est divinisés de leur vivant ou à leur mort. C'est seulement en 1010 avant que Saùl devient le premier roi. À sa mort, quatre ans après, lui succèdent David vers 1006-966 et Salomon vers 966-926. Après la disparition de ce dernier, deux royaumes se maintiennent quelques siècles, le royaume d'Israël, de 926 à 722, détruit par Sargon II, et le royaume de Juda, de 925 à 587, détruit lui par Nabuchodonosor II. Le sacre, qui nous semble appartenir au monde des rois européens, et particulièrement en France, trouve en fait son origine dans l'Ancien Testament. Le roi, élu par Dieu, devient, par son accession au trône, un être d'exception, un intermédiaire entre Dieu et le reste des hommes. Certes il demeure un homme, mais sa fonction en fait un individu sacré, à la personne inviolable. S'en prendre au roi, c'est s'en prendre à Dieu qui l'a choisi. Afin de marquer ce caractère unique, le roi doit donc être sacré au double sens du terme d'une part, une onction de l'huile versée sur sa tête fait de lui un messie, un envoyé de Dieu, sacré roi selon ses volontés; d'autre part, cette cérémonie lui confère son caractère sacré. Les souverains francs s'en souvinrent et c'est ainsi que Clovis 465-511 fut sacré en 496 par Rémi, évêque de Reims, grâce à une ampoule fabuleuse contenant une huile miraculeuse, le saint chrême, supposée se régénérer de roi en roi, de sacre en sacre. L'ampoule, toujours pleine, aurait servi de Clovis, en 496, à Charles X en 1824 ! La mort Dans la tradition des textes de l'Ancien Testament, la mort est la fin ultime. Il faut attendre les tout derniers textes ajoutés par des juifs de langue grecque dans la version des Septante, et surtout le Nouveau Testament des chrétiens, pour voir arriver une résurrection, un devenir après la mort. Avant cela, l'homme, voulu âme et corps indissociables par son Créateur, perd tout en mourant. Le corps disparaît, ainsi que l'âme. Les défunts, allongés, demeurent dans un gouffre souterrain, dans la nuit permanente, en un lieu appelé Schéol. De ce séjour éternel, sans espoir, hors de la vue de Dieu, il n'y a absolument rien à attendre. Aujourd'hui encore, les juifs qui contestent les textes apocalyptiques ajoutés au III e siècle avant à Alexandrie, textes qui évoquent la résurrection et la récompense ou punition des actes commis selon leur nature, doivent réaliser durant leur vie ce qui est conforme à l'Alliance. Pour cela, ils disposent d'un temps de vie d'un maximum de 120 ans... bien loin des 930 années accordées à Adam ! Index Pour retrouver la section qui vous intéresse à partir de cet index, utilisez le moteur de recherche » Abu Nuwas Açoka Adalbertde Chassimo Adandoza Adenauer , Konrad Ader, Clément Agassi, André Aiken, Howard Akihito Al Jolson Alcott, Louisa May Alembert, Jean Le Rond d' Alexandre II Alexandre le Grand Alfieri, Vittorio Allen, Paul Aménophis Aménophis III Aménophis IV Amiel, Henri-Frédéric Amon Amundsen, Roald Amyot, Jacques An Anu Anaxagore de Clazomènes Anaximandre Andersen, Hans Christian André Ang Lee Angiolini, Gasparo Angot, Christine Anne de Beaujeu Anouilh, Jean Anquetil, Jacques Anquetin, Louis Anthémios de Tralles Antisthène Antonioni, Michelangelo Anubis