.Denise Comanne 1949-2010 - que j'ai eu la chance de cĂŽtoyer lors de rĂ©unions et colloques - a mis la derniĂšre main Ă ce texte le 27 mai 2010, soit la veille de son dĂ©cĂšs survenu suite Ă un accident cardio-vasculaire alors qu'elle venait de quitter une confĂ©rence commĂ©morant le cinquantenaire de l'indĂ©pendance du Congo. Voir Comanne comptait encore amĂ©liorer ce texte 1 dans le cadre du travail collectif entrepris par le CADTM afin de renforcer son engagement fĂ©ministe. Tel quel, c'est dĂ©jĂ un document majeur. .Le patriarcat L'oppression des femmes est trĂšs ancienne elle prĂ©existe au capitalisme qui est aussi un systĂšme d'oppression mais plus global. On appelle patriarcat » l'oppression que les femmes subissent en tant que femmes de la part des hommes. Cette oppression se reproduit de multiples façons au delĂ de l'aspect strictement Ă©conomique par le langage, la filiation, les stĂ©rĂ©otypes, les religions, la culture ... Cette oppression prend des formes trĂšs diffĂ©rentes selon par exemple qu'on vit au Nord ou au Sud de la planĂšte, en milieu urbain ou en milieu rĂ©volte contre l'oppression ou l'exploitation ressentie ne dĂ©bouche pas ipso facto sur la mise en cause du patriarcat la classe ouvriĂšre opprimĂ©e ne dĂ©cide pas non plus ipso facto de mettre fin au capitalisme et, pourtant, il est plus facile » de rĂ©agir Ă l'oppression du patron qu'Ă celle du compagnon. Pour cela, il faut encore pouvoir se dĂ©barrasser des explications les plus courantes, qu'elles soient d'inspiration physiologique appareil sexuel ou cerveau diffĂ©rent ou psychologique caractĂšre passif, docile, narcissique, etc. pour dĂ©boucher sur une critique politique du patriarcat, en tant que systĂšme de pouvoir dynamique, capable de se perpĂ©tuer, et qui rĂ©siste Ă toute transformation de son noyau central la suprĂ©matie des hommes 2..Etre fĂ©ministe, c'est donc prendre conscience de cette oppression et, ayant pris conscience que c'est un systĂšme, travailler Ă le dĂ©truire pour permettre l'Ă©mancipation la libĂ©ration des femmes. Denise Commane CaractĂ©ristiques du patriarcat 3La domination masculine ne se rĂ©duit pas Ă une somme de discriminations. C'est un systĂšme cohĂ©rent qui façonne tous les domaines de la vie collective et individuelle..1 Les femmes sont "surexploitĂ©es" sur leur lieu de travail et elles fournissent - en plus -de longues heures de travail domestique mais ces derniĂšres n'ont pas le mĂȘme statut que les heures de travail salariĂ©. Sur le plan international, les statistiques montrent que si on prend en compte le travail professionnel des femmes qui est rĂ©munĂ©rĂ©, plus le travail domestique, le groupe des femmes produit un "surtravail" par rapport Ă celui des hommes. Cette non-mixitĂ© dans les tĂąches et les responsabilitĂ©s familiales est la face visible grĂące aux fĂ©ministes d'un ordre social fondĂ© sur la division sexuelle du travail, c'est Ă dire sur une rĂ©partition des tĂąches entre les hommes et les femmes, suivant laquelle les femmes seraient censĂ©es se consacrer prioritairement et "tout naturellement" Ă l'espace domestique et privĂ© tandis que les hommes se consacrent Ă l'activitĂ© productive et rĂ©partition loin d'ĂȘtre "complĂ©mentaire" dĂ©finit une hiĂ©rarchie entre les activitĂ©s "masculines" valorisĂ©es et les activitĂ©s "fĂ©minines" dĂ©valorisĂ©es. Elle n'a jamais correspondu, dans les faits, Ă une Ă©galitĂ©. La grande majoritĂ© des femmes a toujours cumulĂ© une activitĂ© productive au sens large du terme et l'entretien du groupe domestique..2 La domination se caractĂ©rise par une absence totale ou partielle de droits. Les femmes mariĂ©es au 19e siĂšcle en Europe n'avaient quasiment pas de droits ; ceux des femmes d'Arabie saoudite aujourd'hui sont rĂ©duits Ă peu de choses gĂ©nĂ©ralement, les femmes qui vivent dans des sociĂ©tĂ©s oĂč la religion est une affaire d'Etat, ont des droits fort limitĂ©s.Les droits des femmes occidentales se sont par contre considĂ©rablement Ă©largis sous l'influence du dĂ©veloppement du capitalisme - elles devaient pouvoir travailler et consommer "librement" - mais aussi et surtout grĂące Ă leurs femmes n'ont pas cessĂ© de lutter collectivement depuis deux siĂšcles pour revendiquer le droit de vote, le droit au travail, de se syndiquer, la libre maternitĂ©, l'Ă©galitĂ© pleine et entiĂšre au travail, dans la famille et dans l'espace public..3 La domination s'accompagne toujours d'une violence, qu'elle soit physique, morale ou "idĂ©elle". La violence physique, ce sont les violences conjugales, le viol, les mutilations gĂ©nitales, etc. Cette violence peut aller jusqu'au meurtre. Les violences morales ou psychologiques, ce sont les insultes, les humiliations. Les violences "idĂ©elles", ce sont les violences inscrites dans les reprĂ©sentations les mythes, les discours, etc.. Par exemple, chez les Baruya population de la Nouvelle GuinĂ©e oĂč les hommes exercent leur domination sur tous les terrains, le lait des femmes n'est pas considĂ©rĂ© comme un produit fĂ©minin mais comme la transformation du sperme des hommes. Or, cette reprĂ©sentation du lait comme produit dĂ©rivĂ© du sperme est une forme d'appropriation par les hommes du pouvoir de procrĂ©ation des femmes, et c'est une maniĂšre d'inscrire dans la reprĂ©sentation des corps, la subordination des femmes..4 Les rapports de domination s'accompagnent le plus souvent d'un discours qui vise Ă faire passer les inĂ©galitĂ©s sociales pour des donnĂ©es naturelles. L'effet de ce discours, c'est de faire admettre ces inĂ©galitĂ©s comme un destin incontournable ce qui relĂšve de la nature, ne peut pas ĂȘtre trouve ce type de discours dans la plupart des sociĂ©tĂ©s. Par exemple dans la sociĂ©tĂ© grecque antique, il est fait rĂ©fĂ©rence aux catĂ©gories du chaud et du froid, du sec et de l'humide pour dĂ©finir la "masculinitĂ©" et la "fĂ©minitĂ©". Voici l'explication donnĂ©e par Aristote "Le mĂąle est chaud et sec, associĂ© au feu et Ă la valeur positive, le fĂ©minin est froid et humide, associĂ© Ă l'eau et Ă la valeur nĂ©gative .... C'est qu'il s'agit, dit Aristote, d'une diffĂ©rence de nature dans l'aptitude Ă "cuire" le sang les rĂšgles chez la femme sont la forme inachevĂ©e et imparfaite du sperme. Le rapport perfection/imperfection, puretĂ©/impuretĂ©, qui est celui du sperme et des menstrues, donc du masculin et du fĂ©minin trouve par consĂ©quent chez Aristote son origine dans une diffĂ©rence fondamentale, biologique".Une inĂ©galitĂ© sociale inscrite dans l'organisation sociale de la citĂ© grecque les femmes ne sont pas citoyennes est transcrite en termes de nature, dans la reprĂ©sentation des d'autres sociĂ©tĂ©s, ce sont d'autres qualitĂ©s "naturelles" qui sont associĂ©es Ă l'homme ou Ă la femme et qui aboutissent elles aussi Ă une hiĂ©rarchisation entre le groupe des hommes et celui des femmes. Un exemple, celui de la sociĂ©tĂ© des Inuits lĂ , le froid, le cru et la nature sont du cĂŽtĂ© de l'homme, alors que le chaud, le cuit et la culture sont du cĂŽtĂ© de la femme. C'est l'inverse dans les sociĂ©tĂ©s occidentales, oĂč l'on associe homme-culture/femme-nature. On peut donc constater qu'avec des qualitĂ©s "naturelles" diffĂ©rentes froid et chaud pour les femmes par exemple, on aboutit nĂ©anmoins Ă les rationaliser dans un rapport social hiĂ©rarchisĂ© entre les hommes et les femmes quelque soit la qualitĂ© naturelle », c'est moins bon chez la femme.Il ne s'agit pas de nier ainsi toute diffĂ©rence biologique entre les hommes et les femmes. Constater une diffĂ©rence, ce n'est pas admettre automatiquement une inĂ©galitĂ©. Mais quand, dans une sociĂ©tĂ©, est montĂ© en Ă©pingle un ensemble de "diffĂ©rences naturelles" non pas entre tel ou tel individu mais entre des groupes sociaux, on doit soupçonner un rapport social inĂ©galitaire masquĂ© derriĂšre le discours de la discours de "naturalisation" n'est pas spĂ©cifique aux rapports de domination des hommes sur les femmes, on le trouve par exemple dans la maniĂšre de dĂ©crire la situation des noirs. Certains discours tendaient ainsi Ă justifier la situation d'exploitation et d'oppression des noirs, sous ses diffĂ©rentes formes, par leur "paresse" congĂ©nitale. On le constate Ă©galement Ă propos des prolĂ©taires du XIX siĂšcle Ă cette Ă©poque, on expliquait leur impossibilitĂ© de sortir de la pauvretĂ© par le fait qu'ils Ă©taient des ivrognes par nature, de pĂšre en type de discours tend Ă transformer des individus intĂ©grĂ©s dans des rapports sociaux en "essences" avec des "qualitĂ©s" dĂ©finitives, relevant de la nature, qui ne peuvent pas ĂȘtre changĂ©es et qui donc justifient, lĂ©gitiment ces rapports d'inĂ©galitĂ©, d'exploitation, d'oppression etc..5 S'il n'y a pas de luttes, le type de discours de naturalisation » peut trĂšs bien ĂȘtre intĂ©riorisĂ© par les opprimĂ©es. En ce qui concerne les femmes, par exemple, l'idĂ©e suivant laquelle, parce que ce sont elles qui portent les enfants et les mettent au monde, elles seraient "naturellement" plus douĂ©es que les hommes pour s'en occuper, quand ils sont petits du moins, est largement rĂ©pandue. Pourtant, les jeunes femmes sont souvent aussi dĂ©munies que leur conjoint dans les premiers jours qui suivent la naissance. Par contre, elles ont souvent Ă©tĂ© prĂ©parĂ©es psychologiquement Ă travers l'Ă©ducation et les normes diffusĂ©es dans l'ensemble de la sociĂ©tĂ© Ă cette nouvelle responsabilitĂ© qui va nĂ©cessiter un apprentissage. Cette rĂ©partition des tĂąches Ă propos des enfants qui confient quasi exclusivement aux femmes les soins matĂ©riels des bĂ©bĂ©s n'a rien de "naturel" ; elle relĂšve de l'organisation sociale, d'un choix collectif de sociĂ©tĂ© mĂȘme s'il n'est pas formulĂ© explicitement. Le rĂ©sultat est bien connu ce sont majoritairement les femmes qui doivent se dĂ©brouiller pour "concilier" travail professionnel et responsabilitĂ©s familiales, au dĂ©triment de leur santĂ© et de leur situation professionnelle, les hommes, quant Ă eux, Ă©tant privĂ©s de ce contact permanent avec les jeunes naturalisation des rapports sociaux s'inscrit inconsciemment subtilement dans les comportements des dominants et des dominĂ©es et les pousse Ă agir conformĂ©ment Ă la logique de ces rapports sociaux, les hommes devant se conformer dans les sociĂ©tĂ©s mĂ©diterranĂ©ennes par exemple Ă la logique de l'honneur ils doivent Ă tout moment faire la preuve de leur "virilitĂ©", les femmes Ă celle de la discrĂ©tion, du service, de la discours de "naturalisation", portĂ© par les dominants, aboutit au fait que les individus des deux sexes se voient collĂ©s une Ă©tiquette, assignĂ©s Ă une identitĂ© unique et dans certains cas, persĂ©cutĂ©s ou du moins maltraitĂ©s, au nom de leur origine sociale, de la couleur de leur peau, de leur sexe, de leur orientation sexuelle, etc. Dans les sociĂ©tĂ©s occidentales, le modĂšle de rĂ©fĂ©rence a longtemps Ă©tĂ©, et reste encore trĂšs largement, celui de l'homme, blanc, bourgeois, chrĂ©tien, hĂ©tĂ©rosexuel. Seule une personne rĂ©unissant ce type de caractĂ©ristiques pouvait prĂ©tendre ĂȘtre un individu Ă part entiĂšre et pouvoir parler pour l'humanitĂ©. Tous les autres, les noirs, les juifs, les tziganes, les homos, les travailleurs immigrĂ©s et leurs enfants, les femmes ces derniĂšres pouvant d'ailleurs concentrer sur elles plusieurs de ces "stigmates" devaient et doivent encore se justifier pour bĂ©nĂ©ficier des mĂȘmes droits que les dominants..Le capitalisme intervientAutrefois, quand on interrogeait les enfants Ă l'Ă©cole sur la profession de leurs parents respectifs, on leur apprenait que si leur maman Ă©tait femme au foyer, il fallait inscrire "nĂ©ant". Ce "nĂ©ant"-lĂ tĂ©moigne mieux que tout autre de "l'invisibilitĂ©" du travail domestique des femmes dans les sociĂ©tĂ©s capitalistes avant le renouveau du fĂ©minisme Ă la fin des annĂ©es 1960. Ce sont les fĂ©ministes qui, en effet, ont mis en Ă©vidence l'importance et la diversitĂ© des activitĂ©s rĂ©alisĂ©es par les femmes "gratuitement" dans la on essayait de chiffrer la contribution invisible des femmes, non traduite en valeur monĂ©taire parce qu'elle ne fait pas l'objet d'une vente ou d'un achat, le PNUD estimait dans son rapport 1995 qu'elle aurait reprĂ©sentĂ© l'Ă©quivalent de 11 000 milliards de dollars. Il faut mettre ce chiffre en rapport avec celui de la production mondiale, estimĂ©e Ă l'Ă©poque Ă 23 000 milliards de dollars, pour avoir une idĂ©e de ce que reprĂ©sente l'apport des femmes Ă l'entiĂšretĂ© de l'humanitĂ© PNUD, 1995, p. 6.A ces 11 000 milliards de dollars, il faudrait ajouter la contribution des femmes qui fait l'objet de rapports marchands travail salariĂ©, par exemple. Il faudrait enfin prendre en considĂ©ration que, Ă travail Ă©gal, le montant des salaires payĂ©s aux femmes est en gĂ©nĂ©ral infĂ©rieur Ă celui payĂ© aux tĂąches domestiques sont les tĂąches de reproduction de la force de travail ; elles sont effectuĂ©es au sein du cadre familial et l'immense majoritĂ© de ce travail est assurĂ© GRATUITEMENT par les femmes 80% des tĂąches domestiques sont assumĂ©es par les femmes. Le systĂšme capitaliste n'a jamais voulu jusqu'ici transformer entiĂšrement les tĂąches domestiques en professions rĂ©munĂ©rĂ©es par un salaire et/ou en produits Ă vendre sur le marchĂ©. Pour rĂ©ussir ce tour de force, il a fallu que, via le patriarcat, les femmes comme les hommes intĂ©riorisent et dĂ©veloppent l'idĂ©e selon laquelle il y aurait une prĂ©disposition des femmes Ă l'accomplissement des tĂąches domestiques..La question du travail domestique des femmes sphĂšre privĂ©e est donc centrale dans l'analyse de leur tendance du systĂšme capitaliste Ă rĂ©organiser Ă son profit l'Ă©conomie Ă l'Ă©chelle mondiale a des rĂ©percussions directes sur les rapports entre les sexes. L'analyse des mĂ©thodes employĂ©es montre, d'une part, que le systĂšme capitaliste se nourrit d'un systĂšme d'oppression prĂ©existant, le patriarcat, et d'autre part, qu'il en accuse les traits. En effet, l'oppression des femmes est un outil permettant aux capitalistes de gĂ©rer l'ensemble de la force de travail Ă leur profit. Elle leur permet aussi de justifier leurs politiques quand il leur est plus profitable de dĂ©placer la responsabilitĂ© du bien-ĂȘtre social de l'Etat et des institutions collectives vers " l'intimitĂ© " de la famille. Autrement dit, quand les capitalistes ont besoin de main d'Ćuvre, ils vont chercher les femmes et les paient moins que les hommes ce qui, par voie de consĂ©quence, tire tous les salaires vers le bas. Dans ce cas, l'Etat est poussĂ© Ă rĂ©aliser des services qui facilitent un peu la tĂąche des femmes ou leur permettent de se dĂ©gager de certaines responsabilitĂ©s. Mais s'ils n'ont plus besoin de main d'Ćuvre fĂ©minine, ils renvoient les femmes Ă leurs foyers oĂč se trouve leur vĂ©ritable place » selon le n'existe encore aucun pays au monde, mĂȘme parmi les plus avancĂ©s en ce domaine, oĂč les revenus des femmes soient Ă©gaux aux revenus des hommes. Certains pays industrialisĂ©s reculent mĂȘme sĂ©rieusement dans la liste du dĂ©veloppement humain si l'on considĂšre cette donnĂ©e le Canada recule de la 1Ăšre place Ă la 9e, le Luxembourg recule de douze places, les Pays-Bas de seize, l'Espagne de vingt-six PNUD, 1995. Les carriĂšres majoritairement occupĂ©es par des femmes sont dĂ©valorisĂ©es travail de la santĂ©, enseignement.Lorsque que le capitalisme traverse des crises et qu'il met en place des plans d'austĂ©ritĂ©, les femmes sont les premiĂšres exclues des allocations sociales indemnitĂ©s de chĂŽmage par exemple quand celles-ci existent. Ailleurs, on les poussera vers des emplois oĂč le salaire est trĂšs infĂ©rieur, comme le travail en zones franches au Mexique, dans ce secteur, les salaires des femmes se sont effondrĂ©s de 80% Ă seulement 57% de ceux des hommes ou on les glorifiera de travailler avec un salaire dĂ©risoire dans la multitude de travaux du secteur informel, hors des rĂ©glementations " paralysantes " des droit des femmes au travail est remis en cause par mille astuces gouvernementales. Il y a Ă©videmment le " choix " du temps partiel qui va du mi-temps au contrat " zĂ©ro " oĂč la travailleuse reste Ă disposition du patron de zĂ©ro heure Ă n'importe quel nombre d'heures selon les besoins, et cela alors que pratiquement tous les sondages prouvent que la majoritĂ© des travailleuses est demandeuse d'un temps complet. La rĂ©duction croissante de services comme les crĂšches, les garderies, ou la privatisation d'autres comme les maisons de repos pour personnes ĂągĂ©es qui multiplient les embĂ»ches rencontrĂ©es par la femme au travail. " L'Ă©galitĂ© du travail " introduit le travail de nuit pour les femmes en nĂ©gatif. Il est clair que pour les services de sĂ©curitĂ©, de soins, etc., il est correct d'avoir Ă©tabli l'Ă©galitĂ© de travail des femmes. Mais ce qui Ă©tait en jeu dans ce soi-disant progrĂšs Ă©galitaire, c'Ă©tait de permettre aux femmes de travailler de nuit Ă la chaĂźne, par exemple. Or, il n'est absolument pas vital de construire une voiture pendant la nuit. La mesure d'Ă©galitĂ© de travail de nuit entre les hommes et les femmes aurait donc dĂ» ĂȘtre - selon un fĂ©minisme bien pensĂ© - de supprimer le travail de nuit pour les hommes. De plus, ce travail de nuit Ă la chaĂźne, inacceptable par principe, n'est pas vivable la plupart du temps, vu travail des femmes encore actuellement dans la sphĂšre familiale..La question du travail des femmes dans la production sphĂšre publique est donc tout aussi gĂ©rer cette question, le capitalisme va s'appuyer sur le patriarcat, s'en servir comme levier pour ses objectifs et, parallĂšlement, le renforcer. Le fait que les femmes soient relĂ©guĂ©es - par le patriarcat - aux tĂąches domestiques, va permettre aux capitalistes de justifier la surexploitation salariale des femmes par l'argument que leur travail serait moins productif que celui des hommes faiblesse, rĂšgles, absentĂ©isme pour grossesse, allaitement, garde des enfants et des parents malades.... C'est la question du salaire d'appoint. Encore aujourd'hui, Ă compĂ©tences Ă©gales et Ă travail Ă©gal, les femmes sont payĂ©es environ 20% de moins que les hommes. Double intĂ©rĂȘt pour les capitalistes d'une part, ils disposent d'une main d'Ćuvre meilleur marchĂ© et plus flexible c'est une main d'Ćuvre de rĂ©serve employable en fonction des fluctuations du marchĂ© et, d'autre part, cela leur permet de tirer l'ensemble des salaires vers le question gĂ©nĂ©rale du travail des femmes dans la sphĂšre privĂ©e et dans la sphĂšre publique reflĂšte donc soit leur oppression quand par exemple, des politiques d'extrĂȘme droite ou d'intĂ©grisme religieux les forcent Ă rester Ă l'intĂ©rieur de la maison, soit leur libĂ©ration politiques progressistes d'Ă©galitĂ© de salaire, de crĂ©ation d'emplois, de services publics gratuits,....