Aphrodite Apis Apollodore d'Athènes Apollon Apulée Aragon, Louis Archipenko, Alexander Arcimboldo, Guiseppe Arendt, Hannah Arès Aristote Arlequin Arman Armstrong, Lance Armstrong, Louis Aronofsky, Darren Arp, Jean Artémis Assurbanipal Athéna Atisà Aubigné, Agrippa d' Augias Auguste Augustin, saint Averroès Avicenne B Babbage, Charles Bach, Johann Sébastian Bacon, Francis Bahâr Baïf, Jean-Antoine de Baird, John Balakirev, Mili Balanchine, George Balzac, Honoré de Banderas, Antonio Banville, Théodore de Barezzi, Margherita Barrère, Igor Barthélémy Barthélémy, René Barye, Antoine-Louis Bashô, Matsuo Basie, Count Baudelaire, Charles Bay ou Baïus, Michel de Bayeu, Francisco Beatles, The Beau de Rochas, Alphonse Beaufort, Francis Beaujoyeux, Balthazar de Beaumarchais, Pierre Augustin Caron de Beauvoir, Simone de Becquerel, Henri Beecher-Stowe, Harriet Beethoven, Ludwig van Behrens, Peter Béjart, Maurice Belleau, Rémi Bellemare, Pierre Bellini, Giovanni Bellini, Vincenzo Belmondo, Jean-Paul Beltaine Benveniste, Émile Berg, Alban Maria Johannes Bergman, Ingmar Bergman, Ingrid Bergson, Henri Berlioz, Hector Bernardin de Saint-Pierre, Jacques-Henri Bernard, Claude Bernard, saint Bernheim, Hippolyte Bernin, Gian Lorenzo Bernini, dit le Béroul Bertolucci, Bernardo Binet, Alfred Bismarck, Otto von Bizet, Adolphe Armand Bizet, Georges Bloch, Marc Blow, John Boccace Boccioni, Umberto Boese, Cari Bogart, Humphrey Boieldieu, François Boileau, Nicolas Bollée, Amédée Bon, Giovanni et Bartolomeo Boniface VIII Bonnard, Pierre Borg, Bjôm Borodine, Alexandre Borotra, Jean Bossuet, Jacques Bénigne Botticelli, Sandro Boucher de Perthes, Jacques Boulez, Pierre Boulton, Matthew Bourdelle, Antoine Bourgereau, William Bourget, Paul Bourin, Jeanne Bourvil Boussus, Christian Brahma Brahmanes Brahms, Johannes Bramante Brancusi, Constantin Brando, Marlon Braque, Georges Brecht, Bertolt Breton, André Breuer, Joseph Breuil, Henri Brigit Britten, Benjamin Brook, Peter Brosse, Salomon de Broughton, Jack Brown, Michael Browning, Robert Bruant, Louis Bruegel, Peter Brugnon, Jacques Brumel, Antoine Brunelleschi, Filippo Brunn, M. C. Bruno, Giordano Bùchner, Georg Budé, Guillaume Buffon, Georges Louis Leclerc, comte de Bulland, Jean Bùlow, Cosima von Bunuel, Luis Buontalenti, Bernardo Burnett, Edward Byron, George Gordon C Cabanel, Alexandre Cage, John Calder, Alexander Calderôn de la Barca, Pedro Caligula Calley, John Calliope Calmette, Albert Calmettes, André Calvin, Jean Cameron, James Camus, Albert Camus, Marcel Canaletto, Antonio Canal, dit Cantet, Laurent Cao Xueqin Capra, Frank Caracalla Caravage, Michelangelo Merisi, dit le Camap, Rudolf Carpentier, Gilbert et Maritie Cartier, Jacques Cassavetes, John Cassel, Seymour Catherine II Caton l'Ancien Cavalli, Francesco Cecht, Dian Celsius, Anders Cerbère Cerha, Friedrich Cervantes, Miguel de César, César Baldaccini, dit Cézanne, Paul Chabataka Chabrol, Claude Chabuka Chadha, Gurinder Chaka Chaliapine, Fedor Ivanovitch Champlain, Samuel de Chaplin, Charlie Charcot, Jean Martin Charcot, Jean Charlemagne Charles Édouard Charles II Charles IV le Bel Charles le Téméraire Charles V Charles VIII Charles X Charlotte Charon