******.Partant du constat de l'importance du travail domestique, le courant fĂ©ministe "luttes de classe", en fait l'analyse suivante 4 L'oppression des femmes a prĂ©cĂ©dĂ© le capitalisme mais ce dernier l'a profondĂ©ment modifiĂ©eLe travail domestique, au sens prĂ©cis du terme, est nĂ© avec le capitalisme. En remplaçant, dans une large mesure, la petite production marchande agricole et artisanale par la grande industrie, il a formalisĂ© de plus en plus la sĂ©paration entre les lieux de production les entreprises et les lieux de reproduction la famille, assignant aux femmes ce rĂŽle de responsable du logis. Cette nouvelle idĂ©ologie de la femme au foyer, apparue avec la bourgeoisie, a renforcĂ© le mĂ©pris qui pesait sur les femmes "contraintes" de travailler Ă l'extĂ©rieur, faute d'un mari susceptible de les entretenir. Cette idĂ©ologie ne fut pas propre Ă la bourgeoisie, elle a au contraire contaminĂ© tout le mouvement ouvrier naissant. Mais, contrairement aux idĂ©es reçues, les femmes des milieux populaires n'ont pas cessĂ© de travailler, prises dans les contradictions multiples liĂ©es Ă leurs tĂąches dans la famille et leurs pĂ©nibles conditions de travail. C'est pourquoi, il nous semble indispensable d'analyser conjointement l'articulation entre capitalisme et oppression capitalisme est un mode de production dynamique et agressif et, Ă ce titre, il pĂ©nĂštre tous les rapports sociaux, y compris les rapports sociaux de sexe. Le capitalisme n'a pas hĂ©sitĂ© par exemple Ă faire appel massivement Ă la main d'Ćuvre fĂ©minine et enfantine trĂšs bon marchĂ©, au dĂ©but du 19e siĂšcle, pour augmenter la production et ainsi ses profits. Au fil des siĂšcles, cette recherche du profit maximal a conduit le capitalisme Ă mettre en cause partiellement du moins l'autoritĂ© paternelle et maritale, pour faire des femmes des travailleuses "libres" de vendre leur force de travail sans l'autorisation de leur mari et des consommatrices Ă part appel Ă la main d'Ćuvre fĂ©minine a connu de nouveaux dĂ©veloppements au dĂ©but des annĂ©es 1960 et aujourd'hui encore sur le plan mondial. Avec la dĂ©localisation des industries traditionnelles ou de pointe, en Afrique du Nord, en AmĂ©rique latine ou en Asie, le patronat, recherchant de nouveaux profits, a recrutĂ© sur le marchĂ© du travail des jeunes femmes. Ces jeunes ouvriĂšres surexploitĂ©es ont pu nĂ©anmoins acquĂ©rir ainsi une certaine indĂ©pendance financiĂšre par rapport aux hommes de la famille, propice Ă l'exigence de nouvelles ailleurs, dans les pays capitalistes dĂ©veloppĂ©s, de plus en plus d'activitĂ©s qui Ă©taient rĂ©alisĂ©es dans la famille, sont externalisĂ©es, prises en charges dans un premier temps par les services publics Ă©cole, santĂ©, etc. ou de plus en plus mĂ©diatisĂ©es par le marchĂ© la fabrication des vĂȘtements, les repas, etc..L'oppression des femmes est utile au systĂšme capitalisteLe capitalisme, tout en favorisant, au nom des profits, une certaine Ă©mancipation des femmes, reste malgrĂ© tout trĂšs attachĂ© Ă l'institution familiale traditionnelle. Pourquoi ?- Dans nos sociĂ©tĂ©s, la famille joue un rĂŽle fondamental dans la reproduction des divisions et de la hiĂ©rarchie Ă la fois entre les diffĂ©rentes classes sociales et entre les genres auxquels sont assignĂ©es des fonctions Ă©conomiques et sociales diffĂ©rentes au nom de leur fonction "maternelle", les femmes doivent assumer l'ensemble des tĂąches liĂ©es Ă l'entretien et Ă la reproduction de la force de travail et de la famille ; les hommes, eux, sont toujours censĂ©s ĂȘtre les pourvoyeurs Ă©conomiques principaux. Ce qui permet, au nom de la prĂ©tendue complĂ©mentaritĂ© des rĂŽles, dans le cadre de la sĂ©grĂ©gation professionnelle, de maintenir des discriminations salariales au dĂ©triment des La famille joue en outre un rĂŽle de "rĂ©gulateur" du marchĂ© du travail. En pĂ©riode d'expansion Ă©conomique, comme cela a Ă©tĂ© le cas pendant une trentaine d'annĂ©es, jusqu'au milieu des annĂ©es 1970, les femmes ont Ă©tĂ© massivement sollicitĂ©es comme main d'Ćuvre bon marchĂ© dans toute une sĂ©rie de branches industrielles comme l'Ă©lectronique, puis comme salariĂ©es dans le tertiaire. Mais en phase de rĂ©cession Ă©conomique, comme celle que l'on a connue dans les trente derniĂšres annĂ©es, les employeurs et l'Etat n'ont de cesse d'inciter les femmes Ă se retirer partiellement ou totalement du marchĂ© du travail, pour aller se consacrer Ă "leur" vocation maternelle. Quand il y a des reprises Ă©conomiques quel que soit son degrĂ© de durabilitĂ©, certains investissements sont envisagĂ©s Ă nouveau dans les Ă©quipements collectifs, non pas prioritairement dans un souci d'Ă©galitĂ©, mais avant tout pour "libĂ©rer" la force de travail fĂ©minine soumise Ă la flexibilitĂ© des Quelle que soit la pĂ©riode, le travail domestique des femmes permet Ă l'Etat de faire des Ă©conomies en matiĂšre d'Ă©quipements collectifs et au patronat de payer moins cher ses salariĂ©-e-s. Si les femmes n'Ă©taient pas les seules responsables de ce travail dans le cadre familial, il faudrait prĂ©voir une baisse massive du temps de travail pour l'ensemble de la population et le dĂ©veloppement significatif des Ă©quipements La fonction d'autoritĂ© de la famille a Ă©tĂ© largement entamĂ©e par les Ă©volutions rĂ©centes du statut des femmes dans la sociĂ©tĂ©, au profit de sa fonction "affective". NĂ©anmoins, les dĂ©fenseurs de l'ordre social capitaliste n'hĂ©sitent pas Ă recourir Ă la dĂ©fense de l'ordre familial fondĂ© sur la diffĂ©rence et la hiĂ©rarchie des sexes. Pour les plus chauds partisans de la famille traditionnelle, l'autoritĂ© paternelle rĂ©habilitĂ©e devrait par exemple servir de rempart contre les "dĂ©bordements" Ă©ventuels des jeunes laissĂ©s pour compte des Enfin, et cela peut paraĂźtre contradictoire Ă premiĂšre vue avec le point prĂ©cĂ©dent, la famille a un immense avantage c'est une institution relativement souple ses formes se sont diversifiĂ©es considĂ©rablement en l'espace de trente ans. Elle peut jouer un rĂŽle de soupape non nĂ©gligeable face aux contraintes subies par les salariĂ©-e-s dans leur vie professionnelle. La plus grande partie de la population ne peut ni choisir son travail, ni ses conditions de travail. En pĂ©riode de chĂŽmage, les "choix" sont restreints au maximum. Mais en "choisissant" son ou sa conjoint-e, en "choisissant" d'avoir des enfants, de manger tel ou tel produit, d'acheter telle marque de voiture plutĂŽt qu'une autre, de partir en vacances pour telle ou telle destination pour ceux qui le peuvent, chaque individu-e peut avoir le sentiment de retrouver sa libertĂ© perdue hors des murs familiaux. Toute la publicitĂ© entretient cette illusion. Ce sentiment de libertĂ© est malgrĂ© tout limitĂ© par deux Ă©lĂ©ments fondamentaux le niveau des ressources financiĂšres dont chacun-e dispose ; le sexe ou plutĂŽt le genre auquel on appartient et l'Ăąge. En raison des tĂąches domestiques dont elles sont "responsables" et des violences conjugales qu'elles sont encore trop nombreuses Ă subir, les femmes connaissent bien les limites de leur libertĂ©. Les enfants de mĂȘme, soumis pour certains et plus particuliĂšrement certaines Ă l'autoritarisme de leurs parents, voire Ă des sont ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments pris comme un tout qui expliquent pourquoi la famille reste un "pilier" fondamental de la sociĂ©tĂ© contrairement Ă ce que semblent penser certaines fĂ©ministes, on voit mal comment la libĂ©ration des femmes, de toutes les femmes et non pas seulement d'une petite minoritĂ©, pourrait aboutir sous le rĂ©gime capitaliste. C'est pourquoi, il nous semble indispensable, mĂȘme si cela implique des conflits inĂ©vitables, de faire converger les luttes des femmes contre l'oppression patriarcale et la lutte des salariĂ©-e-s contre l'exploitation capitaliste. Un exemple de difficultĂ© dans cette convergence des syndicalistes hommes ne trouvent pas convenable » que des femmes travaillent en usine ou ne sont pas prĂȘts Ă participer une lutte de femmes sous prĂ©texte que c'est par la lutte globale » entendez des hommes » que les femmes gagneront des acquis. De plus, certains apprĂ©cient rester maĂźtres chez eux ».. Aux origines...Place des femmes dans les sociĂ©tĂ©s dites primitives Ă©poque prĂ©historiqueEconomie de subsistance chasse - cueilletteIl n'y a pas d'accumulation, mais recherche constante des ressources, des moyens de subsistance. Le travail » de chacun est nĂ©cessaire pour assurer la survie de la tribu. Personne ne peut s'approprier les ressources sous peine de mettre en pĂ©ril cette survie. Il y a Ă©galitĂ© est la place des femmes dans ces sociĂ©tĂ©s de ramasseurs-chasseurs ? D'aprĂšs des travaux d'anthropologues et d'historiens - dans les hordes, mobilitĂ© des individus hommes et femmes, avec libre adhĂ©sion et sans discrimination- nĂ©anmoins, on a observĂ© la pratique du rapt des femmes lĂ oĂč la chasse devient prĂ©dominante dans l'organisation sociale, afin d'assurer la nĂ©cessaire reproduction des hommes- d'autres exemples, et notamment la place des dĂ©esses » dans la mythologie, tendent Ă montrer la reconnaissance sociale des femmes..PremiĂšres sociĂ©tĂ©s agricoles organisation coopĂ©rative du travailOn y trouve toujours l'Ă©galitĂ© sociale et la propriĂ©tĂ© collective des ressources et moyens de production. Les terres sont des propriĂ©tĂ©s collectives exploitĂ©es en existe dans ces sociĂ©tĂ©s, une certaine division du travail entre les hommes et les femmes. Les femmes ont des tĂąches spĂ©cifiques - ex. travail dans les champs labour, poterie, tissage -, mais cette division sexuelle des tĂąches ne correspond pas Ă une oppression des femmes et une exclusion de la sphĂšre publique avec enfermement dans la seulement les femmes participent Ă la production, mais elles gardent un rĂŽle dans l'organisation sociale - rĂŽle dans le conseil du village ; - il existe des sociĂ©tĂ©s matrilinĂ©aires la filiation se transmet par la mĂšre - il existe des sociĂ©tĂ©s dans lesquelles l'Ă©ducation des enfants est prise en charge dans certaines de ces sociĂ©tĂ©s, on constate une prise de pouvoir par les hommes, liĂ©e Ă une volontĂ© de contrĂŽler la reproduction, de prĂ©server des effectifs de producteurs. Il faut rĂ©gler la circulation des femmes » afin d'Ă©viter la disparition de certains groupes cela se fait soit de maniĂšre violente, les rapts, soit de maniĂšre non violente, les Ă©changes »..2. Apparition d'un surproduit social et des classes sociales. Les sociĂ©tĂ©s l'accumulation des ressources, le dĂ©veloppement des forces productives et des outils du temps libre non nĂ©cessaire Ă la subsistance peut ĂȘtre consacrĂ© Ă la fabrication, un surproduit social apparaĂźt. Celui-ci entraĂźne la formation de classes sociales, certains s'appropriant le surproduit et voulant l' la mĂȘme Ă©poque AntiquitĂ© +/- AJC vont se dĂ©velopper l'esclavage - prisonniers issus des territoires et peuples conquis, plus tard viendra l'esclavage pour dette - et, petit Ă petit, l'Etat. Celui-ci a pour fonction de permettre aux classes dominantes de maintenir leur appropriation du surproduit social. Pour garantir Ă la classe possĂ©dante sa domination, des institutions sont mises en place qui excluent les membres de la collectivitĂ© de l'exercice des fonctions politiques le pouvoir appartient Ă des chefs hĂ©rĂ©ditaires, rois, nobles. Ils mettent en place une armĂ©e, des fonctionnaires, un pouvoir judiciaire, des producteurs d'idĂ©ologie clercs, enseignants qui doivent faire accepter la domination de ceux qui se sont appropriĂ© les richesses les pharaons Ă©gyptiens s'appuyant sur les scribes chargĂ©s de relever les quantitĂ©s des rĂ©coltes afin qu'une partie en revienne aux classes dominantes et le rĂŽle jouĂ© par le clergĂ© qui enseigne que toute rĂ©bellion contre le pharaon- reprĂ©sentant de Dieu sur terre - sera punie dans l'au-delĂ ....Pour les femmes, la situation change radicalement - gĂ©nĂ©ralisation de la patrilinĂ©aritĂ© la notion d'hĂ©ritage apparaĂźt et la transmission d'une propriĂ©tĂ© se fait par les hommes, d'oĂč l'importance d'une descendance mĂąle dont il faut pouvoir s'assurer ». La femme devient alors une propriĂ©tĂ© parce qu'elle est une gĂ©nitrice avant tout et, parallĂšlement, s'Ă©tablit le pouvoir absolu du pĂšre sur les enfants ex. droit romain, les rapts de femmes histoire des Horaces et des Curiaces. - le mariage devient source de propriĂ©tĂ©, de richesse exemple la dot qui, dans les sociĂ©tĂ©s matrilinĂ©aires, consistait en un cadeau, devient du bĂ©tail, une fur et Ă mesure du dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s antiques, ce sont les riches propriĂ©taires qui acquiĂšrent les responsabilitĂ©s publiques et les fonctions politiques ; les femmes en sont exclues pas de droit de vote et deviennent responsables du dedans », chargĂ©es de la responsabilitĂ© d'un foyer qui permet Ă l'homme d'ĂȘtre dĂ©chargĂ© de toute charge pour assurer ses responsabilitĂ©s au dehors et de la responsabilitĂ© d'Ă©lever les enfants afin d'assurer la transmission de la pourrait objecter qu'il s'agit lĂ uniquement de la situation des femmes des classes dominantes. En effet, les autres femmes travaillent dans les champs, l'artisanat, les mines d'argent Ă AthĂšnes, par exemple. Mais, lĂ aussi, ces femmes qui travaillent, doivent petit Ă petit assurer Ă©galement la production domestique parce qu'il n'y a plus l'organisation coopĂ©rative du travail la famille reste une unitĂ© de production - et, Ă celles-lĂ , on assigne aussi le rĂŽle de la reproduction de la force de pour toutes les femmes, apparaĂźt la notion de femme responsable de la sphĂšre privĂ©e du dedans ». C'est le dĂ©but de l'enfermement dans la famille ce qu'il ne faut donc pas confondre avec la notion de femme au foyer » femme gĂ©nitrice - chargĂ©e de transmettre la propriĂ©tĂ©... ou de reproduire la force de travail..3. Les sociĂ©tĂ©s prĂ©-capitalistes. Les sociĂ©tĂ©s fil du temps, la situation des femmes les sociĂ©tĂ©s rurales, il existe toujours une division sexuelle du peut constater que les femmes - gardent leur fonction de reproduction de la force de travail. L'autoritĂ© du pĂšre sur la famille correspond aussi Ă ce contrĂŽle sur la fonction de reproduction ; - connaissent une spĂ©cialisation dans les tĂąches domestiques tout en Ă©tant associĂ©es aux activitĂ©s de production. En effet, la famille reste une unitĂ© de production et de consommation, les deux Ă©tant liĂ©s, certains biens Ă©tant destinĂ©s Ă la famille, d'autres Ă ĂȘtre cours de cette pĂ©riode, la situation des femmes est en fait fluctuante et contradictoire enfermement Ă la maison et exclusion de la sphĂšre publique mais la famille est une rĂ©alitĂ© mouvante ; par exemple, les veuvages et remariages sont frĂ©quents ; les familles Ă©largies ou regroupements familiaux sont nĂ©cessaires pour survivre, produire ; des solidaritĂ©s existent. A certains moments, la pression est donc moins forte sur les femmes ex. Ă©ducation collective des enfants. Dans certains cas, leur travail productif est reconnu ; par exemple, des femmes peuvent faire partie des corporations d'artisans..4. A l'Ă©poque du capitalisme marchand et du dĂ©veloppement des manufacturesAu fur et Ă mesure de la mise en place du capitalisme marchand, puis de la mĂ©canisation, la situation des femmes va se dĂ©grader. Et le rĂŽle de la famille va se transformer avec la mise en place de l'Etat l'essor des manufactures, le travailleur-producteur est sĂ©parĂ© de ses moyens de production, l'artisan loue sa force de travail et ne possĂšde plus son processus avait Ă©tĂ© amorcĂ© par l'industrie Ă domicile » les marchands louent un outil de production ex. mĂ©tier Ă tisser Ă la famille, apportent la matiĂšre premiĂšre et viennent rechercher le produit fini en Ă©change d'un salaire. Une autre consĂ©quence de l'essor des manufactures est la transformation de la famille - unitĂ© de production en famille - en une unitĂ© de consommation. Auparavant, les familles paysannes produisaient ce qui leur Ă©tait nĂ©cessaire. Au fur et Ă mesure du dĂ©veloppement du capitalisme, les produits autrefois confectionnĂ©s dans les familles seront fabriquĂ©s Ă l' lors, il y a dĂ©valorisation du travail domestique, considĂ©rĂ© comme non-productif de biens susceptibles d'ĂȘtre Ă©changĂ©s et n'Ă©tant plus reconnu comme socialement plus tard, cette dĂ©valorisation touchera d'ailleurs toutes les professions liĂ©es aux tĂąches assignĂ©es aux femmes dans les familles nettoyer - soigner - Ă©duquer....Une fois que le travail fĂ©minin est dĂ©valorisĂ©, dans cette pĂ©riode de transition, la bourgeoisie commence Ă utiliser les femmes comme une main-d'Ćuvre d'appoint, supplĂ©mentaire et moins bien payĂ©e, pour faire pression sur les salaires masculins et diviser la future classe ouvriĂšre, soit dans l'industrie Ă domicile qui existe encore, soit dans les faire admettre cette transformation de la main-d'Ćuvre fĂ©minine en main-d'Ćuvre de rĂ©serve donner dĂ©finitivement au travail et au salaire fĂ©minins, un statut d'appoint, il fallait assigner clairement aux femmes la responsabilitĂ© familiale comme tĂąche principale..DĂšs le 18e siĂšcle, pour que la sociĂ©tĂ© bourgeoise se mette en place, il y a donc recentrage sur la famille ».En fait, il s'agit d'une nouvelle conception de la famille et du rĂŽle des femmes l'ambition de la bourgeoisie qui devient la classe dominante, suscite une nouvelle attention pour l'enfant, puisque c'est lui qui portera les projets d'ascension sociale. Cela se traduit concrĂštement par une limitation du nombre des naissances pour mieux s'en occuper », par une vie plus intense au foyer. Dans cette optique, les mariages bourgeois sont avant tout des mariages d'affaires et la famille devient aussi le lien de transmission des normes cette Ă©poque 18e siĂšcle, ce modĂšle de famille bourgeoise n'existe que dans les classes dominantes. Cela va changer..5. RĂ©volution industrielle et prolĂ©tarisation des femmesAu moment de la mĂ©canisation des manufactures de la rĂ©volution industrielle, la bourgeoisie prĂ©conise le modĂšle de la famille bourgeoise pour la classe ouvriĂšre - famille nuclĂ©aire les parents et les enfants - la femme doit assurer la reproduction de la force de travail les hommes doivent ĂȘtre frais et dispos pour assurer la production ; les enfants, en tant que futurs producteurs, ne peuvent plus courir les rues et les champs on doit les prĂ©parer Ă descendre Ă leur tour dans la mine... Cette famille est de plus en plus dĂ©finie comme sphĂšre privĂ©e, unitĂ© de consommation ; elle a une fonction Ă©ducative qui est la reproduction des normes de l'idĂ©ologie dominante respect de l'ordre Ă©tabli, de la propriĂ©tĂ© la famille ouvriĂšre, le pĂšre peut rĂ©gner en maĂźtre et laisser l'autoritĂ© politique Ă l'extĂ©rieur Ă d'autres...Cependant ce projet est contradictoire avec la rĂ©alitĂ© de la rĂ©volution industrielle qui va prolĂ©tariser les effet, au moment de l'expansion industrielle du 19e siĂšcle, tous seront mobilisĂ©s dans les mines, le textile..., y compris les femmes et les derniĂšres et ces derniers seront confinĂ©s dans des tĂąches d'exĂ©cution souvent dangereuses, Ă des salaires famille ouvriĂšre Ă©clate - mobilitĂ© des travailleurs - cĂ©libataires voyageurs logeant dans des familles - citĂ©s ouvriĂšres dans lesquelles une vie collective se crĂ©e - les heures de travail diffĂ©rentes font que, dans une famille, on ne se rencontre plus ou trĂšs cela prĂ©sente une sĂ©rie de dangers pour la bourgeoisie qui ne contrĂŽle plus la situation et qui va, dĂšs lors, mettre sur pied une entreprise de moralisation afin de rĂ©cupĂ©rer son emprise sur les travailleurs - tentative de rĂ©forme de la famille la bourgeoise remet en valeur l'image de la femme au foyer, garante de la morale, c'est-Ă -dire que chaque femme - qu'elle travaille ou non - doit considĂ©rer le foyer comme sa responsabilitĂ© mise en place de l'Ă©cole publique qui aura une fonction idĂ©ologique Jules FERRY et l'enseignement de la morale et une fonction Ă©conomique former des travailleurs