Charpentier, Marc-Antoine Chateaubriand, François-René de Chaucer, Geoffrey Chausson, Ernest Chéreau, Patrice Chevalier, Maurice Chirac, Jacques Chomsky, Noam Chopin, Frédéric Chostakovitch, Dimitri Chrétien de Troyes Christian-Jaque Christie, John Christo Cicéron Cimabue Cimermanis, Janis Çiva Cixi ou Tseu-Hi Claudel, Camille Claudel, Paul Clausewitz, Karl von Clément Clément, René Cléopâtre VII Clio Clouzot, Henri-Georges Clovis Coatliculé Cochet, Henri Cocteau, Jean Coen, Ethan et Joël Colbran, Isabella Coleridge, Samuel Taylor Colloredo-Mannsfeld, Hieronymus von Colomb, Christophe Colpi, Henri Coltrane, John Coluche Compère, Loyset Comte, Auguste Comte-Sponville, André Condillac, Étienne de Confucius Conrad, Joseph Constable, John Constant, Benjamin Cooper, Gary Copernic Coppée, François Coppens, Yves Coppola, Francis Ford Corelli, Arcangello Corneille, Pierre Corot, Jean-Baptiste Cortés, Hernân Coubertin, Pierre de Couperin, François Courbet, Gustave Courier, Jim Courteline, Georges Cousteau, Jacques-Yves Couture, Thomas Cranach, Lucas Cronos Crosland, Alan Cruise, Tom Cugnot, Joseph Cui, César Curie, Irène Curie, Marie Curie, Pierre Cuvier, Georges D Da Ponte, Lorenzo Dac, Pierre Dagda Daimler, Gottlieb Dali, Gala Dali, Salvador Dante Dargomyj ski, Alexandre Darwin, Charles Daubigny, Charles François Daudet, Alphonse Daumier, Honoré David d'Angers David David, Jacques Louis Davis, Miles De Chirico, Giorgio De Gasperi, Alcide De Niro, Robert De Palma, Brian De Santis, Giuseppe De Sica, Vittorio Debussy, Claude Defoe, Daniel Degas, Edgar Déiphyle Delacroix, Eugène Delalande, Emmanuel Delaunay, Robert Delibes, Léo Délia Porta, Giambattista Delon, Alain Delorme, Philibert Delsarte, Aimée Delsarte, François Démocrite Demy, Jacques Denis, Maurice Derain, André Derrida, Jacques Descartes, René Deschamps, Émile Desgrange, Henri Desgraupes, Pierre Desprez, Josquin Deux, Fred Diaghilev, Serge de Diaz de Villanueva, Pedro Di Caprio, Leonardo Dickens, Charles Dickinson, Emily Diderot, Denis Diesel, Rudolf Dieterlen, Germaine Dilthey, Wilhelm Diogène de Sinope Diomède Dionysos Dogen Dogmi Donen, Stanley Dongen, Kees van Doniol-Valcroze, Jacques Donizetti, Gaetano Dorât, Jean Dostoïevski, Fedor Dreyfus, Alfred Drusus Dryden, John Du Bellay, Joachim Du Guesclin, Bertrand Duchamp, Marcel Dufay, Guillaume Dukas, Paul Dumas Fils, Alexandre Dumas, Alexandre Dumayet, Pierre Dumont d'Urville Duncan, Isadora Duplessis, Marie Durer, Albrecht Durkheim, Émile Dussurguet, Gabriel Dvorak, Anton E Eco, Umberto Edmond Édouard III Eiffel, Gustave Einstein, Albert Eliot, George Ellington, Duke Éluard, Paul Émile, Paul Emily Enlil Épictète Épicure Érato Ératosthène Ernst, Max Erynnies Eschenbach, Wolfram von Eschyle Essenine, Sergueï Esslin, Martin Este, Isabelle d' Euripide Eusèbe de Césarée Euterpe Evert-Lloyd, Chris Eyquem, Michel F Fancelli, Lucas Farel, Guillaume Farinelli Farnèse, Alexandre Fauré, Gabriel Febvre, Lucien Fedor I er Fellini, Federico Fénelon Ferdinand VII Ferry, Luc Feuillade, Louis Feydeau, Georges Figg, James Flaubert, Gustave Fleming, Victor Flore Fonda, Henry Fonda, Peter Ford, John Forman, Milos Fouquet, Jean Fourastié, Jean Fra Angelico