qualifiĂ©s Ă la fin du 19e siĂšcle et surtout au dĂ©but du 20e implique - que les femmes sont aussi chargĂ©es de contrĂŽler moralement » les hommes par exemple, les patrons s'adressent Ă elles pour qu'elles fassent pression sur leurs maris pour qu'ils renoncent Ă faire grĂšve, au nom de la survie » de la famille ;- que leur travail correspond Ă un appoint leur responsabilitĂ© principale n'Ă©tant pas la production, il donne lieu Ă un salaire d'appoint au salaire masculin ; la notion de main-d'Ćuvre d'appoint implique aussi qu'on l'utilise au grĂ© de la conjoncture ;- que l'emploi des femmes va Ă©voluer de plus en plus vers des mĂ©tiers dits fĂ©minins » qui prolongent leurs fonctions familiales et seront Ă©galement sous-payĂ©s puisqu'ils correspondent Ă des activitĂ©s non-productives, dĂ©valorisĂ©es parce qu'elles dĂ©rivent des tĂąches familiales..L'entrĂ©e massive des femmes dans les usines pouvait amener leur freiner cette Ă©mancipation, on n'aura pas seulement recours Ă l' enfermement » des femmes dans les familles, mais on utilisera la main-d'Ćuvre fĂ©minine sous-payĂ©e pour diviser les travailleurs. Ex. licenciement des hommes pour faire travailler des femmes et des enfants de nuit, dans les pires conditions....6. Bilan Ă la veille de la 1Ăšre guerre mondiale...Beaucoup de femmes travaillent, surexploitĂ©es, comme main-d'Ćuvre d' sur la famille les femmes sont dĂ©signĂ©es comme responsables au premier chef de cette famille qui constitue - le lieu de l'entretien et de la reproduction de la force de travail travail mĂ©nager gratuit- l'unitĂ© de consommation- le lieu oĂč s'exerce le contrĂŽle idĂ©ologique cette fonction Ă©ducative se partage avec l'Ă©cole qui reproduit Ă©galement la force de travail et l'idĂ©ologie des classes dominantes..7. Evolution au 20e siĂšcleL'entrĂ©e massive des femmes dans les usines, puis dans les bureaux a jetĂ© les bases de leur femmes ont acquis petit Ă petit l'Ă©galitĂ© juridique, le droit de vote en 1948 en Belgique...Depuis 1945, de plus en plus de femmes travaillent et ce de façon constante, la lutte des femmes pour leur Ă©mancipation s'est dĂ©veloppĂ©e, le mouvement des femmes s'est structurĂ© et a des acquis - ex. grĂšve des femmes de la Fabrique nationale d'Armes FN Ă Herstal en Belgique en 1966 premiĂšre Ă©tape vers l'Ă©galitĂ© de salaire... toujours en 1968 - contraception, dĂ©pĂ©nalisation de l'avortement- les femmes ont dĂ©noncĂ© la double journĂ©e de travail- Ă©quipements collectifs- Ă©ducation, accĂšs aux Ă©tudes supĂ©rieures, accĂšs aux professions. Les femmes se sont organisĂ©es dans les syndicats, dans les partis..Les femmes travaillent de plus en plus, mais en pĂ©riodes de crise, plus particuliĂšrement depuis le dĂ©but des annĂ©es 1980, on constate que les femmes sont Ă nouveau - comme dans les annĂ©es 1930 - considĂ©rĂ©es comme une main-d'Ćuvre d'appoint, et qu'il y a un recentrage sur la famille et le rĂŽle de la femme au effet Depuis le dĂ©but des annĂ©es 80, accroissement du travail Ă temps partiel 88% des temps partiels sont des femmes en 1995 prĂ©sentĂ© comme le moyen de concilier vie professionnelle et vie familiale ; Ă cela s'ajoutent les diffĂ©rentes formules de pause-carriĂšre, congĂ© parental...A noter que les femmes reprĂ©sentent 40% de la population active mais que 28% travaillent Ă temps partiel, soit prĂšs d'une sur trois. Bon nombre de femmes avaient acceptĂ© un emploi Ă temps partiel avec Ă la clĂ© le complĂ©ment chĂŽmage » pour travail Ă temps partiel involontaire. Maintenant que le plein en travailleuses Ă temps partiel a Ă©tĂ© fait, ce complĂ©ment a Ă©tĂ© supprimĂ© !.IntĂ©rĂȘt patronal - double gestion de la main-d'Ćuvre lors d'une restructuration, le patron impose le temps partiel aux... femmes- flexibilitĂ© nombre d'heures et plages horaires flexibles en fonction de la demande, de la production nĂ©cessaire..Le discours patronal et gouvernemental rĂ©active la notion de salaire d'appoint en invitant les familles Ă se serrer la ceinture autour du salaire, du revenu masculin. Dans un pays comme la Belgique, cela signifie par exemple une diminution de l'allocation de chĂŽmage pour les femmes et l'exclusion de nombreuses chĂŽmeuses co-habitant avec un homme qui a un salaire ; des attaques sur les pensions des femmes ; des primes pour l'engagement de travailleurs Ă temps partiel ; on favorise les familles Ă un seul revenu celui des hommes par un avantage fiscal l'unique revenu est divisĂ© entre les deux conjoints et la somme des impĂŽts est moindre que sur deux revenus ; c'est ce qu'on appelle le quotient conjugal.L'emploi des femmes est donc particuliĂšrement menacĂ© et tout cela permet de diminuer les dĂ©penses publiques les Ă©quipements collectifs Ă©tant une autre cible Ă ajouter Ă ce qui prĂ©cĂšde..MalgrĂ© que ces acquis semblent toujours trĂšs fragiles pour les femmes, des hommes en prennent ombrage. Ils se sentent mal Ă l'aise, diminuĂ©s, remis en question par rapport Ă leur rĂŽle de pĂšre par exemple ne pas oublier que le patriarcat a aussi une facette de domination pĂšre/enfants voire attaquĂ©s par ces timides conquĂȘtes fĂ©ministes. Un courant veut les regrouper et s opposer au courant fĂ©ministe c'est le masculinisme 5. Ceci montre la grande capacitĂ© d'adaptation du patriarcat aux changements de sociĂ©tĂ©. C'est un courant rĂ©trograde, nĂ©gatif sur le plan des rapports sociaux femmes-hommes. Par rapport Ă cela, les fĂ©ministes, femmes et hommes, doivent rĂ©pondre Ă la question Quel type d'homme peut casser le patriarcat et collaborer Ă la lutte Ă©mancipatrice des femmes ? ».notes articles1 BasĂ© sur la formation Aux origines du patriarcat, de la propriĂ©tĂ© privĂ©e, et de l'Etat » de France ARETS, Ăcole Che » Guevara Comprendre le monde pour agir, agir pour changer le monde » Formation marxiste critique et ouverte Ă l'initiative de la Formation LĂ©on Lesoil ASBL.2 Jean Batou et Magdalena Rosende in SolidaritĂ©s, Cette partie du module de formation est basĂ©e sur le travail de France Arets, Aux origines du patriarcat, de la propriĂ©tĂ© privĂ©e et de l'Etat, in Ăcole Che » Guevara, Comprendre le monde pour agir, agir pour changer le monde », Formation LĂ©on Lesoil ASBL4 Le courant fĂ©ministe "radical", lui, en dĂ©duit C. Delphy dans un article emblĂ©matique intitulĂ© "L'ennemi principal" [1970] l'existence d'un mode de production domestique distinct du mode de production capitaliste. Toutes les femmes, quelle que soit leur appartenance sociale, seraient victimes d'une exploitation directe de la part des hommes dans la famille et les femmes constitueraient, comme les hommes, une classe de sexe homogĂšne. Dans cette lutte contre l'exploitation domestique, les femmes seraient opposĂ©es Ă la classe des hommes, de mĂȘme que les salariĂ©s s'opposent au patronat, dans la lutte des classes. Les conclusions politiques de cette analyse Ă©taient claires dans cette lutte de classes, les femmes devaient s'unir pour lutter contre leur ennemi principal le patriarcat. Dans l'immĂ©diat, C. Delphy ne voyait ni l'intĂ©rĂȘt, ni la possibilitĂ© de faire se rejoindre la lutte de classe traditionnelle et la lutte des "classes de sexe".5 Voir Denise Comanne, Pays du Nord Les acquis fĂ©ministes en danger,
Atravers une Ă©tude de corpus qui lâamĂšne Ă explorer les interviews de femmes politiques parues dans le quotidien Le Monde de 1995 Ă 2000, deux annĂ©es du magazine Elle (1995 et 1997) et lâensemble des interventions publiques de huit ministres (hommes et femmes) de juin 1997 Ă dĂ©cembre 2000, S. Bonnafous pose la question des spĂ©cificitĂ©s de lâexpression Contenu principal Recherche Pied de page Historien, grand lecteur, militant, chroniqueur pour Alternantes FM, et accessoirement vieux punk Billet de blog 16 sept. 2021 Le 17 juin 1976, douze femmes sâassoient dans le box des accusĂ©s du Tribunal de Saint-Nazaire. Leur crime avoir sĂ©questrĂ© le directeur de lâusine TrĂ©fimĂ©taux CouĂ«ron lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Ce blog est personnel, la rĂ©daction nâest pas Ă lâorigine de ses contenus. En fĂ©vrier 1975, les salariĂ©s se rĂ©unissent Ă lâappel de la CGT seul syndicat ouvrier prĂ©sent dans lâentreprise et rĂ©digent un cahier de revendications. Celles-ci concernent aussi bien les salaires et primes que les possibilitĂ©s de partir plus tĂŽt en retraite ou dâĂ©viter le travail de nuit. Si la direction veut bien nĂ©gocier sur les augmentations de salaires, elle nâentend pas discuter des autres points. Son intransigeance pousse les salariĂ©s Ă se lancer dans un mouvement de grĂšve dont ils ne pouvaient se douter quâil marquerait lâhistoire sociale contrer ce mouvement trĂšs largement suivi, la direction met la survie de lâusine dans la balance et, en avril 1975, adresse un courrier au domicile de tous les salariĂ©s, comptant sur leur bon sens » pour que cesse le mouvement. La dĂ©marche est classique et fut dĂ©jĂ utilisĂ©e en 1955 lors du grand conflit de la mĂ©tallurgie de Loire-Atlantique il faut provoquer de la discorde au sein des familles, faire que lâĂ©pouse la ministre des Finances » de la famille, celle qui fait les courses et doit gĂ©rer le budget pousse Ă la reprise du riposte, la CGT invite toutes les femmes de travailleurs de lâusine Ă se rassembler devant les grilles de lâusine et Ă exiger dâĂȘtre reçues par la direction. Refus de celle-ci. QuâĂ cela ne tienne, elles sâimposent dans son bureau Il nous a Ă©crit ? Maintenant, il nâa quâĂ nous Ă©couter ! » Elles ne le libĂ©reront » quâen fin de journĂ©e aprĂšs de longues discussions entre grĂ©vistesâŠUn an plus tard, douze dâentre elles se retrouvent dans le box, accusĂ©es de sĂ©questration ». Dehors, des milliers de travailleurs de tout le dĂ©partement ont dĂ©filĂ© dans les rues de la sous-prĂ©fecture en soutien et attendent⊠pas longtemps ! En effet, le procĂšs ne dure quâune poignĂ©e de minutes grĂące Ă un opportun vice de procĂ©dure, il est annulĂ©. Les douze femmes qui prirent la colĂšre » ressortent libres du tribunal sous les acclamations de la comĂ©dienne CĂ©cile Delhommeau s'est emparĂ©e de cette histoire et en a fait un rĂ©cit-documentaire-fiction qui sera prĂ©sentĂ© le dimanche 19 septembre dans le cadre des JournĂ©es europĂ©ennes du ? Au Centre d'histoire du travail, Ateliers et chantiers de Nantes, 2bis boulevard LĂ©on-Bureau - NantesQuand ? A 14h, 15h30, 17h durĂ©e su spectacle 45 min. Mieux vaut s'inscrire auprĂšs de contact ou 02 40 08 22 le bĂątiment Ă©tant municipal, le passe sanitaire est requis, sauf pour les moins de 18 ans. Les articles les plus lus Journal â Violences sexistes RecommandĂ©s par nos abonnĂ©es Ă la Une de Mediapart Journal Devant le patronat, Ălisabeth Borne fait vĆu de sobriĂ©tĂ© » InvitĂ©e de la rentrĂ©e du Medef, la premiĂšre ministre a martelĂ© sa crainte dâune pĂ©nurie » de gaz cet hiver pour convaincre les chefs dâentreprise de baisser leur consommation dâĂ©nergie. MalgrĂ© son appel Ă des changements puissants », lâexĂ©cutif se refuse toujours Ă contrĂŽler ou Ă sanctionner les patrons rĂ©calcitrants. Journal Kosovo lâUE et les Ătats-Unis arrachent in extremis » un accord avec la Serbie Depuis des semaines, les tensions ne faisaient que monter le Kosovo et la Serbie semblaient inĂ©luctablement se diriger vers une nouvelle confrontation. Un accord a finalement Ă©tĂ© conclu, samedi 27 aoĂ»t, par les mĂ©diateurs amĂ©ricains et europĂ©ens. JusquâĂ la prochaine poussĂ©e de fiĂšvre. par Jean-Arnault DĂ©rens et Laurent Geslin Journal â AmĂ©rique du Sud Au Chili, lâargent du lithium divise les communautĂ©s autochtones Le pays est le deuxiĂšme producteur mondial de lithium juste auprĂšs lâAustralie. Alors que le projet de nouvelle Constitution, soumis Ă un vote populaire le 4 septembre, prĂ©voit dâaccorder des droits Ă la nature, certains craignent que le secteur minier, trĂšs puissant, ne continue Ă imposer ses conditions. Journal â Gauches Gouverner autrement » lâoffensive de Jean-Luc MĂ©lenchon En conclusion de lâuniversitĂ© dâĂ©tĂ© de La France insoumise, lâancien candidat Ă la prĂ©sidentielle a livrĂ© un discours Ă©cologiste sur une base de rupture, condition de lâunion selon lui. Je nâai cessĂ© de croire que nous aurons bientĂŽt Ă gouverner ce pays », affirme-t-il. La sĂ©lection du Club Billet dâĂ©dition AlgĂ©rie commĂ©moration du 19 mars, et aprĂšs ? [REDIFFUSION] Mon pĂšre et ma mĂšre se sont rencontrĂ©s pendant la guerre d'AlgĂ©rie, ici. Il mâa fallu du temps pour accepter dâĂȘtre lâenfant de ces deux-lĂ , pour croire que lâamour a Ă©tĂ© Ă lâorigine de notre famille. Ils ont affrontĂ© ensemble une Ă©poque terrible, des contemporains en majoritĂ© hostiles Ă leur union. Ils ont pu douter parfois. Mais si nous sommes pour la France et lâAlgĂ©rie des hĂ©ritiers improbables, ils ont fait de nous des enfants de la rĂ©alitĂ©. Verrai-je de mon vivant la rĂ©conciliation franco-algĂ©rienne Ă laquelle nous sommes nombreux Ă aspirer ? Billet de blog GisĂšle Halimi au PanthĂ©on, c'est le moment de prendre cette dĂ©cision Emmanuel Macron a affirmĂ© en AlgĂ©rie Jâessaie, depuis que je suis prĂ©sident de la RĂ©publique et mĂȘme avant, de regarder le passĂ© en face », allusion Ă ses mots de crime contre lâhumanitĂ© » et de barbarie » pour qualifier la colonisation. Mais il hĂ©site Ă panthĂ©oniser GisĂšle Halimi, craignant des rĂ©actions hostiles. Lâappel dâun fils de harki Ă le faire montre pourtant que câest le moment. par Histoire coloniale et postcolonialeIndĂ©pendantet neutre par rapport Ă toute orientation politique ou religieuse, Tolerance.caÂź vise Ă promouvoir les grands principes dĂ©mocratiques sur lesquels repose la tolĂ©rance. Directeur / Ăditeur: Victor Teboul, Ph.D. Regard sur nous et ouverture sur le monde. IndĂ©pendant et neutre par rapport Ă toute orientation politique ou religieuse,
PubliĂ© le 23 janv. 2020 Ă 1453Trois ans aprĂšs leur diplĂŽme, la part des femmes devenues cadres est proche de celle des hommes. Jusquâici tout va bien. Mais sept ans aprĂšs lâobtention dâun diplĂŽme dâĂ©tudes supĂ©rieures, les inĂ©galitĂ©s sont bien lĂ . Parmi les 802 jeunes diplĂŽmĂ©s en 2010, devenus cadres en 2017, interrogĂ©s par le CĂ©req, prĂšs des deux tiers sont des publiĂ©e ce 23 janvier, dĂ©montre quâ âĂ nombre de mois dâexpĂ©rience, connaisÂsance de lâemployeur, localisation, parcours scolaire et type de diplĂŽme Ă©quivalents, les hommes ont 1,75 fois plus de chance dâaccĂ©der Ă un emploi de cadre hiĂ©rarchique que les femmes.â Et les auteurs du rapport, Arnaud Dupray et Dominique Epiphane, dâajouter âLes positions de pouvoir hiĂ©rarchique constituent, pour les femmes, une citadelle toujours diffiÂcile Ă conquĂ©rir.âStĂ©rĂ©otypes persistants et discriminationsAlors que les femmes reprĂ©sentent 55% des diplĂŽmĂ©s, elles ne sont que 39% Ă occuper des postes de managers. La distorsion est encore plus criante pour les titulaires dâun master en lettres, sciences humaines, gestion et droit les femmes comptent pour 65% des diplĂŽmĂ©s mais seulement 48% dâentre elles sont devenues manageuses. Seul un doctorat en sciences donne un avantage aux femmes pour accĂ©der aux postes de surprise, les secteurs oĂč les femmes sont le moins reprĂ©sentĂ©es restent lâingĂ©nierie et les services techniques. Les hommes occupent les deux tiers de ces postes dans les entreprises du de lĂ©gitimitĂ© dans un univers masculin ? Image de la mĂšre de famille qui part du bureau Ă 17h ? A priori des recruteurs sur les hommes plus aptes Ă exercer des responsabilitĂ©s ? Ces prĂ©jugĂ©s font partie des facteurs Ă prendre en compte selon le CĂ©req. A cause de clichĂ©s persistants sur les femmes et la fonction de manager, elles sont, en effet, âsusceptibles dâencourir une plus grande dĂ©fiance des employeurs dĂšs lors que sont en jeu des postes Ă responsabilitĂ©sâ, note le centre dâ encore plus lorsquâil sâagit de diriger une Ă©quipe, ce qui concerne la moitiĂ© des cadres. 55% des managers masculins encadrent du personnel, contre 48% des manageuses. LâĂ©cart entre les sexes grimpe Ă 6 points concernant les chefs dâĂ©quipes de plus de dix primes rĂ©servĂ©es aux hommesCĂŽtĂ© salaires, les femmes sâestiment beaucoup plus mal payĂ©es que les hommes 29% des cadres fĂ©minines contre 22% des cadres masculins, 34% des manageuses dâĂ©quipes considĂšrent ĂȘtre sous-payĂ©es. Et Ă juste titre âĂ conditions dâemploi identiques, les femmes cadres hiĂ©rarchiques touchent en moyenne 9% de moins que leurs homologues masculinsâ, affirme le dans les fonctions dâencadrement, les hommes bĂ©nĂ©ficient de primes qui leur seraient rĂ©servĂ©es, selon lâĂ©tude. âTanÂdis que les hommes bĂ©nĂ©ficient dâun bonus dâenviron 200 euros mensuel lorsque lâencadrement constitue leur mission principale ou lorsquâils supervisent des Ă©quipes supĂ©rieures Ă 10 personnes, ce nâest absoÂlument pas le cas pour leurs consĆurs.â Pour des managers dâĂ©quipe, câest dans le secteur privĂ© que les inĂ©galitĂ©s sont les plus fortes. A cause des primes, lâĂ©cart de salaire mĂ©dian passe Ă 300 euros, en faveur des bonnes nouvelles tout de mĂȘme une expĂ©rience Ă lâĂ©tranger, un bac mention âtrĂšs bienâ et le rĂ©seau sont autant de facteurs qui jouent en faveur des femmes et de leur rĂ©munĂ©ration. Mais ils restent sans incidence pour la carriĂšre des hommes, âcomme si les employeurs avaient besoin de gages supplĂ©Âmentaires pour vaincre des prĂ©supposĂ©s sexistesâ, ironisent les auteurs du CĂ©req. PARIS- PrĂšs de 70% des femmes françaises jugent que crĂ©er une entreprise est plus Ă©panouissant que le salariat et 18%, soit cinq millions, prĂ©voient ou Femmes et issues de lâimmigration, elles se heurtent, soulignait un rĂ©cent rapport de lâAfij Association pour faciliter lâinsertion professionnelle des jeunes diplĂŽmĂ©s, Ă une sorte de double plafond de verre qui les empĂȘche de rĂ©ussir leur vie professionnelle. Pour contourner ce double handicap et donner libre cours Ă leur esprit crĂ©atif, certainesont choisi de crĂ©er leur propre entreprise. Et toutes ne voient pas en la discrimination positive, et donc lâinstauration de quotas, la solution en huit portraits, le parcours de quelques-unes de ces self-made women africaines animĂ©es par la mĂȘme rage de rĂ©ussir. Soumia Malinbaum, 42 ansVendeuse de matiĂšre griseLa petite quarantaine, Soumia Malinbaum, nĂ©e BelaĂŻdi, dirige depuis 1991 SpĂ©cimen, une sociĂ©tĂ© de services en ingĂ©nierie informatique SSII florissante quâelle a elle-mĂȘme créée Ă la suite du dĂ©pĂŽt de bilan de lâentreprise oĂč elle travaillait emploie vingt-cinq salariĂ©s en CDI et compte parmi ses clients Sony Music, YSL ou le groupe Accor. SituĂ©e au coeur du 16e arrondissement parisien, cette SSII, qui vend donc de la matiĂšre grise », a enregistrĂ© en 2004 un chiffre dâaffaires de 2 millions dâeuros. Fille dâimmigrĂ©s algĂ©riens », Soumia, qui a vu le jour Ă Saint-Quentin, a-t-elle rencontrĂ© des difficultĂ©s particuliĂšres en tant que femme dâorigine Ă©trangĂšre ? Vous savez, la discrimination est quelque chose dâinsidieux. Je nây ai pas Ă©tĂ© directement confrontĂ©e. Je suis passĂ©e Ă travers les mailles du filet, mais de lĂ Ă dire que ça nâexiste pas⊠Personnellement, jâai davantage eu Ă me battre en tant que femme chef dâentreprise et en tant que femme dans un mĂ©tier, lâinformatique, assez masculin. Mon origine Ă©trangĂšre ne fut quâune sorte de cerise sur le gĂąteau » qui mâa Ă la rigueur permis de me diffĂ©rencier », explique cette juriste de formation. Quid de la discrimination positive ? Le dĂ©bat actuel