Fragonard, Jean Honoré Franck, César François de Sales François I er Frank, Anne Franklin, Benjamin Franzos, Karl Emil Freud, Sigmund Froissait, Jean Fujiwara no Michinaga Fuxi G Gable, Clark Gabriel, Jacques Ange Gainsborough, Thomas Galilée, Galileo Galilei, dit Galland, Antoine Galle, Galton, Francis Gance, Abel Gao E Garnier, Tony Garros, Roland Gary, Romain Gasparo da Salô Gates, Bill Gaudî, Antonio Gauguin, Paul Gaulle, général de Gautier, Théophile Gemmei Gemmingen, Uriel von Gengis Khan George, Stefan Germi, Pietro Gerville, Charles de Géryon Ghezo Ghirlandaio, Domenico Giacometti, Alberto Giambattista, Tiepolo Gillespie, Dizzy Gilot, Françoise Giorgione Giotto di Bondone Girard de Crémone Girardon, François Glaser, Denise Glinka, Mickhaïl Gluck, Christoph Willibald Glucksmann, André Gluzes, Albert Gobineau, Arthur de Godard, Jean-Luc Godefroy de Bouillon Godounov, Boris Fedorovitch Goethe, Johann Wolfgang von Gogol, Nikolaï, dit Nicolas Goldoni, Carlo Goncourt, Edmond de Goncourt, Jules de Gongora, Luis de Gonzague, Hercule de Gorgias Gounod, Charles Goya, Francisco de Goya y Lucientes, dit Grabbe, Christian Dietrich Graf, Steffi Graham Bell, Alexandre Greco, le Grégoire I er Grétry, André Modeste Grimm, Jacob et Wilhelm Gris, Juan Gropius, Walter Grùnewald, Matthias Guardi, Francesco Guérin, Camille Guettard, Jean-Étienne Guillaume d'Occam Guillaume de Champeaux Guillaume de Machaut Guillaume III Guillotin, Joseph Ignace Guimard, Hector Guitry, Sacha H Hadrien Haendel, Georg Friedrich Hailé Sélassié I er Halévy, Geneviève Halévy, Ludovic Halley, Edmund Hammourabi de Babylone Han dynastie Haneke, Michael Haroun al-Rachid Harvey, William Hatchepsout Hathor Hauptmann, Gerhart Hawks, Howard Hawthorne, Nathaniel Haydn, Joseph Haydn, Michael Heckel, Erich Hector Hegel, Georg Wilhelm Friedrich Heian Heidegger, Martin Heine, Heinrich Helmont, Jan Baptistvan Helvétius, Claude Adrien Henin, Justine Henri VII Henry, Pierre Héra Héraclite Heredia, José Maria de Hermès Hérodote d'Halicarnasse Héron Herrera, Juan de Herschel, William Herzog, Werner Hespérides Hestia Heston, Charlton Heuschkel, Johann Peter Hilferding, Franz Hinault, Bernard Hippocrate Hippodamos de Milet Hippolyte Hirohito Hiroshige Hitchcock, Alfred Hobbes, Thomas Hoffman, Dustin Hoffmannstahl, Hugo von Hogarth, William Hokusaï Holbach, Paul d' Holbein, Hans Hôlderlin Holiday, Billie Homère Honegger, Arthur Hopper, Dennis Horta, Victor Horus Houdon, Jean Antoine Huangdi Hucbald Hugo, Victor Hugues de Cluny, abbé Huitzilipotchli Hume, David Husserl, Edmund Huysmans, Joris-Karl / Ibn Khaldoun Ibsen, Henrik Ichijo Ictinos Imbolc Imhotep Immerman, Karl Indurain, Miguel Indy, Vincent d' Ingres, Jean Auguste Dominique Innocent III Innocent VIII Ionesco, Eugène Isis Isidore de Milet Ivan IV le Terrible J Jackson, Peter Jacques II Jacques le Majeur Jacquet, Luc Jaeger, Hans Jalal al-Din Rumi James, Henri James, Stewart Jammot, Armand Jankélévitch, Vladimir Jansénius Jarry, Alfred Jaspers, Karl Jean sans Terre Jean Jeanneret-Gris Jenner, Edward Jia Zhangke Jobs, Steve Jodelle, Étienne Johnson, Samuel Joliot, Frédéric Jordan, Neil Joseph II Josué Juan Carlos I er d'Espagne Judas