a au moins le mĂ©rite de mettre un mot sur le phĂ©nomĂšne », poursuit celle dont la plus grosse fiertĂ© aujourdâhui est de pouvoir redistribuer » et transmettre » un peu de sa rĂ©ussite, et en faire profiter » ceux de sa communautĂ©. MylĂšne Innocent, 34 ans Paris by night »MylĂšne Innocent a vu le jour voici trente-quatre ans Ă Pointe-Noire, au Congo. Cette fille de diplomate qui a passĂ© son enfance Ă Moscou a toujours baignĂ© dans le cosmopolitisme. Elle dirige aujourdâhui un lieu mythique de la nuit parisienne lâOpus Latina, ex-Bal nĂšgre, oĂč JosĂ©phine Baker a fait ses premiers pas de rĂšgne sur un effectif de vingt personnes, des hommes pour la plupart. Rencontre-t-elle, en tant que femme, des difficultĂ©s particuliĂšres Ă diriger un lieu de nuit ? On pourrait le penser, explique-t-elle, mais en rĂ©alitĂ© non. Je suis une femme, donc maternelle et patiente. Jâentretiens avec mes employĂ©s des rapports tels quâils nâont pas envie de dĂ©cevoir la grande soeur » quâils voient en moi. »De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, est-il difficile de rĂ©ussir lorsquâon est une femme Ă©trangĂšre en France ? On mâa toujours appris Ă ne pas justifier les obstacles et les Ă©checs que je rencontrais par ma couleur. De par mon dynamisme, je suis toujours arrivĂ©e Ă convaincre mes interlocuteurs de regarder au-delĂ de la couleur de ma peau. Cela Ă©tant, je suis consciente que de nombreuses personnes sont confrontĂ©es aux prĂ©jugĂ©s raciaux et quâelles ne sont pas toujours bien armĂ©es pour faire en sorte quâils soient transcendĂ©s. » Lâambitieuse MylĂšne a lâintention de crĂ©er sa propre boĂźte dâĂ©vĂ©nementiels, Innocent Events. En attendant, elle rĂšgne sur lâOpus Latino, bar-restaurant du 15e arrondissement de Paris, qui gĂ©nĂšre un chiffre dâaffaires mensuel de quelque 70 000 euros. FatĂ©ma Hal, 52 ansLe goĂ»t du risqueFatĂ©ma Hal nâavait que 17 ans lorsquâelle rejoint en France un mari quâelle nâa pas vraiment choisi. Aujourdâhui, Ă 52 ans, cette native dâOujda peut avoir bien des motifs de fiertĂ©. Elle est Ă la tĂȘte, depuis 1984, de La Mansouria, le restaurant marocain le plus couru de Paris. Cet Ă©tablissement rĂ©alise un chiffre dâaffaires proche du million dâeuros et emploie une vingtaine de Hal, qui, dans une autre vie, a rĂ©digĂ© un mĂ©moire sur la prostitution des Marocaines en France Ă lâĂcole pratique des hautes Ă©tudes, est Ă©galement lâauteur de quatre ouvrages consacrĂ©s Ă la gastronomie. La Mansouria commercialise Ă©galement une gamme dâĂ©pices. DerniĂšre prouesse de cette femme qui sâinscrit sans cesse dans le mouvement le lancement de plats cuisinĂ©s qui seront distribuĂ©s dans des chaĂźnes du type Lafayette Gourmet. Lâindustrialisation du tajine, vendu en barquette, câest un peu risquĂ©, mais Mme Hal nâaime rien tant que se mettre en danger ». Le confort lâ heurtĂ©e Ă des obstacles en tant que femme Ă©trangĂšre ? Oui, bien sĂ»r, nous ne rencontrons que des obstacles. Dâailleurs, câest bien parce que je cumulais, comme tous les immigrĂ©s, des contrats Ă durĂ©e dĂ©terminĂ©e que jâai eu envie de crĂ©er ma propre affaire ! En fait, il y a deux catĂ©gories de personnes celles qui sont obnubilĂ©es par les entraves et celles qui vont se dĂ©brouiller pour les franchir ! Celles-ci finissent par ne plus les voir. Leur secret ? Travailler beaucoup, trouver les choses qui les font vibrer et les rĂ©aliser ! » Ă bon entendeur⊠Rachida Belliard, 47 ansPertinemment vĂŽtre Je ne rencontre pas de problĂšme particulier en tant que femme. La difficultĂ©, depuis le 11-Septembre, câest dâĂȘtre arabe. Cette appartenance suscite une Ă©norme mĂ©fiance », confie Rachida Belliard, El-Khoulti Abou Khadija de son nom de jeune fille. Ex-animatrice sportive, diplĂŽmĂ©e en littĂ©rature française et reconvertie dans la communication, cette MRE Marocaine rĂ©sidant Ă lâĂ©tranger se dit favorable Ă la charte de la diversitĂ© culturelle », qui vise Ă reflĂ©ter la diversitĂ© ethnique de la sociĂ©tĂ© dans lâentreprise. Elle adhĂšre en cela aux mĂȘmes idĂ©es que Yazid Sabeg, PDG de Communication et SystĂšme et chantre du volontarisme rĂ©publicain » en la 47 ans, Rachida Belliard dirige Pertinence, une sociĂ©tĂ© spĂ©cialisĂ©e en conseil et formation qui emploie trois salariĂ©s et un rĂ©seau de formateurs, dont douze Ă plein temps. Poursuivant le parcours assez atypique qui est le sien, cette native de MeknĂšs, qui a quittĂ© son Maroc natal Ă 23 ans, a créé en banlieue parisienne sa propre entreprise voilĂ dix ans, aprĂšs plusieurs annĂ©es de salariat au sein de groupes de communication Actiphone, Bernard Julhiet, Obea. En 2000, Pertinence a participĂ© Ă la mise en place du premier Centre de relations clients gĂ©rant des appels pour des pays Ă©trangers Ă majeur dâune femme manager ? Notre force Ă nous, câest que nous sommes dâabord des mĂšres, y compris lorsque nous ne le sommes pas biologiquement, nous en avons lâinstinct. Et sur le plan humain, et donc de la gestion des ressources humaines, cela se traduit par une plus grande qualitĂ© dâĂ©coute. » Sakina Mâsa, 32 ansPoĂ©tique de la modeSakina Mâsa a tout juste 7 ans quand elle arrive Ă Marseille avec ses parents. Sept ans plus tard, cette jeune Comorienne organisait son premier dĂ©filĂ© de mode. En 1992, son diplĂŽme de lâInstitut supĂ©rieur de mode, Ă Marseille, en poche, elle travaille pour une radio associative Ă Paris. ParallĂšlement, elle continue de crĂ©er des vĂȘtements pour le théùtre et organise des ateliers de stylisme dans les quartiers par la bourse DĂ©fi Jeune et le Grand Prix de la Biennale internationale du design de Saint-Ătienne, Sakina Mâsa dĂ©cide un beau matin de consacrer sa vie Ă ce quâelle aime. Câest ainsi quâen 2002 cette jeune femme, qui considĂšre la mode comme un vecteur pour marquer sa diffĂ©rence », crĂ©e sa propre entreprise, Trevo, une SARL au capital de 10 000 euros qui compte deux salariĂ©s et une plĂ©thore de sous-traitants. PrĂšs de deux ans plus tard, son nom et ses crĂ©ations dâune poĂ©sie rare commencent Ă sâimposer non seulement en France, dans sa boutique-atelier de la trĂšs crĂ©ative rue des Gardes du 18e arrondissement parisien, mais aussi au Japon dans des magasins multimarques. Ă 32 ans, elle vient de prĂ©senter sa cinquiĂšme collection, Poetik Jungle, au Whoâs Next, salon international des nouvelles tendances mode. Elle reconnaĂźt Ă©voluer dans un mĂ©tier plutĂŽt masculin, mais qui reste ouvert et oĂč la diffĂ©rence et lâorigine Ă©trangĂšre sont de vĂ©ritables atouts. Hymane Ben Ayoun, 38 ansRessources naturellesLa discrimination positive, Hymane Ben Ayoun ne veut pas en entendre parler. Pourtant, cette dynamique jeune femme, nĂ©e Ă Paris de parents tunisiens, reconnaĂźt que rĂ©ussir une carriĂšre quand on est maghrĂ©bine, câest plus compliquĂ© », mais avoue quâelle nâa jamais pensĂ© devoir se battre contre ça. Elle admet aussi que devenir cadre dans un paysage managĂ©rial trĂšs masculin nâest pas non plus aisĂ© parce quâon nous fait moins confiance ».Et câest trĂšs probablement â mais comment en ĂȘtre sĂ»r ? â ce qui lâa incitĂ©e Ă crĂ©er Diaphane, sa propre sociĂ©tĂ© de conseil en ressources humaines dĂšs 1996. Ă lâĂ©poque, elle avait tout juste 28 ans, une licence de langues Ă©trangĂšres appliquĂ©es en poche, une expĂ©rience professionnelle pas forcĂ©ment adaptĂ©e Ă ses ambitions et, surtout, une volontĂ© farouche dây arriver. Je nâai pas attendu que le monde change, et je ne me suis jamais battue contre des moulins Ă vent », rĂ©sume la laurĂ©ate du coup de coeur Clicquot 1998, prix dĂ©cernĂ© par la maison Veuve Clicquot aux jeunes crĂ©atrices dâentreprise. DâoĂč lui vient une telle dĂ©termination ? De ma mĂšre, une femme qui est arrivĂ©e en France sans savoir ni lire ni Ă©crire, mais qui a su sâimposer pour avoir la vie Ă laquelle elle aspirait. Ȉ 38 ans, Hymane Ben Ayoun dirige lâantenne française dâAravati ex-Diaphane, un rĂ©seau international de cabinet de conseil en recrutement nĂ© en 2001 de sa propre initiative. En 2004, Aravati France a facturĂ© 700 000 euros dâhonoraires, mais le plus gros motif de fiertĂ© de sa patronne nâest autre que sa fille, tout juste 11 petits mois. LĂ©onie Mekehi Gnegbo, 44 ansVouloir, câest pouvoirLĂ©onie nâest pas une femme ordinaire. Cette Ivoirienne rĂȘve depuis lâĂąge de 11 ans de devenir mĂ©canicienne ! Elle nâa certes pas concrĂ©tisĂ© cette ambition, mais elle Ă©volue dans un mĂ©tier, celui du bĂątiment, oĂč les femmes ne sont pas lĂ©gion. ArrivĂ©e en France en 1983, LĂ©onie a dâabord cumulĂ© les petits boulots avant de dĂ©crocher, en 1997, un CAP dâĂ©quipement Ă©lectronique. Elle nâavait quâune ambition ĂȘtre embauchĂ©e sur un chantier. Chaque fois, je me heurtais Ă la mĂȘme rĂ©ponse nous ne recrutons pas de femmes, car nous nâavons pas de vestiaire rĂ©servĂ© aux femmes. »LĂ©onie a donc dĂ» se contenter de petits boulots harassants jusquâau jour oĂč, nâen pouvant plus, elle dĂ©cide de crĂ©er sa propre entreprise Sawouah BTP installation et entretien en Ă©lectricitĂ©. Depuis aoĂ»t dernier, LĂ©onie, qui Ă©lĂšve seule ses deux filles, est devenue, Ă 44 ans, la patronne dâune sociĂ©tĂ© dont elle ambitionne de faire un Bouygues » ! Elle a dĂ©jĂ plusieurs chantiers sur son carnet de commandes. Ce que je pense de la discrimination positive ? Câest une autre forme de racisme ! Il faut se contenter de donner Ă chacun sa chance », professe-t-elle. La devise de LĂ©onie Gnegbo ? Quand tu veux, tu peux », et câest ce message quâelle sâĂ©chine Ă transmettre Ă dâautres femmes dâorigine africaine au sein de lâassociation Africagora, dont elle est membre. Sally Bennacer, 37 ansSoif dâascensionNative de BejaĂŻa, en AlgĂ©rie, Sally Bennacer est arrivĂ©e en France Ă lâĂąge de 7 ans. Elle