Nscariote Judas Maccabée Jude Jules César Jupiter K Kafka, Franz Kandinsky, Wassily Kangxi Kant, Emmanuel Karina, Anna Kast, Pierre Keïta, Soundiata Khayam, Omar Khéphren Khnoum Khwarizmi, al- Kind, Friedrich Kindi, ai- Kipling, Rudyard Kirchner, Emst Klee, Paul Klein, Yves Kleist, Heinrich von Klimt, Gustav Klinger, Max Koch, Robert Koklova, Olga Kokoschka, Oskar Kpengla Krishna Krohg, Christian Kshatrya Ku Kubilaï Khan Kubrick, Stanley Kuerten, Gustavo Kundera, Milan Kung-Fu-Tseu Kupka, Frantisek Kurosawa, Akira Kusturica, Emir L Labiche, Ernest Laclos, Pierre Choderlos de Lacoste, René Laennec, René Lafayette, Madame de Lafont, Bernadette La Fontaine, Jean de Laforgue, Jules Lalo, Édouard Lamarck, Jean-Baptiste de Monet Lamartine, Alphonse de Lampeto Lancaster, Burt Landsteiner, Karl Lao-Tseu ou Laozi La Péruse, Jean de Lares La Rue, Pierre de Lassus, Roland de La Tour, Georges de La Tour, Maurice Quentin de Laurencin, Marie Laurent le Magnifique Lautréamont, comte de Laval, Charles Lavoisier, Antoine-Laurent de Lazareff, Pierre Léaud, Jean-Pierre Le Clézio, Jean-Marie Georges Leconte de Lisle Le Corbusier Lefèvre, Géo Léger, Fernand Leibniz, Gottfried Wilhelm von Leigh, Vivien Lelouch, Claude Le Luron, Thierry Lemaître, Georges-Henri Lemercier, Jacques Lendl, Ivan Léonard de Vinci Leone, Sergio Léopold II Lermontov, Mikhaïl Leroi-Gourhan, André Lesage, Alain René Lescot, Pierre Lessing, Gotthold Ephraim Leucippe Le Vau Levinas, Emmanuel Levinson, Barry Lévi-Strauss, Claude Lévy, Bernard-Henri Lifar, Serge Linné, Cari von Liszt, Franz Littré, Émile Livingstone, David Llosa, Claudia Loach, Ken Locke, John London, Jack Longfellow, Henry Wadsworth Lope de Vega, Félix Lo Pin-wang Lorde, André de Lorrain, Claude Gelée, dit le Louis III de Gonzague Louis XI Louis XII Louis XIV Louis II Louis Louis, saint Lou Tchao-lin Lower, Richard Lubitsch, Emst Lucrèce Lud, Gauthier Lug Lugnasad Lulle, Raymond Lully, Jean-Baptiste Lumière, Louis et Auguste Luther, Martin Lux, Guy Lysippe M Maar, Dora Maât Macaulay Machiavel, Nicolas Macpherson, James Maeterlinck, Maurice Maffei, Scipione Magellan, Fernand de Magritte, René Mahler, Aima Mahomet Maillol, Aristide Maine de Biran Malaquais, Jean Malherbe, François de Malick, Terrence Malinowski, Bronislaw Mallarmé, Stéphane Malle, Louis Malthus, Thomas Mandel, Georges Manet, Édouard Mani Mann, Heinrich Mann, Thomas Mansart, François Mantegna, Andréa Manzoni, Alessandro Mao Zedong Marc Aurèle Marco Polo Maria-Anna Mariano, Luis Marie d'Agoult Marinetti, Filippo Marivaux, Pierre de Marley, Bob Marlowe, Christopher Marmontel, Jean-François Marpa Mars Marx, Karl Mary Mas'ûdi Masaccio Massenet, Jules Matisse, Henri Maugham, Somerset Maupassant, Guy de Mauss, Marcel Médicis, Cosme de Médicis, Laurent et Julien de Meilhac, Henri Meissonier, Jean Louis Ernest Melanchthon, Philipp Schwarzerd, dit Méliès, Georges Melpomène Melville, Herman Ménalippe Mendelssohn, Félix Merckx, Eddy Mérimée, Prosper Merle, Robert Métastase Meucci, Antonio Meyer, Conrad Ferdinand Michel-Ange, Michelangelo Buonarroti, dit Michelet, Jules Micon Milhaud, Darius Mill, John Stuart Millet, Jean-François Minerve Minghella, Anthony