est, depuis 2000, Ă la tĂȘte dâArt and Blind, une entreprise qui commercialise notamment des stores et des rideaux. Comment est-elle devenue chef dâentreprise ? Jâai toujours eu envie de diriger ma propre affaire. Et puis, il y a cinq ans, jâai dĂ©cidĂ© de dĂ©missionner de lâentreprise oĂč jâĂ©tais employĂ©e depuis huit ans pour la simple raison que je nây Ă©voluais plus. Tous les postes de cadres Ă©taient pourvus », explique cette jeune femme de 37 ans, qui, aprĂšs un BEP et un BAC Pro, est parvenue Ă sâinscrire en DEUG de moins de cinq ans dâexistence, Art and Blind a rĂ©ussi Ă conquĂ©rir une clientĂšle française mais aussi algĂ©rienne. Sa patronne a reçu pas moins de trois prix, dont Talents des citĂ©s en 2002, le Prix de la Convention France-Maghreb en 2003 et le Prix du mĂ©rite de SĂšve, association des femmes algĂ©riennes chefs dâentreprise. En 2004, Art and Blind, qui emploie trois salariĂ©s et fait appel Ă plusieurs artisans indĂ©pendants, a enregistrĂ© un chiffre dâaffaires de 200 000 si elle estime devoir en partie sa rĂ©ussite au fait quâelle nâest pas trop typĂ©e, mais aussi Ă un prĂ©nom Sallia transformĂ©e en Sally qui laisse planer un doute quant Ă ses origines, cette jeune patronne se dit farouchement opposĂ©e Ă la discrimination positive Câest humiliant pour nous. Je trouve que câest terrible dâen arriver Ă imposer quelque chose qui devrait se faire naturellement. »Lesorganisations liĂ©es par une convention de branche ou, Ă dĂ©faut, par des accords professionnels se rĂ©unissent, au moins une fois tous les quatre ans pour nĂ©gocier sur les thĂšmes mentionnĂ©s Ă lâarticle L. 2241-1 du Code du travail, notamment sur les mesures tendant Ă assurer lâĂ©galitĂ© professionnelle entre les femmes et les hommes et sur les mesures de rattrapage
PubliĂ© le 08 mars 2011 Ă 00h00 ModifiĂ© le 08 mars 2011 Ă 07h40 La Fonction publique emploie prĂšs de 60 % de femmes. Mais les taux s'effondrent dĂšs qu'il s'agit de postes Ă responsabilitĂ©s. Photo MaxPPP Chaque annĂ©e, la journĂ©e de la femme est l'occasion de pointer les diffĂ©rences entre hommes et femmes dans le monde du travail. Et chaque annĂ©e, le constat est le mĂȘme. Les inĂ©galitĂ©s sont toujours prĂ©sentes. Pire, elles auraient tendance Ă s'accentuer. A lire Ă©galement La Fonction publique ne montre pas l'exemple MalgrĂ© un arsenal lĂ©gislatif consĂ©quent pas moins de sept lois sur l'Ă©galitĂ© salariale ont Ă©tĂ© adoptĂ©es depuis 1972, les inĂ©galitĂ©s hommes-femmes sont toujours d'actualitĂ© en France. Pour preuve, le classement annuel hommes-femmes du Forum Ă©conomique mondial publiĂ© en octobre dernier, oĂč la France a dĂ©gringolĂ© de la 18e Ă la 46e place. Etabli par des chercheurs amĂ©ricains, le rapport, qui fait la part belle aux pays nordiques voir infographie, se fonde sur quatre domaines l'Ă©ducation, la santĂ©, l'insertion dans la vie politique et dans la vie Ă©conomique. Si dans les deux premiĂšres catĂ©gories, la France excelle, c'est loin d'ĂȘtre le cas pour les deux derniĂšres. Le nombre de femmes occupant des postes ministĂ©riels au cours des douze mois prĂ©cĂ©dant l'Ă©tablissement du rapport a en effet sensiblement baissĂ©. Mais c'est surtout l'un des pires niveaux» du sentiment d'inĂ©galitĂ© en termes de salaires Ă poste comparable qui plombe la France. Et pour cause, les femmes touchent en moyenne 27% de moins que les hommes dans le privĂ©. C'est le chiffre le plus souvent citĂ© dans les dĂ©bats sur les Ă©carts de rĂ©munĂ©ration, issu d'une Ă©tude de la Dares statistiques du ministĂšre de l'Emploi de 2008. Des chiffres en partie biaisĂ©s par le fait que les femmes sont beaucoup plus souvent Ă temps partiel. Mais mĂȘme en limitant la comparaison aux salariĂ©s Ă temps complet, les femmes touchent encore 19% de moins, selon la Dares. Et si l'on ne compare que des hommes et des femmes ayant des caractĂ©ristiques trĂšs proches postes, expĂ©rience, diplĂŽmes, secteur d'activitĂ©, etc., la diffĂ©rence reste de prĂšs de 10%. Temps partiels subis ou choisis? Ecarter le temps partiel et ne comparer que les postes Ă©quivalents peut ĂȘtre pertinent pour affiner le dĂ©bat sur les salaires. Mais le temps partiel subi et l'accĂšs plus difficile pour les femmes Ă certains postes n'en sont pas moins des discriminations. Plus de 80% des emplois Ă temps partiel sont occupĂ©s par des femmes et 30% des actives ayant un emploi sont Ă temps partiel contre 6% des hommes actifs. La diffĂ©rence sĂ©mantique faite entre-temps partiel choisi et temps partiel subi est des plus artificielles, parce que le recours au temps partiel choisi reste un choix Ă 80% fĂ©minin», a estimĂ© rĂ©cemment la ministre des SolidaritĂ©s, Roselyne Bachelot. Un plafond de verre bien rĂ©el Quant au plafond de verre qui empĂȘcherait l'accĂšs Ă certains postes pour les femmes, il semble aussi bien rĂ©el. Si la part des femmes parmi les cadres a progressĂ© de plus de dix points en vingt ans passant de 23% Ă 34% aujourd'hui, seules 11% d'entre elles occupent un poste Ă forte responsabilité» direction gĂ©nĂ©rale ou d'un dĂ©partement ou d'une entitĂ©, selon une Ă©tude de l'Apec publiĂ©e hier. D'oĂč les quotas instaurĂ©s par la loi il y a quelques semaines, imposant 20% de femmes minimum dans les conseils d'administration des grandes entreprises d'ici janvier2014, et 40% Ă l'horizon de janvier2017. Car mĂȘme lorsque l'entreprise compte plus de deux-tiers de femmes, les responsables sont des hommes dans 56% des cas», ajoute l'enquĂȘte de la Dares, publiĂ©e en dĂ©cembre denier. Enfin, il semble que pour une fois privĂ© et public soient sur le mĂȘme pied d'Ă©galitĂ©. Car en la matiĂšre, la fonction publique, qui emploie prĂšs de 60% de femmes, est loin d'ĂȘtre exemplaire lire ci-dessous. en complĂ©ment Entreprises. Faut-il instaurer des quotas de femmes dans les postes de direction ? oui non sans opinionLefabricant amĂ©ricain de tĂ©lĂ©commandes Universal Electronics Inc (UEIC.O) a dĂ©clarĂ© Ă Reuters qu'il avait conclu un accord avec les autoritĂ©s du Xinjiang pour transpo
L'entreprise ghanĂ©enne Ladybird Logistics, une sociĂ©tĂ© de camionnage exclusivement fĂ©minine, a vu sa flotte de gros engins quadrupler en deux ans et le nombre de ses chauffeurs tripler. Abigail Asumadu-Amoah, mĂšre de famille de 44 ans, fait partie des 21 conductrices de poids lourds de Ladybird Logistics, la premiĂšre compagnie de transport au monde Ă nâemployer que que des femmes », de la directrice gĂ©nĂ©rale Ă la mĂ©canicienne. Elle et ses collĂšgues transportent Ă chaque fois 47 000 litres dâessence vers les mines dâor du Ghana, un pays dâAfrique de lâOuest de prĂšs de 240 000 km2, soit pratiquement la superficie du Royaume-Uni, lâancienne puissance coloniale. Abigail Asumadu-Amoah, mĂšre de famille de 44 ans, fait partie des 21 conductrices de poids lourds de Ladybird Logistics. PHOTO AFP - AFP BasĂ©es dans la ville cĂŽtiĂšre de Takoradi, ces femmes font en gĂ©nĂ©ral des trajets de quatre heures, le plus long Ă©tant de sept heures. Ce que font les hommes, nous pouvons le faire aussi », lĂąche Abigail, en attendant de remplir sa citerne. Au Ghana, les secteurs du transport et du stockage fournissent de nombreux emplois, 8% des hommes actifs y travaillant, mais restent largement dominĂ©s par la gent masculine. Trafic dâessence Alors Abigail et ses collĂšgues bousculent les habitudes... notamment celle consistant Ă revendre lâessence au marchĂ© noir. Certains chauffeurs siphonnent le prĂ©cieux liquide et le revendent dans des circuits parallĂšles pour complĂ©ter - ou plutĂŽt doubler - leurs fins de mois. William Tewiah, le directeur gĂ©nĂ©ral de Zen Petroleum, lâun des leaders du transport dâhydrocarbures au Ghana, estime ainsi quâil peut perdre jusquâĂ 50 000 dollars par mois 44 000 euros Ă cause de ce trafic. Recruter des femmes a fait partie des solutions choisies par ce chef dâentreprise qui, fin 2017, a lui-mĂȘme poussĂ© Payin Marfo, alors conseillĂšre en gestion, Ă prendre la tĂȘte dâune compagnie de transport entiĂšrement fĂ©minine. Elle est ainsi devenue la directrice gĂ©nĂ©rale de Ladybird. Un Ă©tat dâesprit totalement diffĂ©rent » Puisquâelles sont nouvelles dans le secteur, elles arrivent avec un Ă©tat dâesprit totalement diffĂ©rent », assure William Tewiah. Beaucoup des employĂ©es de cette sociĂ©tĂ© de transport, ĂągĂ©es de 28 Ă 45 ans, Ă©taient dĂ©jĂ conductrices de cars ou de bus et avaient le permis poids lourd avant de conduire des camions-citernes. Elles ont suivi un entraĂźnement militaire, notamment avec des cours de self-defense, en plus de leur formation professionnelle. Payin Marfo est trĂšs satisfaite des rĂ©sultats de lâentreprise quâelle dirige dont elle ambitionne de multiplier par deux le personnel et dâaccroĂźtre le parc des camions. Chaque semaine, de nouvelles candidates se prĂ©sentent Ă son bureau. Pour moi, câest dĂ©jĂ une victoire », se rĂ©jouit-elle. Pour Beatrice Frimpong, une mĂ©canicienne de 28 ans, cet emploi nâest pas seulement un gagne-pain. JâespĂšre que ça va encourager dâautres personnes Ă faire des choses hors du commun ». Ses collĂšgues masculins lui avaient toujours dit quâelle Ă©tait trop petite et trop frĂȘle pour un tel travail et quâelle devrait plutĂŽt sâen tenir aux vĂ©hicules lĂ©gers. Je voulais leur prouver que je pouvais le faire », lĂąche-t-elle. Peu importe que je sois grande, forte ou petite. »
AnalysebasĂ©e sur les rĂ©cits de vies de douze femmes et deux hommes Atikamekw vivant Ă La Tuque commencent Ă se dresser les entreprises dâexploitation forestiĂšre : la premiĂšre en territoire Atikamekw sâĂ©tablit Ă Wemontaci en 1831. Certains autochtones sont employĂ©s par les grandes industries forestiĂšres, le processus de sĂ©dentarisation sâamplifie tandis que les