Mingus, Charlie Minnelli, Vincente Mino da Fiesole Mirbeau, Octave Mirô, Joan Mitrani, Michel Mitterrand, François Miyazaki Hayao Modigliani, Amadeo Mofolo, Thomas Moholy-Nagy, Lazlo Molière, Jean-Baptiste Poquelin, dit Mondrian, Piet Monet, Claude Monnet, Jean Monroe, Bill Monroe, Marilyn Montesquieu, Charles Louis de Secondât, baron de la Brède et de Monteverdi, Claudio Moréas, Jean Moreau, Gustave Moreschi, Alessandro Moretti, Nanni Morgan, Lewis Henri Morris, William Morse, Samuel Morton, Jelly Roll Moussa, Kango Moussorgski, Modest Mozart, Wolfgang Amadeus Mozart, Léopold Mozi Mullan, Peter Munch, Edvard Munch, Jacob Murasaki Shikibu, Dame Mumau, F. W. Musset Mustafa Kemal Mutsuhito N Nadal, Rafaël Nahowski, Hélène Napoléon I er Napoléon III Navratilova, Marti na Nebty Nei Tsing Sou Wen Neptune Nergal Néron Nerval, Gérard de Nesout-bit Newcomen, Thomas Nicholson, Jack Nicolas de Haguenau, Nicolas Zimmerlin, dit Nicomachos de Thèbes Nijinski, Vaslav Nin, Anaïs Noah, Yannick Nobel, Alfred Nodier, Charles Nohain, Jean Nono, Luigi Nostradamus, Michel de Notre-Dame, dit Novalis, Friedrich von Hardenberg, dit Noverre, Jean Georges Noureev, Rudolf Nugua o Obrecht, Jacob Offenbach, Jacques Ogma Osiris Osman I er Otrepied, Gregori Otton I er Ounas Ovide P Pachacutec I er Pacino, Al Pacioli, Luca Padilha, José Pagliero, Marcello Pagnol, Marcel Painos Palestrina, Giovanni Palladio, Andréa Pantalon Papin, Denis Pappenheim, Bertha Parker, Charlie Bird » Parménide Parmesan, Francesco Mazzola, dit le Pascal, Biaise Pasolini, Pier Paolo Pasteur, Louis Pathé, Charles Pavlov, Ivan Paxton, Joseph Pelé Pélissier, Olympe Pénates Pendragon, Arthur Penthésilée Perec, Georges Pergolèse, Jean-Baptiste Péri, Jacopo Périclès Perrault, Charles Perrault, Claude Persée Perugino, Pietro Pétain, maréchal Peterson, Oscar Petipa, Marius Petit, Emmanuel Phidias Philipe, Gérard Philippa de Hainaut Philippe de Commynes Philippe II Auguste Philippe II Philippe IV le Bel Philippe le Bon Philippe VI de Valois Philopoemen Pialat, Maurice Piave, Francesco Maria Picabia, Francis Picasso, Pablo Piero délia Francesca, Piero dei Franceschi, dit Pierre I er de Castille Pierre Pierrot Pietro délia Gondola, Andréa di Pigalle, Jean-Baptiste Pirandello, Luigi Pisanello Pisano, Nicola Pitt, Brad Pizarro, Francisco Planck, Max Planer, Wilhelmine Platini, Michel Platon Plaute Pline l'Ancien Pline le Jeune Plotin de Lycopolis Poe, Edgar Allan Polanski, Roman Polybe de Mégapolis Polygnote de Thasos Polymnia Poséidon Pouchkine, Alexandre Poulenc, Francis Poulidor, Raymond Poussin, Nicolas Prat, Jean Praxitèle Presley, Elvis Prévost, abbé Proclus, Porphyre Procope Prodicos de Céos Prokofiev, Sergueï Protagoras Proust, Marcel Ptah Ptolémées Puccini, Giacomo Puget, Pierre Purcell, Henry Puvis de Chavannes Puyi Pythagore Q Qian Long Qin Shi Huangdi Quarton, Enguerrand Queneau, Raymond Quételet, Jacques Quetzalcôatl Quincey, Thomas de R Rabelais, François Rachmaninov, Serge Racine, Jean Radcliffe-Brown, Alfred Reginald Raisner, Albert Ramakrishna Rameau, Jean-Philippe Raphaël Ravel, Maurice Ray Rê Redon, Odilon Régnier, Mathurin Reinhardt, Django Reinhardt, Max Rembrandt Renoir, Pierre Auguste Resnais, Alain Retz, cardinal de Ribot, Théodule Armand Ricci, Matteo Richard Coeur de Lion Richelieu Richter, Charles Francis Richter, Johann Paul Friedrich Ricoeur, Paul Rilke, Rainer Maria Rimski-Korsakov, Nikolaï Rinchen Zangpo Rivet, Paul Rivette, Jacques Robbe-Grillet, Alain Robbins, Jérôme Robert d'Anjou Robespierre Rodin, Auguste Rohmer, Éric Rolling Stones, The Romulus Augustule Ronaldo Ronsard, Pierre de Rôntgen, Wilhelm Conrad Roque, Jacqueline Roscelin Rosny aîné, J. H. Rosselli, Cosimo Rossellini, Roberto Rossini, Gioacchino Rostand, Jean Rouch, Jean Rousseau, Jean-Jacques Rousseau, Théodore Rowlands, Gena Rubens, Pierre Paul Rude, François Rutherford, Lord Ernest S Sade, Donatien Alphonse de Sagan, Françoise Saint Phalle, Niki de Saint-Saëns, Camille Salluste Salomon Salomon, roi Samain, Albert Sanchez, Arantxa Sand, George Sandrart, Joachim von Sansovino, Jacoppo Tatti, dit Sappho Sargon l er d'Akkad Sarraute, Nathalie Sartre, Jean-Paul Satie, Erik Saturne Saussure, Ferdinand de Savery, Thomas Savorgnan de Brazza, Pierre Sax, Adolphe Scarlatti, Alessandro Scarron, Paul Schaeffer, Pierre Schikaneder, Emmanuel Schlesinger, John Schlôndorff, Volker Schlôzer, Ludwig von Schoenberg ou Schônberg, Arnold Schôffer, Nicolas Schopenhauer, Arthur Schubert, Franz Schuman, Robert Schumann, Robert Schùtz, Heinrich Scipion Émilien Scipion Scorsese, Martin Scot Érigène, Jean Scott, Walter Seberg, Jean Sei Shônagon Seles, Monica Sémiramis Sen, Amartya Sénèque Sérusier, Paul Servandoni, Giovanni Setchenov, Ivan Seth Seurat, Georges Pierre Severini, Gino Sevran, Pascal Shakespeare, William Shaw, George Bernard Sheen, Martin Shelley, Percy Bysshe Shennong Shun Siddhârta Gautama Signac, Paul Sima Qian Simenon, Georges Simon Simon, Claude Simon, saint Sinope Siodmak, Robert Smetana, Bedrich Smith, Bessie Socrate Sophocle Sorel, Charles Soufflot, Jacques Germain Soulié, Frédéric Soutine, Chaïm Spencer, Herbert Spielberg, Steven Squarcione, Francesco Sseu-ma Tsien Staël, Madame de Stahl, Georg Emst Stanley, Henry Stendhal Sterbini, Cesare Stocker, Bram Stockhausen, Karlheinz Stradivari, Antonio Stravinsky, Igor Strepponi, Giuseppina Striggio, Alessandro Strindberg, August Sudra Sue, Eugène Sully Prudhomme Sun Yat-sen Supervielle, Jules Sùssmayer, Franz Xavier Swift, Jonathan T Taharqa Taine, Hippolyte Tamerlan Tasse, le Tavernier, Bertrand Tchaïkovski, Piotr Ilitch Tcherepnine, Nikolaï Teilhard de Chardin, Pierre Tennyson, Alfred Terence Terpsichore Teuca Thalès Thalie Thamaris Théodora de Byzance Théodose I er le Grand Thespis Thierry, Augustin Thomas d'Angleterre Thomas d'Aquin, saint Thomas Thot Thoutmosis I er Thoutmosis II Thoutmosis III Thucydide Tibère Tieck, Ludwig Tinguely, Jean Tintoret, Jacopo Comin, dit le Tirso de Molina Tite-Live Titien Titus Tlaloc Tokutomi Soho Tolstoï, Léon Tombaugh, Clyde William Toulouse-Lautrec, Henri de Tourgueniev, Ivan Sergueïevitch Travolta, John Trier, Lars von Truffaut, François Tsongkapa Tulsi Das Turgot, Anne Robert Turner, William Tzara, Tristan u Umberto I er Uranie Utamaro Kitagawa V Vaishya Vallès, Jules Vallotton, Félix Van Eyck, Jan Van Gogh, Vincent Varda, Agnès Varese, Edgar Vasarely, Victor Vasari, Giorgio Vasco de Gama Veccelli, Tiziano Vélasquez, Diego Verdi, Giuseppe Verlaine, Paul Vermeer de Delft, Jan Vermeer , dit Véronèse, Paolo Verrocchio Vespasien Vespucci, Amerigo Vesta Vian, Boris Victor-Emmanuel II Vignole, Giacomo Barozzi, dit le Vigny, Alfred de Vilar , Jean Villard de Honnecourt Villiers de l'Isle-Adam, Auguste Virgile Visconti, Luchino Vishnou Vitruve Vivaldi, Antonio Vlaminck, Maurice de Vogler, Georg Joseph Voight, Jon Voltaire, François Marie Arouet, dit Vuillard, Édouard Vulcain w Wagner, Richard Waldseemùller, Martin Wallace, Lewis Wallishauser, Johann Evangelist Walpole, Horace Walter, Marie-Thérèse Wang Qan'an Warhol, Andy Watson, John B. Watt, James Watteau, Antoine Wayne, John Weaver, John Weber, Cari Maria von Weber, Constance Weber, Max Webern, Anton Wegener, Alfred Weill, Kurt Wenders, Wim Whitman, Walt Wieland, Christoph Martin Wiene, Robert Wilander, Mats Wilde, Oscar Winslet, Kate Wise, Robert Wolf, Christian von Wolf, Friedrich August Woolf, Virginia Wordsworth, William Wozniak, Steve Wright, Frank Lloyd Wudi Wundt, Wilhelm Wyler, William X Xenakis, Yannis Xerxès I er Xochipilli Y Yang Kiong Yao Yong le Yoritomo Yoshihito Yourcenar, Marguerite Yu Yuan Shikai Yung, Cari Gustav z Zadkine, Ossip Zbanic, Jasmila Zeami Motokiyo Zénon d'Élée Zénon de Citium Zeus Zeuxis Zhuangzi Zidane, Zinédine Zoroastre Zurbarân y Salazar, Don Francisco de Zuse, Konrad Zwingli Zworykin, V. R.
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Annuairedes pompes funèbres; Entretenir une sépulture; Livraison de fleurs; Livre d'or; Localiser une sépulture; Publier un avis de décès. 30 avril 1966 - 18 août 2017 Chantal Baptistine Soleilhac Décédé(e) à Montpellier. Partager cette page. Comment puis-je rendre hommage ? Publier un hommage Faire livrer des fleurs Entretenir sa sépulture Où repose

Mémorial 0 messages de condoléances ont été laissé depuis le 27 août 2017 Nous prenons part à votre peine dans ce moment douloureux. Sincères condoléances à la famille. Odella Exemples de message de condoléances Nous sommes de tout cœur avec vous dans ce moment difficile. Prénom Nom {Date de publication du message} {Relation} Exemples de message de condoléances Nous ne t’oublierons jamais, tu seras toujours dans nos pensées. Prénom Nom {Date de publication du message} Exemples de message de condoléances C’est avec une grande émotion que nous avons appris cette triste nouvelle. Nos pensées sont avec vous. Prénom Nom {Date de publication du message} Exemples de message de condoléances Nous partageons votre peine et vous assurons de nos sentiments les plus affectueux. Prénom Nom {Date de publication du message} {Relation} Exemples de message de condoléances Ton souvenir sera toujours présent et restera à jamais gravé dans nos cœurs. Prénom Nom {Date de publication du message}

PompesFunèbres et Marbrerie Soleilhac avenue Auvergne 43100 Brioude 0471749773 Recevoir jusqu'à 3 devis obsèques à Brioude Présentation de l'agence Pompes Funèbres et Marbrerie Soleilhac La préparation d'obsèques est une étape essentielle dans le processus d'acceptation de la perte d'un proche.
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